bannière

r

Roumanie

Résumé historique. ? On ne peut parler d'école à l'époque romaine. Pendant le moyen âge, l'école est une annexe de l'Eglise, donc slave. ? Au dix-septième siècle, quand, pour lutter contre le danger protestant, le haut clergé commence à organiser la publication en roumain des livres saints, l'école pour le bas clergé devient roumaine, pendant que les deux grandes écoles fondées dans les capitales des deux principautés, Moldavie et Valachie, ne sont qu'une préparation pour apprendre le grec. ? Une nouvelle espèce d'école paraît avoir commencé à se développer, l'école libre : d'abord des leçons données à domicile par des didascaloi grecs, ensuite le groupement des élèves du même didascalos. ? Avec le dix-neuvième siècle, la fondation (1803) du grand séminaire de Jassy ne change pas le caractère de l'école, mais lui donne une autre portée ; la direction nationale l'emporte ; l'Ephorie des écoles de Valachie, organisée par Caragea, demande la fondation d'une haute école roumaine. La première fut fondée à Jassy (1813), la seconde à Bucarest (1818) ; on y enseigna l'arpentage ; mais les deux directeurs, G. Asaki et G. Lazar, y introduisirent l'enseignement roumain et la culture nationale ; on les considère comme les fondateurs, les pères de l'école roumaine. ? Après 1821, les princes accordèrent une sollicitude spéciale à l'enseignement, et le règlement organique que les Russes imposèrent aux pays roumains, en 1834, ne fit qu'introduire plus de système dans les mesures prises déjà. Les villes eurent des écoles primaires. ? En 1859, la direction de l'enseignement passa de l'Ephorie au ministère de l'instruction publique, et en 1864 on promulgua la première loi sur l'instruction (liberté de l'enseignement sous le contrôle de l'Etat, obligation de l'enseignement primaire). ? Cette loi, dépassée tout de suite et de tous les côtés par la marche des choses, fut modifiée en 1893 quant à l'enseignement primaire et en 1898 quant aux autres branches de l'instruction, d'après les principes posés en 1886. Ce fut là la Réforme de l'enseignement en Roumanie ; ce pays a eu la bonne fortune de réaliser le premier, sur bien des points, les principes pédagogiques du monde civilisé.

Etat actuel. ? L'enseignement et l'éducation ne sont pas l'objet de la préoccupation d'un seul ministère. Celui de l'instruction et des cultes en fait sa spécialité, mais ceux de l'agriculture, du commerce, des travaux publics, de l'intérieur, et de la guerre ont aussi leurs écoles et leur système d'activité ? Dans cet article, on mentionnera à sa place la part contributive de chaque ministère.

I. ORGANISATION.

Le ministère de l'instruction et des cultes (loi de 1910) comprend : a) l'administration de l'enseignement ; b) la Caisse des écoles ; c) la Caisse « de l'Eglise autocéphale orthodoxe roumaine » ; d) la Caisse « d'économie, crédit et. secours du corps enseignant ». Le ministre (traitement, 24 000 francs) est l'autorité suprême de l'enseignement public et privé, et le représentant de l'Etat dans les questions relatives aux cultes. Il est secondé, quant à l'administration de l'enseignement, par un sous-secrétaire d'Etat (traitement 13200 fr.) ; les trois autres institutions mises sous son autorité directe sont administrées séparément, les deux premières par un administrateur (traitement 13 200 fr.), la troisième par un directeur.

A. ? L'administration de l'enseignement comprend :

1° L'administration centrale, ainsi composée : 1" direction : enseignement primaire et normal-primaire, avec les écoles maternelles ou jardins d'enfants ; 2° direction : enseignement commercial, professionnel, normal-professionnel, et enseignement privé ; 3° direction : enseignement secondaire, supérieur, normal-secondaire, dépôts et institutions de culture, beaux-arts, conservatoires, musées, etc. ; 1" service : enregistrement, archives, informations et correspondance ; 2° service : statistique et états personnels ; 3° service : comptabilité, contentieux et service technique. La loi fixe les attributions de chaque direction et de chaque service ; le budget décide de leur composition ;

2° Le Conseil général de l'instruction. Il comprend quatre sections, qui peuvent travailler ensemble ou séparément, selon les termes de la convocation, sous la présidence du ministre ou d'un de ses membres ; il est composé, pour chacune de ses sections, d'un nombre fixe de membres, représentant toutes les espèces et les degrés d'écoles qui en dépendent et nommés pour cinq ans, par décret royal, sur une liste de délégués élus par le corps professoral ; le directeur de l'enseignement respectif et les inspecteurs généraux en font aussi partie. On ajoute l'administrateur de la Caisse de l'Eglise pour les séminaires. Le Conseil général donne son avis sur les programmes et sur les instructions explicatives ; 3° Le Conseil permanent de l'instruction (budget de 1910-1911, 14 000 francs). Il est composé de trois membres nommés, pour une période de trois ans, par décret royal et choisis parmi les professeurs définitifs secondaires et universitaires. Les directeurs et les inspecteurs généraux de l'enseignement peuvent y prendre part, comme toute personne convoquée parle ministre ; lorsqu'il s'agit de programmes, la présence des inspecteurs généraux est obligatoire. On demande l'avis du Conseil permanent sur : a) la création des écoles secondaires ou supérieures ; b) l'examen des livres didactiques ; c) les règlements scolaires ; d) toute autre question que le ministre juge à propos de lui soumettre. Dans toutes ces questions, la décision du ministre porte la formule : « le Conseil permanent de l'instruction entendu ». Les avis du Conseil sont facultatifs, excepté ceux sur les programmes qui, cependant, sont soumis au veto du ministre ;

4° Le Conseil consultatif des arts. Ce conseil, créé en 1910, fonctionne à côté de la 3e direction. Il est composé des directeurs des écoles et institutions respectives, des membres de la commission des monuments historiques, du directeur de l'enseignement secondaire, et de trois membres nommés par le ministre pour une période de cinq ans ;

5° Le service de contrôle. Ce service est fait : a) pour l'enseignement primaire, par les inspecteurs généraux, inspecteurs, reviseurs scolaires de 1re et de 23 classe (au moins un de chaque classe par district) ; 6) pour l'enseignement professionnel, par les inspecteurs généraux, inspecteur reviseurs de 1re classe, avec délégation spéciale, directeurs des écoles ; c) pour l'enseignement secondaire, par les inspecteurs généraux, inspecteurs et directeurs d'école. La loi ne prévoit pas d'inspection pour l'enseignement supérieur. ? Les membres du Conseil permanent ont le droit d'inspecter toutes les écoles ; chaque directeur pour ses écoles, et l'administrateur de la Caisse des églises pour les séminaires ecclésiastiques, jouissent aussi de ce droit. ? Pour être nommé dans le service de contrôle, il faut, outre les conditions spéciales à chaque catégorie : a) posséder au moins le titre de capacité exigé par les lois en vigueur des membres du corps enseignement respectif ; b) faire partie de ce corps (ou d'un corps supérieur d'un degré) et y avoir passé au moins quatre ans comme membre définitif ; c) être âgé d'au moins trente ans ; d) n'avoir subi aucune peine disciplinaire.

Les inspecteurs que la loi a trouvés en fonctions ont gardé leurs places. Pour l'avenir, la nomination est faite d'après une liste de présentation contenant pour chaque degré trois fois plus de noms qu'il y a de places existantes, liste valable quatre ans (à partir du 1er avril 1910) et présentée par une commission composée du ministre, du sous-secrétaire d'Etat, des membres du Conseil permanent dans sa formation actuelle et de ceux de la formation immédiatement précédente, des directeurs des deux séminaires pédagogiques universitaires, des trois directeurs du ministère. Le personnel du service de contrôle est nommé par décret royal et ne peut être révoqué que par décret royal à la suite d'un rapport motivé du ministre, basé sur une décision de la commission disciplinaire du corps enseignant secondaire et supérieur ; quand les membres du service de contrôle sont pris parmi les membres du corps enseignant en fonctions, ils sont remplacés à leur chaire d'office, mais, outre les appointements de leur charge, ils touchent sur le salaire de la chaire 50 % et la « gradation » entière (la gradation est une augmentation quinquennale de 10 à 15 % du traitement), même s'ils ont deux chaires ; et leur situation ne diminue en rien les droits qu'ils ont en même temps à la gradation et à la retraite pour la chaire.

La loi ne fixe ni le nombre, ni les circonscriptions, ni les résidences des inspecteurs, et le règlement qui doit le faire est encore à l'étude.

Il y a actuellement 4 inspecteurs généraux (traitement, 10 000 fr.), 19 inspecteurs (traitement, de 6000 à 8880 fr.), 3 inspecteurs spéciaux : musique, dessin, gymnastique (traitement, 4800 fr.), 33 reviseurs scolaires de 1re classe (3600 fr.), 52 réviseurs de 2e classe (2400 fr.).

