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Portugal

 I. Résumé historique. ? Au temps de la domination romaine, l'instruction fut passablement répandue dans le territoire qui est devenu le Portugal. Il suffit de rappeler qu'une table de bronze trouvée dans les mines d'Aljustrel (Vipascum) mentionne les ludimagistri qui donnaient l'enseignement aux enfants des mineurs. ? Les invasions des barbares (à partir du commencement du cinquième siècle) firent disparaître successivement les écoles romaines. L'histoire de l'enseignement reste extrêmement obscure jusqu'au douzième siècle à peu près dans cette région. Quelques inscriptions latines, quelques rares oeuvres littéraires dénotent l'existence d'une culture ecclésiastique durant la période suève et visigothe. Ensuite, dans la période arabe, à partir du milieu du neuvième siècle, les documents d'archives révèlent indirectement la persistance d'un enseignement, domestique ou scolaire, des éléments de la lecture et de l'écriture, et de la connaissance de la littérature ecclésiastique, jusqu'à la conquête définitive de Coïmbre (1064). Peu après, l'évêque Paterno, d'origine française, fonda là un séminaire pour des élèves destinés à la vie ecclésiastique (1086). Nous pouvons supposer l'existence antérieure d'écoles analogues dans les cathédrales. Nous avons des preuves de leur existence dans cette partie de l'extrémité occidentale de la péninsule qui correspond à la moderne Galice. Au douzième siècle, époque de la constitution de la monarchie portugaise, commencent à apparaître des preuves plus nombreuses et plus évidentes d'enseignement scolaire et de culture des lettres. L'influence française sur ce mouvement est évidente. L'écriture française remplaça celle qu'on appelait gothique. Un vit des évêques français siéger dans les cathédrales. En 1118 s'établirent en Portugal des moines de Clairvaux et des Templiers français. A Coïmbre, Jean Peculiar, Français de nation, est magister scolarum. Il y a des colonies françaises en divers lieux. Dans ce siècle et au suivant les écoles de Braga, de Coïmbre et d'Alcobaça acquièrent de la renommée. Ce mouvement amène la fondation d'une université à Lisbonne par le roi Denis (1290), qu'avait élevé un Français, Aymeric d'Ebrard, ensuite évêque de Coïmbre. Du règne de Manche Ier à celui d'Alphonse IV on voit fleurir la poésie, égalementsous l'influence de la France, et en particulier de la Provence. L'ignorance des premières notions des lettres est néanmoins la règle dans toutes les classes, y compris le clergé et la noblesse. A l'université, ? qui fut trois fois transférée à Coïmbre et deux fois replacée à Lisbonne, pour rester enfin définitivement à Coïmbre à partir de 1537, ? on n'enseignait au début que le droit canon, le droit romain, la grammaire, la logique, la musique et la médecine. La théologie était enseignée dans les cloîtres. Il se fonda des collèges et des écoles privées, où l'on préparait les élèves aux études universitaires en leur faisant apprendre l'abécédaire (cartula), les distiques du pseudo-Caton, l'Ars minor de Donat, le Doctrinale d'Alexandre de Villedieu. Sous le règne d'Edouard (1433-1438), dont le Leal conselheiro est la plus ancienne oeuvre pédagogique portugaise, la connaissance de la lecture était encore si rare, que ce roi permit (1434) de nommer aux fonctions de juge les hommes qui y seraient aptes, quand même ils ne sauraient pas lire. Environ un siècle plus tard, l'auteur comique Gil Vicente nous présente un « Juiz da Beira » (Le Juge de Beïra) complètement illettré. Mais le quinzième siècle nous offre des documents qui prouvent le développement de l'enseignement primaire. Les classes populaires, les gens de métier, avaient favorisé l'ascension au pouvoir du grand-maître de l'ordre d'Aviz (Jean 1er), et ce roi leur accorda de l'influence : ces classes commencèrent à intervenir dans l'administration municipale, et, comme la bourgeoisie leur reprochait leur ignorance, il était naturel qu'elles cherchassent ? bien que ce ne fût que par exception ? à acquérir quelque connaissance des lettres. Nous savons qu'il existait à Evora, en 1439, une école où l'on enseignait à lire et à écrire. C'est dans cette ville que nous rencontrons la première école municipale (1456) ; un bachelier y « enseignait la grammaire (le latin) et à écrire aux (ils des notables et à tous autres qui désiraient apprendre ». A partir du commencement du seizième siècle, les mentions de maîtres ou d'écoles pour enseigner à lire et à écrire aux enfants sont moins rares. En 1551, il y avait à Lisbonne 34 maîtres de cette catégorie, à côté de 7 maîtres de grammaire. Des bacheliers, des sacristains s'employaient à ce métier. Jean de Barros, en 1540, se plaint de l'ignorance et du manque de moralité de beaucoup de ces maîtres. En 1551, il y avait à Lisbonne deux femmes qui enseignaient à lire aux petites filles. ? En transférant l'université à Coïmbre, Jean III la réforma, créa le Collège des arts, préparatoire à celle-ci ; mais bientôt, inaugurant le système de la politique d'intolérance, il introduisit dans le royaume l'Inquisition (1547), puis l'ordre des jésuites, auquel il remit le Collège des arts (1555). Bientôt la compagnie eut en mains le monopole presque complet de l'enseignement public ou privé, tant secondaire que supérieur, dans le royaume et aux colonies. C'est à peine si d'autres ordres étaient admis à concourir pour une faible part à l'enseignement inférieur et aux études théologiques. Les jésuites ne se souciaient pas de l'enseignement du peuple, excepté dans la doctrine chrétienne. C'est à peine si quelques fondations pieuses et quelques maîtres particuliers s'occupèrent de cette instruction, jusqu'à l'époque du marquis de Pombal. Celui-ci expulsa les jésuites, qui contrariaient sa politique, du royaume et des colonies (1759), et réforma tout l'enseignement, avec l'aide de collaborateurs distingués. Cette réforme avait été préparée par quelques oeuvres pédagogiques importantes, de Verney, de Mendoça e Pina, de Ribeiro Sanchez, de Manoel de Cenaculo. En 1772 Pombal publia les nouveaux statuts de l'université, et organisa les études inférieures en créant, en Portugal et aux colonies, 479 écoles primaires, nombre élevé à 502 en 1773, et 358 chaires détachées d'enseignement secondaire. Mais il faut noter que Pombal et ses collaborateurs ne pensèrent point à étendre l'instruction primaire à toutes les classes populaires. ? La mort de Joseph Ier (1777) fit perdre le pouvoir au marquis de Pombal ; toutefois, sous le règne qui suivit, la plupart de ses créations et de ses réformes dans le domaine de l'enseignement ne furent pas détruites, mais au contraire continuèrent à progresser, à l'exception de l'enseignement primaire, qui ne fut pas détruit, mais qu'on fit rétrograder, dans la crainte que les écoles ne propageassent des idées révolutionnaires et hérétiques. De 1790 à 1820, on créa 21 écoles, dont 18 pour le sexe féminin. Des obstacles étaient opposés au développement de l'enseignement privé. En 1817, néanmoins, des écoles d'enseignement mutuel furent établies dans tous les régiments sous la direction de Couto e Mello, écoles dans lesquels étaient admis non seulement les soldats et leurs enfants, mais aussi les enfants des particuliers.

