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Russie (d’Europe et d’Asie)

I. Résumé historique. — Il y a quatre siècles, la Russie ne possédait point d'écoles au sens propre du mol. Au quinzième siècle, l'archevêque de Novgorod, Gennadius, écrivait au métropolitain Simone pour le prier de supplier le tsar d'ouvrir des écoles, du moins pour l'instruction des personnes se destinant au sacerdoce. Le concile de 1551 exprimait les mêmes voeux, formulés presque dans les mêmes ternies que la requête de Gennadius, vieille à ce moment d'environ cent ans : les meilleurs parmi les prêtres des villes ouvriraient des écoles où l'on aurait à enseigner la lecture, l'écriture, le plain-chant et la diction liturgique ; les élèves devaient se recruter presque exclusivement parmi les enfants des popes. Un demi-siècle plus tard, un nouveau concile, réuni pour condamner le schisme des vieux-croyants, soulève de nouveau la question de l'instruction publique, toujours pour le clergé seulement : « Nous ordonnons, dit-il, que chaque prêtre enseigne à ses enfants la lecture et l'écriture ».

L'état de l'instruction publique en Russie au début du dix-septième siècle est caractérisé ainsi par Margeret : « L'ignorance du peuple russe est la mère de sa piété ; ce peuple ne connaît ni écoles ni universités ; seuls quelques prêtres, très peu nombreux, enseignent à lire et à écrire ».

Naturellement, il existait en Russie des hommes d'élite qui trouvaient moyen de s'instruire. Ces personnes privilégiées, une fois les premiers éléments de l'instruction acquis, ne s'arrêtaient pas là et aspiraient à agrandir le cercle de leurs connaissances. Cela explique qu'en Russie les établissements de l'enseignement supérieur, destinés à ces rares étudiants, apparurent bien avant ceux de l'instruction élémentaire. La première école supérieure fut l'Académie ecclésiastique de Kiev, fondée au commencement du dix-septième siècle. En 1682 fut fondée à Moscou une Académie slavo-gréco-latine. Pierre le Grand créa à Moscou, en 1700, une Ecole des mathématiques et de la navigation, destinée aux enfants des nobles et des fonctionnaires ; la direction en fut confiée à un Anglais, nommé Farwarson. Aussitôt après furent ouvertes une école navale, une école d'artillerie, une école du génie et deux écoles des mines.

En 1715, l'Ecole des mathématiques et de la navigation fut transférée à Saint-Pétersbourg et reçut le nom d'Académie navale. Cette Académie et l'Académie slavo-gréco-latine devinrent les pépinières de maîtres pour les écoles primaires fondées par Pierre le Grand en province. De leur côté, les écoles primaires fournirent des élèves aux Académies en question. En 1716 furent créées 12 écoles ; 30 autres apparurent de 1720 à 1722. On y enseignait l'arithmétique et la géométrie ; c'est pourquoi les nouvelles écoles reçurent l'appellation d' « écoles de chiffres ». D'après les renseignements recueillis en 1727, le nombre des élèves dans toutes ces écoles était de plus de 2000, ainsi répartis entre les différentes classes de la société :

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De 1721 à 1725 furent créées 46 écoles ecclésiastiques. Les 42 écoles laïques et les 46 écoles religieuses eurent pour siège les chefs-lieux des divisions administratives d'alors. Presque dans chaque chef-lieu il existait deux écoles, qui entrèrent bientôt en lutte pour s'attirer des élèves. Le Saint-Synode exigea que les enfants du clergé fussent tous incorporés dans les écoles diocésaines, sur quoi 14 des « écoles de chiffres » perdirent la totalité de leurs élèves et il fallut les fermer. Dans celles des écoles laïques qui purent se maintenir, il n'y eut plus que des enfants de fonctionnaires ; en 1727, elles avaient en tout 500 élèves. Par un ukase de 1732 furent créées des écoles dites de garnison, dépendant des régiments d'infanterie.

La première université et le premier gymnase (lycée) furent créés d'après l'idée de Pierre le Grand, mais un an après sa mort, c'est-à-dire en 1726. On fit venir d'Allemagne 17 professeurs (entre autres Bernouilli, Euler, etc.), mais la Russie ne put pas fournir d'étudiants, et on en fit venir également d'Allemagne ; il en vint huit (!). Bientôt après les cours cessèrent faute d'élèves. Le gymnase eut plus de succès : la première année (1726), il reçut 120 élèves, la deuxième 58, la troisième 56, la quatrième 74. Le nombre des entrées diminuant ensuite d'année en année, il fut ordonné d'incorporer de force au gymnase des enfants de soldats, d'ouvriers, et même de serfs. Les enfants des classes moyennes devinrent bientôt les uniques élèves du gymnase, attendu qu'en 1730 fut créé un corps de cadets, et que les enfants des nobles n'entrèrent plus qu'à cette école. Le gymnase fournit pendant quelque temps des étudiants à l'université ; mais en 1753 celle-ci fut fermée faute d'élèves. — En 1755, une nouvelle université fut fondée à Moscou ; à l'université furent joints deux gymnases, l'un pour les nobles, un autre pour les roturiers. Tout collégien, en devenant étudiant recevait le droit de porter une épée et un titre de noblesse, s'il n'était déjà pas noble ; à la fin des études universitaires, le titulaire du diplôme recevait, dans la hiérarchie civile, un grade correspondant dans l'armée à celui d'officier supérieur. En 1760, deux gymnases pareils furent fondés à Kazan. — Malgré tous les efforts, les collégiens qui parvenaient jusqu'à l'université étaient fort rares, et pendant les premières années de l'existence de cette dernière, les étudiants se recrutaient principalement parmi les personnes sortant des écoles ecclésiastiques.

Catherine II s'intéressait beaucoup aux questions d'éducation et d'instruction ; elle croyait même pouvoir créer, à l'aide de l'école, une «nouvelle race d'hommes ». Dans ce but, voulant neutraliser autant que possible l'influence du milieu, elle inaugura le système des internats de garçons et surtout de filles. En 1764 fut fondé, au couvent de Smolna, près de Saint-Pétersbourg, une institution de jeunes filles avec deux sections, l'une pour des demoiselles nobles, l'autre pour les filles bourgeoises. Ce fut le commencement en Russie de l'instruction publique pour le sexe féminin.

En 1786 furent promulgués les statuts de l'instruction primaire en Russie. D'après ces statuts, chaque chef-lieu de gouvernement devait avoir une « école principale », chaque chef-lieu de district une « petite école ». Malheureusement, aucune somme n'était allouée pour l'entretien de ces écoles, et leur existence matérielle était à la charge de l'assistance publique locale. Peu de parents tenaient à donner de l'instruction à leurs enfants, et les élèves des écoles étaient souvent recrutés de force. La grande majorité des élèves des « écoles principales » étaient des enfants de la bourgeoisie et des soldats. Si les « écoles principales « avaient peu d'élèves, les « petites écoles » n'en avaient souvent pas du tout, et les autorités locales se trouvèrent dans la nécessité de les fermer.

Les fluctuations de l'enseignement public laïque pendant les dernières années du dix-huitième siècle ressortent clairement du tableau suivant :

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En 1783, les écoles ecclésiastiques comptaient 11 329 élèves. En admettant qu'elles en eussent autant dix-sept ans après, nous trouvons, à la fin du dix-huitième siècle, un total d'environ 31 000 élèves, ce qui, étant donné le nombre d'habitants de la Russie à cette époque, donne 1 élève sur 800 habitants. Au début du dix-neuvième siècle, en 1802, fut fondé un ministère de l'instruction publique. L'empire fut divisé en six circonscriptions universitaires. Dans trois de ces circonscriptions, il existait des universités (à Moscou, à Vilna et à Dorpat), dans trois autres (Kazan, Kharkov et Saint-Pétersbourg) on devait en ouvrir. Les universités de Kazan et de Kharkov furent inaugurées en 1804. Celle de Saint-Pétersbourg (fermée depuis 1753) fut rouverte en 1819. Une université fut fondée à Varsovie en 1816 (l'insurrection de Pologne amena sa suppression en 1832). Les professeurs de chaque université formaient une corporation autonome, ayant le pouvoir d'élire le recteur et les doyens. L'organisation de l'enseignement était confiée au conseil universitaire. Les membres de l'enseignement étaient justiciables d'un tribunal universitaire. En réalité, toutes ces dispositions libérales des statuts de 1804 n'étaient qu'illusoires, et les représentants du gouvernement jouissaient seuls de l'autorité réelle.