B. ? La Caisse des écoles, fondée en 1896 par P. Poni et développée par Sp. Haret, a été créée pour faciliter la construction des locaux des écoles primaires et la dotation des écoles. Non seulement elle surveille l'emploi des fonds qui, par la loi, ont cette destination spéciale, mais elle administre, surveille et contrôle tous les fonds destinés à l'enseignement provenant des legs ou donations, surveille, contrôle et approuve tous les actes d'administration et de comptabilité des institutions scolaires reconnues comme personnes morales ou administrées par des comités spéciaux, entretient le musée et la bibliothèque pédagogiques, et surveille l'activité extrascolaire de l'enseignement primaire (voir plus loin). Elle a tous les droits d'une personne juridique ; son budget est soumis à l'approbation de la Chambre des députés et ses comptes de gestion à celle de la Cour des comptes. La construction des bâtiments scolaires primaires et l'acquisition de leur mobilier est à la charge des communes, et, dans les chefs-lieux des districts, elle est faite par la commune même ; dans les autres communes, elle est faite par les préfets. La Caisse vient en aide par des prêts d'argent accordés pour une période de dix ans et. dans des cas exceptionnels, par des subventions. C est elle qui détermine tous les ans les bâtiments scolaires qui doivent être construits, transformés ou meublés ; sa décision, approuvée par le ministre, devient obligatoire pour les communes et les districts ; elle approuve les plans, fixe la somme à prêter (cette somme, communiquée au ministère de l'intérieur, s'inscrit d'office dans le budget de la commune), elle surveille la réception du local. Pour pouvoir effectuer tous ces prêts, la Caisse peut emprunter aux autres institutions financières de l'Etat l'argent nécessaire, et, dans ce cas, l'annuité payée par les communes et districts est égale à celle que paie la Caisse.

Les revenus de la Caisse des écoles proviennent : a) des subventions accordées par les communes et départements pour l'entretien des écoles professionnelles ; b) de toutes les taxes scolaires ; c) des sommes retenues aux professeurs suppléants (20 %) ou des amendes ; d) des revenus de ses terrains pétrolifères. Il faut y ajouter : a) les fonds donnés par des particuliers pour subventionner l'enseignement, avec ou sans destination propre ; b) le 10 pour 100 des revenus de toutes les institutions mises sous le contrôle de la Caisse et le 15 % des revenus de celles qui sont mises sous son administration directe ; e) le 5 % des revenus des ateliers des écoles professionnelles ; d) toutes autres subventions. Les revenus de la Caisse sont encaissés avec la procédure sommaire prévue dans la loi sur les poursuites.

Outre les obligations qui découlent de son organisation même, la Caisse accorde des bourses d'études ou de voyage aux élèves pauvres, des bourses de perfectionnement à l'étranger aux licenciés ou aux professeurs.

L'administration de la Caisse des écoles comprend : a) le service des biens et des bâtiments ; b) la comptabilité ; c) l'enregistrement, la statistique, les archives, les informations et la correspondance ; d) le contentieux ; e) le musée et la bibliothèque pédagogiques.

C ? L'administration de la Caisse de l'Eglise, organisée sur le modèle de la Caisse des écoles, bien qu'elle fasse partie du ministère de l'instruction publique, dépasse les cadres de ce Dictionnaire : car elle s'occupe des cultes, et n'a de rapports directs avec l'instruction et l'école que par les séminaires ecclésiastiques, qui dépendent d'elle administrativement, et par la Commission des monuments historiques, qui a son organisation propre.

Sur un budget total de 44 110 526 francs, l'administration de l'enseignement en emploie 1 248 542, dont 443 102 pour le personnel de l'administration, et 752 720 pour le personnel du contrôle ; la Caisse des écoles, 412 490, dont 213 990 pour son personnel administratif et 70 000 pour le contrôle ; la Caisse de l'Eglise 241 020, dont 36720 pour le contrôle. La Caisse d'économies, crédit et secours du corps enseignant étant une société coopérative, son budget n'est pas soumis au vote de la Chambre.

II. ? L'ENSEIGNEMENT PUBLIC OU DTAT.

A. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ? 1. ? Aux termes de la loi du 29 avril 1896, modifiée en 1901, 1903, 1908 et 1909, l'enseignement primaire est donné dans les écoles enfantines et dans les écoles primaires. Il est obligatoire de six à quatorze ans ; dispense est accordée aux parents qui pourront prouver que leurs enfants reçoivent le même enseignement dans la famille ou dans un pensionnat. L'enseignement primaire est gratuit, et le ministère, pour diminuer le prix des livres et des fournitures scolaires, a créé le monopole des livres et favorisé la fondation d'associations pour l'achat en commun des fournitures scolaires. Ce système a gagné aussi l'enseignement secondaire.

La statistique des enfants d'âge scolaire se fait, à la campagne, par le maître d'école accompagné du maire ou d'un de ses délégués ; dans les villes, par le maire accompagné d'un nombre suffisant d'instituteurs. La loi prévoit une sanction à cette disposition. une amende de 25 à 100 francs à la campagne, de 100 à 500 francs dans les villes, au profil de la Caisse des écoles.

On a organisé des cantines scolaires (le budget prévoit 131 500 fr.), on a improvisé des internats pendant l'hiver pour faciliter la fréquentation, on a prévu des secours pour procurer des habits et des livres aux enfants pauvres (au budget 40 000 fr.), et la loi prévoit une amende tant pour les absences non motivées des élèves que pour le refus de fréquentation ; cette amende ne peut excéder annuellement 15 francs à la campagne, 30 francs dans les villes. Ces amendes, imposées par le professeur, sont encaissées par le receveur dans le délai de vingt jours, celui-ci touchant une part de 50 % pour les amendes encaissées dans la première moitié du délai, de 25 % pour les autres. Les parents qui font l'éducation de leurs enfants dans la famille ou dans une école particulière sont obligés de les présenter à la fin de chaque année devant une commission d'instituteurs publics nommée pour l'examen de ces élèves ; il y a une taxe pour l'examen, qui sert à payer les examinateurs et à augmenter les revenus de la Caisse des écoles. La même obligation est imposée aux patrons et aux maîtres. Vu l'insuffisance des locaux scolaires et l'éloignement qui, à la campagne, existe entre l'école et les habitations des parents, la loi établit des règles pour l'application de l'obligation.

En 1864-1865, le nombre des élèves inscrits était de 16952 garçons, 6308 filles, au total 23 260 ; en 1897-1898, sur un total de 793 075 enfants d'âge scolaire, 299 083 étaient inscrits, 196 882 ont suivi régulièrement les cours, et 17 988 ont terminé les classes primaires ; en 1907-1908, sur un total de 916 700 enfants d'âge scolaire, 529 889 étaient inscrits, 334115 ont suivi régulièrement les cours, et 35 364 ont terminé leurs classes.

La construction des bâtiments scolaires a puissamment contribué à ce progrès, et l'on peut dire que l'obligation de l'enseignement primaire a commencé à être une réalité à partir de 1898, quand le fonctionnement normal de la Caisse des écoles, grâce surtout aux mesures prises par le ministre Sp. Haret, a commencé à porter ses fruits.

La loi actuelle oblige tout hameau ayant 40 enfants d'âge scolaire d'avoir une école ; les hameaux qui forment une commune et sont à une distance de moins de 3 kilomètres forment une circonscription scolaire, et une même école les dessert ; les hameaux distants de plus de 3 kilomètres et ayant moins de 40 enfants ont une école de hameau. En 1896, la Caisse des écoles a construit 211 écoles avec 494 salles de classe ; depuis, le nombre des écoles construites sous la direction de la Caisse est monté à 1730 avec 2890 salles de classe et 806 logements pour les maîtres.

Ajoutons qu'en 1864 la Roumanie comptait 1988 écoles rurales, 165 écoles urbaines, soit un total de 2153 ; qu'en 1897-1898 ce nombre était devenu 3575 pour les campagnes, 392 pour les villes, soit un total de 3967 ; et qu'en 1907-1908, pour un total de 2593 communes et 8487 villages, il y avait 4175 écoles pour les campagnes et 388 pour les villes, soit un total de 4563, avec 6823 salles de classe.

2. ? Les écoles enfantines sont actuellement au nombre de 146 ; elles sont répandues surtout dans la province de Dobrodja et dans les villages à population polyglotte. On y applique la méthode Froebel.

3. ? Les écoles primaires proprement dites enseignent la lecture, l'écriture, le calcul et la géométrie, l'histoire et la géographie roumaines, les sciences naturelles et physiques, l'hygiène, l'instruction morale et religieuse, le catéchisme et les prières, des notions de droit civique ; le dessin, la musique vocale, les jeux gymnastiques, et, si possible, le travail manuel et les travaux de pratique agricole. L'école garde les élèves cinq ans à la campagne (année scolaire du 1er septembre au 31 mai, horaire variable selon le nombre des élèves, la saison), et quatre ans dans les villes (année scolaire du 25 août au 25 juin, horaire fixe, quatre et cinq heures par jour). Il y a un nombre assez grand d'écoles rurales à type urbain.

Il n'y a pas d'examen de fin d'année ; il y en a un de fin d'études.