La révolution libérale de 1820 parut ouvrir une période plus favorable pour l'enseignement élémentaire : en quatorze mois, on créa 59 écoles, on améliora les conditions économiques des maîtres, on favorisa l'enseignement privé ; mais la contre-révolution de 1823 détruisit cette oeuvre. ? En 1824 fut créée à Lisbonne une école normale d'enseignement mutuel. ? Le gouvernement libéral de 1826 promit dans la Charte l'instruction élémentaire à tous les citoyens portugais, promesse qui, après plus de quatre-vingts ans, n'a pas encore été tenue. Le gouvernement absolutiste (1828-1834) fit de nouveau rétrograder l'instruction élémentaire. En 1827, il y avait 296 chaires d'enseignement secondaire et 1001 d'enseignement primaire, mais beaucoup de celles-ci étaient, vides ; la dépense totale faite pour les études du degré inférieur était de 161000 milreis. (Le milreis vaut 5 fr. 60 ; cent reis font 56 centimes.)

La constitution rétablie (1834), on commença à penser un peu à l'instruction. En septembre 1835 fut publié un décret réformant l'enseignement primaire, décret signé par Rodrigo da Fonseca : il décentralisait l'administration des écoles, concédait la liberté d'enseignement, établissait l'enseignement obligatoire, créait les écoles normales, l'inspection scolaire, améliorait la situation économique du personnel enseignant. Mais dans les conditions du pays, cette réforme ne pouvait être qu'une belle utopie, et le décret fut suspendu le 2 décembre de la même année (par le ministre Albuquerque). Une réforme de l'instruction publique fut effectuée sous la dictature de Passos Manuel (1836) : elle créa les lycées (un dans chaque capitale de district), et reproduisit, pour ce qui concernait l'instruction primaire, les principes de liberté d'enseignement et d'obligation, laissant aux instituteurs les traitements antérieurs à 1834 (90 milreis annuels pour le plus grand nombre), auxquels les chambres municipales devaient ajouter un supplément de 20 milreis. Cette réforme ne fut mise que très imparfaitement à exécution ; mais le décret de 1844 (Costa Cabrai) la reproduisit en grande partie ; il divisa l'enseignement primaire en deux degrés ; il autorisa la création des écoles nécessaires, créa les écoles normales et dota celles de Lisbonne et de Porto. Il n'établit pas d'écoles du second degré : on se contenta de combiner une partie du programme de ce degré avec celui du premier pour l'examen d'admission aux lycées. Avec quelques modifications de détail, la réforme de 1844 resta en vigueur jusqu'en 1880, car les réformes du gouvernement dictatorial de 1870 (ministère Saldanha) : création d'un ministère de l'instruction, nouvelle loi sur l'instruction primaire (16 août), etc., ne furent pas durables et tombèrent avec lui. La loi du 2 mai 1878, entrée en vigueur en 1880, réforma l'instruction primaire, en introduisant la décentralisation de l'enseignement, qui fut mis à la charge des chambres municipales, et en établissant une inspection permanente. La décentralisation de l'enseignement primaire porta d'heureux fruits, malgré les quelques irrégularités qui se produisirent et qui, disait le rapport du directeur général de l'instruction en 1884, allaient en diminuant ; parmi ces fruits, il faut citer la grande augmentation de la dotation scolaire sur les recettes municipales, la création de 547 écoles sous le nouveau régime jusqu'en 1889, la grande amélioration des maisons d'école et du mobilier scolaire à Lisbonne, etc. Mais en 1890 (décret du 5 avril) fut créé de nouveau un ministère de l'instruction publique, et la loi du 7 août de la même année réunit sous l'autorité de ce ministère tout l'enseignement primaire officiel, en y centralisant tout le service de cet enseignement. Le ministère de l'instruction publique fut supprimé le 3 mars 1892, et le service centralisé fut remis à la direction générale de l'instruction publique, instituée depuis 1859 auprès du ministère de l'intérieur (ministerio de reino).

Le 22 décembre 1894 fut décrétée une nouvelle réforme de l'enseignement primaire, réforme mise en vigueur par le règlement du 18 juin 1896. Ce décret a laissé l'administration de l'enseignement centralisée au ministère de l'intérieur ; outre les deux écoles normales existant à Lisbonne et les deux autres existant à Porto, il a permis d'en créer deux nouvelles à Coïmbre, et d'établir dans les écoles complémentaires des chefs-lieux de district des cours pour la préparation professionnelle du personnel enseignant.

II. ? Etat actuel. ? ADMINISTRATION. ? L'administration générale de l'instruction publique au ministère de l'intérieur comprend une direction générale de l'instruction primaire avec trois divisions, dont la première a un caractère proprement pédagogique, et la direction générale de l'instruction secondaire, supérieure et spéciale, également avec trois divisions dont la première a un caractère pédagogique. La deuxième division de ces directions générales est principalement chargée des constructions scolaires, du mobilier et des bibliothèques scolaires, des bourses d'études pour les élèves et les maîtres, de la statistique ; la troisième division s'occupe principalement de la nomination des maîtres, de leur déplacement, des récompenses et des pénalités, de la discipline générale des écoles. Chaque direction comprend : un directeur général, trois chefs de division, deux premiers employés, trois seconds employés, huit expéditionnaires ; à chacune d'elles est adjointe une commission consultative, composée de professeurs de pédagogie et de maîtres de l'enseignement primaire ou secondaire, commission qui doit être entendue en matière pédagogique. ? Le Conseil supérieur de l'instruction publique fonctionne auprès de l'administration générale ; il a pour président le ministre de l'intérieur, pour vice-président un membre nommé à ce poste par décret royal. Le Conseil se compose de cinq sections, qui sont : une section permanente, formée de quinze membres nommés par le roi, et quatre sections spéciales : la section de l'enseignement primaire, de douze membres, savoir trois professeurs d'école normale, élus par leurs collègues, et neuf instituteurs nommés par le gouvernement ; la section de l'enseignement secondaire, de douze membres, savoir dix professeurs de l'enseignement public, élus par leurs collègues, et deux professeurs de l'enseignement privé, désignés par le gouvernement ; la section de l'enseignement supérieur, de douze membres, élus par les conseils des établissements d'enseignement supérieur dépendant du ministère de l'intérieur ; enfin la section de l'enseignement spécial, des beaux-arts, des archives, bibliothèques et musées, de neuf membres également élus. Les fonctions de la section permanente sont pédagogiques, administratives et disciplinaires ; celles des sections spéciales sont, dans la règle, pédagogiques. Ces dernières ne fonctionnent que réunies à la section permanente. Les membres de la section permanente reçoivent un traitement fixe, et ceux des sections spéciales une indemnité par journée de service. Les établissements d'enseignement supérieur, secondaire, normal, et spécial, du ressort du ministère de l'intérieur, représentés par leurs chefs (le recteur pour l'université et les lycées, le directeur pour les autres établissements), sont immédiatement subordonnés à l'une ou l'autre des directions générales de l'instruction publique, avec laquelle ils correspondent directement. La législation récente qui a réorganisé l'administration de la façon que nous venons d'exposer (décret du 19 août et règlements des 30 septembre et 21 octobre 1907) accorde une certaine autonomie administrative aux écoles supérieures, sous la surveillance du gouvernement. Entre la direction générale de l'instruction primaire et les écoles primaires, l'intermédiaire est l'inspection primaire.