C'est également du début du dix-neuvième siècle (loi de 1804, inspirée par Laharpe) que datent la transformation des « écoles principales » en gymnases et la création de nouveaux gymnases. Chaque chef-lieu de gouvernement devait en avoir un. Les « petites écoles » furent à la même époque transformées en écoles de district, qui devaient se trouver dans chaque ville, chef-lieu de gouvernement ou de district. Au-dessous des écoles de district, il devait y avoir les écoles de paroisse. Les programmes dans les écoles de toutes ces catégories étaient gradués : ce que l'on enseignait dans l'une ne se retrouvait plus dans le programme de l'école du type supérieur.

A l'école paroissiale, les enfants recevaient l'instruction religieuse, et apprenaient la lecture, l'écriture et l'arithmétique. A l'école de district, ils continuaient à étudier les mêmes sujets et acquéraient des notions de géométrie, de géographie, d'histoire, de physique et d'histoire naturelle. Au gymnase, on n'enseignait plus ni la doctrine religieuse, ni la langue russe, mais la logique, la psychologie, la morale, l'esthétique, le droit et l'économie politique, tout ce qui fait partie actuellement de l'enseignement supérieur. Les programmes des sciences physiques, mathématiques et naturelles étaient très étendus. On apprenait également la comptabilité et la technologie.

Peu à peu tout change. On introduit dans les programmes des gymnases l'enseignement religieux ; on augmente le nombre d'heures consacrées à la langue russe et l'on supprime les sciences philosophiques et sociales. On crée dans les gymnases trois classes préparatoires, ce qui dispense les élèves du passage par les écoles paroissiales et celles de district.

A la fin du règne d'Alexandre Ier (1825), les circonscriptions universitaires, réduites à cinq, comptaient les nombres suivants d'écoles et d'élèves :

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A ces écoles, il faut ajouter l'école supérieure pédagogique de Saint-Pétersbourg, le lycée de Iaroslavl, le lycée de Kremenets (fermé en 1830, lors de l'insurrection en Pologne), l'école supérieure de Néjin, dite gymnase des hautes études, l'école commerciale de Taganrog, le lycée Richelieu d'Odessa. Le nombre des élèves dans ces six écoles était de 1308.

Les gymnases comptaient peu d'élèves : dans la circonscription de Saint-Pétersbourg, la moyenne par gymnase était de 79 élèves ; dans celle de Moscou de 72 ; dans celle de Kharkov de 97 ; dans celle de Kazan de 69. Seule la circonscription de Vilna comptait un chiffre élevé, 415 élèves par gymnase.

En 1826, au début du règne de Nicolas I", fut créé un « Comité de l'organisation des établissements d'enseignement public » ayant pour but d'unifier l'enseignement et d' « interdire les cours libres faits d'après n'importe quels manuels imprimés ou manuscrits ». Les nouveaux statuts, rédigés en 1828, s'appliquaient aux écoles paroissiales, aux écoles de district, aux gymnases et aux établissements privés. L'idée maîtresse du nouveau régime consistait dans l'affectation des différentes catégories d'écoles à des catégories particulières d'élèves : ainsi les écoles paroissiales ne devaient avoir pour élèves que les enfants de paysans, de petits bourgeois et d'artisans: les écoles de district étaient destinées aux enfants de marchands, d'officiers et de la petite noblesse ; les gymnases, enfin, étaient principalement pour les enfants nobles.

En 1830 furent sanctionnés les règlements et les statuts concernant les établissements d'enseignement du ressort du ministère de la guerre. D'après ces statuts, les écoles dites « corps de cadets » devaient avoir pour but de permettre aux jeunes nobles des différents gouvernements de la Russie de recevoir une instruction spéciale en vue du service militaire sans être envoyés loin de leurs familles. Du temps d'Alexandre I" il n'y avait que trois corps de cadets ; de 1830 à 1840, leur nombre augmenta beaucoup. Une direction générale des établissements d'enseignement militaire fut créée.

A côté des gymnases civils, où dominait déjà l'élément noble, on créa des « pensionnats de nobles » et des « instituts de nobles ». Ces pensionnais et instituts eurent une telle vogue qu'en 1849 on en comptait 47 ; plus tard, en quinze aimées il n'en fut ouvert que 4. Outre les préjugés de caste, ce qui poussait les gentilshommes a envoyer leurs enfants dans ce genre 'établissements, c'était l'introduction du latin et du grec dans les programmes des gymnases, tandis que dans les pensionnats et les instituts on enseignait des choses convenant mieux aux goûts des hautes classes de la société : le français, la danse, la musique, l'escrime et l'équitation. Malgré la désertion des nobles, les gymnases prirent de l'extension ; cela était d'autant plus caractéristique pour l'état d'esprit de la société russe du milieu du dix-neuvième siècle que le prix des études était augmenté dans une forte proportion. L'afflux des élèves appartenant aux classes inférieures de la société effraya le gouvernement du tsar Nicolas Ier. « Etant donné les tendances de plus en plus croissantes de donner une instruction aux enfants, écrivait, en 1840, le ministre de l'instruction publique, le comte Ouvarof, il est temps de veiller à ce que le désir immodéré de l'instruction supérieure n'ébranle pas l'ordre actuel des choses et l'existence des différentes classes de la société. » Cinq ans après, dans une circulaire adressée aux recteurs, le ministre s'exprimait ainsi : « Etant donné l'affluence de plus en plus considérable, dans les écoles supérieures et secondaires, des jeunes gens issus des basses classes de la société, pour lesquels l'enseignement supérieur est inutile ou du moins constitue un luxe superflu ; étant donné que cet enseignement les place au-dessus de leur condition primitive due à leur naissance, et cela sans utilité pour eux-mêmes et pour l'Etat, il est indispensable d'augmenter encore le prix des études. En prenant cette mesure, le gouvernement a en vue, non pas d'augmenter les ressources des établissements d'enseignement, mais de mettre un frein au désir immodéré de la jeunesse de s'instruire, désir qui est souvent en disproportion avec les conditions sociales des parents des jeunes élèves. » En 1844, on supprima des programmes des gymnases les derniers vestiges des sciences philosophiques et sociales épargnés par les programmes de !828. En 1848, le latin et le grec, qui quelque temps avant étaient considérés comme un rempart contre les « tendances subversives », devinrent tout à coup suspects. Les jeunes gens, disait-on, ne respectent pas les lois parce qu'ils ne connaissent pas le droit en vigueur, et qu'ils se passionnent pour les institutions républicaines du monde classique.

Quelque temps après, le grec est supprimé et remplacé par les sciences naturelles, qui, d'après le ministre de l'instruction publique de cette époque (prince Chirinsky-Chakhmatof), répondent aux besoins de l'instruction moderne, et peuvent faciliter l'étude approfondie de ces sciences à la faculté des sciences et à celle de médecine. L'étude du grec devient tellement rare que le ministre autorise l'université de Kazan à recevoir, à la faculté des lettres, des jeunes gens ne connaissant pas celle langue. En ce qui concerne les universités, les statuts de 1804 avaient fait place à ceux de 1835. Ces nouveaux statuts effacèrent toute trac d'autonomie universitaire, mais ils ne purent étouffer l'ardeur de la jeunesse russe pour l'instruction. Le nombre d'étudiants allait en croissant, à tel point que le gouvernement de Nicolas Ier prit peur, surtout à la suite des événements de 1848 en Europe. En 1849, il fut décidé que les universités ne pourraient pas recevoir plus de 300 élèves par faculté ; les droits d'inscription furent augmentés.

