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Scheppler (Louise)

Louise Scheppler, ou plus exactement Schöpler, née en 1761 à Bellefosse {Bas-Rhin), d'une famille de paysans, entra à l'âge de quinze ans au service du pasteur Oberlin. Le philanthrope du Ban de la Boche fit d'elle une conductrice de l'enfance, c'est-à-dire qu'il la chargea de la direction d'un asile de petits enfants. Elle déploya dans ces fonctions les plus rares qualités d'éducatrice, et montra en même temps, dans la façon dont elle prit soin de la famille et du ménage de son maître après la mort de Mme Oberlin (1784), un dévouement qui n'eut d'égal que son désintéressement. Oberlin ne put lui faire accepter aucun salaire ; elle employait en oeuvres de bienfaisance le petit revenu qu'elle tirait du bien que lui avaient laissé ses parents. Louise Scheppler resta au service d'Oberlin pendant quarante-cinq ans, et acheva sa vie dans la famille du digne pasteur. En 1829, l'Académie française lui décerna le grand prix de vertu de la fondation Montyon. Dans le rapport qu'il lut à ce sujet, Cuvier avait attribué à Louise Scheppler la première idée de l'asile des petits enfants, qu'elle aurait suggérée à Oberlin. « Remarquant, dit-il, la difficulté que les cultivateurs éprouvaient à se livrer à la fois à leurs travaux champêtres et au soin de veiller sur leurs petits enfants, elle imagina de rassembler ces enfants, dès le bas-âge, dans des salles spacieuses, où, pendant que les parents vaquaient à leur ouvrage, des conductrices intelligentes les gardaient, les amusaient et commençaient à leur montrer les lettres et à les exercer à de petits travaux. C'est de là qu'est venue en Angleterre et en France l'institution de ces salles d'asile où l'on reçoit et où l'on garde les enfants des ouvriers, si souvent abandonnés dans les villes aux vices et aux accidents. L'honneur d'une idée qui a déjà tant fructifié, et qui bientôt sera adoptée partout, est entièrement dû à Louise Scheppler, à cette pauvre paysanne de Belle-fosse. Elle y a consacré le peu qu'elle possédait, et de plus sa jeunesse et sa santé. Encore aujourd'hui, quoique avancée en âge, elle réunit autour d'elle, sans rétribution, une centaine d'enfants de trois à sept ans, et leur donne une instruction appropriée à leur âge. » Louise Scheppler s'empressa de rectifier l'erreur de Cuvier, et de restituer à Oberlin le mérite de l'initiative. « C'est notre respectable pasteur, écrivit-elle, papa Oberlin (ainsi que tous l'appelaient), qui a porté longtemps dans son coeur le désir de former des conductrices, afin de faire instruire la jeunesse par elles ; et lorsqu'il put enfin le mettre à exécution, je ne fus pas même une des premières chargées de fonctions si importantes et si utiles. » En effet, la première conductrice de l'enfance fut Sara Banzet, morte en 1774, quatre ans avant que Louise Scheppler entrât au service d'Oberlin.

Louise Scheppler est morte au Ban de la Roche le 25 juillet 1837, à l'âge de soixante-seize ans.