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Piétisme

 On appelle piétisme une secte ou, plus exactement, un courant religieux qui se produisit au sein du luthéranisme allemand à partir de la seconde moitié du dix-septième siècle, et dont les principaux représentants eurent une influence considérable sur e développement et les progrès de l'éducation en Allemagne. Le fondateur du piétisme est le théologien Spener, né en 1635 à Ribeauvillé en Alsace, qui occupa diverses fonctions ecclésiastiques à Francfort d'abord, puis à Dresde et à Berlin. Au formalisme sec et froid de la tradition luthérienne, Spener opposait la foi du coeur ; il cherchait à réveiller la vie religieuse, la piété évangélique : de là le nom de piétistes donné à ses partisans par des adversaires qui les accusaient de pousser au séparatisme dans l'église et de favoriser le penchant à l'hypocrisie. Sans doute le mouvement piétiste ne peut être rangé au nombre de ceux qui ont contribué à émanciper l'esprit humain : on lui reproche, au contraire, à juste titre, de n'avoir eu de la vie et de la science qu'une conception étroite, et d'avoir, dans son rigorisme, montré un injuste dédain pour les arts et les lettres. Mais il faut reconnaître qu'il a compté dans ses rangs des hommes d'une réelle intelligence, dont plusieurs ont rendu des services à la cause de l'éducation.

Ce fut sous l'impulsion de Spener, et afin de créer un foyer d'études théologiques d'où la doctrine piétiste pût rayonner sur l'Allemagne, que l'électeur de Brandebourg Frédéric créa en 1694 l'université de Halle. Au nombre des professeurs de la nouvelle université se trouvait Francke, dont la remarquable activité pédagogique a été étudiée dans un article spécial. Bornons-nous à rappeler ici que l'orphelinat créé par Francke a servi de modèle à de nombreuses institutions de ce genre, et que son Paedagogium a été en Allemagne le premier établissement d'enseignement secondaire où les jeunes gens qui se destinaient aux carrières de l'administration, du commerce ou de l'industrie aient pu recevoir un enseignement ayant un caractère pratique. Un collègue de Francke, Semler, fonda à Baile en 1706 la première Realschule, et ce fut encore un piétiste, sorti du Paedagogium de Francke, Hecker, qui créa en 1746 la Realschule de Berlin (Voir Realschule). « De même que le piétisme. dit Palmer, en opposition à l'orthodoxie, donnait au christianisme pratique, à la vie chrétienne réelle la préférence sur la doctrine, sur le dogme abstrait ; de même il voulut que l'école enseignàt les choses utiles à la vie pratique, de préférence à la science morte des livres. » Non scholae sed vitae discimus était la devise qu'avait adoptée Semler.

Nous devons encore mentionner, parmi les représentants du piétisme, le comte de Zinzendorf, le rénovateur des communautés moraves, et trois éducateurs distingués : le pasteur wurtembergrois Flattich, Zeller, le directeur des asiles de Beuggen près de Bâle, et Wichern, le fondateur du Rauhe Haus près de Hambourg.