4. ? Un cours complémentaire est prévu dans les communes rurales, obligatoire pour ceux qui ont ter miné l'école primaire, mais jusqu'à quatorze ans seule ment. La loi prévoit la fondation d'écoles primaires supérieures « quand le besoin s'en fera sentir » et aux frais de l'institution, de l'autorité ou de la personne qui les aurait fondées, mais en tout cas sous la direction du ministère. ? Les cours d'adultes, aux frais des communes, sont tenus par les maîtres d'école ou instituteurs en exercice, qui touchent à ce titre un supplément de 10 francs par mois à la campagne et 30 francs par mois dans les villes. Il y a 1743 écoles d'adultes à la campagne seulement.

L'enseignement de l'agriculture à la campagne fait partie du programme. Chaque école a un jardin scolaire, dont le profit est partagé à raison de 25 % aux élèves et 75 % au maître d'école ; chaque école a aussi un champ que le maître doit cultiver avec les élèves les plus avancés ou même avec des anciens élèves, et dont le profit lui revient en entier.

Ajoutons que la dotation de toutes les écoles primaires a été faite par la Caisse des écoles, qui, jusqu'en 1903, a dépensé 1034 700 francs, et que cette dotation est dans de très bonnes conditions, surtout dans les écoles qui ont un local propre.

5. ? Ecoles normales. Il y en a neuf, dont une entretenue par une société particulière et autorisée par l'Etat: deux pour les femmes, sept pour les hommes. Le recrutement des élèves se fait par concours parmi des candidats âgés de treize à seize ans ; les fils de paysans ont eu jusque dans ces derniers temps le monopole de ces écoles. L'effectif pour 1910-1911 est de 1614 garçons, dont 366 payants, et de 407 jeunes filles, dont 97 payantes. La durée des études est de six années, dont la dernière est consacrée à la pratique pédagogique. Les matières d'enseignement sont : religion et morale, langue roumaine (aucune langue étrangère, malgré un certain courant factice en faveur de l'italien), histoire, géographie, mathématiques, sciences, avec notions pratiques d'agriculture, d'horticulture et d'art forestier, hygiène et médecine populaire, psychologie et pédagogie, droit constitutionnel, travail manuel, musique vocale et violon, gymnastique, instruction militaire complète, remplaçant le service militaire, économie domestique ; confort tout à fait moderne, initiant les élèves à une vie civilisée ; études parfois faibles, méthodes trop pédantesques et surannées. Budget total des écoles de l'Etat : 1157 227 francs, dont 643 633 pour le personnel, et 50 000 pour la literie, les habits, les livres des élèves pauvres.

6. ? Le personnel des écoles primaires est composé de la façon suivante :

a) Les dirigeantes d'école enfantine, recrutées jusqu'à présent par un examen de capacité parmi les candidates sans préparation pédagogique, mais ayant terminé au moins quatre classes secondaires. Elles touchent 90 francs par mois à la campagne et 200 francs dans les villes: elles ne peuvent passer à la ville qu'après une pratique effective de six ans à la campagne ;

b) Les maîtres adjoints, employés dans les écoles de hameau, pris de préférence parmi les élèves des écoles normales qui n'ont pas obtenu le diplôme ; mais, vu l'insuffisance de ce recrutement par rapport aux exigences du nombre des écoles, on a été obligé de recourir aux prêtres de hameau ayant suivi les cours d'un séminaire supérieur, et aux élèves ayant terminé ce séminaire ou même quatre années secondaires. Ils touchent 65 francs par mois avec droit aux gradations de 10 %, et travaillent sous la direction spéciale du maître d'école le plus rapproché ; après trois ans de suppléance et à la suite d'un examen spécial, ils peuvent être nommés maîtres d'école à titre provisoire, et, après une nouvelle période de trois ans et un autre examen, ils obtiennent le titre définitif ; la loi ne leur donne pas le droit d'avancer davantage ;

c) Les maîtres d'école rurale (invàtâtori) : ils sont nommés à titre provisoire et recrutés parmi les élèves sortis des écoles normales et les séminaristes ayant obtenu un brevet spécial. Dans leur nomination, l'Etat ne peut intervenir en aucune façon, seule la classification décide. Ils touchent 90 francs par mois (les prêtres 45 francs outre leur traitement), avec le droit aux quatre gradations de 15 %. Après trois ans de fonctionnement, ils passent un examen et obtiennent le titre détinitif (qui ne comporte aucune augmentation de salaire) ; à la suite d'une recommandation spéciale des inspecteurs, ils peuvent, après trois ans, passer un second examen et être avancés sur place avec le titre d'instituteur rural et un salaire de 130 francs par mois : cet examen a lieu tous les deux ans. Le nombre des places occupées ainsi ne peut être inférieur à 20 ni dépasser 6 % du nombre total des places des instituteurs du pays.

Les maîtres d'école rurale qui sont sortis de l'école normale d'instituteurs (maintenant fermée à cause de la pléthore de ses diplômés) sont dispensés de cet examen ;

d) Les instituteurs. Ils proviennent des anciennes écoles normales d'instituteurs et institutrices, dont les tableaux de capacité ne sont pas encore épuisés ; les maîtres d'école aussi peuvent devenir instituteurs. Ils touchent 190 francs par mois dans les villes de moins 30 000 habitants, et 215 francs dans les autres.

Les membres du corps enseignant primaire ont encore plusieurs indemnités qui augmentent sensiblement leur revenus : pour les travaux manuels, augmentation de 10 % de leur traitement (le budget prévoit 10 000 francs) ; pour les écoles d'adultes à la campagne, 10 francs par mois (au budget, 50 000 francs) et 30 francs dans les villes ; les directeurs d'école sont logés ou touchent une indemnité annuelle qui à la campagne est de 120 francs et de 3 stères de bois ; 15 francs par mois d'augmentation pour les maîtres d'école et 20 francs pour les instituteurs dans les localités à population hétérogène ; primes pour ceux qui organisent les meilleurs choeurs scolaires ou paysans et font les meilleures conférences éducatives (30000 fr. au budget), primes de 120 et de 200 francs aux instituteurs qui dirigent les travaux manuels ; 25 % des taxes d'examen pour les enfants qui reçoivent l'instruction privée ; et le budget prévoit 20 000 francs pour aider les jeunes ménages.

Le budget de 1910 alloue à l'enseignement primaire les sommes suivantes :

1° Pour l'école rurale : rétributions des 6598 instituteurs, maîtres d'école et dirigeantes d'école enfantine (358 instituteurs et institutrices, 6122 maîtres et maîtresses d'école, dont 5 en Bulgarie, 133 dirigeantes d'école enfantine, 5 maîtres russes et 15 maîtres turcs) :

Image1

2° Pour l'école urbaine : rétributions de 1358 instituteurs et institutrices (dont 8 Turcs, 2 Bulgares, 2 Roumains aux écoles turques, 6 Roumains en Bulgarie) et 16 dirigeantes d'école d'enfantine :

Image2

Activité sociale et situation légale. ? Le maître d'école ou l'instituteur nommé provisoirement ou définitivement est inamovible ; il ne peut être déplacé qu'à la suite d'un jugement rendu par le Conseil permanent: il ne peut être révoqué qu'avec les mêmes formes et par le Conseil permanent pour la première catégorie, et par la Commission disciplinaire pour la seconde. Dans les deux cas, il a le droit d'être assisté par un défenseur, membre du corps enseignant. Comme punitions, la loi prévoit l'avertissement, l'amende, la censure, le retard du terme de la gradation, la permutation, la suspension, la révocation temporaire et la révocation définitive ; dans l'application de la peine infligée, la loi a admis le principe Bérenger. Pour les maîtres d'école qui n'ont pas les connaissances nécessaires, la loi prévoit des cours de répétition, et le budget y consacre 2604 francs. Outre l'instruction et l'éducation, les maîtres d'école et les instituteurs (les premiers surtout) ont entrepris une activité sociale très intense et caractéristique, à laquelle un bulletin officiel est consacré. Ils surveillent le jardin scolaire que chaque élève doit cultiver chez lui, d'après les règles apprises à l'école ; ils font célébrer la fête de la plantation des arbres au printemps ; ils propagent la culture et l'emploi de la pomme de terre et la haine de l'alcool ; ils organisent et dirigent les banques populaires, les associations agricoles pour l'achat et la vente en commun, pour la consommation, pour le fermage des terres ; ils appellent le village à l'école pour l'entretien de la cantine, pour le théâtre populaire, où la plupart du temps les acteurs sont des élèves ou des anciens élèves, pour donner des séances avec projections ; tandis que la femme du maître d'école, dans les veillées, donne des conseils sur l'hygiène, sur la science du ménage, la puériculture, l'art de tisser, etc.

Le maître d'école est devenu l'apôtre de la civilisa-lion à la campagne, et cette activité, d'abord ignorée, ensuite violemment et injustement mise en vue par les dernières révoltes de 1907, a transformé les maîtres d'école en une force très discutée au point de vue moral, mais en même temps gênante au point de vue politique.

