bannière

s

Sailer

Jean-Michel Sailer, l'un des plus éminents pédagogues de l'Allemagne catholique, naquit en 1751 à Aresing, en Bavière. Fils d'un pauvre cordonnier, il fut élevé simplement. Son père réussit à le placer à Munich dans une famille riche, comme émule du fils de la maison, et le jeune Sailer put suivre ainsi les cours du gymnase. Son intelligence attira l'attention des jésuites, qui le firent entrer dans leur ordre à l'âge de dix-neuf ans. Trois ans plus tard (1773), la Société de Jésus ayant été supprimée en Bavière, Sailer alla achever ses études à l'université d'Ingolstadt ; il fut ordonné prêtre en 1775, et en 1780 l'électeur Maximilien III le nomma professeur de théologie. Sa chaire ayant été supprimée l'année suivante, il obtint en 1784 un autre poste à l'université de Dillingen, où il professa dix ans ; mais en 1794, accusé d'hérésie à cause de ses tendances larges et conciliantes, il fut destitué. En 1799, l'électeur Max-Joseph (plus lard roi de Bavière) le nomma de nouveau professeur à Ingolstadt. En 1821, Sailer devint chanoine, et en 1829 évêque de Ratisbonne. Il mourut en 1832.

Sailer était une nature douce et tolérante, portée au mysticisme, éloignée de tous les extrêmes ; bien qu'il ait appartenu un moment à l'ordre des jésuites, il n'avait rien conservé de leur esprit et de leurs tendances ; on l'a quelquefois appelé « le Fénelon allemand ».II se montra toujours l'ami des instituteurs et de l'éducation populaire. Il attachait une grande importance à la personnalité du maître, parce qu'à ses yeux l'éducation avait plus de prix que l'instruction. Dans son traité de pédagogie, intitulé Sur l'éducation, aux éducateurs (Ueber Erziehung, fur Erzieher, Munich, 1807), il dit à ce sujet : « L'instituteur doit être avant tout un éducateur. Devenez vous-mêmes meilleurs, la jeunesse s'améliorera à son tour. » Des diverses formes de l'éducation, celle qu'il préfère est celle qui cherche à former l'homme intérieur. Pour l'enseignement religieux, il recommande l'emploi du catéchisme, « parce que de cette façon l'élève, au lieu de recevoir les vérités de la bouche du maître, les tire en quelque sorte de son propre fonds ». Palmer, appréciant le rôle de Sailer dans l'histoire de la pédagogie, dit : « Il fut, comme Fénelon, un représentant de cette tendance qui, bien qu'étrangère en principe à tout jésuitisme, croit cependant de bonne foi que le but de toute éducation réellement humaine doit être de faire de l'élève un bon catholique ».

Johannes Boehm