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Platter ou Plater

 Thomas Platter, humaniste et professeur valaisan, né dans un hameau des montagnes du Valais en 1499, mort à Bâle en 1582, est l'une des figures les plus curieuses de l'époque de la Renaissance et de la Réforme. Dans ses premières années, il n'eut d'autre occupation que de garder les troupeaux. Placé ensuite chez un curé, qui lui montra à lire, il y fut si malheureux qu'il s'enfuit avec un de ses cousins plus âgé, pour courir le monde et aller étudier aux écoles. Il existait alors en Allemagne une catégorie d'étudiants vagabonds et mendiants qu'on appelait les « bacchants » ; ils allaient de ville en ville demandant l'aumône, et ne se faisaient pas scrupule de voler au besoin ; ils emmenaient avec eux des (infants qu'ils dressaient à la mendicité et qui, après avoir vécu pendant quelques années dans un état de domesticité, devenaient bacchants à leur tour. Le cousin de Thomas Platter était un bacchant ; avec lui l'enfant parcourut la Suisse, l'Allemagne, la Hongrie, la Pologne, menant une existence peu édifiante et n'apprenant pas grand'chose. Il finit par se séparer de son bacchant, et fut reçu à Schlestadt dans l'école de Jean Sapidus, qui lui enseigna le latin. Il se rendit ensuite à Zurich, et y suivit les leçons de Myconius ; en même temps il apprit le métier de cordier. Il put alors, tout en fabriquant des cordes pour assurer sa subsistance, continuer ses études, et s'appliquer au grec et à l'hébreu. A Bâle, où il se fixa, il travailla quelques années de son métier, puis devint correcteur d'imprimerie, et, en 1541, fut nommé professeur de grec au gymnase de cette ville ; il conserva ces fonctions jusqu'en 1578, époque où ses infirmités le forcèrent à prendre sa retraite. A l'Age de soixante-treize ans, il avait écrit son autobiographie, adressée à son fils aîné Félix. Celle autobiographie est un document très intéressant pour l'histoire des études au seizième siècle ; l'auteur y raconte avec une naïveté charmante ses aventures et ses pérégrinations, et nous fait connaître dans tous ses détails la vie misérable des pauvres écoliers du temps. Connue depuis longtemps par des extraits et des traductions en allemand moderne, elle a été publiée pour la première fois dans son texte original en 1840, d'après le manuscrit autographe conservé à Bâle (Thomas Platter und Felix Platter, zwei Autobiographien. Herausgegeben von Dr D. A. Fechter ; Bâle, 1 vol. in-8°). Il en a été publié à Genève, chez Fick, une traduction française.