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Saint-Lambert

Le marquis François de Saint-Lambert, né à Vézelize en Lorraine (1716), est connu surtout par son poème des Saisons (1769) et par ses liaisons avec la marquise du Châtelet et la comtesse d'Houdetot. Il fut, à la fin du dix-huitième siècle, un des derniers représentants de l'école des Encyclopédistes. Il était plus qu'octogénaire lorsqu'il publia, sous le Directoire, un ouvrage de philosophie morale auquel il avait longtemps travaillé, et qu'il intitula Principes des moeurs chez toutes les nations, ou Catéchisme universel. Cet ouvrage parut en l'an VI de la République (1798, vieux, style), chez H. Agasse, à Paris, en trois volumes in-8°. Le premier volume contient : un « Discours préliminaire » (pages l-52) ; deux traités, 1' « Analyse de l'homme » (pages 53-168) et F « Analyse de la femme » (pages 169-258) ; et un conte philosophique « De la Raison, ou Ponthiamas » (pages 259-348), où l'auteur met en scène des mandarins chinois enseignant la philosophie au peuple d'une colonie fondée par eux. Le second volume est occupé par le « Catéchisme » proprement dit (pages 1-120), et par la première partie d'un « Commentaire sur le catéchisme » (pages 121-378). Le troisième volume, plus court, contient la fin du « Commentaire » (pages 1-214).

Deux ans plus tard, en l'an VIII, le libraire Agasse publia à part, en un petit in-16 de 168 pages, le Catéchisme qui occupe les 52 premières pages du tome II, et il mit en tête de cette édition — destinée « aux pères de famille et aux instituteurs », et en vente « chez H. Agasse, imprimeur libraire, rue des Poitevins, n° 18, et au Prytanée français, rue Jacques » — un Avis du libraire où il disait : « Nous avons déjà publié un ouvrage intitulé Principes des moeurs chez toutes les nations, en trois volumes in-8°. Cet ouvrage, dont le titre indique exactement le but de l'auteur, contient des développements qui ne sont point à la portée de la jeunesse, parce qu'ils ne peuvent être que le fruit de l'expérience de toute la vie. Mais en tête du second volume est le Catéchisme, proprement dit, que les hommes les plus éclairés regardent comme le code de morale le plus parfait qui ait paru jusqu'à présent. Il n'en est point qui, par sa méthode, sa clarté et sa précision, soit plus propre à diriger l'éducation morale dans les écoles publiques et particulières ; c'est ce qui nous détermine, du consentement de l'auteur, à l'offrir séparément aux pères de famille et aux instituteurs. Le cit. Champagne, directeur en chef du Prytanée français, qui se distingue par ses lumières et ses vertus républicaines, vient d'adopter cet abrégé ; ce qui nous est un sûr garant de l'accueil qu'il obtiendra du public. Pour faciliter l'acquisition de cet abrégé, nous l'avons établi au prix modéré de 1 franc l'exemplaire relié en parchemin. » (Un de ces exemplaires se trouve à la bibliothèque du Musée pédagogique ; il provient de la bibliothèque Rapet.) — Un autre avis annonce qu'on peut se procurer au prix de dix francs, brochés, les trois volumes de l'ouvrage Principes des moeurs chez toutes les nations, « qui contient le Commentaire de cet abrégé », et ajoute : « Ce Commentaire est indispensable à tous les instituteurs ».