INSPECTION. ? L'inspection primaire permanente, créée par la loi du 2 mai 1878, fut abolie en 1892 ; les écoles et les maîtres restèrent placés sous la surveillance des autorités et corps administratifs. Le décret du 22 décembre 1894 rétablit l'inspection, tout en conservant l'intervention des dites autorités et des corps à côté des fonctionnaires destinés à inspecter l'enseignement. Le décret du 24 décembre 1901 a donné aux inspecteurs et sous-inspecteurs des attributions beaucoup plus étendues, c'est-à-dire qu'il les a investis de toute l'inspection et de la surveillance supérieure des services de l'instruction primaire, sous l'autorité de la direction générale de l'instruction publique (aujourd'hui la direction générale de l'instruction primaire) ; ces fonctionnaires surveillent jusqu'aux actes des corps administratifs pour ce qui concerne les obligations scolaires de celles-ci. Pour l'exercice de l'inspection, le territoire continental et les îles adjacentes (Madère, les Açores) ont été divisés en trois circonscriptions scolaires, la première avec siège à Lisbonne, la seconde avec siège à Coïmbre, la troisième avec siège à Porto. Chaque circonscription, ayant à sa tête un inspecteur, est subdivisée en cercles comprenant chacun une centaine d'écoles et que surveille un Sous-inspecteur. Les inspecteurs sont choisis parmi les sous-inspecteurs qui ont au moins cinq années de services ; les sous-inspecteurs sont nommés au concours, à la suite d'épreuves publiques. A Lisbonne, il y avait une inspection spéciale, de trois inspecteurs, qui ont été conservés pour les écoles de cette ville. Les inspecteurs reçoivent annuellement 1000 milreis, les sous-inspecteurs 500 milreis. Il a été nommé 44 sous-inspecteurs ; ils sont, dans les cercles scolaires, délégués du gouvernement, directement subordonnés à l'inspecteur de la circonscription. Ils doivent inspecter, sans avis préalable, toutes les écoles officielles soumises à leur surveillance deux fois au moins chaque année, et les écoles privées une fois au moins par an.

ORGANISATION GENERALE ET STATISTIQUE. ? L'enseignement public comprend les établissements dépendant du ministère de l'intérieur, de celui des travaux publics, du commerce et de l'industrie, de celui de la guerre, de celui de la marine et des colonies, et de celui de la justice. ? Du ministère de l'intérieur dépendent : 1° presque tout l'enseignement primaire, donné dans les écoles primaires, et dans quelques institutions de bienfaisance dans lesquelles est donné un enseignement professionnel (Real Casa Pia, Asile Maria Pia, etc.) ; 2° l'enseignement secondaire, donné dans 21 lycées placés dans les chefs-lieux de district et dans 4 lycées placés dans d'autres localités ; 8 d'entre eux, appelés centraux (complets), ont sept classes ; les autres, appelés nationaux, n'en ont que cinq ; le lycée de Lisbonne s'étant récemment dédoublé en trois lycées, et celui de Porto en deux, il existe maintenant 28 lycées en tout, auxquels il faut ajouter l'école Maria Pia, lycée féminin de cinq classes à Lisbonne, et trois écoles secondaires municipales ; 3° l'enseignement normal primaire, donné dans six écoles normales, dont il y a deux, une pour le sexe masculin et une pour le sexe féminin, dan3 chacune des villes de Lisbonne, Coïmbre et Porto ; et dans les « écoles d'habilitation pour le magistère », écoles mixtes quant au sexe, organisées dans les dix-sept chefs-lieux des districts du continent, Santarem excepté, et les quatre chefs-lieux des districts insulaires, Funchal (île de Madère) excepté ; 4° l'enseignement supérieur : université de Coïmbre, Ecole polytechnique de Lisbonne, Académie polytechnique de Porto, écoles médico-chirurgicales de Lisbonne, Porto et Funchal, Institut central d'hygiène, 3 écoles de pharmacie (Lisbonne, Coïmbre et Porto), Institut ophtalmologique, Institut bactériologique, Cours supérieur de lettres (Lisbonne) servant d'école normale pour le personnel enseignant secondaire et auquel sont annexées une chaire de grec et une chaire de sanscrit ; 5° l'enseignement spécial artistique, donné dans les académies des beaux-arts de Lisbonne et de Porto et dans le Conservatoire de musique et d'art dramatique de Lisbonne ; 6° le cours pour les archivistes et les bibliothécaires, avec des leçons au Cours supérieur de lettres, à la Bibliothèque nationale de Lisbonne (cours de numismatique et de bibliographie) et aux archives nationales de Torre de Tombo (cours de paléographie et diplomatique). ? Du ministère des travaux publics, du commerce et de l'industrie dépendent les écoles de dessin industriel (12), les écoles industrielles (14). les écoles préparatoires pour les instituts industriels et commerciaux (2), l'Ecole de régisseurs agricoles «Moraes Soares », l'Ecole nationale d'agriculture, l'Institut agronomique et vétérinaire. ? Du ministère de la guerre dépendent les écoles régimentaires, dans lesquelles se donne, entre autres, l'enseignement élémentaire aux illettrés, l'Ecole centrale des sergents, le Cours élémentaire de construction, le Collège royal militaire, qui est un internat avec le cours complet des lycées, et l'Ecole de l'armée (avec des cours de génie civil et de mines). ? Du ministère de la marine et des colonies dépendent les écoles des élèves de la marine, l'Ecole pratique d'artillerie navale, l'Institut « Infante D. Affonso » pour les orphelins d'officiers de l'armée et de la flotte, l'Ecole de médecine tropicale, l'Ecole coloniale, l'Ecole navale. ? Du ministère de la justice dépendent divers établissements d'éducation correctionnelle. ? Du ministère de l'intérieur dépend en outre le service des bourses aux élèves et aux professeurs pour des études à l'étranger, pour lequel il a été récemment inscrit au budget de l'Etat un crédit annuel de 100 000 milreis, qui ne comprend pas les pensions des élèves des beaux-arts. ? L'enseignement ecclésiastique se donne dans la faculté de théologie de l'université et dans les séminaires diocésains, dont les dépenses sont couvertes par des revenus qui leur sont propres et des subsides de la « Bulla da Cruzada », ainsi que par des dons éventuels.