En attendant, les maîtres d'école se sont séparés des instituteurs, et, animés d'un esprit presque syndicaliste, ont organisé une vaste association, qui englobe presque la totalité des membres de l'enseignement primaire rural.

Les instituteurs, eux, sont groupés en une autre association, dont la vitalité est peu considérable.

7. ? là orphelinat des sourds-muets. Un trait caractéristique de l'école, en Roumanie, est le soin spécial pour les pauvres et les déshérités. Les sommes affectées à l'achat des habits et livres, aux bourses de différentes espèces, aux colonies scolaires, à l'entretien des orphelins et surtout des orphelines, montent, dans le budget actuel, à 514 594 francs sans compter l'asile professionnel de la princesse Hélène, qui a son budget à part. Les sourds-muets ont été l'objet d'une institution spéciale : le budget de l'école des sourds-muets, qui compte 191 élèves, est de 95 640 francs, dont 36 129 francs pour le personnel.

B. ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL. ? L'enseignement professionnel a été créé de toutes pièces par la loi Haret de 1899, qui a eu la bonne fortune de vaincre les préjugés de tout un pays et de1 finir par le doter d'un corps solide et nombreux de travailleurs et d'ouvriers bien préparés.

1. ? La loi prévoit comme écoles commerciales :

a) Des écoles inférieures de commerce destinées à former des garçons vendeurs ou des fonctionnaires du petit commerce : trois années d'études faisant suite aux classes primaires, ayant l'allure d'une école primaire supérieure, comprenant la pratique du commerce dans les établissements de la localité, et délivrant un certificat qui ne donne pas le droit d'inscription dans les écoles supérieures de commerce ; pas de langue étrangère figurant au programme. Il y a 12 écoles commerciales inférieures ;

b) Des écoles supérieures de commerce : quatre années d'études faisant suite au gymnase et formant comme une quatrième section du lycée ; le programme con tient, entre autres, le français, l'allemand, l'anglais ; le droit commercial, maritime, civil, administratif ; les finances, la comptabilité, la calligraphie, et la pratique du bureau commercial. Elles préparent pour les banques et les grandes administrations ; la loi accorde aux jeunes gens munis du diplôme de l'école le monopole de l'enseignement dans les écoles inférieures de commerce ; mais, jusqu'à présent, cette disposition est restée lettre morte, et vu, d'un côté, le manque total de préparation pédagogique de ces jeunes gens, et, de l'autre côté, le nombre assez grand des licenciés qui figurent sur les tableaux de capacité et qui peuvent facilement compléter leurs connaissances, il est peu probable que l'on tarde à modifier la loi.

La statistique relevait, pour l'année 1899-1900, 10 écoles commerciales (dont 5 de premier degré), avec un chiffre total de 91 professeurs et 1203 élèves ; en 1907-1908 elle relevait 12 écoles (dont 8 inférieures), avec 131 professeurs et 1524 élèves.

2. ? Comme écoles professionnelles pour les garçons, la loi prévoit :

a) Des écoles élémentaires de métiers : deux années d'études développant les connaissances des classes primaires avec l'allure d'un enseignement primaire moyen, et comprenant la pratique et l'enseignement d'un métier qui varie, selon la localité. Elles préparent de simples artisans ;

b) Des écoles inférieures : cinq années d'études, dont les deux premières en commun et les trois autres spécialisées, comprenant plusieurs métiers adaptés aux besoins de la région, ayant l'allure d'un enseignement spécial. Elles préparent des ouvriers industriels ;

c) Des écoles supérieures : six années de cours faisant suite à la deuxième ou à la troisième classe secondaire ou aux écoles inférieures, et perfectionnant les élèves dans les métiers artistiques. Elles préparent leurs élèves soit pour les postes de contremaîtres, soit pour la situation de chef d'une entreprise de moyenne envergure. Le corps professoral se compose de professeurs et de maîtres recrutés par voie de concours.

Ajoutons que tous ces établissements fonctionnent non seulement comme écoles, mais aussi comme ateliers industriels exécutant des commandes, à tel point qu'à la suite de l'intervention des chambres industrielles, on a dû imposer une limite à la baisse des prix.

En 1907-1908, il y avait 31 écoles élémentaires, avec 89 professeurs et 768 élèves inscrits ; 13 écoles inférieures, avec 84 professeurs et 1013 élèves ; et 2 écoles supérieures, avec 49 professeurs et 303 élèves.

Le ministère de l'industrie a 5 écoles professionnelles, dont une pour maîtres sondeurs, qui ont le caractère tout à fait industriel, dans lesquelles l'enseignement général n'a aucune place et où l'enseignement professionnel est tout à fait pratique. Il a entrepris en outre, par des leçons à domicile, de donner aux paysans qui pratiquent divers métiers la précision, le sens de la symétrie et la rapidité de l'ouvrier occidental. Ce ministère a prévu à cet effet dans son budget courant la somme de 99 700 francs. Un grand nombre de sociétés, dites de bienfaisance, ont utilisé le même moyen et organisé le travail à domicile, en lui donnant le perfectionnement manuel nécessaire. Le ministère de l'industrie travaille, en ce moment, à organiser des ateliers coopératifs.

Le ministère des travaux publics dépense 51 700 francs pour ses écoles spéciales, destinées à préparer le personnel inférieur des chemins de fer. Celui de la guerre consacre 10 095 francs pour former ses sous-officiers sanitaires et ses maréchaux-ferrants.

3. ? Les écoles d'agriculture et de viticulture dépendant du ministère de l'instruction ne sont que de deux espèces : élémentaires et inférieures. Organisées sur le même patron, elles ont, jusqu'à présent, pour mission non pas de créer des travailleurs agricoles, mais bien d'enseigner aux paysans la pratique scientifique de l'agriculture et la bonne administration d'une ferme. Aussi ont-elles l'allure de fermes et le régime de l'internat. Le budget actuel donne un total de 327 409 francs. Pour l'agriculture, 12 écoles élémentaires et 6 inférieures ; pour la viticulture, 3 écoles élémentaires. Le personnel de toutes ces écoles touche 154 295 francs ; dans les dépenses pour le matériel, il faut compter pour 105 344 francs l'entretien complet des 355 élèves, dont 242 boursiers.

4. ? Le ministère de l'intérieur dépense 98 380 francs pour 4 écoles de notaires ruraux, avec 180 élèves.

5. ? Pour les jeunes filles, on a d'abord des écoles de ménage. Il y en a à la campagne, Où l'on a employé avec grand succès des maîtresses ambulantes de cuisine, tissage, tapisserie ; cet enseignement est encore à l'état d'expérience, mais l'initiative très féconde des préfets l'en fera sous peu sortir et acquérir un développement plus en rapport avec son importance et son urgence.

Dans les villes et en vue d'obtenir des servantes bien préparées, on a organisé, mais sans succès, deux écoles de ménage, dont l'une est un internat ; toutes deux hésitent entre la direction professionnelle et la direction éducative. Deux autres écoles sont entretenues par des fondations particulières. Cet enseignement est encore à créer. ? Le budget de 1910-1911 donne, pour trois écoles rurales et deux urbaines (dont une est un internat avec 35 élèves), un total de 75 383 francs, dont 39 708 pour le personnel enseignant (25 personnes).

6. Les écoles professionnelles de filles sont des écoles inférieures ; deux seulement, dont l'une particulière, mais reconnue par l'Etat, donnent un enseignement plus élevé. Elles ont la même organisation que les écoles professionnelles de garçons, mais, dans la pratique des choses, l'allure de ces écoles a été beaucoup plus hésitante entre la direction éducative et la direction professionnelle ; dans les petites villes, c'est la première qui l'a emporté ; dans les grandes, c'est la seconde. On devra tenir compte de cette indication dans les prochaines modifications de la loi, sous peine de ne pas servir le pays d'un côté, et de le desservir de l'autre. Le programme comprend le français, que l'on a considéré comme indispensable pour l'intelligence des journaux de mode. Les spécialités de ces écoles sont : la lingerie avec la broderie, la couture et la coupe, les modes et les fleurs. Le corps enseignant se compose de professeurs (pris dans les tableaux de capacité de l'enseignement secondaire, malgré la loi qui ordonne le recrutement par examen entre les institutrices) et de maîtresses (nommées à la suite d'un examen de capacité passé par les personnes munies d'un diplôme d'école professionnelle supérieure ; celles-ci n'étant pas organisées en vue de préparer au professorat, on s'explique le peu de progrès réalisé par ces écoles : c'est là une lacune qu'il faudra combler).

La Caisse des écoles organise des ateliers professionnels coopératifs avec les diplômées des écoles supérieures.

La statistique donne, pour 1897-1898, 13 écoles avec 121 professeurs et maîtresses, et 1907 élèves ; pour 1907-1908, 30 écoles avec 301 membres du personnel enseignant et 4187 élèves. Le budget de 1910-1911 donne un total de 1 082 622 francs pour 29 écoles. dont deux internats ; le personnel (400 personnes) touche 859 544 francs ; dans les dépenses matérielles, il faut compter 68 100 francs que ces écoles prennent sur leurs propres fonds.