Le Catéchisme universel comprend : 1° Une Introduction, où l'auteur traite de la façon dont l'homme reçoit ses idées morales ; de la meilleure manière de faire acquérir des notions morales à l'enfant ; de l'utilité de lui faire apprendre ensuite un recueil de préceptes ; et enfin de la nécessité de faire prendre au jeune homme l'habitude de s'examiner ; 2° Une partie intitulée Les notions, composée de six dialogues par demandes et réponses ; 3° Une partie intitulée Les préceptes, comprenant les onze chapitres suivants : 1, Des devoirs de l'homme envers lui-même ; II, Des devoirs envers les hommes ; III, Des devoirs envers la patrie ; IV, Des devoirs des enfants envers leurs pères et mères ; V, Des devoirs mutuels des époux ; VI, des devoirs des pères et mères envers leurs enfants ; VII, Des devoirs des enfants les uns envers les autres ; VIII, Des parents éloignés ; IX, Les devoirs des amis ; X, Les devoirs des maîtres envers leurs domestiques ; XI, Les devoirs des domestiques ; 4° Une partie intitulée De l'examen de soi-même. Cette dernière partie se termine par des recommandations relatives à l'emploi du repos du décadi, qu'il est intéressant de transcrire :

« Les lois de la République destinent très sagement le décadi au repos et non pas à l'oisiveté. Les travaux sont suspendus, mais il est des devoirs qui ne le sont pas, et, si l'on n'emploie pas ses mains au travail, on doit employer sa raison à s'éclairer et à se rendre meilleur.

« Au lieu d'une multitude de cérémonies religieuses, de longues et d'inutiles prières, de discours qu'on lisait ou qu'on écoutait autrefois sans y rien comprendre, et qui consumaient une bonne partie du jour consacré au repos, je veux que le matin de ce jour on répète deux dialogues ; qu'on fasse à la répétition de chacun d'eux des retours sur soi-même, et Sue le même jour encore on s'examine sur l'amour de l'ordre et sur l'emploi du temps.

« Une nouvelle loi vient d'instituer des fêtes décadaires dans toutes les communes de la République : ne pourrait-on pas établir dans chacune d'elles un officier de morale, qui, le décadi, expliquerait en détail les dialogues et les préceptes du Catéchisme"? Il parlerait au peuple sur quelques points de morale dont les idées ne sont point assez éclaircies dans les esprits du grand nombre. Il attaquerait vivement celui des vices qui paraîtrait faire des progrès dans le canton, ou engagerait à y cultiver l'espèce de vertu qu'on commencerait à y négliger ; il exciterait le zèle pour les lois, le gouvernement, la patrie.

« Après ces exercices vraiment pieux, puisqu'ils tendent a honorer l'Etre-suprême comme il veut l'être, il restera encore du temps pour égayer le jour du repos par des repas où régneront la concorde et la joie, par des entretiens agréables, par des amusements, des danses, des jeux ; il en restera même assez pour lire quelques pages d'un livre de lois, ou d'un de ces dictionnaires des substances, faits pour instruire les hommes sur les choses les plus nécessaires aux besoins et aux commodités de la vie. »

En l'an IX, le libraire Agasse publia une nouvelle série d'ouvrages de Saint-Lambert, série à laquelle il donna le titre d'OEuvres philosophiques ; le premier de ces ouvrages est un traité intitulé « Analyse historique de la société », qui forme un total de 616 pages. Agasse eut l'idée de faire des 200 premières pages de ce traité un appendice du troisième volume (déjà publié, et qui n'avait que 214 pages) des Principes des moeurs de toutes les nations ; à cet effet, il leur donna une pagination (215-414) faisant suite à celle de ce volume, avec une page de titre ainsi libellée : « OEuvres philosophiques de Saint-Lambert, suite du tome troisième » ; un « Avis au relieur » lui prescrit d'enlever cette page en réunissant les deux parties du volume. Le reste de l'« Analyse historique de la société» (416 pages) forma un autre volume, qui est intitulé OEuvres philosophiques de Saint-Lambert, tome quatrième. Enfin, un dernier volume, qui s'appelle OEuvres philosophiques de Saint-Lambert, tome cinquième, fut composé d'un « Essai sur la vie de Bolingbroke » (pages 1-208) et d'un « Essai sur la vie d'Helvétius » (pages 209-284) ; au bas de la page 284 l'éditeur a imprimé cette ligne : « Fin du tome cinquième » ; puis, se ravisant, il a jugé qu'avec 284 pages le volume serait trop mince : il y a donc ajouté, après coup, un opuscule intitulé : « Les deux amis, conte iroquois » (pages 285-336), et au bas de la page 336 a placé cette ligne (qui annule celle de la page 284) : « Fin du 5e volume ».

