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Roland de la Platière

Jean-Marie Roland, dit de la Platière, né à Villefranche en 1734, fils d'un conseiller de bailliage, entra dans l'administration des manufactures, où il devint inspecteur. Délégué à Paris par la municipalité lyonnaise en 1791, pour y remplir une mission auprès de l'Assemblée, il se lia pendant son séjour dans cette ville (février-septembre) avec quelques-uns des députés du parti populaire. En décembre 1791, il retourna à Paris pour s'y fixer, et le 23 mars 1792 il entra comme ministre de l'intérieur dans le cabinet formé par Dumouriez.

Pendant ce premier ministère, qui dura un peu moins de trois mois (jusqu'au 13 juin, date à laquelle Roland fut congédié brusquement par le roi, en même temps que ses collègues Servan et Clavière, à la suite d'une lettre de remontrance qu'il avait écrite à Louis XVI), Roland ne fit aucun changement dans les bureaux de l'administration, et fut obligé de conserver tout le personnel commissionné ; il prit toutefois auprès de lui, mais sans titre officiel, son ami Lanthenas, ainsi que l'ancien contrôleur Pache. L'instruction publique faisait partie des attributions du ministre de l'intérieur ; mais la loi qui devait la réorganiser n'était pas encore votée, et Roland, s'il prit diverses mesures à l'égard du Bureau de consultations des arts et métiers, des poids et mesures, des monuments, des fêtes, etc., n'eut guère à s'occuper des écoles ; notons cependant son intervention relative au serment civique à prêter par les personnes chargées de l'instruction publique : il s'agissait de savoir si les religieuses qui donnaient l'instruction à titre charitable étaient assujetties à ce serment, c'est-à-dire si les mots « toutes personnes chargées d'une fonction publique dans le département de l'instruction » étaient applicables seulement aux religieuses qui, par leur institut, étaient chargées de l'instruction, ou si toutes personnes, religieuses ou autres, tenant même volontairement et sans être salariées par la nation des écoles publiques et des pensions, étaient également comprises dans le sens de la disposition de la loi. L'Assemblée décréta (23 avril) le renvoi au Comité d'instruction publique ; la question ne fut tranchée que quatre mois plus tard, par l'adoption du décret du 18 août 1792, qui disposa que « aucune partie de l'enseignement public ne continuerait d'être confiée aux maisons de charité ».

Après le renvoi de Roland, le portefeuille de l'intérieur fut successivement remis par Louis XVI à deux ministres insignifiants, Terrier de Monciel et Champion de Villeneuve.

Le jour même du renversement du trône (10 août 1792), Roland redevint ministre. Cette fois, il remania complètement le personnel des bureaux, où il plaça comme chefs de division ses trois amis Champagneux, Lecamus et Lanthenas ; ce dernier, bientôt élu membre de la Convention, conserva ses fonctions au ministère (il y garda son logement jusqu'à la retraite de Roland), mais en se faisant suppléer par Faytpoul. Il faut noter cependant que les deux hommes qui avaient été les premiers auxiliaires de Roland en 1792, Pache et Lanthenas, prirent en 1793 une direction différente de la sienne : Pache, lié avec l'élément avancé du parti révolutionnaire, devint successivement ministre de la guerre, puis maire de Paris ; Lanthenas, lorsqu'il eut constaté que Roland faisait une politique résolument conservatrice et se mettait en lutte ouverte contre la gauche de la Convention et la Commune de Paris, refusa de le suivre. L'action de Roland dans son ministère s'exerça au profit du parti girondin, vers lequel l'avaient fait incliner les préférences de Mme Roland : on lui reprocha de s'occuper à placer partout des serviteurs dévoués de sa politique, à subventionner des journaux destinés à combattre et à noircir ses adversaires ; dans son administration, il apporta une raideur et une partialité qui lui firent de violents ennemis (conflit avec le Bureau de consultation des arts et métiers, etc.). Le lendemain de l'exécution de Louis XVI, il quitta le ministère, où il eut pour successeur Garat. Le 31 mai, menacé d'arrestation, il se réfugia en province ; Mme Roland, arrêtée quelques heures plus tard, fut traduite au tribunal révolutionnaire et exécutée le 8 novembre ; lorsqu'il apprit cette nouvelle, Roland se donna la mort (10 novembre 1793).

James Guillaume