C. ENSEIGNEMENT SECONDAIRE. ? 1. ? L'enseignement secondaire est sous le régime de la loi Haret, qui a modifié la loi de 1864. Celle-ci avait institué des lycées de 7 classes et des gymnases de 4 classes identiques aux premières classes des lycées ; type uniforme, caractère encyclopédique, certaines matières se répétant dans les classes supérieures, certaines autres se continuant. La loi Haret, présentée en 1886, puis retirée, a été votée en 1898 et complétée en 1904, 1909 et 1910.

L'enseignement secondaire est donné dans des lycées (huit classes) et des gymnases (quatre classes identiques aux quatre premières des lycées).

L'enseignement est divisé en deux cycles complets ; chaque cycle, de quatre classes, est terminé par un examen de fin d'études, organisé de manière à faire constater non pas tant la quantité des connaissances emmagasinées par l'élève que leur influence sur son développement mental.

Dans les quatre classes inférieures, qui forment le cours inférieur, l'enseignement, concret comme dans les classes primaires, est donné systématisé et distribué entre plusieurs spécialités, chacune confiée le plus souvent à un professeur ; il est identique pour toutes les écoles, et comprend les matières suivantes : religion orthodoxe (obligatoire, avec dispense pour les élèves des autres rites, qui cependant doivent fournir la preuve qu'ils suivent un cours de religion chez eux), langues roumaine, française, allemande et latine ; histoire (les trois premières années histoire universelle, la quatrième histoire roumaine) ; géographie (même distribution du cours) ; droit, mathématiques, sciences physiques et naturelles et hygiène ; musique vocale, dessin et calligraphie, gymnastique et exercices militaires.

Les gymnases sont complétés par une cinquième classe, dont l'enseignement doit préparer les élèves aux carrières pratiques (commerce, industrie, agriculture, administration, etc.). Cette création, de date toute récente, a été essayée avec succès pour la carrière financière, et doit être considérée comme un premier pas fait dans la direction de la recherche d'une forme nationale de gymnase.

Les quatre classes supérieures, dans lesquelles tout élève muni de son certificat d'études inférieures peut s'inscrire sans restriction aucune, sont trifurquées : il y a la section réale (mathématiques et sciences), la section classique (latin, grec), et la section moderne (latin, sciences). La section classique se meurt, faute d'élèves, et aussi faute de bonne préparation de ses professeurs qui, mieux armés et plus convaincus, auraient pu en prolonger la vie. Tous les lycées n'ont pas toutes les sections : la section moderne domine, remplaçant l'ancien lycée unitaire ; la section réale jouit d'une faveur de plus en plus croissante, vu le progrès de l'industrie dans le pays. Sur les 20 lycées, il y en a 9 complets et 11 avec deux sections seulement.

Cette division, en désaccord avec le critérium psychologique et les nécessités sociales, s'explique par une concession faite à l'ancien état des choses. La disparition de la section classique avec latin-grec permettra une nouvelle division plus naturelle et plus conforme aux besoins de la société, à savoir en section mathématique, section scientifique et section littéraire.

On pourrait considérer comme une quatrième section la section commerciale, mais celle-ci ne fait plus partie de l'enseignement de culture générale (voir plus haut).

Il y a des disciplines communes aux trois sections actuelles ; ce sont (toujours par spécialités) : la religion (en cinquième seulement), les langues roumaine, française et allemande, l'histoire (même distribution que dans les classes inférieures), la géographie (en cinquième seulement), la philosophie (psychologie, logique), l'économie politique, le droit usuel et l'instruction civique, la musique vocale, le dessin et la gymnastique avec les exercices militaires. La section réale comprend aussi l'anglais ou l'italien ou l'agriculture.

2. ? L'enseignement secondaire est gratuit pour les Roumains ; ceux-ci, cependant, paient une taxe de dotation scolaire (30 francs par an dans les classes inférieures, 50 francs dans les classes supérieures), taxe qui n'est que de très peu inférieure à celle que paient les étrangers (50 et 80 francs) reçus dans les places vacantes, après l'inscription des Roumains.

L'inscription dans la première classe se fait à la suite d'un examen d'inscription, que passent tous les élèves munis de leurs diplômes de classes primaires ; dans les autres classes, l'inscription se fait sans examen des élèves promus de la classe précédente.

L'effectif légal des classes est fixé à 50 élèves pour les classes inférieures et 40 pour les classes supérieures ; cependant, comme les deux premières classes sont parfois doublées, et que la poussée vers les études secondaires est très forte, on trouve encore des classes qui ont une population de 80 à 90 élèves ; l'année 1909-1910 est la première dans laquelle on a réussi à faire observer la loi pour l'inscription dans la première classe.

L'année scolaire dure dix mois (du 1er septembre au 1er juillet) ; les études n'en durent que neuf (du 15 septembre au 15 juin), avec quinze jours de vacances à Noël et quinze à Pâques. Elles sont divisées en quatre bimestres : chaque élève doit avoir une note moyenne pour chaque objet d'étude par bimestre ; il y a une note pour la conduite et une autre pour la fréquentation ; il n'y a pas d'examen de fin d'année. La promotion est décidée par les notes moyennes annuelles obtenues par l'élève ; par une contradiction, qui n'est toujours qu'une concession, on admet un examen supplémentaire à la rentrée pour les élèves qui ont eu des notes insuffisantes sur deux matières d'étude.

3. ? L'administration des lycées et gymnases est confiée aux directeurs (très mal payés : 50 francs par mois au gymnase, 100 par mois au lycée, en sus du traitement de professeur ; logés ou indemnisés pour le logement), aidés dans la discipline par les professeurs dirigeants (un par classe, nommés par le ministre sur la recommandation du directeur et non payés), mais responsables de la bonne tenue de l'école et de l'exécution des lois, règlements et ordonnances ministérielles. Cette importance du directeur est de date récente et, naturellement, soumise encore à des variations personnelles trop grandes pour que l'allure de l'école ne s'en ressente pas.

Les dernières ordonnances ministérielles ont mis à la disposition des directeurs et des professeurs dirigeants deux instruments assez originaux et d'une grande portée : le registre de la classe, tenu par le chef de classe, qui marque pour chaque heure de leçon les absents et, sous la dictée du professeur, les élèves mal notés en leçon et à la conduite (avec mention de la faute) ; et les formulaires de correspondance avec la famille (parents ou correspondants), par lesquels le directeur ou le professeur dirigeant porte à la connaissance de la famille tout changement intervenu dans la situation scolaire de l'élève, ou convoque à l'école pour une conférence particulière ou collective les parents (le ministère paie annuellement au service des postes 10 000 francs, mais pour l'année 1909-1910 on n'a utilisé cette correspondance que pour 3000 francs).

4. ? Le corps professoral est recruté par des examens de capacité. La préparation professionnelle, assez faible, se fait dans les deux séminaires pédagogiques universitaires, annexés aux deux universités de Bucarest et de Jassy, dans lesquelles les étudiants de la faculté des lettres et de celle des sciences, pendant leur dernière année d'études et après avoir passé un examen de connaissances pédagogiques (un cours d'une année), acquièrent une certaine habileté professorale et obtiennent un certificat pédagogique indispensable à l'inscription pour l'examen de capacité. Celui-ci se fait tous les trois ans, et le tableau qui en résulte est valable pendant six ans.

L'examen (écrit, oral, leçons pratiques) est à la fois un examen de connaissances, d'instruction pédagogique et d'aptitude pédagogique: chaque candidat doit se présenter pour deux spécialités au moins, dont une principale, les spécialités étant déterminées parles matières d'enseignement des écoles secondaires : entre la spécialité principale et la spécialité accessoire, la différence consiste surtout dans l'examen des connaissances : la principale exigeant les connaissances prévues dans le programme de la licence respective, la secondaire se bornant aux connaissances exigées par les programmes des écoles secondaires.

La classification se fait d'après la spécialité principale ; la nomination ne connaît que le droit de l'individu (ancienneté et classification) ; la loi oblige le ministère à publier toutes les places vacantes et à les mettre à la disposition des candidats portés sur le tableau, qui font leur choix dans l'ordre établi par la classification. Par contre, le choix entre les demandes de mutation est complètement laissé au gré de l'administration scolaire : il n'y a pas de critérium imposé aux inspecteurs, qui donnent leur avis sur les demandes ; mais l'avis conforme des inspecteurs est imposé au ministre, qui peut cependant opposer son véto.

Ajoutons que les mutations précèdent les nominations.

Le premier examen de capacité a eu lieu en 1899 ; avant 1898, les places étaient occupées par voie de concours d'abord entre bacheliers, ensuite entre licenciés.

Pour le perfectionnement professionnel, le ministère organise des conférences par spécialités, utilise des bourses de voyage à l'étranger, et a organisé une commission pédagogique qui tend à avoir une influence de plus en plus décisive dans l'assimilation des principes pédagogiques.

Les professeurs et maîtres sont obligés de donner douzé heures par semaine et touchent 360 francs par mois avec droit aux quatre gradations de 15 % tous les cinq ans.