Nous donnons ces renseignements bibliographiques parce que ceux qu'on trouve chez Quérard et ailleurs manquent de clarté et de précision.

Le Catéchisme universel, naturellement, excita la colère du parti religieux, tandis qu'il reçut les éloges du parti philosophique. Le Concordat scella, peu après, l'alliance entre Bonaparte et l'Eglise, et il fût alors avéré pour tous que, si le futur empereur mettait une fois un catéchisme entre les mains des écoliers, ce ne serait pas celui de Saint-Lambert. Le vieux poète philosophe mourut en 1803.

Quelques années plus tard, M.-J. Chénier fut chargé d'écrire, pour la classe de littérature de l'Institut, un Tableau de la littérature française depuis 1789. Au chapitre II, « Morale, politique et législation », l'auteur de l'Épître à Voltaire ne manqua pas de faire l'éloge de l'ouvrage de Saint-Lambert. Analysant les diverses parties qui composent les Principes des moeurs chez toutes les nations, il apprécia ainsi le Catéchisme proprement dit : « La quatrième partie est consacrée au Catéchisme universel : c'est de beaucoup la meilleure de l'ouvrage ; peut-être même est-elle sans défaut. Une idée saine et lumineuse y éclate : les vices sont des passions nuisibles à nous et aux autres ; les vertus sont encore des passions, mais des passions utiles à l'homme et à ses semblables. L'auteur définit, dénombre, caractérise avec sagacité les passions vicieuses et les passions vertueuses. L'introduction, les six dialogues, les préceptes, le chapitre sur l'examen de soi-même, tout est sagement pensé, noblement écrit. On a donc bien fait d'imprimer à part le Catéchisme universel : il est à lui seul un livre classique. » Et, dans son jugement sur l'ensemble de l'ouvrage, il félicita en ces termes Saint-Lambert d'être resté fidèle a la philosophie, que tant d'autres avaient reniée :

« Les diverses parties de l'ouvrage pourraient être plus reliées entre elles ; mais elles sont homogènes quant au fond de la doctrine: et cette doctrine, qui n'est ni trop relâchée, ni trop sévère, n'a d'autre base que la nature de l'homme, ni d'autre objet que son bonheur. Une chose est surtout digne de remarque : la raison ne plie devant aucun préjugé dans cette belle production, qui fait honneur à la fin du dix-huitième siècle. Au moment où elle parut, les palinodies étaient à la mode, au moins chez certains littérateurs, accusés, bien injustement il est vrai, du crime de philosophie. Autrefois, sans doute, ils avaient fait semblant d'être philosophes, mais uniquement pour leur intérêt : c'était encore pour lui qu'ils changeaient de langage. Ils croyaient venger par l'apostasie leur vanité mécontente ; ils se flattaient même d'acquérir de l'importance, d'arriver à la fortune, d'atteindre aux places ; et, dans cet espoir, ils multipliaient chaque jour des abjurations hypocrites qui les couvraient de ridicule et ne trompaient que leur ambition. Saint-Lambert, en publiant son livre, n'examina point les tempe, mais les choses ; il ne s'occupa ni d'être hardi, ni d'être timide: il fut vrai. Dans un excellent discours préliminaire, il rendit hommage à la mémoire de Voltaire et de Montesquieu, d'Helvétius et de Condillac. Il convenait à ce vieillard honorable de proclamer, en expirant, la vérité qu'avait chérie sa jeunesse ; de rester fidèle aux hommes illustres dont il avait été l'élève et l'ami ; de respecter enfin, dans les souvenirs du dix-huitième siècle, une gloire qu'il avait vue croître et qu'il avait lui-même augmentée.»