L'enseignement primaire est public ou privé (particulier). Pour exercer les fonctions d'instituteur (professor), il faut posséder le diplôme d'une école normale ou d'une école d'habilitation pour le magistère. Cette condition mise à part, l'enseignement privé est déclaré libre ; il est assujetti toutefois à une surveillance hygiénique et pédagogique de la part de l'Etat. Il existe des conditions analogues pour les professeurs et les directeurs d'établissements privés d'enseignement secondaire qui veulent présenter leurs élèves aux examens dans les lycées publics ; en outre, la liberté est accordée à chacun de faire des cours et des conférences, pourvu qu'on n'y attaque pas la sûreté des institutions de l'Etat. Il n'est pas permis aux instituteurs d'organiser des congrès qui n'auraient pas pour objet exclusif de traiter des questions pédagogiques. Le décret du 24 décembre 1901, dont nous exposons ici les dispositions, complétées par celles du règlement du 19 septembre 1902, a supprimé l'enseignement primaire complémentaire qui existait sous la législation antérieure, et a divisé l'enseignement élémentaire en deux degrés. Cet enseignement embrasse quatre années. Le premier degré se termine dans la règle vers l'âge de neuf ans, quand l'élève a pu passer de façon satisfaisante un examen qui comprend la lecture, l'écriture et les quatre règles de l'arithmétique. Tour passer l'examen du second degré, il faut que l'élève ait l'âge de dix ans accomplis. Le gouvernement peut créer ou subventionner, dans les villes importantes, des écoles pour l'éducation et l'enseignement des enfants de l'âge de quatre à six ans ; il n'y a pour le moment qu'une école de cette espèce, à Lisbonne ; elle a été fondée en 1882 par la chambre municipale. Toutes les écoles primaires comprennent les deux degrés ; le second degré permet l'accès des lycées, des écoles industrielles, etc. Dans chaque paroisse il devrait y avoir dans la règle une école primaire pour chaque sexe ; mais il y a encore beaucoup de paroisses qui n'en ont aucune. Là où on le jugera à propos, on pourra établir une école mixte quant aux sexes. Dans les localités où il existe des écoles d'enseignement libre dont les maîtres s'engagent, moyennant un subside de l'Etat, à donner gratuitement l'enseignement primaire de l'un et de l'autre degré aux enfants pauvres, la paroisse pourra être dispensée d'établir des écoles primaires publiques. Les écoles peuvent compter quatre classes, ou n'avoir qu'une classe unique ; les premières sont appelées centrales, et ne peuvent pas avoir moins de quatre instituteurs ; les secondes sont appelées paroissiales, et l'instituteur doit y être assisté d'un adjoint, si le nombre des élèves dépasse cinquante. Dans les localités où les conditions de la population l'exigent, le gouvernement peut établir des cours du soir ou du dimanche pour les adultes. Si l'on ne peut pas établir, dans quelques paroisses, des écoles permanentes, on pourra y instituer des cours temporaires ou des écoles mobiles pour l'enseignement de la lecture, de l'écriture, de la doctrine chrétienne, des quatre règles de l'arithmétique, et des éléments de l'agriculture. Jusqu'à présent il n'a été établi, par l'initiative gouvernementale, aucun cours de cette espèce (c'est à l'initiative privée qu'est due l'existence de l'Association des écoles mobiles Joâo de Deus, qui donne l'enseignement de la lecture, de l'écriture et du calcul). L'enseignement est entièrement gratuit pour tous les élèves inscrits dans les écoles primaires de l'Etat, et il a été de nouveau déclaré obligatoire ; des peines ont été édictées contre les pères qui transgresseraient la loi : mais comme il n'y a pas encore assez d'écoles pour pouvoir recevoir tous les enfants d'âge scolaire, l'obligation continue à n'exister que sur le papier.

Le nombre des écoles primaires publiques au 31 décembre 1903 était de 4887 (395 de plus qu'en 1899 à la même époque de l'année), mais toutes n'étaient pas pourvues de maîtres. En 1906, le nombre des instituteurs, (professores primarios) et des adjoints (ajudantes) en exercice était de 5492, sans compter 17 maîtres spéciaux. D'après le recensement du 1" décembre 1900 (dans lequel on ne peut pas avoir une entière confiance), le nombre des enfants d'âge scolaire (de six à douze ans) était de très près d'un million (en réalité il est peut-être plus considérable) ; en admettant ce chiffre, avec une moyenne de 40 élèves par classe, il faudrait 25 000 instituteurs ou adjoints. En 1899 il y avait 1579 écoles privées, qui généralement n'avaient qu'un seul maître ou qu'une seule maîtresse, avec un nombre d'élèves inférieur à 40 par école en moyenne (en 1899, la moyenne avait été de 36, 8 par école privée). En ajoutant le nombre des maîtres des écoles privées à celui des maîtres des écoles publiques, il manquerait encore 17 929 maîtres officiels. A Lisbonne on a recensé (recensement scolaire spécial) environ 30 000 enfants d'âge scolaire (le recensement de 1900 en accuse 42 142), et environ 260 instituteurs officiels, soit à peine un tiers du chiffre nécessaire pour les enfants du recensement scolaire, dont le nombre est certainement inférieur à la réalité. La dernière statistique publiée qui contienne le nombre des élèves fréquentant les écoles primaires se trouve dans un volume destiné à l'Exposition universelle de 1900 : ces élèves étaient, d'après ce document, en 1899, au nombre de 177 540 dans les écoles publiques et de 49 685 dans les écoles privées, ensemble 227225 ; mais, si ce nombre correspond à une réalité, il doit être celui des élèves inscrits et non celui de la fréquentation moyenne. La dernière statistique antérieure à celle-là, celle de 1888-1889, donnait un chiffre de 163 323 pour la fréquentation moyenne ; nous avons des raisons de croire qu'en dix années, qui furent financièrement et économiquement troublées, le chiffre de la fréquentation n'a pas dû s'accroître de 63 902 élèves. Mais en admettant que la suspicion ne fût pas fondée, il resterait encore, sur le million d'enfant (en chiffre rond) accusé par le recensement de 1900, 772 775 enfants d'âge scolaire qui ne fréquentent pas l'école, soit 77, 27 %, pourcentage qui, nous allons le voir, correspond exactement au total des illettrés dans la population du royaume d'après le même recensement.