Les professeurs de religion (dont l'occupation varie de cinq à douze heures par semaine) touchent 200 francs par mois, et, s'ils ont réussi à obtenir, à la suite d'un avis favorable des inspecteurs, des heures de roumain, ils sont assimilés aux autres professeurs.

Les maîtres de dessin, de gymnastique, et de musique sont payés 180 francs par mois pour une occupation qui varie entre six et douze heures par semaine.

Le professeur qui n'a pas subi l'examen de capacité est nommé suppléant ; il ne touche que 80 % des appointements légaux ; s'il a été nommé à la suite de l'examen de capacité, il est provisoire, et, après trois ans d'essai et d'inspection spéciale, il peut, sur l'avis favorable des inspecteurs, être nommé à titre définitif.

La situation légale du professeur titulaire, soit provisoire, soit définitif, est la même que celle de l'instituteur.

5. ? Le fonctionnement de l'école secondaire est encore faible et, parfois, il est loin de répondre aux principes pédagogiques proclamés par la Réforme de 1898, et inscrits dans la loi, les règlements et les ordonnances ministérielles.

Ces principes, tout en inspirant toute la Réforme Haret, ne sont pas parvenus à s'imposer définitivement ni aux divers ministres qui se sont succédé, ni aux collaborateurs que ceux-ci ont appelés à leur aide ; et ce n'est que la loi de 1910, assurant la stabilité des inspecteurs et des directeurs de l'enseignement, qui pourra donner consistance et vitalité aux principes de la Réforme. ? A cet état de choses peu satisfaisant contribue puissamment aussi l'effectif parfois excessif des classes, l'insuffisance de la préparation professionnelle d'une partie des professeurs, l'organisation très molle de l'inspectorat, une centralisation bureaucratique excessive, et, surtout, la survivance d'un état d'âme fâcheux qui, entretenu par le privilège de l'éligibilité aux sièges législatifs et de la nomination dans les grands postes administratifs, empêche les professeurs actifs et ambitieux de se dévouer complètement à l'oeuvre scolaire et de faire l'effort nécessaire pour s'adapter aux conditions créées par la Réforme.

La statistique montre qu'en 1864 il y avait 9 écoles secondaires (5 lycées, 4 gymnases) ; en 1897-1898, on comptait 16 lycées, 17 gymnases classiques, 11 écoles réales, avec 737 professeurs et 18 490 élèves ; en 1907-1908, il y avait 20 lycées, 23 gymnases, et 2 écoles d'application auprès des séminaires pédagogiques, avec 814 professeurs et 13 369 élèves.

Le budget de 1910-1911 donne, pour 20 lycées et 23 gymnases, avec 685 professeurs, un total, énorme et disproportionné, de 4 089341 francs, sur lequel le personnel compte pour 3 943 936 francs ; dans le matériel, il faut compter l'entretien de deux internats avec 404 élèves.

Le ministère de la guerre entretient un lycée et un gymnase, organisés absolument comme les précédents, mais avec internat et régime militaire, pour donner l'instruction et l'éducation aux fils de militaires. Ces deux écoles ont 431 élèves, avec un budget total de 199 522 francs.

6. ? L'enseignement des jeunes filles, même après la Réforme de 1898, a continué d'être dominé par l'idée d'identité avec celui des garçons. Il vient de recevoir une organisation plus conforme aux aptitudes et à la situation de la femme. On a conservé les cadres des deux cycles, de quatre ans chacun, pour des écoles de premier et de second degré qu'on finira par nom mer gymnases et lycées. ? Le cours supérieur est bifurqué : la section classique se rapproche de la section moderne des garçons (latin, sciences), la section dite moderne a un caractère littéraire et esthétique. Les jeunes filles qui ne suivent aucune de ces deux sections doivent, pour terminer leurs études et obtenir un diplôme, suivre soit une cinquième classe complémentaire qui les prépare pour une vie de famille de modeste aisance, soit un cours de deux classes commerciales. ? Cette réforme des programmes, caractérisée par une forte préoccupation féminine, ne se réalisera que difficilement à cause du manque presque total de préparation pédagogique du personnel ; les séminaires pédagogiques universitaires ne sont pas régulièrement ouverts aux jeunes étudiantes, et, pour le dernier examen de capacité, on a dû improviser des séminaires pédagogiques secondaires.? A noter, comme une différence en faveur des écoles secondaires de jeunes filles, que les études sont partagées entre cinq spécialités seulement (partie littéraire ; français ; allemand ; géographie-sciences ; géographie-mathématiques).

La statistique de ces écoles indiquait, en 1864, 4 écoles, avec 28 professeurs hommes et 8 professeurs femmes, et 354 élèves ; en 1897-1898, 8 écoles, avec 121 professeurs et 1783 élèves ; en 1907-1908, 10 écoles, avec 180 professeurs et 1810 élèves. Le budget de 1910-1911 donne un total de 917 978 francs pour 10 écoles (dont 4 lycées) avec 177 professeurs (presque tous des femmes) ; le personnel touche 784 782 francs, et dans les dépenses matérielles on compte l'entretien de 487 internes.

7. Les séminaires ecclésiastiques orthodoxes sont organisés d'après le même type. Ils dépendent, au point de vue des études, de l'administration de l'enseignement, et, au point de vue administratif, de la Caisse de l'Église, leur fonctionnement étant mis sous la surveillance de l'évêque auprès duquel ils sont établis ; leur régime est l'internat. Le programme comprend les matières suivantes : roumain, latin, grec, allemand, philosophie (psychologie et logique), histoire, géographie, mathématiques, sciences, dessin, calligraphie, gymnastique, musique, comme au lycée ; les sciences religieuses (trois chaires distinctes), la musique religieuse et la pédagogie les rapprochent des écoles normales. L'esprit religieux est faible, et un régime sévère et en désaccord avec l'esprit du siècle détache les élèves de la religion ; les élèves font voeu de chasteté jusqu'au mariage ; ils peuvent, en quittant le séminaire, continuer leurs études à la faculté sous le régime de l'internat, ou bien, entrés dans les ordres ou mariés, obtenir une paroisse et se faire ordonner prêtres. A la campagne, ils peuvent occuper une place de maître de village et toucher, outre leur traitement, 50 % du traitement de la chaire ; à la ville ils peuvent obtenir une chaire de religion dans une école secondaire sans aucune réduction de traitement. La statistique indiquait, en 1864, 8 séminaires ; en 1897-1898, 6, avec 67 professeurs et 695 élèves ; en 1907-1908, 4, avec 70 professeurs et 840 élèves. Au budget de 1910-1911, on a prévu pour 4 séminaires (2 lycées, 2 gymnases), avec 56 professeurs et 1005 élèves, un total de 587 765 francs, sur lequel le personnel touche 243 976 francs. Il existe un cinquième séminaire complet, dépendant d'une éphorie particulière, mais reconnu par l'Etat.

Un séminaire musulman a 9 professeurs, 45 élèves, et un budget (qui entre dans le total précédent) de 37 994 francs.

8. ? L'enseignement artistique est donné dans deux écoles de beaux-arts (Jassy et Bucarest), deux conservatoires de musique (idem) ; et une école d'architecture (Bucarest) ; il a comme annexes deux galeries de tableaux, un musée d'art national et quatre musées d'art (dont deux particuliers). Les deux écoles de Jassy, organisées sur le même patron que celles de Bucarest, végètent ; à Bucarest l'effort est plus sérieux et le milieu plus propice ; l'esprit de l'école, cependant, ne s'est pas encore dégagé de l'influence étrangère ; la comédie seule a créé une tradition originale, la musique s'y essaie, la peinture y songe. Le conservatoire oscille encore entre une école de musique et une école de perfectionnement. L'école des beaux-arts a une organisation récente qui lui donne l'allure d'un lycée : cours inférieur commun, de quatre classes, et cours supérieur, spécialisé, de trois classes ; chaque classe dure une année, avec, bien entendu, les dispenses accordées aux vrais talents. L'école d'architecture, bien organisée et bien dirigée, occupe les élèves pendant quatre ans et leur délivre un certificat de constructeurs (après trois ans) ou un diplôme d'architecte. Ajoutons que la pratique de l'architecture n'est pas encore règlementée. En général l'enseignement artistique est faible ; l'autorité supérieure a manqué de suite et de générosité vis-à-vis de cet enseignement. Il faut espérer que la création, toute récente, du Conseil des arts pourra remédier à cet état de choses.

Les deux écoles et les deux conservatoires existaient dès 1864 ; en 1898, l'école d'architecture se détacha de l'école des beaux-arts de Bucarest. Le budget actuel des arts donne un total de 772 216 fr., répartis comme il suit : deux écoles des beaux-arts avec 40 professeurs : 178 032 francs pour le personnel, 29 100 francs pour le matériel ; les deux galeries de tableaux ont 19 920 francs, dont 14 000 pour de nouvelles acquisitions ; le Salon annuel coûte 13 000 francs, dont 12 000 pour des prix d'encouragement. Les deux conservatoires ont 48 professeurs, qui touchent 204 080 francs, et leurs dépenses matérielles montent à '21 700 francs. Les subventions des trois théâtres de l'Etat et le personnel administratif de celui de Bucarest coûtent 230 384 fr. ; le ministère subventionne (70 000 fr.) un orchestre officiel pour les concerts populaires.