Après la guerre de Crimée, quelques-unes des mesures restrictives concernant les universités furent levées au début du règne d'Alexandre 11. A partir de 1855, le nombre des étudiants ne fut plus limité ; plusieurs chaires supprimées en 1848 furent rétablies.

En 1863 fut promulgué un nouveau statut des universités restituant au corps des professeurs l'autonomie de 1804 dont ils avaient été privés en 1835. Le conseil universitaire devint le pivot de la vie corporative du personnel enseignant et des étudiants. Le recteur de l'université était élu au sein des professeurs par les professeurs eux-mêmes.

En 1869, l'université de Varsovie fut rétablie. Mais en 1884, le statut de 1863 fit de nouveau place à un autre, apportant des restrictions à l'autonomie de l'enseignement supérieur ; cela occasionna des troubles universitaires, qui devinrent pour ainsi dire permanents. Enfin, tout récemment, en 1904-1905 et 1905-1906, les cours ont été totalement suspendus pendant des mois.

Le 8/21 avril 1906 a été promulgué un rescrit impérial qui confère au personnel enseignant de chaque faculté le droit de nommer des professeurs aux chaires vacantes, le ministre de l'instruction publique n'ayant plus qu'a confirmer la nomination. Le 14/27 septembre 1906, l'institution des inspecteurs chargés de la police intérieure des universités et nommés par l'administration fut supprimée. Toute la direction intérieure des universités fut remise entre les mains du corps enseignant, chargé de, maintenir l'ordre et d'en répondre. Actuellement (décembre 1908) la situation des universités est dans un état instable, et au moment où paraîtra ce Dictionnaire cette situation pourra être toute différente de ce qu'elle était en vertu des lois de 1906.

L'enseignement secondaire fut réformé en 1864 : dans une moitié des lycées on devait enseigner le latin seul ; l'autre moitié était partagée en deux : un quart avec le latin et le grec, et un autre quart sans langues classiques. Les élèves de cette dernière catégorie des lycées ne pouvant pas entrer dans les universités (sauf à la faculté des sciences mathématiques), le nombre des « gymnases réaux », comme on les appelait, diminua peu à peu, et le 30 juillet 1871 fut promulgué un nouveau statut consacrant l'enseignement classique et fermant les portes des universités aux élèves n'ayant pas appris le latin et le grec.

L'enseignement secondaire des jeunes filles fut réglé par les statuts de 1860, et le nombre des gymnases pour le sexe féminin alla depuis 1864 en croissant. Les programmes de ces institutions excluaient le latin et le grec, et, tout en se rapprochant de ceux des « gymnases réaux » pour les garçons, étaient considérablement réduits.

Les tableaux suivants montrent le progrès de l'enseignement supérieur et secondaire pendant les cent dernières années :

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L'enseignement primaire n'existait pour ainsi dire pas au dix-huitième siècle. La loi de 1804, que nous avons déjà mentionnée, posait en principe que chaque village devait avoir une école ; mais cette loi resta lettre morte ; ainsi, par exemple, dans le gouvernement de Novgorod 100 écoles furent ouvertes en 1806, mais en 1808 il n'en restait plus une seule. Dans le gouvernement d'Olonets on en créa 20, dans celui d'Arkhangelsk 9, mais en 1819 ces deux gouvernements n'avaient pas une seule école. Partout ailleurs la situation des écoles primaires était certainement la même, et le ministre de l'instruction publique Chichkof avait raison lorsqu'en 1828 il affirmait que l'instruction du peuple n'existait pas en Russie ; d'après lui, sur toute l'étendue de l'immense empire il n'existait que 600 écoles, et encore presque toutes ces écoles se trouvaient-elles dans des villes. Au point de vue chronologique, les écoles primaires qui furent recensées en 1836 se répartissaient ainsi :

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Les écoles d'Etat, ou écoles gouvernementales, comme on dit en Russie, datent de 1830. Les premières en date avaient en vue la formation de greffiers devant assister les autorités villageoises. Le développement de ces écoles fut tellement lent, que les futurs candidats au poste de greffier durent être envoyés en apprentissage dans les écoles paroissiales des villes. En 1842 apparaît un nouveau principe : les écoles reçoivent une destination plus élevée ; « elles ont pour mission, dit dans son rapport le ministre de l'instruction publique Kisselef, de répandre parmi les paysans appartenant à l'Etat (la grande majorité des paysans étaient des serfs appartenant à des particuliers) une instruction religieuse et morale et les connaissances élémentaires plus ou moins indispensables pour le peuple ». Depuis cette époque, l'enseignement primaire parmi les paysans dépendant de l'administration des domaines va en croissant, comme on le voit par le tableau suivant :

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On sait que le 19 février (3 mars) 1861 le servage a été aboli en Russie. De l'abolition du servage date toute une série de réformes, et notamment l'institution des autorités locales élues nommées zernstvos. Peu à peu les zernstvos prirent en mains l'instruction primaire du peuple et lui consacrèrent une grande partie de leur activité. Les chiffres suivants, qui se rapportent à l'année 1892-1893, montrent de combien le nombre des écoles et celui des élèves, cette année, étaient supérieurs à ceux de 1853 :

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Peu à peu, le gouvernement et l'opinion publique ont commencé à envisager la possibilité de l'introduction en Russie de l'instruction primaire obligatoire ; mais pour le moment la fréquentation des écoles par tous les enfants d'âge scolaire n'a pu être réalisée que dans quelques circonscriptions administratives et seulement dans les villes.

La première place appartient sous ce rapport au gouvernement de Viatka, dont toute la population urbaine d'âge scolaire, garçons et filles, fréquente les écoles (garçons, 13, 9 % de la population masculine totale des villes, filles 9, 0 % de la population féminine totale des villes). Dans vingt-sept gouvernements et provinces, toute la population urbaine d'âge scolaire, mais du sexe masculin seulement, fréquente les écoles ; ces divisions administratives sont : Olonets, Arkhangelsk, Vologda, Novgorod, Pskov, Kouban, Kostroma, Perm, Koutais, Samara, Vladimir, Smolensk, Oufa, Mer Noire, Esthonie, Tver, Saratov, Ienisseisk, Sim-birsk, Penza, Tauride, Soukhoum, Transbaïkalie, Tourgaï, Tchernigov, Irkoutsk et Stavropol.

Quant aux campagnes, il n'existe pas une seule circonscription administrative où la totalité des enfants, ne fût-ce que du sexe masculin, fréquente les écoles. L'instruction des filles est bien en arrière de celle des garçons. Dans l'immense majorité des divisions administratives de l'Empire, le nombre des filles fréquentant les écoles rurales n'atteint même pas la moitié de la population rurale du sexe féminin et de l'âge scolaire. Dans les gouvernements les plus avancés sous ce rapport, le nombre de filles fréquentant les écoles rurales ne dépasse pas dans tous les cas les deux tiers des personnes du sexe féminin et de l'âge scolaire.

II. Etat actuel. — ADMINISTRATION. — Les établissements d'enseignement public en Russie dépendent du ministère de l'instruction publique, créé en 1802 ; du Saint-Synode, créé par Pierre le Grand pour connaître des affaires ecclésiastiques ; des ministères de l'intérieur, de la guerre, de la marine, des finances, des voies de communications, du commerce et de l'industrie, de la justice, des affaires étrangères ; de la direction générale de l'agriculture ; de la direction des haras de l'Empire ; des Institutions de l'impératrice Marie. La place prépondérante appartient au ministère de l'instruction publique, duquel dépendent les universités, les principaux établissements d'enseignement secondaire et environ la moitié des écoles primaires. La deuxième place revient au ministère de la guerre, qui a sous son administration l'école de guerre, plusieurs écoles spéciales supérieures, des écoles militaires préparant des officiers des différentes armes, et des établissements d'enseignement secondaire dits corps de cadets. Le Saint-Synode a la haute direction des académies ecclésiastiques, des séminaires et des écoles primaires paroissiales. L'administration des Institutions de l'impératrice Marie s'occupe des écoles secondaires et primaires de filles. — Le rôle des autres ministères ou directions est relativement peu important.