Le premier recensement qui ait fourni des indications sur les illettrés est celui de 1878 ; non déduits les enfants de moins de six ans, il y avait alors une proportion de 82, 4 % d'illettrés ; également sans cette déduction, on comptait, dans le recensement de 1890, 79, 2% d'illettrés ; dans celui de 1900, 78, 6 % (sur 5 423 132 habitants, 4 261 336 illettrés). La différence entre 1878 et 1900 est à peine de 3, 2 % ; entre 1890 et 1900 elle est moindre encore : 0, 6 %. Il y avait des raisons pour s'attendre à ce que cette dernière période n'offrît pas un progrès considérable. En déduisant le nombre des enfants qui n'avaient pas encore atteint l'âge scolaire, le pourcentage se réduit, pour 1890, à 76, 09, pour 1900 à 75, 01 : différence 1, 08. L'étude comparée des trois derniers recensements et des chiffres qui y sont contenus nous amène à croire qu'il s'y trouve des indications qui ne correspondent pas à la réalité : ainsi, dans le recensement de 1890 on voit figurer 115 957 enfants qui n'ont pas encore atteint l'âge d'un an, et 108 659 qui sont âgés d'un an ou davantage, mais de moins de deux ans ; les enfants de ces deux catégories d'âge qui ont survécu apparaissent dans le recensement de 1900 pour former les classes d'âge de neuf ans et de dix ans : la première s'y présente avec 113 627 unités, c'est-à-dire avec une perte de 2330 unités seulement, ce qui représente un pourcentage bien inférieur à la mortalité de cette classe, qui atteint et même dépasse 20 % ; la seconde, au contraire, se présente avec 127248 unités, c'est-à-dire avec un accroissement de 18 589 unités : il est absolument impossible d'expliquer ces différences par l'immigration dans le royaume d'enfants portugais ou étrangers : on est obligé d'admettre cette conclusion, confirmée par beaucoup d'autres particularités du recensement, que les bulletins de famille ne sont pas véridiques. Pour ce qui touche à l'analphabétisme, nous trouvons beaucoup de données incohérentes. Dans le recensement de 1890, dans les classes d'âge de six à dix-neuf ans et de vingt ans et plus, les pourcentages des illettrés sont respectivement de 73, 58 et 77, 33 ; nous aurions pu espérer que le développement de l'instruction dans les dix années antérieures aurait produit une différenciation plus considérable ; mais la différenciation au moins, existe, et elle est en faveur de ce décennium. Dans le recensement de 1900, par contre, les pourcentages correspondants sont 78, 42 et 73, 41. Comme, après l'âge de vingt ans, ceux qui apprennent à lire et à écrire sont une exception très rare, ces relations numériques sont faites pour surprendre. La proportion des illettrés, sur le chiffre total des individus, dans les classes d'âge de vingt à vingt-quatre ans, de vingt-cinq ans à vingt-neuf, de trente à trentre-quatre, de trente-cinq à trente-neuf ans, est, dans le dernier recensement, respectivement 69, 91, 69, 1, 69, 96, 70, 10, c'est-à-dire qu'elle est presque la même. Les individus qui en 1900 ont atteint l'âge de vingt-quatre ans avaient été d'âge scolaire pendant les six années de 1882 à 1888, années qui furent une période d'important développement scolaire ; ceux qui, dans la même année 1900, ont atteint l'âge de trente-neuf ans, avaient été d'âge scolaire entre 1867 et 1873. En 1868, il y avait 3722 écoles, tant publiques que particulières ; en 1882-1883, 5152 ; en 1888-1889, 5332 ; le nombre des écoles, le nombre des maîtres, les dépenses de l'enseignement, avaient été en augmentant constamment. Les dépenses de l'enseignement primaire public avaient été évaluées pour 1866-1867 à 350 000 milreis, la part de l'Etat étant de 200 000 milreis ; pour 1906, ces dépenses ont été évaluées à 1 592 000 milreis (écoles, professeurs, dépenses diverses), chiffre auquel il faut ajouter 85 399 milreis pour les écoles normales, 45 878 milreis pour l'inspection, et 164 633 milreis pour d'antres dépenses : au total, 1 888 176 milreis, c'est-à-dire une somme 5, 4 fois plus grande que quarante ans auparavant ; et pourtant la proportion des illettrés de six à dix-neuf ans était encore supérieure à celle des illettrés de vingt à trente-neuf ans, selon le recensement de 1900. Nous n'avons pas de données suffisantes pour pouvoir corriger ce que dans ces chiffres, comme dans les précédents, il y a d'évidemment faux. En 1901, sur 75 730 conjoints, 53 621 ont déclaré ne pas savoir écrire, soit 70, 81 % ; en 1900, la proportion a été de 70, 6, si la statistique n'erre pas. En 1903, sur les 13 368 recrues, 70, 01 % étaient illettrées ; en 1906, sur 13 501 jeunes gens enrôlés, 69, 51 % étaient illettrés. Sur 105 392 émigrants qui ont quitté le Portugal de 1897 à 1901, 54, 44 % était illettrés. Considérant que l'analphabétisme est plus dense chez les femmes que chez les hommes, dans la population d'où sortent principalement les recrues, et doit l'être plus chez les hommes de plus de vingt ans que chez les enfants et adolescents de six à dix-neuf ans, nous pouvons admettre, en dépit des recensements, que les pourcentages relatifs aux illettrés sont exagérés, et qu'ils doivent être réduits à 70 % environ, ou moins encore.

