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Rambaud

Alfred Rambaud, professeur et homme politique (1842-1905), a été ministre de l'instruction publique de 1896 à 1898. « Alfred Rambaud naquit à Besançon le 2 juillet 1842. Il commença au lycée de cette ville ses études secondaires, qu'il vint achever à Paris au lycée Louis-le-Grand, et fut reçu à l'Ecole normale en 1861. Agrégé de l'Université en 1864, il enseigna l'histoire aux lycées de Nancy, de Bourges et de Colmar, fut nommé répétiteur à l'Ecole pratique des Hautes-Etudes en 1868, et soutint ses thèses doctorales en 1870. Il fut chargé de cours à la Faculté des lettres de Caen en 1871, professeur à la même faculté en 1873, suppléant à la Faculté des lettres de Nancy en 1875, et professeur à la même faculté en 1879. Jules Ferry l'appela, cette même année, à la direction de son cabinet au ministère de l'instruction publique. En 1881, Rambaud fut chargé de cours à la Sorbonne, où il devint, en 1884, professeur d'histoire moderne et contemporaine. Conseiller général du département du Doubs depuis 1883, élu sénateur de ce département en 1895, il fut ministre de l'instruction publique du 29 avril 1896 au 29 juin 1898. Il reprit son enseignement après la retraite du cabinet Méline. A la fin de l'année 1897, il avait été élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques. »

C'est ainsi que M. E. Lavisse a retracé dans la Revue de Paris (15 janvier 1906) la carrière d'Alfred Rambaud. dont il avait été le condisciple, le collaborateur et l'ami.

Comme historien, Rambaud a laissé une oeuvre très étendue et très diverse, trop diverse peut-être. Sa thèse de doctorat : L'Empire grec au Xe siècle, Constantin Porphyrogénète, travail d'une érudition ample et sûre, semblait indiquer qu'il ferait son domaine des études byzantines. Mais, ayant voyagé en Russie en 1872, 1874, 1877, l'histoire de Russie l'attire et il donne sur ce sujet une série d'ouvrages : La Russie épique (Paris, 1876), Français et Russes (Paris, 1878), Histoire de la Russie depuis les origines jusqu'à l'année 1877 (Paris, 1878). De si loin, il revient en France et publie une Histoire de la Révolution française (Paris, 1883), réimpression d'un article paru dans la première édition de ce Dictionnaire (IIe partie), puis une Histoire de la civilisation française, en trois volumes (Paris, 1888). Entre temps, les questions coloniales l'avaient occupé, et il avait écrit, avec la collaboration du colonel Archinard, du colonel Bouinais et de quelques autres officiers et explorateurs, La France coloniale, histoire, géographie, commerce {Paris, 1885). C'est, sans doute, ce goût pour la diversité qui l'engagea dans le grand travail auquel furent consacrées ses dernières années : en 1891 commença la publication de l'Histoire générale du IVe siècle jusqu'à nos jours (Paris, 1891-1900, 12 volumes). Avec M. Lavisse, il eut l'idée de cette vaste entreprise, et avec lui en traça le plan, la division en chapitres, fit la répartition entre des collaborateurs nombreux. Puis, M. Lavisse se trouvant retenu ailleurs, Rambaud resta seul directeur effectif, et, malgré ce que cette tâche comportait de labeur, trouva moyen d'être le principal collaborateur à son histoire générale : il en a écrit vingt-deux grands chapitres.

Plutôt que la science pure, il aimait l'activité pratique. Tout le long de sa carrière, il s'est mêlé plus ou moins à la vie politique de son temps. A ses débuts, il fit du journalisme en province et dirigea le Progrès de l'Est, à Nancy ; il a donné de nombreux articles à des journaux parisiens (Temps, République française, Journal des Débats, Matin, etc.) ; il a été un moment directeur de la Revue Bleue. Les questions d'enseignement, d'éducation nationale, que les républicains de sa génération mettaient au premier plan, ne pouvaient le laisser indifférent ; l'article France qu'il composa pour la première édition du Dictionnaire de pédagogie atteste qu'il en avait fait une étude attentive. Quand il devint ministre de l'instruction publique, il ne laissait donc pas d'être préparé à sa tâche. Mais le temps des grandes réformes était révolu ; c'était l'heure des aménagements et des simples retouches. Aussi ne trouve-t-on pas d'acte très important à signaler pendant les deux années que dura son administration (du 30 avril 1896 au 28 juin 1898). Il faut pourtant rappeler que c'est lui qui obtint des deux Chambres le vote de la loi du 10 juillet 1896 relative à la constitution des universités. C'est lui aussi qui a signé la circulaire et l'arrêté du 9 mars 1897, qui avaient pour objet d'associer les membres de l'Université à la campagne contre l'alcoolisme et qui introduisaient dans les programmes des établissements secondaires et primaires des notions contre les dangers de ce fléau.

Au cours de cet article, nous avons indiqué les ouvrages principaux qu'Alfred Rambaud a laissés. On trouvera une liste complète, non seulement de ses livres, mais de ses articles de revues, de journaux, de ses discours et conférences, dans une Notice publiée par M. Léonce Pingaud (Besançon, 1906).

On pourra lire aussi sur A. Rambaud, outre l'article de M. Lavisse que nous avons mentionné, quelques pages intéressantes de M. Henri Roujon dans la Revue pédagogique (15 décembre 1905).

Maurice Pellisson