Ministère de l'instruction publique. — Il comprend : le ministre, deux assistants du ministre ; le conseil du ministre, composé de vingt-quatre membres ; deux départements : celui de l'instruction publique et un autre dit des affaires générales ; la section des écoles industrielles ; le comité scientifique ; les archives ; la commission archéologique ; la direction des caisses de pensions des instituteurs et institutrices primaires. — Pour la direction et la surveillance sur place de l'enseignement, la Russie est divisée en douze circonscriptions universitaires, celles de Saint-Pétersbourg, Moscou, Riga, Kiev, Kazan, Kharkov, Vilna, Varsovie, Odessa, Orenbourg, Caucasie, et Sibérie occidentale, et trois directions générales, celles de la Sibérie orientale, du gouvernement général de l'Amour, et du Turkestan. — A la tête de chacune des dix universités de l'empire se trouve un recteur élu par le corps des professeurs de l'université et nommé par le ministre ; le recteur, assisté d'un conseil de professeurs, est responsable de l'ordre à l'intérieur. Le conseil élit parmi les professeurs un pro-recteur chargé de l'inspection générale.

Les curateurs des circonscriptions universitaires sont assistés, en ce qui concerne la direction des écoles secondaires, par des inspecteurs de district. La surveillance des écoles primaires est confiée aux directeurs et aux inspecteurs primaires. Les chefs de tous les établissements scolaires sont nommés ou confirmés par la direction centrale ou par ses organes locaux.

Ministère de la guerre. — Les écoles spéciales supérieures dépendent de la direction générale de l'Etat-major général, de la direction topographique, de la direction générale de l'artillerie, de la direction générale du génie, de la direction sanitaire et médicale, de la direction juridique, de l'inspection générale de la cavalerie ; les écoles secondaires sont du ressort de la direction générale des établissements militaires d'enseignement.

Saint-Synode. — La haute direction des établissements d'enseignement supérieur (académies), secondaire (séminaires) et primaire (écoles paroissiales et autres) appartient au Comité de l'enseignement et au Conseil scolaire. La surveillance des écoles paroissiales est confiée aux conseils scolaires de diocèse et aux sections de ces conseils dans les districts.

Administration des Institutions de l'impératrice Marie. — Elle a sous sa direction les trente-deux instituts de jeunes filles nobles (internats), les vingt gymnases, des écoles élémentaires et des asiles.

DIVISION GENERALE DES ECOLES ET STATISTIQUE SCOLAIRE. — Comme dans tous les pays, les écoles russes peuvent être divisées en deux grandes classes : écoles d'enseignement général et écoles spéciales. Les écoles de ces deux classes peuvent être subdivisées en écoles supérieures, secondaires et primaires.

A. Ecoles d'enseignement général. — I. Enseignement supérieur. — La place prépondérante parmi ces écoles appartient aux universités., qui se trouvent à Saint-Pétersbourg, Moscou, Kazan, Kiev, Kharkov, Odessa, Varsovie, Dorpat (Youriev), Saratov et Tomsk. Il existe en outre, à Moscou, une université municipale portant le nom du général Chaniavsky, qui a fourni les sommes nécessaires pour la fondation et l'entretien de l'université en question. Chaque université doit, en principe, avoir quatre facultés : histoire et philologie, sciences physiques et mathématiques, droit, médecine. Toutefois l'université de Saint-Pétersbourg a, en outre, la faculté des langues orientales, mais elle n'a pas de faculté de médecine ; l'université de Tomsk, créée en 1888, n'a pour le moment que deux facultés, celles de droit et de médecine. L'université de Dorpat (qui s'appelle, depuis 1893, université de Youriev, le nom allemand de la ville où elle se trouve ayant été, par décret, remplacé par un nom russe) possède une cinquième faculté, celle de théologie protestante.

Pour obtenir la licence, il faut quatre années d'études ; les étudiants se divisent en étudiants de première, deuxième, troisième et quatrième année, ou, comme on dit en Russie, du cours de première, de seconde, etc. ; pour l'obtention du grade de médecin, il faut cinq années d'études. Le titre de docteur en médecine est conféré aux médecins ayant passé des examens supplémentaires et soutenu une thèse de doctorat. Pour entrer dans une université, il faut posséder un certificat dit de maturité, correspondant à l'ancien diplôme français de bachelier ès lettres ; depuis quelque temps, les portes des universités sont ouvertes aux jeunes gens ayant un diplôme correspondant à l'ancien diplôme français de bachelier ès sciences, mais ils doivent subir, à l'université, un examen de latin et de grec pour la faculté historico-philologique, ou un examen de latin seul pour les autres facultés.

Les professeurs sont désignés pour les chaires vacantes, soit au concours, soit sur les indications données par les professeurs de la faculté dont la chaire à repourvoir fait partie : mais le choix des professeurs de la faculté doit être ratifié par le ministre de l'instruction publique (loi du 27 septembre 1906).

Les leçons durent règlementairement une heure. Le rapport adressé à l'empereur par le ministre de l'instruction publique, en 1908, donne les chiffres suivants à la date du 1er janvier 1907 :

Personnel enseignant des dix universités: 459 professeurs, dont 7 de théologie, 140 professeurs agrégés, 7 chargés de cours, et 598 chargés de cours libres. — Nombre d'élèves immatriculés : 31 768 ; nombre d'auditeurs libres : 3267. Répartition des élèves par facultés :

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Tous les élèves sont du sexe masculin, les femmes n'étant admises à suivre les cours des universités que depuis l'année 1907-1908.

Le nombre des diplômes de fin d'études universitaires en 1906 a été : diplômes du 1er degré, 1035 ; du second degré, 895 ; de médecin, avec distinction, 144 ; de médecin, 432 ; en tout : 2392. Les diplômes supérieurs délivrés en 1906 ont été au nombre de 84 : ceux de docteur, 45, et ceux de maître, 39.

Les dépenses pour les universités, en 1906-1907, ont été de 7 684 479 roubles, dont 5 405 660 fournis par l'Etat. Les dépenses inscrites au budget pour l'année 1910 s'élèvent à 7 258 843 roubles.

Les établissements d'enseignement supérieur pouvant être assimilés aux différentes facultés des universités sont :

1° Le lycée Demidof. — Ce lycée est une école de droit. Nombre de professeurs au 1" janvier 1907 : 7 ; nambre de chargés de cours : 3 ; de professeurs libres : 4 ; de maîtres de conférences : 2. Nombre d'étudiants : 852.

Les instituts d'histoire et de physiologie. Ce sont : l'Institut impérial de Saint-Pétersbourg : nombre de professeurs, 11 ; maîtres de conférences, 12 ; étudiants, 107 ; et l'Institut du prince Bezborodko à Nêjin : nombre de professeurs, 8 ; maîtres de conférences, 5 ; étudiants, 92.

Le lycée impérial dédié à la mémoire du prince héritier Nicolas (école de droit) : professeurs, 12 ; maîtres de conférences, 9 ; étudiants, 205.

Les instituts des langues orientales. Ce sont : l'Institut Lazare, à Moscou : nombre de professeurs, 3 ; maîtres de conférences, 9 ; étudiants, 133 ; et l'Institut oriental, à Vladivostok : nombre de professeurs, 7 ; maîtres de conférences, 12 ; étudiants immatriculés, 86 ; officiers autorisés à suivre les cours, 89 ; autres auditeurs libres, 13.

Les cours d'enseignement supérieur pour les femmes, au nombre de deux : a) Cours de Saint-Pétersbourg : 2367 élèves immatriculées, 29 auditrices libres. La plupart des étudiantes suivaient les cours de la section des lettres : 1356 ; les autres fréquentaient les cours de sciences et ceux de droit (ces derniers ont été créés en 1906). Les frais d'entretien de l'école étaient fournis : par les inscriptions, 177 750 roubles ; par les subsides privés, 25 780 ; par la ville, 11000 ; par le ministère de l'instruction publique, 3000 roubles. ; — b) Cours de Moscou : 2177 élèves, dont 1205 à la faculté des lettres, 465 à la faculté des sciences physiques et naturelles, 192 à la faculté des mathématiques, et 285 à la faculté de médecine (inaugurée en 1906). Les dépenses, s'élevant à 153 000 roubles, ont été couvertes par les inscriptions pour 135 737 roubles: par l'Etat pour 8600 ; par la ville pour 5000 ; par le Conseil général (Zemstvo) du gouvernement de Moscou pour 3000 roubles.