L'enseignement secondaire coûte donc à l'Etat 6 367 295 francs ; les tentatives énergiques faites pour le réduire à des proportions plus modestes et plus conformes aux vrais intérêts du pays ont échoué.

D. ENSEIGNEMENT SUPERIEUR. ? L'enseignement supérieur est donné dans deux universités, celle de Jassy et celle de Bucarest, qui jouissent, en fait, d'une autonomie presque complète. L'université de Bucarest a 5 facultés (théologie, lettres et philosophie, sciences, droit, et médecine), celle de Jassy n'a que les quatre dernières. La faculté des lettres et philosophie comprend, dans les deux universités, quatre sections (philologie classique, philologie moderne, histoire, et philosophie) ; celle des sciences trois sections (physique et chimie, sciences naturelles, mathématiques) ; la faculté de médecine de Bucarest comprend une section de pharmacie. ? Chaque faculté est administrée par un doyen élu par les professeurs et confirmé par le roi pour une durée de deux ans. L'université est administrée par le recteur et le sénat universitaire. Le recteur est nommé pour une période de trois ans, par le ministre, sur une liste de trois professeurs proposés par l'université. Le sénat est composé des doyens et d'un nombre égal de professeurs délégués par les facultés, un par faculté. Le budget de 1910-1911 alloue pour l'administration de l'université de Bucarest 27 360 francs, pour celle de Jassy 22 900 francs ; une somme de 101 488 francs, provenant de fonds divers de l'Etat, est employée' outre les fonds particuliers des universités, pour venir en aide aux étudiants pauvres.

La durée des études varie selon la faculté : trois ans pour le droit et les sciences, quatre pour la théologie et les lettres, cinq pour la médecine. Les cours sont de deux espèces : cours libres, et cours fermés ou de séminaires et de laboratoires ; le séminaire est de date récente et, en général, peu organisé. Les facultés des lettres, des sciences, et de droit confèrent les titres de licencié et de docteur ; celle de théologie, le premier seulement ; celle de médecine, le second. Le nombre des chaires qui composent une faculté et dont les cours sont obligatoires est fixé par la loi d'après le voeu de la faculté ou la proposition du ministre, et sur l'avis du collège de la faculté réuni au sénat universitaire.

Des cours libres et gratuits peuvent être faits par toute personne n'appartenant pas au corps professoral universitaire, moyennant l'autorisation du sénat universitaire accordée après avis motivé du conseil de la faculté et approbation du ministère. Les cours libres peuvent être fermés par le ministre sur l'avis du sénat universitaire.

Le corps professoral de l'université se compose de docents, d'agrégés et de professeurs. ? Le titre de docent est obtenu par les docteurs à la suite d'un examen écrit (un travail original distinct de la thèse de doctoral), d'un examen oral sur la spécialité, et de deux leçons publiques avec préparation de 24 heures sur des sujets donnés par la faculté, devant une commission composée de trois professeurs nommés par le doyen et de deux professeurs nommés par le ministre. Cet examen est annoncé six mois à l'avance ; la pétition est présentée avec mémoire explicatif à la faculté, qui la soumet, avec son avis, à l'approbation du ministre. C'est toujours le ministre qui approuve le résultat de l'examen et qui nomme le docent. Un docent n'a d'autre droit que celui de faire un cours libre et gratuit ouvert dans les conditions indiquées plus haut, et de se porter, avec droit de préférence, comme candidat pour un poste vacant d'agrégé ou de professeur. ? Une chaire vacante doit être occupée, jusqu'au concours ou examen, par un professeur suppléant nommé par le ministre et choisi parmi les docents, agrégés ou professeurs de la faculté, et cela après l'avis du conseil de la faculté. ? Pour la repourvue d'une chaire, le ministre annonce un examen de professorat ou d'agrégation dans un délai de deux mois. Le sénat, réuni au collège des professeurs de la faculté respective, et après examen des travaux présentés par les candidats, peut recommander un des candidats pour occuper la chaire comme agrégé définitif ou comme professeur, selon la valeur de ses travaux et sa situation universitaire ; il peut aussi ne recommander personne. Un agrégé peut [ainsi être promu professeur, s'il a trois ans de service comme agrégé. L'avis des deux universités est nécessaire pour que le ministre décide, mais leur accord n'est pas imposé par la loi. Le rapport des deux commissions doit être publié dans le journal officiel. ? Si la chaire ne peut pas être repourvue ainsi, on annonce un nouvel examen dans un délai de six mois pour le poste d'agrégé provisoire. Cet examen est identique, matière, modalité et procédure, à celui ordonné pour le titre de docent. L'agrégé, ainsi nommé, doit obtenir dans un délai de trois ans, qui peut être porté à cinq ans, le titre d'agrégé définitif, à la suite d'un rapport favorable du sénat donné sur la proposition du conseil de la faculté ; sinon, il cesse de droit de faire partie du corps des agrégés. ? Il y a incompatibilité entre le poste de professeur ou agrégé définitif et celui de professeur ou de directeur d'une école secondaire. Le traitement des professeurs est de 6600 francs par an, celui des agrégés de 5160 francs ; il faut y ajouter les traitements qu'on peut toucher comme directeur de séminaire (1200 francs sans droit à la gradation), comme directeur de laboratoire, clinique ou institut ; mais, en tout cas, les traitements sont ridicules, et le budget de 1910-1911, en dépassant la loi, a fixé le chiffre de 7800 francs pour les professeurs et de 6000 francs pour les agrégés. Ajoutons que dans la loi de 1898 on avait prévu pour les professeurs 18 000 francs.

Voici la composition actuelle du corps professoral des deux universités : Bucarest, Théologie, 7 professeurs, 2 agrégés ; Droit, 10 professeurs, 10 agrégés ; Lettres, 12 professeurs, 5 agrégés, 5 maîtres de conférences ; Sciences, 16 professeurs, 4 agrégés, 5 maîtres de conférences ; Médecine, 25 professeurs, 5 agrégés ; Jassy, Droit, 9 professeurs, 8 agrégés ; Lettres, 6 professeurs, 7 agrégés ; 2 maîtres de conférences ; Sciences, 13 professeurs, 5 agrégés, 4 maîtres de conférences ; Médecine, 13 professeurs, 9 agrégés.

En 1907, le nombre des étudiants était le suivant : Bucarest : Théologie, 267 ; Droit, 2225 ; Lettres, 213 ; Sciences, 162 ; Médecine, 615 ; Jassy : Droit, 252 ; Lettres, 358 (dont 145 femmes) ; Sciences, 73 ; Médecine, 133.

Les institutions annexes des universités sont : a) La fondation universitaire Carol Ier créée en 1891, à l'occasion du jubilé de vingt-cinq ans de règne, par le roi qui fit don au ministère d'un palais et d'une somme de 200 000 francs ; elle possède aujourd'hui 790 000 francs en effets publics ; elle a une bibliothèque universitaire bien fournie, tenue au courant, et donne des bourses d'études*

b) L'école supérieure de médecine vétérinaire, dont la place dans le système scolaire n'est pas encore définitivement fixée ; elle possède onze chaires, huit laboratoires, trois cliniques, un service vaccinogène ; les études sont de cinq ans, avec examen de fin d'année et examen de fin d'études. Le budget de 1910-1911 est de 141 735 francs pour le personnel, 56 262 francs pour le matériel (y compris 12 000 francs pour bourses aux étudiants) ;

c) Le musée d'antiquités, mal conduit jusqu'à présent ; budget du personnel 12 360 francs, du matériel 9600 fr., dont 3000 pour acquisitions ;

d) Le musée d'histoire naturelle, très bien conduit et richement doté ; budget du personnel 19 356 francs ; du matériel, 18 000 francs ;

e) Le musée d'art national, bien conduit ; budget du personnel 15 240 francs ; acquisitions, 7000 francs ;

f) Les deux archives de l'Etat à Jassy et à Bucarest ; budget du personnel 48 360 francs, du matériel 4700 francs ;

g) Le jardin et l'institut botanique, très bien dotés ; budget du personnel 33 182 francs, du matériel 6750 francs ;

h) Deux séminaires pédagogiques universitaires, avec un budget total de 70 748 francs.

Il faut ajouter à l'université : a) L'école supérieure des ponts et chaussées, très bien organisée, dépendant du ministère des travaux publics, avec un budget de 240 462 francs pour le personnel et de 222 000 francs pour le matériel ; b) L'école supérieure d'agriculture, dépendant, comme la suivante, du ministère de l'agriculture, avec un budget de 103 616 francs pour le personnel et de 91 905 francs pour le matériel ; c) L'école de sylviculture : personnel 64 866 francs, matériel 46 820 francs ; d) Quatre écoles supérieures militaires : l'école d'infanterie (220 élèves, budget 132 228 francs), l'école de cavalerie (40 élèves, budget 126 141 francs), l'école d'artillerie et de génie (120 élèves, budget 133 430 francs), et l'institut médico-militaire (70 élèves, budget 82988 francs).