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE. ? 1. Ecoles primaires. ? Le programme comprend (décret du 24 décembre 1901), pour le premier degré : la lecture, l'écriture, les opérations fondamentales de l'arithmétique avec des notions du système métrique décimal, la doctrine chrétienne et les principes de la morale, les éléments du dessin linéaire, des rudiments d'agriculture pratique, des exercices de gymnastique sans appareils ; dans les écoles de filles, la couture et les travaux indispensables aux classes peu fortunées. Pour le second degré, les matières suivantes s'y ajoutent : connaissance élémentaire et pratique de la grammaire portugaise, rudiments des sciences naturelles, applicables spécialement à l'agriculture et à l'hygiène, pratique des opérations arithmétiques sur les nombres entiers et décimaux pour la solution de problèmes faciles d'usage commun, géométrie pratique élémentaire, notions élémentaires de géographie et d'histoire nationale, et premières notions d'instruction civique. Sont dispensés de l'enseignement de la doctrine chrétienne les élèves dont les parents professent une autre religion que le catholicisme. L'obligation de fréquenter l'école cesse lorsque l'élève a atteint l'âge de douze ans, ou lorsqu'il a subi avec succès l'examen du premier degré, auquel il ne peut se présenter avant d'avoir atteint l'âge de neuf ans. Il parait que le plus grand nombre des élèves se contentent du certificat du premier degré ; tel a été le cas, du moins, en 1903, année à laquelle se rapporte la dernière statistique publiée : il s'est présenté, cette année là, aux examens du premier degré 24 688 élèves, et à ceux du second 7595. Comme il a déjà été dit, ce second examen peut être subi dès que l'élève a atteint l'âge de dix ans, et qu'il a fréquenté l'école pendant quatre ans (et souvent encore moins). L'effort des maîtres se concentre principalement sur l'enseignement de la lecture, de l'écriture et du calcul élémentaire, par des procédés généralement mécaniques, et, au second degré, sur celui de la grammaire, où la majorité d'entre eux montrent une grande prédilection pour les subtilités des analyses grammaticale et logique, et la classification des compléments et des propositions, avec une nomenclature pédante. Les résultats, comme les instituteurs en conviennent eux-mêmes, sans voir naturellement à qui la faute en doit être imputée, sont fort peu satisfaisants. ? L'enseignement est réparti sur quatre classes, dont chacune est dirigée par un maître et a sa salle séparée, dans les écoles dites centrales ; les écoles paroissiales n'ont qu'un seul maître, avec ou sans adjoint. Le nombre total des heures destinées à l'enseignement, y compris les intervalles de pause, est de cinq par jour. Outre les fêtes et les dimanches, il y a un jour de congé par semaine, généralement le jeudi. La direction générale de l'instruction primaire, sous réserve de l'approbation du Conseil supérieur de l'instruction publique, organise des horaires modèles ; le nombre des heures de leçons ne peut être ni augmenté ni diminué par le maître ; mais des altérations peuvent être faites, dans certaines conditions, par le sous-inspecteur, en ce qui concerne le commencement et la fin des exercices et la durée de ceux-ci et des pauses. ? A Lisbonne, il y a 23 écoles de quatre classes graduées, qui ont chacune pour chef un instituteur portant le titre de régent (regente). Dans ces écoles, aussi bien que dans toutes les autres, on emploie le mode simultané, qui parfois fait placé au mode individuel. Le mode mutuel, imposé par les lois de 1836, est tombé peu à peu en désuétude. ? Le règlement de 1902 a déterminé le mode de construction du mobilier scolaire, qui, dans la plupart des écoles, n'est nullement conforme à ces instructions, car il est encore, dans la grande majorité, d'une date fort ancienne ; à Lisbonne, pendant la période où l'enseignement primaire était sous l'administration municipale, il fut fait acquisition d'un bon mobilier pour les écoles, ce qui servira de stimulant pour un avenir plus ou moins prochain. Le matériel d'enseignement doit se composer, au moins, d'un tableau noir (généralement en ardoise) de 1 m. X 1 m.30 ; d'un boulier-compteur, d'une collection de poids et mesures (généralement remplacée par une estampe où ils sont figurés), d'une balance (objet rare dans les écoles), d'une carte du royaume (aujourd'hui le gouvernement distribue aux écoles une bonne carte, dessinée à la direction des travaux géodésiques), des îles adjacentes et des possessions d'outremer, et de divers tableaux contenant des alphabets et des syllabaires. Il n'est pas fait usage de ces derniers tableaux dans beaucoup d'écoles qui n'enseignent pas par l'ancienne méthode d'épellation, mais par des méthodes plus avancées. Le gouvernement commence maintenant à doter les écoles d'un autre matériel intuitif. Mais, aux termes de la loi, c'est aux chambres municipales qu'il appartient de doter les écoles du mobilier et du matériel indispensables. ? La loi établit comme moyens de discipline les récompenses et les châtiments ; au nombre de ces derniers sont compris, quoique non expressément, les châtiments corporels « paternellement appliqués et qui ne doivent pas être préjudiciables à la santé des élèves ». L'expulsion d'un élève ne peut avoir lieu que par une décision gouvernementale. La distribution des prix donne lieu actuellement à des fêtes d'apparat, à quelques-unes desquelles président, à Lisbonne, le roi et le ministre de l'intérieur. ? Des dispositions relatives aux conditions hygiéniques des maisons d'école ont été décrétées, mais la plus grande partie de ces maisons sont loin de satisfaire à ces conditions, étant simplement des édifices loués par l'Etat. L'Etat a commencé depuis quelques années à construire des bâtiments scolaires, mais avec beaucoup de lenteur. A Lisbonne, on va procéder à la construction d'un grand groupe scolaire. ? Les cours d'adultes sont de préférence établis dans les écoles de quatre classes, et sont dirigés par les instituteurs de ces écoles. Les cours institués depuis le 19 septembre 1902 sont rétribués par les chambres municipales, excepté à Lisbonne. Ces cours commencent en octobre et durent généralement jusque vers la fin d'avril. Leurs résultats ont été jusqu'à présent très minimes. ? Il n'existe pas encore d'instituts officiels pour les aveugles et les sourds-muets. L'initiative privée a devancé sur ce terrain celle du gouvernement, naturellement de façon très modeste, surtout en ce qui concerne les aveugles.

2. Instituteurs. ? Avant la révolution libérale (1820), les instituteurs étaient appelés maîtres d'école (mestres-escolas) ; les instituteurs officiels, depuis leur création par le marquis de Pombal, s'appelaient maîtres royaux (mestres regios) ; depuis 1834, les lois leur ont accordé le titre de professeurs (professores), chose beaucoup plus facile à faire que de leur payer des traitements convenables. Le traitement est divisé en deux parties : 1° traitement dit de catégorie ; cette partie du traitement est payée même dans le cas où le maître est empêché de remplir ses fonctions, s'il fournit une justification légale de son absence (maladie prouvée par un certificat médical, ou présence dans un autre service public autorisé, etc.) ; 2° traitement dit d'exercice ; cette partie du traitement n'est payée qu'en cas d'activité effective ; elle est supprimée dans les cas d'absence, même s'il s'agit de maladie prouvée. Après beaucoup de variations et des accroissements très lents, la loi du 24 décembre 1901 fixa les traitements des instituteurs de la manière suivante : 3e classe : traite ment de catégorie 130 milreis, traitement d'exercice 35 milreis ; 2e classe, catégorie 150 milreis, exercice 45 milreis ; 1re classe, catégorie 170 milreis, exercice 65 milreis. A Lisbonne et à Porto le traitement est augmenté d'une indemnité de résidence de 54 milreis. L'instituteur qui n'a pas de logement dans l'école reçoit en outre un subside annuel de logement de 100 milreis. Les anciens instituteurs de Lisbonne con servent des traitements supérieurs. Les régents des écoles centrales touchent une gratification annuelle de 60 milreis. Les adjoints ont des traitements de 78 milreis (catégorie) et 30 milreis (exercice) ; à Lis bonne et à Porto ils ont une indemnité de résidence de 54 milreis, et ils touchent comme subside de loge ment 50 milreis. Sont instituteurs de 3e classe ceux qui ont six années de bons et effectifs services ; de 2e classe ceux qui ont plus de six années et moins de douze années de services ; de 1re classe ceux qui ont plus de douze années de services. Etant donné la cherté de la vie en Portugal, ces traitements sont encore très minimes ; ils sont inférieurs à ceux de beaucoup de serviteurs de l'Etat dont les fonctions ont beaucoup moins d'importance. La nomination des instituteurs et des adjoints se fait au concours ; il est nécessaire que les uns et les autres possèdent le diplôme d'une école normale ou celui d'habilitation au magistère. Il n'est pas fait de distinction de race ni de religion ; mais le maître, s'il n'est pas catholique, n'en est pas moins tenu d'enseigner le catéchisme catholique. Les instituteurs et les adjoints peuvent obtenir une pension de retraite. Les instituteurs ne peuvent pas donner de leçons particulières aux élèves de leur école ni à ceux d'autres écoles de la paroisse ; ils ne peuvent pas non plus donner un enseignement privé dans la salle d'école. Beaucoup donnent des leçons à des élèves qui ne sont pas compris dans ces prohibitions, soit sur les matières de l'enseignement primaire, soit sur celles de l'enseignement secondaire, et quelques-uns tirent de là des gains supérieurs à leur traitement officiel ; d'autres se livrent à diverses occupations en dehors des heures de classe.