II. Enseignement secondaire. — L'enseignement secondaire est du ressort de plusieurs ministères ou directions générales. Les établissements du ressort du ministère de l'instruction publique portent le nom de gymnases, de progymnases et d'écoles réales ; ceux du ressort du ministère de la guerre s'appellent corps de cadets. Le Saint-Synode a sous sa direction les séminaires. L'administration des Institutions de l'impératrice Marie a la haute direction des instituts pour jeunes filles nobles et des gymnases ou progymnases dits de l'impératrice Marie.

Il existe en outre un nombre considérable d'établissements privés placés sous la surveillance du ministère de l'instruction publique.

Les programmes des écoles secondaires russes diffèrent sur des points de détail, suivant les administrations centrales dont elles dépendent : dans tous les gymnases on enseigne le latin, dans quelques-uns le latin et le grec ; les autres branches d'enseignement sont : catéchisme et histoire sainte, langue et littérature russe, histoire et géographie, mathématiques (arithmétique, algèbre, géométrie et trigonométrie plane), physique, langues modernes (français et allemand), histoire naturelle (zoologie et botanique), droit usuel, philosophie, dessin et Calligraphie. L'enseignement religieux, qui est obligatoire pour les élèves du culte grec orthodoxe, est entre les mains des ministres des différents cultes : orthodoxe pour toutes les écoles, catholique en Pologne, musulman dans les provinces de la Russie orientale, luthérien dans les provinces baltiques, etc. Les gymnases ont huit classes. Les jeunes gens qui terminent avec succès leurs études dans un gymnase obtiennent un diplôme de maturité qui leur permet l'accès des universités et leur donne un droit de préférence à l'admission dans les services de l'Etat. Chaque gymnase compte de 10 à 11 professeurs ; ils sont nommés par le ministre et doivent être pourvus d'un grade universitaire supérieur. Ils sont chargés des examens annuels de passage de classe en classe. Aux examens de maturité, que font passer les professeurs, chacun pour la branche d'enseignement qu'il professe, doivent assister des représentants du ministère de l'instruction publique n'appartenant pas au personnel enseignant de l'établissement.

Les progymnases classiques sont de six ou de quatre classes ; on y enseigne ce que l'on enseigne dans les six ou quatre classes correspondantes des gymnases classiques.

Dans les écoles réales on n'enseigne pas les langues classiques ; par contre les programmes des sciences physiques, chimiques et naturelles y sont plus développés.

Les programmes des corps de cadets se rapprochent de ceux des écoles réales. Ceux des séminaires ne se distinguent des programmes des gymnases qu'en ce qui concerne l'enseignement religieux, qui y tient plus de place, et les langues modernes, dont l'enseignement est moins développé.

Dans les établissements d'enseignement secondaire de jeunes filles, on suit les programmes des gymnases (les langues classiques en moins), mais avec beaucoup moins de développement.

Il est impossible de donner un tableau statistique général des écoles secondaires pour une année déterminée, les statistiques publiées par les différentes administrations centrales dont relèvent les écoles étant de dates différentes. Nous sommes donc forcés de fournir des chiffres partiels, par ministère, en commençant par le plus important, celui de l'instruction publique :

Ministère de l'instruction publique. — Gymnases de garçons, au 1er janvier 1907 : 249. dont 22 privés ; 5088 professeurs et répétiteurs ; 100 931 élèves ; dépenses : 13 118 889 roubles, dont 6 107 641 fournis par l'Etat, 5 113 940 par les élèves.

Progymnases : 37, dont 10 à 6 classes et 27 à 4 classes ; 376 professeurs et répétiteurs ; 6365 élèves ; dépenses : 625 999 roubles, dont 234 289 fournis par l'Etat et 242 472 par les élèves.

Ecoles réales au 1er janvier 1907 : 178 ; 2538 professeurs et répétiteurs ; 55 499 élèves ; dépenses : 6 003 232 roubles, dont 2 574 706 fournis par l'Etat, 2 041 213 par les élèves.

Gymnases et progymnases de jeunes filles au 1er janvier 1907 : 433 gymnases et 172 progymnases ; 101 372 professeurs des deux sexes, y compris les répétiteurs et les répétitrices ; 200 761 élèves. Dépenses : 12 484 511 roubles, dont 1 428 889 fournis par l'Etat et 7 670 393 par les élèves.

Ministère de la guerre. — Corps de cadets : 29. Nombre d'élèves au 1er janvier 1907 : 11 889. — Ecoles secondaires des Cosaques : 33 gymnases de garçons et 29 de filles, 70 progymnases de garçons et 11 de filles. Nombre d'élèves : 3163 garçons et 8159 filles.

Saint-Synode. — 58 séminaires ecclésiastiques en 1902, avec 1162 professeurs et répétiteurs et 19 386 élèves.

Administration des Institutions de l'impératrice Marie. — 14 gymnases à Saint-Pétersbourg, 6 à Moscou, 16 en province ; 29 instituts.

III. Enseignement primaire. — Comme pour l'enseignement secondaire, nous sommes obliges de sectionner le chapitre de l'enseignement primaire d'après les ministères et autres hautes administrations dont dépendent les écoles primaires.

Ministère de l'instruction publique. — Les écoles primaires de ce ministère peuvent être divisées en écoles pour les enfants d'âge scolaire, et écoles du soir ou du dimanche pour les adultes. Ces dernières sont au nombre de 1656 dans tout l'Empire : 782 écoles du dimanche, 325 classes de répétition, et 549 écoles pour ouvriers adultes.

Les écoles primaires pour les enfants sont urbaines ou rurales ; les écoles urbaines sont à six classes, à deux classes ou à une classe ; les écoles rurales sont à deux classes ou à une classe. Les écoles urbaines à six classes sont des écoles primaires supérieures. Leur programme comprend : la religion, la lecture, l'écriture, le slavon cl église, l'arithmétique, la géométrie élémentaire, la géographie, l'histoire générale et l'histoire nationale, les éléments d'histoire naturelle et de physique, le dessin, le chant et la gymnastique. Les écoles urbaines et rurales à deux classes ou à une classe ont un programme moins étendu, qui peut être résumé ainsi : la religion (prières, histoire sainte, catéchisme et rituel orthodoxe), la lecture du slavon d'église, la langue russe, la calligraphie, l'arithmétique, le plain-chant, et souvent la gymnastique, l'apprentissage des métiers usuels et du jardinage. La durée des études dans ces écoles est généralement de cinq années.

Le nombre des écoles primaires du ministère de l'instruction publique au 1er janvier 1906 était de 46 632, dont 6209 urbaines et 36 297 rurales à une classe, 780 urbaines et 2376 rurales à deux classes, et 975 écoles primaires supérieures. Les principales données statistiques concernant ces différentes catégories d'écoles peuvent être résumées ainsi :

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On voit que les Conseils généraux (Zemstvos), les communes rurales et les municipalités fournissent, sur leurs budgets, 65 % des fonds qui servent à l'entretien de l'enseignement primaire en Russie, et que l'Etat n'en fournit que 20 %.

Saint-Synode. — Les écoles paroissiales, dépendant du Saint-Synode, peuvent être rangées dans la catégorie des écoles à une classe ; elles sont ouvertes aux personnes de toute condition et de toute confession, et elles peuvent être assimilées aux établissements scolaires du ressort du ministère de l'instruction publique. Elles ont un règlement et sont soumises à la direction et au contrôle des institutions gouvernementales. D'après l'article 18 du règlement du 1" avril 1902, les élèves, garçons et filles, des écoles paroissiales apprennent les prières, l'histoire sainte et le catéchisme abrégé, la lecture du slavon d'église et du russe, l'écriture, les quatre règles, et le plain-chant. Comme on le voit, c'est à peu de chose près le même programme que celui des écoles à une classe du ministère de l'instruction publique. Les élèves qui ont terminé le cours d'études d'une école paroissiale passent un examen devant une commission du ministère de l'instruction publique ou de l'administration des cultes, en présence des délégués du ministère de l'instruction publique. Il existe en outre un certain nombre d'écoles dépendant du Saint-Synode et appelées écoles de lecture, qui, au point de vue matériel, n'ont ni locaux confortables, ni installation normale des classes ; elles n'ont qu'un petit nombre d'élèves, et un maître ou une maîtresse mal payés, qui par conséquent ne présentent pas toujours des garanties de succès pour leur oeuvre.