L'université, qui, la première, a obtenu l'inamovibilité pour ses membres (dès 1864), a été, sauf des exceptions personnelles, la dernière à participer à l'oeuvre d'enrichissement et de développement de la civilisation roumaine : les deux facultés, jusqu'à présent simplement enseignantes, mais depuis quelque temps vraiment savantes, des lettres (surtout la section historique) et des sciences sont entrées dans la voie nouvelle de la conciliation entre les exigences de la technique internationale et celles des problèmes nationaux ; et il faut espérer que le moment n'est pas éloigné où l'organisation d'un milieu scientifique plus élevé permettra à l'université de bien servir l'humanité et la civilisation en servant son pays.

III. ? L'ENSEIGNEMENT PRIVE.

Malgré les efforts tentés à plusieurs reprises, cet enseignement n'a pas été l'objet d'une législation spéciale : il est encore régi par un appendice de la loi de 1864 et par un règlement de 1896. Aux termes de cette loi et de ce règlement, l'enseignement privé est libre, mais placé sous le contrôle de l'Etal. Toute personne, roumaine ou étrangère, peut être autorisée à enseigner, à ouvrir ou à diriger une école particulière. A cet effet, elle doit faire connaître au ministre le nom du directeur, la catégorie de l'école, le programme et le règlement intérieur de l'école, la liste complète du corps enseignant auxiliaire ou surveillant, le plan du local avec le nombre maximum des élèves.

Le directeur, s'il est Roumain (femme pour les écoles de jeunes filles), doit posséder les titres académiques exigés des directeurs des écoles similaires de l'Etat ; n'avoir subi aucune condamnation pénale ; n'avoir (s'il est professeur) pas été suspendu ni destitué ; présenter un certificat de bonne conduite délivré par la mairie locale ; s'il est étranger, il doit présenter un certificat délivré par l'autorité scolaire de son pays, certifiant qu'il accomplit les conditions exigées par les lois de son pays pour diriger une école pareille. Le personnel, enseignant, auxiliaire, ou surveillant, doit présenter les mêmes garanties ; sauf les titres académiques exigés du directeur. Comme catégories d'écoles, le règlement prévoit : les jardins d'enfants, les asiles confessionnels (surtout pour les israélites), les écoles ayant un programme propre, les internats, les écoles avec les programmes de l'Etat. Le local doit être hygiénique et pouvant contenir le nombre voulu d'élèves. Les programmes et règlements, quand ils diffèrent de ceux de l'Etat, doivent respecter les principes pédagogiques et ne rien contenir contre la morale ou contre les lois fondamentales de l'Etat. L'autorisation accordée mentionne la catégorie de l'école, le personnel enseignant, auxiliaire, et surveillant autorisé, le local avec le nombre maximum d'élèves, et, éventuellement, le programme et le règlement. Aucun changement dans les conditions de l'autorisation ne peut avoir lieu sans une nouvelle autorisation. Il faut ajouter que les écoles qui ont des élèves roumains soumis à l'obligation de suivre les écoles primaires doivent les déclarer au reviseur au commencement de l'année et les présenter à l'examen de fin d'année, sous peine d'avertissement public ou, en cas de récidive, de fermeture. Pour les asiles confessionnels, les dirigeants doivent en outre présenter une autorisation de la part de l'autorité religieuse respective, un certificat de bonne conduite de la part de la mairie, et prouver par un examen sommaire qu'ils connaissent le roumain. Dans les écoles qui ont un programme propre, on peut employer n'importe quelle langue d'enseignement, mais, si elles ont des élèves roumains, on doit enseigner en roumain la langue et l'histoire du pays ; les programmes, présentés à l'approbation, doivent être analytiques, et les livres étrangers doivent être aussi présentés pour l'approbation. Les écoles qui ont les programmes de l'Etat doivent adopter aussi les dispositions règlementaires ; l'examen de fin d'année est obligatoire pour les écoles primaires et facultatif dans les autres ; l'examen se passe dans l'école même si l'effectif scolaire est assez grand. Une taxe est payée pour chaque élève : 20 francs pour les classes primaires, 50 francs pour les classes inférieures de lycée, 80 francs pour les classes supérieures, 30 francs pour l'examen de fin d'études inférieures, 30 francs pour l'examen de fin d'études supérieures, 25 francs pour l'examen de « corrigence ». Le certificat délivré par la commission a la valeur d'un certificat d'Etat.

Le ministère veille à l'exécution de tous les engagements pris par la direction de l'école dans sa demande d'autorisation ; il a, à cet effet, des inspecteurs spéciaux. Comme sanctions, le règlement prévoit : l'avertissement secret, l'avertissement public, le retrait de l'autorisation de faire passer les examens dans le local de l'école, la fermeture de l'école. La dernière mesure s'applique à la suite d'un jugement devant le Conseil permanent.

L'enseignement privé avec les programmes officiels est devenu un réel auxiliaire de l'Etat ; il s'est beaucoup développé pour les écoles secondaires de jeunes filles à cause de l'insuffisance du nombre des écoles de l'Etat, à cause aussi de la poussée qui a dirigé les jeunes filles vers l'université.

Une catégorie à part est représentée par les écoles primaires des communautés israélites, dont les enfants ne trouvent plus de place dans les écoles de l'Etat ; ces écoles, secourues par des sociétés israélites étrangères, ont fait des efforts extraordinaires pour se mettre au niveau des écoles publiques. Pour ces écoles, on fixe d'habitude une taxe globale, et l'examen a lieu dans le local de l'école. Les programmes contiennent, dans les heures supplémentaires, l'enseignement de l'hébreu comme langue religieuse et de l?allemand comme langue d'affaires. Un deuxième congrès annuel des instituteurs et institutrices de cet enseignement vient d'avoir lieu (1910) en vue d'introduire plus d'harmonie dans les méthodes, et les bons résultats obtenus permettent de croire que la mesure entrera dans la législation scolaire.

Les écoles avec programme propre sont d'origine étrangère, française d'abord, allemande ensuite ; elles ont trouvé un bon terrain dans le désir de donner aux jeunes filles une éducation mondaine. Ce sont les congrégations religieuses qui ont donné à cet enseignement un grand développement, surtout la congrégation de N.-D, de Sion ; plusieurs cas de conversions éclatantes ont jeté un jour plutôt défavorable sur cette congrégation. Presque toutes les grandes écoles roumaines ont un cours libre. Dans toutes ces écoles de jeunes filles, le niveau des études est très peu élevé ; on y enseigne surtout les langues, les arts et les bonnes manières ; les soins pour l'éducation physique sont d'habitude très minutieux. Un second type d'école étrangère est celui où l'on poursuit, non seulement l'éducation et l'instruction, mais aussi la conservation de la nationalité ; une certaine tension peut s'ensuivre ; on a été obligé de fermer les écoles bulgares à cause de leur allure et de leur esprit irrédentiste ; et dans quelques écoles hongroises on a proscrit certains livres qui insultaient la nationalité roumaine ; au contraire on n'a eu qu'à se louer de l'école réale allemande, organisée de manière à permettre à ses diplômes de continuer leurs études en Allemagne.

Un troisième type de cette catégorie d'écoles est représenté par les deux séminaires des épiscopats catholiques et par l'école des chantres catholiques de MoIdavie, dont le fonctionnement est complètement libre.

Quel que soit le caractère de l'école à programme propre, les nécessités de la bonne hospitalité ont poussé le ministère à introduire l'enseignement du roumain (de quatre à six heures par semaine) dans toutes les écoles.

Le budget de l'Etat prévoit pour le contrôle de l'enseignement privé 56 400 francs. Voici le tableau presque complet des écoles particulières par nationalité ; on a suivi l'ordre suivant : I, jardins d'enfants ; II, asiles confessionnels ; III, écoles primaires ; IV, écoles professionnelles ; V, écoles commerciales ; VI, écoles secondaires ; dans la fraction employée, le numérateur indique le nombre des écoles avec le programme de l'Etat et le dénominateur celui des écoles avec programme propre :

Image3

Bibliographie. ? Colectiune de legi, regulamente, programe, etc., de la 1864 la 1901 (1 vol.), de la 1901 la VII. 1904 (1 vol.), de la VII. 1904 la XI. 1906 (1 vol.), de la XI. 1906 la VII. 1910 (en préparation), Bucuresti, 1901, 1904, 1906. ? Anuarul oficial al Ministerului Instructiunei si al Cultelor, Ibid., 1908. ? Mémoire sur la situation du corps enseignant primaire, Ibid., 1909. ? L'enseignement public en Roumanie [à l'occasion de l'Exposition universelle de Paris, 1900], Ibid., 1900 ; ? Mémoire sur l'organisation de notre enseignement actuel dans les lycées, Ibid., 1907.

D. A. Teodoru