3. Enseignement normal primaire. ? Il est donné, comme il a déjà été dit, dans les écoles normales et dans celles d'habilitation au magistère. Pour être admis à les fréquenter, il est nécessaire d'avoir satisfait à l'examen d'entrée, ou d'avoir suivi pendant cinq ans les classes d'un lycée public. Chacune de ces écoles a un directeur, qui est en même temps professeur. Dans les écoles normales il y a sept professeurs hommes, ou femmes selon l'établissement ; dans celles d'habilitation au magistère, il y a trois professeurs hommes et deux professeurs femmes. Dans les premières, les traitements des professeurs hommes sont: catégorie 400 milreis, exercice 50 milreis ; ceux des professeurs femmes : catégorie ; 300 milreis, exercice 50 milreis ; dans les secondes, les traitements des professeurs hommes sont: catégorie 360 milreis, exercice 40 milreis ; ceux des professeurs femmes : catégorie 300 milreis, exercice 40 milreis. Le directeur d'une école normale reçoit un supplément de traitement de 100 milreis ; celui d'une école d'habilitation, un supplément de 60 milreis. Les professeurs ont droit à une pension de retraite. Les professeurs qui donneraient des leçons particulières d'enseignement normal seraient révoqués.

Le cours d'études est de trois années et comprend : langue et littérature portugaises, français, arithmétique pratique, géométrie élémentaire, morale, doctrine chrétienne, histoire sainte, notions générales de chronologie, géographie et histoire (spécialement celle de Portugal), calligraphie, dessin linéaire et d'ornement, copie de cartes, droits et devoirs des citoyens, notions de comptabilité commerciale et agricole, éléments de sciences naturelles avec application à l'agriculture et à l'hygiène, notions élémentaires d'agriculture pratique, pédagogie (spécialement méthodologie de l'enseignement primaire), législation de l'école primaire portugaise, gymnastique élémentaire, notions rudimentaires de musique, chant choral, travaux manuels du sexe féminin. Il y a des écoles élémentaires annexes pour l'apprentissage des élèves des écoles normales et des écoles d'habilitation au magistère. ? Le gouvernement fixe chaque année le nombre des élèves qui peuvent être reçus dans la première année de ces écoles. Pour l'année scolaire 1907-1908 aucune admission n'a été autorisée, parce qu'il y avait excès de candidats à des postes d'instituteur ; et cependant le nombre des écoles primaires est tout à fait insuffisant au regard du chiffre de la population scolaire. Les livres, tant pour les écoles normales que pour les écoles élémentaires (et pour les lycées également), doivent être approuvés par le gouvernement, sur le rapport d'une commission spéciale. En 1902-1903, l'enseignement normal a été reçu par 1155 élèves. .

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE. ? Depuis 1844 il y a eu plusieurs réformes de cet enseignement, sans qu'on soit arrivé à des résultats pratiques de valeur considérable. La réforme de 1894-1895 fut la plus étudiée et la plus importante : elle donna à l'enseignement une durée de sept années (cinq en 1860, six en 1880) ; elle organisa l'enseignement par classes, au lieu de l'enseignement par disciplines auquel étaient revenus les décrets des 20 octobre 1888 et 30 décembre 1892 ; elle donna quelques directions pédagogiques utiles ; mais les horaires, et surtout les programmes d'histoire, de sciences et de philosophie, étaient excessivement chargés, le service des professeurs était considérablement augmenté, sans que les traitements eussent été améliorés, et le saut fait de l'ancien ordre de chose au nouveau était trop brusque ; pour ces motifs, et en raison d'autres circonstances encore, cette réforma souleva une véritable tempête ; il en résulta une modification, peu pédagogique, rétrograde même, de la réforme (29 août 1905), modification qui prochainement fera place à une autre. Mais trois résultats ont été obtenus néanmoins: le cours d'études de sept ans (disposition que l'enseignement privé cherche à éluder) a été maintenu ; le système des classes paraît être accepté, malgré la forte opposition qu'il a rencontrée d'abord ; et la fréquentation des lycées a augmenté d'une façon incomparablement supérieure à ce qu'elle était avant 1895. Ainsi Lisbonne, qui n'avait qu'un seul lycée, avec une fréquentation décroissante, en a aujourd'hui trois, dont la nombreuse population exige la construction, à laquelle on procède, de trois vastes édifices. ? En 1902-1903, le nombre des élèves recevant l'enseignement secondaire conformément au plan officiel, et en vue d'obtenir le diplôme correspondant, était de 8059, dont 5204 dans les lycées publics et 2255 dans les établissements privés ou dans la famille, 247 au collège militaire royal, et 263 à l'école Maria Pia. La statistique ne recense pas l'enseignement secondaire officiel qui ne conduit pas aux diplômes. Les portes des lycées publics sont ouvertes au sexe féminin ; mais à Lisbonne, pour les cinq premières années d'études, les jeunes filles ont à suivre les classes de l'école Maria Pia.