Le nombre des écoles primaires à une classe du Saint-Synode était, au 1er janvier 1906, de 41 830, avec 45 756 instituteurs ou institutrices, et 1 896 590 élèves, dont 1 304 011 garçons et 592 579 filles (actuellement plus de '2 millions d'élèves des deux sexes).

Outre les écoles à une classe, le Saint-Synode possédait 615 écoles à deux classes avec 2634 instituteurs ou institutrices, et 70 701 élèves, dont 47 248 garçons et 23 453 filles. Les écoles pour les adultes étaient au nombre de 251, avec 1437 personnes chargées de l'enseignement et 16 526 personnes fréquentant les cours (4906 hommes et 11620 femmes ou jeunes filles).

Les dépenses pour toutes les écoles primaires du ressort du Saint-Synode s'élevaient à 13 478 321 roubles, dont 6 702 151 fournis par l'Etat, 3 389 908 par des dons, 1 626 496 par les communes, 1 181 050 par les Conseils généraux, etc.

Ministère de ta guerre. — Les écoles primaires du ressort de ce ministère sont au nombre de 997, avec 1567 personnes enseignantes et 57 729 élèves, dont 36 873 garçons et 20 856 filles. La plupart de ces écoles (912) sont assimilables aux écoles rurales à une classe du ministère de l'instruction publique.

Administration des Institutions de l'impératrice Marie. — 422 écoles ; 1219 instituteurs ou institutrices ; 24 016 élèves, dont 10 287 garçons et 13729 filles. 117 écoles dans les villes et 270 dans les villages sont du type d'écoles à une classe. Il existe en outre 12 écoles à deux classes, et 20 écoles primaires supérieures fréquentées par 292 garçons et 3 126 filles.

Autres administrations. — Il reste à énumérer les quelques écoles non comprises dans les quatre catégories ci-dessus. Ce sont : Société impériale philanthropique, 40 écoles ; ministère de la cour, 11 ; ministère de l'intérieur, 26 ; ministère des finances, 9 ; ministère de la marine, 12. Ces écoles ont 575 instituteurs ou institutrices et sont fréquentées par 9707 garçons et 2392 filles.

Le nombre total des écoles primaires de l'Empire russe était, au 1er janvier 1906, de 92 501 ; le nombre des élèves était de 5 738 289, dont 4 026 392 garçons et 1 711 897 filles. La population de l'Empire s'élevait à cette date à 146419 100 habitants, dont 73 154 400 du sexe masculin et 73 264700 du sexe féminin. Les écoles étaient donc fréquentées par un garçon ou adulte mâle sur 18 personnes du sexe masculin et par une fille ou femme sur environ 43 personnes du sexe féminin.

B. Enseignement spécial. — L'enseignement spécial, comme l'enseignement général, peut être divisé en trois catégories : supérieur, moyen et primaire ; mais, ainsi qu'il arrive dans toutes les classifications, il est souvent difficile de préciser à quelle catégorie doit être rapportée telle ou telle école.

I. Ecoles spéciales supérieures. — 1. Ecoles techniques. — Au 1er janvier 1907, il y avait 16 écoles techniques, dont 6 du ressort du ministère de l'instruction publique : Institut technologique de l'empereur Nicolas 1er à Saint-Pétersbourg, Institut technologique de l'empereur Alexandre III à Kharkov, Institut technologique de l'empereur Nicolas II à Tomsk, Ecole impériale technique à Moscou, Ecole polytechnique a Riga, et Institut agricole et forestier à Nowo-Alexandria, en Pologne. Ces six écoles avaient 436 professeurs et étaient fréquentées par 7444 élèves immatriculés et 45 auditeurs libres. Les frais d'entretien de ces établissements s'élevaient à 2353 119 roubles dont 1 706 397 couverts par l'Etat. — Les dix autres écoles sont: Institut des mines à Saint-Pétersbourg, du ressort du ministère du commerce et de l'industrie ; Ecole supérieure des mines à lékaterinoslav ; Ecole impériale des ingénieurs des voies de communication à Moscou: Institut des ingénieurs des voies de communication de l'empereur Alexandre 1er à Saint-Pétersbourg, ces deux dernières écoles du ressort du ministère des voies de communication (qui correspond au ministère français des travaux publics) ; Institut du génie civil de l'empereur Nicolas Ier, à Saint-Pétersbourg, du ressort du ministère de l'intérieur ; Institut polytechnique de Saint-Pétersbourg (anciennement Corps des forestiers), dépendant du ministère du commerce et de l'industrie ; Institut polytechnique de Novotcherkask, créé en 1907, dans le domaine des Cosaques du Don ; Institut polytechnique de l'empereur Nicolas II à Varsovie ; Institut polytechnique de l'empereur Alexandre II à Kiev, du ministère du commerce et de l'industrie ; Institut électrotechnique de l'empereur Alexandre III à Saint-Pétersbourg.

Toutes ces écoles avaient ensemble, au 1er janvier 1906, 10159 élèves, dont 14 femmes.

2. Ecoles commerciales. — Il n'existe qu'une école commerciale supérieure, qui avait 466 élèves hommes.

3. Ecoles ecclésiastiques. — dans la partie historique, nous avons exposé les origines des académies ecclésiastiques de Russie. Il ne nous reste plus qu'à en indiquer le côté statistique. La plus ancienne académie est celle de Kiev ; elle a 29 professeurs et 190 élèves. La deuxième en date est celle de Moscou : 31 professeurs et 212 élèves. L'académie de Saint-Pétersbourg a 32 professeurs et 259 élèves ; celle de Kazan, 26 professeurs et 206 élèves. Nous n'avons pas les chiffres de l'académie arménienne à Etchmiadzin (Caucase), et de l'académie impériale catholique romaine.

C'est au concours que l'on est admis dans les quatre premières de ces académies ; les concurrents doivent être de religion orthodoxe, et avoir un diplôme d'études classiques faites dans un séminaire ou un gymnase. Le cours des études dans les académies est de quatre ans.

4. Ecoles militaires. — Les écoles spéciales supérieures qui préparent des officiers et des officiers diplômés sont de trois catégories : les écoles de cadets (qu'il ne faut pas confondre avec les corps de cadets dont nous avons parlé au chapitre de l'enseignement secondaire), les écoles militaires, et les académies.

Les écoles de cadets sont au nombre de 10, dont 7 préparent des officiers d'infanterie, 1 des officiers de cavalerie et 2 des officiers de cosaques. Le nombre de cadets dans ces écoles était, en 1906, de 3496. Le cours est de trois années : une année consacrée à l'enseignement général, correspondant à peu près à la dernière classe des corps de cadets, et deux années consacrées à l'étude de tout ce qui est nécessaire pour la carrière militaire d'un officier.

Une des écoles de cadets, celle du corps des pages, possède deux classes spéciales en plus de celles qui sont équivalentes, comme programmes, aux classes correspondantes des autres établissements d'enseignement secondaire. Ces deux classes spéciales correspondent, comme programmes, aux écoles militaires.

Les écoles militaires sont d'un degré supérieur aux écoles précédentes. On n'y entre qu'avec un diplôme de fin d'études d'un corps de cadets ou de tout autre établissement d'enseignement secondaire. Les cours dans les écoles d'infanterie et de cavalerie sont de deux années ; dans les écoles d'artillerie et du génie, de trois années. Il existe 2 écoles d'artillerie avec 803 élèves ; l’école du génie, 258 élèves ; 4 écoles d'infanterie et 2 écoles de cavalerie. Le nombre des élèves dans les 4 écoles d'infanterie et les 2 écoles de cavalerie était de 2024.