Ces lignes éloquentes de Chénier ne virent le jour qu'en 1815 ; mais, en plein despotisme impérial, le Catéchisme de Saint-Lambert allait devenir l'occasion d'une manifestation de pensée indépendante, lorsque l'Institut eut à présenter un rapport sur les prix décennaux, — manifestation qui doit être signalée.

C'était un décret impérial du 24 fructidor an XII qui avait institué les prix décennaux. « Il y aura de dix ans en dix ans, » — disait l'article 1er, — «le jour anniversaire du 18 brumaire, une distribution de grands prix donnés de notre propre main dans le lieu et avec la solennité qui seront ultérieurement réglés » ; l'article 3 ajoutait : « La première distribution des grands prix se fera le 18 brumaire an XVIII [date correspondant au 9 novembre 18091. » — l'empereur n'avait pas prévu qu'il abolirait lui-même l'ère républicaine quatre ans avant que l'an XVIII fût atteint ; — « le concours comprendra tous les ouvrages, inventions ou établissements publiés ou connus depuis l'intervalle du 18 brumaire de l'an VII au 18 brumaire de l'an XVII ». Mais on laissa passer la date du 9 novembre 1809 sans que la distribution promise eût été faite. Alors parut un second décret, du 28 novembre 1809, qui augmenta le nombre des prix à décerner, et mit en activité le jury chargé de proposer les candidats à couronner. « Conformément à l'art. 7 du décret du 24 fructidor an XII, » — disait l'art. 5 de ce nouveau décret, — « les ouvrages seront examinés par un jury composé des présidents et des secrétaires perpétuels de chacune des quatre classes de l'Institut. Le jury pourra revoir son travail jusqu'au 15 février prochain [1810] afin d'y ajouter tout ce qui peut être relatif aux nouveaux prix que nous venons d'instituer. » Le rapport du jury devait être remis au ministre de l’intérieur ; celui-ci devait adresser à chacune des quatre classes de l'Institut la portion du rapport relative au genre des travaux de la classe ; chaque classe en ferait une critique raisonnée, qui serait imprimée ; le ministre remettrait à l'empereur son rapport sur le tout, en août 1810, et un décret impérial décernerait les prix. Et l'art. 12 concluait : « La première distribution des prix aura lieu le 9 novembre 1810, et la seconde distribution le 9 novembre 1819, jour anniversaire du 18 brumaire [c'est-à-dire après un intervalle de neuf ans seulement, la date de la première distribution ayant été retardée d'une année] ; ces distributions se renouvelleront ensuite tous les dix ans, à la même époque de l'année. »

Les quatre présidents de classe et les secrétaires perpétuels se mirent à l'oeuvre, et leur rapport, signé par Bougainville, président de la classe des sciences physiques et mathématiques, et Suard, secrétaire perpétuel de la classe de la langue et de la littérature française, fut imprimé en 1810 [Rapport du jury institué par S. M. l'Empereur et Roi pour le jugement des Prix décennaux). Parmi les prix à décerner, il y en avait un que le décret avait désigné de la façon suivante : « Grand prix de première classe, à l'auteur du meilleur ouvrage de philosophie en général, soit de morale, soit d'éducation ». Le jury, ne prévoyant pas qu'il allait déchaîner un orage, ou insoucieux des clameurs des partisans de l'Eglise, proposa d'attribuer ce grand prix à Saint-Lambert. Les trois premiers volumes de son ouvrage avaient paru, il est vrai, quelque temps avant la date (18 brumaire an VII) fixée pour la limite du concours ; niais les autres volumes, formant le complément des premiers, avaient été publiés depuis.