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET SPECIAL. ? Nous avons déjà indiqué quels sont les établissements où se donne cet enseignement, dans lequel nous comprenons l'enseignement industriel ou commercial de tous les degrés. L'université a été réformée le 24 décembre 1901 ; mais elle conserve encore le cadre des facultés de la réforme de Pombal, à l'exception de celle de droit canon, fondue avec celle de droit civil par le décret de 1836 : facultés de théologie, de droit, de médecine, de mathématiques et de philosophie (physique, chimie, sciences naturelles). Il y a eu naturellement des modifications dans les programmes de l'enseignement de chacune de ces facultés. En 1902-1903, le nombre des élèves a été le suivant : enseignement industriel et commercial, 5816 ; enseignement agricole et vétérinaire, 266 ; enseignement médical et pharmaceutique, 1012 ; enseignement militaire (y compris l'enseignement élémentaire au régiment), 7750 ; enseignement artistique, 666 ; enseignement supérieur des sciences mathématiques, physiques, chimiques, des sciences naturelles, du génie civil et des mines, 784 ; enseignement du droit, 620 ; enseignement du cours supérieur de lettres, 86 ; enseignement ecclésiastique, 2327.

BUDGET DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. ? Les dépenses inscrites au budget pour l'année 1907-1098 sont les suivantes (indépendamment de celles des directions générales au ministère de l'intérieur, et de la part afférente à l'instruction publique dans l'administration des autres ministères): Conseil supérieur, 6060 milreis ; enseignement primaire, 1 965 300 milreis ; enseignement secondaire, 346655 milreis ; enseignement supérieur, 400950 milreis ; beaux-arts, 51 297 milreis ; bibliothèques et archives, 36 337 milreis ; instruction correctionnelle, 30 786 milreis ; instruction militaire. 251 307 milreis ; instruction navale, 127 568 milreis ; enseignement industriel, commercial et agricole. 321 442 milreis. Total : 3 537 706 milreis, soit un vingt-deuxième des dépenses totales de l'Etat (67 089 269 milreis).

P. S. ? Les données complémentaires qui suivent sont extraites de la plus récente statistique (publiée en février 1910) de l'enseignement primaire : elle se rapporte à l'année scolaire 1907-1908 et ne comprend pas Lisbonne, dont l'inspection spéciale n'a pas fourni les chiffres qui concernent cette ville.

Nombre des professeurs officiels des diverses catégories : en exercice 5655 ; à la retraite 99. Ecoles publiques d'une seule classe (paroissiales) : pour les garçons 2991, pour les filles 1677, mixtes 569, subsidiées 26 ; écoles de quatre classes (centrales) : pour les garçons 9, pour les filles 7 ; total 5279. Cours du soir publics, 148. Professeurs de l'enseignement primaire privé 2149 (hommes 730, femmes 1419). Ont été recensés 655 141 enfants d'âge scolaire (de six à douze ans), nombre de beaucoup inférieur sans doute au nombre réel. Elèves inscrits dans les écoles publiques : d'âge scolaire 196 671, en dehors de l'âge scolaire 30 799 ; élèves inscrits dans les écoles privées : d'âge scolaire 22 497, en dehors de l'âge scolaire 4358 ; total des inscrits d'âge scolaire 219 168, total des inscrits en dehors de l'âge scolaire 35 157 ; total général 254 325. Ainsi, des 655 141 enfants recensés d'âge scolaire, 435 973 n'étaient inscrits dans aucune école. Le total des élèves inscrits offre, sur le total le plus élevé précédemment constaté (1887-1888), un excédent de 8022 élèves, gain bien minime en une période de vingt années, au cours de laquelle un abaissement du chiffre des inscriptions avait été noté en 1900. Il faut ajouter que, d'après la statistique que nous résumons ici, le chiffre de la fréquentation moyenne a été de 175 339 élèves seulement.

La majeure partie des édifices dans lesquels étaient installées les écoles publiques étaient des bâtiments loués ; à peine 1604 écoles étaient placées dans des locaux appartenant à l'Etat ou à des corps administra-fils. A peine 1382 écoles se trouvaient dans de bonnes conditions ; le mobilier était mauvais dans 2090. Il y avait 164 écoles sans professeur, et 678 n'étaient pas en activité pour divers motifs. Dans les cours publics du soir il y avait 4755 élèves, et le chiffre de la fréquentation moyenne était de 3047. Dans les cours temporaires, l'inscription n'avait atteint que le chiffre de 33 élèves, avec une fréquentation moyenne de 15.

Dans le projet de budget de l'instruction primaire pour 1910-1911, la dépense totale des services de l'instruction primaire est estimée à 2 069 296 milreis, celle de l'enseignement normal à 85 631, celle de l'inspection à 38 407, celle des écoles à 1 779 734 milreis (comprenant celles des édifices et du personnel, ainsi que les dépenses diverses) ; d'autres dépenses accessoires s'élevaient à 165 324 milreis.

Deux grands lycées publics (sur trois qui étaient en construction en 1907) ont été construits à Lisbonne ; la construction du troisième, qui fait partie d'un groupe scolaire dont il a été parlé plus haut, est presque terminée.

Bibliographie. ? Collecçâo official de legislaçâo (un volume annuel ; ? Synopse da legislaçâo relativa à instrucçâo primaria (Coimbra, 1848). ? Legislaçâo sobre a inslrucçâo publica desde a reforma de 1836 (Coimbra, 1851). ? Legislaçâo da instrucçâo, compilada por Macedo Alves, 3 vol. (Lisboa, 1889-1904). ? Deoretos, regulamentos, programmas, desde 1844, embrochuras avulsas (Lisboa, Imprensa nacional, etc.) ; Estatisticas diversas (Appendice de Diario de governo, etc.) ; Annuario estatistico de Portugal (les dernières années parues se rapportent aux années 1902-1903 et 1904-1905) ; Censos da populaçào de reino de Portugal, 1864, 1878, 1890, 1900. ? J. Silvestre RIBEIRO, Historia des estabecimentos scientificos, litteriarios e artisticos de Portugal, 17 vol. (Lisboa, 1871-1890). ? D. Antonio DA COSTA, A instrucçâo nacional (Lisboa, 1870) ; Id., Hisloria da instrucçâo nacional (Lisboa, 1871). ? F. Adolpho COELHO, Para a historia da instrucçâo popular (Revista de educaçào e ensino, vol. X, 1895). ? D' ALVEZ DES SANTOS, A nossa escola primaria (Porto, 1910. ? Primo Congresso pedagogico de instrucçâo primaria e popular (Liga nacional de instrucçào, Lisboa, 1909) ; Segundo Congresso (Ibid., 1910).

[F. ADOLPHO COELHO, professeur de pédagogie au Cours supérieur de lettres, à Lisbonne.]

Les 4-5 octobre 1910, une révolution victorieuse a proclamé la république à Lisbonne. Le Portugal fut, au dix-huitième siècle, le premier pays qui expulsa les jésuites (1759). La politique de Pombal a été reprise par le gouvernement républicain : un de ses premiers décrets (8 octobre) a ordonne l'expulsion immédiate de tous les étrangers membres d'une congrégation religieuse ; les membres portugais d'une congrégation seront tenus de vivre en séculiers, ou du moins de ne pas vivre en communauté.