Il existe en outre une école préparant des officiers topographes, avec 462 élèves.

Les élèves des écoles de cadets, de l'école du corps des pages, et des écoles militaires sortent à la fin de leurs éludes avec le grade de sous-lieutenant ou d'enseigne, suivant les mérites.

Au-dessus de ces établissements d'enseignement spécial supérieur du premier degré se trouvent les académies, où l'on entre au concours après deux ou trois années de stage dans l'armée active : Académie Nicolas, qui prépare des officiers de l'état-major, 293 élèves-officiers ; Académie Michel, préparant des officiers diplômés d'artillerie, 74 élèves-officiers : Académie Nicolas, du génie, 105 élèves-officiers ; Académie Alexandre, donnant aux officiers une instruction juridique et les préparant à remplir le rôle de juges et de procureurs auprès des conseils de guerre, 750 élèves.

5. Enseignement naval. — Il existe, au corps des cadets de la marine, deux classes spéciales correspondant aux écoles militaires et préparant des officiers de marine. Au-dessus de ces classes spéciales se trouvent une académie navale à Saint-Pétersbourg et l'école supérieure du génie naval de l'Empereur Nicolas Ier à Cronstadt.

6. Enseignement médical. — L'Académie de médecine, comptant 867 élèves, est généralement classée, mais à tort, dans la catégorie des académies militaires. D'abord, les portes de cette académie sont ouvertes aux civils possédant un diplôme de maturité, et ensuite le plus grand nombre de ses élèves suivent en sortant une carrière civile. Ce n'est donc en somme qu'une école de médecine, correspondant à la faculté de médecine d'une université russe. Autres institutions d'enseignement médical supérieur: l'Institut psycho-neurologique ; les Instituts vétérinaires (à Kharkof, Kazan, Yourief et Varsovie), dont le cours est de quatre années ; l'Institut médical de Saint-Pétersbourg pour femmes, créé en 1904.

7. Ecoles des beaux-arts. — Ecole supérieure de l'Académie impériale des beaux-arts: elle se compose de trois sections : peinture, mosaïque et sculpture. Il y a une Ecole impériale des beaux-arts à Moscou.

8. Enseignement musical. — Il comprend le Conservatoire impérial de Saint-Pétersbourg et le Conservatoire impérial de Moscou.

II. Ecoles spéciales secondaires. — Il est impossible d'énumérer toutes les écoles spéciales secondaires. Nous nous bornerons donc à en donner le nombre : écoles normales d'instituteurs et d'institutrices, 83 avec 9929 élèves, dont 7940 jeunes gens, 1824 jeunes filles, et 165 personnes dont le sexe n'est pas indiqué dans les statistiques scolaires officielles ; écoles d'infirmiers ou de pharmaciens, 58 ; 5456 élèves, 2786 jeunes gens et 2670 jeunes filles ; écoles agricoles et forestières, 189, avec 6984 élèves, dont 6216 jeunes gens, 527 jeunes filles, et 241 personnes dont le sexe n'est pas indiqué ; écoles techniques et industrielles, 747, avec 42 379 élèves, dont 36 017 jeunes gens, 6007 jeunes filles, et 355 personnes sans désignation de sexe ; écoles commerciales, 146, avec 25561 élèves, dont 22 885 jeunes gens, 2360 jeunes filles, 316 personnes sans désignation de sexe ; écoles de dessin, 294, avec 17 399 élèves, dont 11 108 jeunes gens, 5718 jeunes filles, et 573 personnes sans désignation de sexe ; écoles de topographie, de cadastre, etc., 4, avec 433 élèves hommes ; écoles de langues étrangères, 33, avec 237 élèves, dont 73 jeunes gens et 164 jeunes filles ; écoles professionnelles, 118, avec 5548 élèves, dont 1792 jeunes gens et 3756 jeunes filles.

Aux écoles énumérées ci-dessus il faut ajouter les écoles pour aveugles et sourds-muets, au nombre de 36, avec 1948 élèves (1180 garçons et 768 filles). A proprement parler, ces écoles devraient être classées dans la catégorie des écoles d'enseignement général.

La première place parmi les écoles spéciales secondaires que nous venons d'énumérer revient aux écoles normales.

Les écoles correspondant aux écoles normales d'instituteurs et d'institutrices de France sont de deux espèces : les instituts de maîtres d'école et les séminaires d'instituteurs. Au 1er janvier 1907 il y avait 10 instituts de maîtres d'école: à Saint-Pétersbourg, Moscou, Kazan, Belgorod, Théodosie, Gloukhov, Vilna (2, dont 1 israélite), Tiflis et Tomsk. A l'exception de l’institut israélite de Vilna et de l'institut de Tiflis, tous ces établissements préparent des instituteurs pour les écoles urbaines à six classes ; l'institut de Tiflis prépare des instituteurs pour les écoles urbaines et rurales de toutes catégories ; l'institut israélite de Vilna sert de pépinière pour les maîtres d'écoles des établissements d'enseignement primaire israélites.

Afin de donner la possibilité aux futurs instituteurs de se bien préparer à leur carrière pédagogique, tous les instituts possèdent sous le même toit des écoles primaires dans lesquelles les élèves des instituts donnent des leçons.

Les cours des instituts durent trois ans (dans l'institut de Tiflis et dans l'institut israélite de Vilna, quatre ans). Les élèves sont internes ; leur éducation et leur entretien sont à la charge de l'Etat. Les programmes communs à tous les instituts comprennent l'enseignement religieux, la pédagogie, la langue russe, le slavon d'église, l'arithmétique, l'algèbre élémentaire, la géométrie, l'histoire nationale et l'histoire générale, la géographie de Russie et la géographie générale, l'histoire naturelle (zoologie et botanique), la physique, le dessin, la calligraphie, le chant, et la gymnastique. Dans quelques-uns des instituts on enseigne en outre le travail manuel.

Le nombre des séminaires d'instituteurs et des écoles similaires était, au 1er janvier 1907, de 73, dont 67 appartenaient à l'Etat et 6 étaient privés. Parmi les établissements de l'Etat se trouvent 5 écoles qui préparent des instituteurs pour les écoles indigènes, tartares, tchouvaches, kirghises, etc. Le nombre des élèves était à la même date de 7399. Les 69 séminaires et écoles avaient des écoles primaires fréquentées par 4956 élèves. Les cours des séminaires durent trois ans. Les élèves sont des externes. Les programmes comprennent l'enseignement religieux, les éléments de la pédagogie, le russe et le slavon d'église, l'arithmétique, la géométrie élémentaire, le dessin linéaire, l'histoire nationale et les éléments de l'histoire générale, la géographie de la Russie et les éléments de la géographie générale, les éléments de physique et de chimie, la calligraphie, le chant, les travaux manuels et la gymnastique. Dans quelques-uns des séminaires on enseigne les langues indigènes de la contrée. Pour être admis au séminaire il faut être du culte grec-orthodoxe.

Outre les instituts et les séminaires, il existe des Cours pédagogiques soumis au règlement du 30 mars 1900. Le nombre de ces cours au 1er janvier 1907 était de 86, dont 51 près des écoles urbaines à 6 classes, 25 près des progymnases de filles, 6 près des écoles de filles et de garçons des Institutions de l'impératrice Marie, 2 près des gymnases de filles, et 2 près des séminaires d'instituteurs. La distribution de ces cours par circonscriptions universitaires et directions générales était la suivante : Saint-Pétersbourg, 10 ; Moscou, 17 ; Kazan, 4 ; Orenbourg, 4 ; Kharkov, 8 ; Odessa, 6 ; Kiev, 6 ; Vilna, 5 ; Varsovie, 2 ; Riga, 6 ; Caucase, 11 ; Sibérie occidentale, 5 ; Sibérie orientale, 1 : gouvernement général de l'Amour, 1.