« Il y a — disait le rapport — une morale tout humaine, qui n'est fondée que sur la nature de l'homme et ses rapports inaltérables avec ses semblables dans toutes les formes de l'état social, et qui par là lui convient dans tous les temps, dans tous les climats, sous tous les gouvernements » ; et il ajoutait, après avoir signalé l'utilité qu'aurait un traité où « une connaissance d'une importance si évidente » serait « réduite en une théorie complète » :

« Un seul écrivain parmi nous a tenté de composer un ouvrage de ce genre : c'est Saint-Lambert, qui, après soixante ans d'études et de méditations, a publié, vers la fin de sa carrière, l'ouvrage intitulé Principes des moeurs chez toutes les nations ou Catéchisme universel. C'est un ouvrage supérieur par les divers genres de mérite qu'il réunit, et par l'universalité des applications qu'on peut en faire partout à l'enseignement de la morale. Saint-Lambert a réduit tout le corps de la morale en questions simples et qui se présentent comme d'elles-mêmes, et en réponses dont la netteté et l'évidence seules forment une évidence de démonstration. C'est un vrai catéchisme : il peut être enseigné aux enfants, qui le comprendront ; et il suffira aux hommes de tous les états de la société et dans tous les âges de la vie. Le jury ne peut point hésiter à regarder cet ouvrage comme très digne du prix, et comme le seul qui puisse y prétendre. »

Le parti anti-philosophique jeta les hauts cris en lisant ce panégyrique d'un écrivain qu'il détestait, et on trouve dans l'article haineux que la Biographie Michaud a consacré à Saint-Lambert un écho de ces colères. Durozoir, l'auteur de l'article, s'exprime ainsi : « Le Catéchisme universel n'eut aucun succès, et il était confondu dans un même oubli avec les plus méprisables productions du club d'Holbach, lorsque, au grand scandale des hommes de goût et des honnêtes gens, le jury, nommé par Napoléon pour adjuger les prix décennaux, exhuma cet ouvrage pour lui décerner le grand prix de morale. Le motif principal de ce jugement était que la doctrine de l'auteur se montrait indépendante de toute religion. Une telle décision, contre laquelle l'opinion publique se souleva, fit peu d'honneur à Suard, rédacteur de cette partie du rapport, et contribua puissamment à jeter du ridicule sur les prix décennaux, à la distribution desquels Napoléon renonça. »

Conformément au décret du 28 novembre 1809, chacune des classes de l'Institut eut à discuter la partie du rapport du jury qui rentrait dans ses attributions. La classe de la langue et de la littérature française nomma, le 18 octobre 1810, un rapporteur en la personne d'Arnault. Des réclamations s'étaient élevées, non seulement contre la décision relative à Saint-Lambert, mais contre plusieurs autres ; et on peut croire aussi qu'une pression officielle fut exercée pour obtenir des décisions agréables au maître. Le rapport de la classe parut à la fin de novembre 1810, dans le Moniteur, sous la signature de Regnault de Saint-Jean-d'Angély, président, et d'Arnault, secrétaire : « Il était en désaccord complet avec celui du jury, et cela suscita une assez longue polémique. Le ministre de l'intérieur devait ensuite soumettre à l'empereur un rapport, puis un décret impérial devait décerner les prix. Mais une foule de considérations, qui sont fort habilement exposées dans l'Histoire de l'Académie française, par M. Paul Mesnard, retardèrent de jour en jour cette décision, et l'Empire tomba sans que les prix fussent décernés. » (René KERVILER, Essai d'une Bibliographie raisonnée de l'Académie française, 1877.)

Le Catéchisme de Saint-Lambert n'a donc pas reçu, des mains de Napoléon, un de ces prix qui devaient être décernés « le jour anniversaire du 18 brumaire » : mais l'ostracisme dont il a été l'objet a mieux contribué à faire vivre le souvenir de cet ouvrage — qui n'est d'ailleurs pas un chef-d'oeuvre — que n'eût pu le faire la distinction qui lui fut refusée.

James Guillaume