Les frais d'entretien des écoles normales de toutes catégories s'élevaient, en 1907, aux chiffres suivants : Instituts : 346 448 roubles, dont 317 851 couverts par l'Etat ; séminaires et établissements similaires ; 2 008 759 roubles, dont 1 466 805 couverts par l'Etat ; cours pédagogiques : 100 096 roubles, dont 83 201 couverts par l'Etat.

III. Enseignement spécial primaire. — La première place parmi les écoles primaires spéciales appartient aux écoles techniques primaires supérieures du ressort du ministère de l'instruction publique. Leur nombre était en 1907 de 23 ; le nombre des élèves au 1er janvier 1907 était de 2505, de 41 au minimum à 280 au maximum par école. Les dépenses pour ces établissements s'élevaient en 1907 à environ 600 000 roubles, dont 235 600 fournis par l'Etat.

Les deux autres catégories des écoles primaires spéciales portent le nom d'écoles d'apprentis et d'écoles techniques primaires inférieures. Le nombre des écoles de ces deux catégories était, au 1er janvier 1907, de 172 ; celui des élèves de 11 858. Les dépenses pour ces établissements s'élevaient à environ 1 300 000 roubles, dont 518 847 roubles fournis par l'Etat.

Toutes ces écoles sont des écoles de garçons ; l'enseignement professionnel des filles se trouve presque exclusivement entre les mains de différentes sociétés et de quelques particuliers. L'Etat n'avait en 1907 que 3 écoles professionnelles de filles: à Moscou, à Roslavl et à Mrin, un bourg du gouvernement de Tchernigov.

C. Etablissements privés. — Les établissements privés qui se trouvent sous le contrôle du ministre de l'instruction publique sont de trois classes. Les écoles de première classe correspondent aux écoles secondaires, celles de deuxième classe aux écoles primaires supérieures urbaines, et enfin celles de troisième classe aux écoles primaires.

Le nombre de toutes les écoles privées de l'empire s'élevait, au 1er janvier 1907, à 2072 (188 de 1™ classe, 288 de 2° et 1596 de 3e). Le nombre des élèves atteignait 140 361, dont 62 377 garçons et 77 984 filles.

D. Ecoles israélites. — Les Juifs, qui habitent la Russie au nombre de plus de 5 millions, avaient, en 1906, 9526 écoles, fréquentées par 194 921 élèves, dont 152 516 garçons et 42 405 filles. Les écoles israélites sont divisées en sept groupes :

1° Ecoles d'Etat de première classe, 289 ;

2° Ecoles primaires supérieures, 86 ;

3° Ecoles primaires de la Russie, 128 ;

4° Ecoles primaires de la Pologne, 126 ;

5° Ecoles des colonies de Juifs laboureurs, 39 ;

6° Ecoles cultuelles, 8559 ;

7° Ecoles professionnelles, 21.

Aux 9248 écoles de ces sept groupes, il faut ajouter : 12 écoles privées de 1re classe, 5 de 2° classe et 180 de 3° classe, 1 gymnase israélite privé, 2 établissements privés appartenant à la Société de l'expansion de l'instruction parmi les Juifs de Russie, et 18 établissements qu'il n'a pas été possible de ranger dans un des groupes ci-dessus.

Résumé. — D'après le dernier Annuaire statistique publié par le Comité central de statistique du ministère de l'intérieur, le nombre total des écoles, au 1er janvier 1907, sur tout le territoire de l'empire, était de 107 141, le nombre des élèves de 6 670 245. La répartition des écoles dans les grandes divisions territoriales de l'empire était la suivante :

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1. Il manque les données pour les villes de Saint-Pétersbourg et de Cronstadt ; données incomplètes pour la province des Cosaques du Don.

2. Pas de données pour le gouvernement de Varsovie ; données incomplètes pour les gouvernements de Kielce et de Siedlce.

3. Pas de données pour le gouvernement de Tiflis ; données incomplètes pour le gouvernement d'Erivan.

4. Données incomplètes pour la province du Syr-Daria.

L'immense majorité des écoles portées au tableau precèdent sont destinées à l'enseignement primaire. Les élèves des écoles primaires forment 85, 4 % du total des élèves, ceux des établissements d'enseignement secondaire 5, 2 %, ceux des écoles spéciales et primaires supérieures 3, 2% ; ceux des écoles supérieures, au nombre de 44 044, forment 0, 7 % du total. Reste une fraction de 5, 5 % d'élèves, qui fréquentaient les écoles privées ne pouvant pas être réparties parmi les quatre catégories d'écoles énumérées ci-dessus.

Le degré d'instruction est différent suivant les régions. Les gouvernements où le nombre de personnes de sexe masculin âgées de plus de neuf ans. sachant lire et écrire, dépasse ou atteint 50 %, sont les suivants:

Esthonie 95 %, Livonie 92 %, Courlande 86 %, Saint-Pétersbourg 76 %, Iaroslavl 67 %, Moscou 66 %, Vladimir 58 %, Kovno 56 %, Varsovie 55 %, Kostroma 53 %, Tver 53 %, Grodno 50 %, Tauride 50 %, Suwalki 50 %.

L'instruction du sexe féminin étant moins développée, nous avons, pour les mêmes gouvernements, le pourcentage suivant des lettrés des deux sexes âgés de plus de neuf ans :

Esthonie 95 %, Livonie 92 %, Courlande 85 %, Saint-Pétersbourg 62 %, Iaroslavl 40%, Moscou 49 %, Vladimir 35 %, Kovno 54 %, Varsovie 51 %, Kostroma 32 %, Tver 32 %, Grodno 38 %, Tauride 38 %, Suwalki 48 %.

Nous voyons que tandis que dans les trois provinces baltiques (Esthonie, Livonie, Courlande) l'introduction en ligne de compte de l'élément féminin n'influe point ou presque point sur le pourcentage des lettrés, tandis qu'en Pologne (Varsovie, Suwalki) et en Lithuanie (Kovno) elle influe peu, dans la Russie propre la disproportion des lettrés, suivant leur sexe, est très considérable : Saint-Pétersbourg 76 (62), Iaroslavl 67 (40), Moscou 66 (49), Vladimir 58 (35), Kostroma et Tver 53 (32), Tauride 50 (38).

La contribution de l'Etat pour les frais de l'instruction publique, dans le budget pour 1910, était la suivante :

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Bibliographie. Statistique de l'enseignement primaire en Russie (1905), publiée par le ministère de l'instruction publique ; Odessa, 1908. — Annuaire statistique de Russie, publié par le Comité central de statistique au ministère de l'intérieur ; St-Pétersbourg, 1909. — Rapport du ministre de l'instruction publique à l'Empereur, sur l'année scolaire 1906-1907 ; St-Pétersbourg, 1908.

E. KOVALEVSKY : L'instruction publique en Russie ; brochure écrite en français à l'occasion de l'Exposition universelle de 1905 à Liège ; St-Pétersbourg, 1905 ; — G. FALBORK et V. TCHARNOLOVSKY : Instruction publique en Russie ; St-Pétersbourg, s. d. ; — E. KOTALEVSKY : L'instruction publique à l'Exposition nationale de 1896 à Nijni-Novgorod ; St-Pétersbourg, 1897 ; — P. MILIOUKOF : Histoire de la civilisation en Russie ; St-Pétersbourg, 1896 ; — N. LAVROVSKY : Les écoles de la Russie d'autan (thèse) ; Kharkov, 1854 ; — M. VLADI-MIRSKY-BOUDANOFP : L'Etat russe et l'instruction publique en Russie au XVIIIe siècle ; — A. KRUSENSTERN : Précis du système, des progrès et de l'état de l'instruction publique en Russie, d'après des documents officiels ; Varsovie, 1807 (en français) ; — C. WOLDEMAR : Zur Geschichte und Statistik der Gelehrten-und Schulanstalten de» k. russischen Ministeriums der Volksaufklärung, nach officiellen Quellen bearbeitet ; St-Pétersbourg, 1865 ; — Die Reform der russischen Universitäten nach dem Gesetz von 28. August 1884 ; Leipzig, 1886 ; — Th. OLDENBURG : Ecoles primaires de la Russie d'Europe ; St-Pétersbourg, 1896.

David Aitoff