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Pie II

Aeneas Sylvius Piccolomini, qui fut pape sous le nom de Pie II, a été l'un des hommes les plus lettrés de son temps. Né en 1405 à Cossignano en Italie, il assista à l'âge de vingt-six ans au concile de Bâle comme secrétaire du cardinal Capranica, devint en 1442 secrétaire de l'empereur Frédéric III, qui l'employa comme ambassadeur, et fut ensuite envoyé comme nonce en Autriche et en Bohême par le pape Nicolas V. Cardinal en 1456, et pape en 1458, il mourut en 1464. Il a laissé de nombreux ouvrages de théologie, d'histoire, de géographie, des discours, des lettres, des poésies, et même un roman. Pendant son séjour en Autriche, il écrivit (1450) pour le jeune roi de Hongrie et de Bohême Ladislas un Traité de l'éducation des enfants (Tractatus de liberorum educatione ad Ladislaum Ungariae et Boliemiae regem). Cet ouvrage se compose d'une cinquantaine de chapitres, où l'auteur traite successivement de l'éducation du corps et de celle de l'esprit. Il attache une grande importance à la santé, et donne des conseils sur la façon de nourrir les enfants et de fortifier leur tempérament ; il recommande en même temps d'éviter les commodités superflues et se prononce (chapitre De corporalibus deticiis compescendis) en faveur du système d'endurcissement du corps. Mais n'est l'éducation de l'esprit qui le préoccupe surtout : « Bien, dit-il, n'est plus précieux, rien n'est plus beau qu'un esprit éclairé » (Nihil est in terrâ pretiosius, nihil prsestantius illuminato intellectu). Il passe successivement en revue les différentes branches de son programme d'instruction, qui ne sont autres que les sept « arts libéraux » : grammaire, rhétorique, dialectique, musique, géométrie, arithmétique, astronomie ; il s'étend très longuement sur la grammaire, donne des préceptes de style, et recommande, comme le meilleur moyen de se former à l'art de la parole, la lecture assidue des poètes, des historiens et des orateurs, particulièrement de Cicéron. Le jeune souverain auquel Aeneas Sylvius adressait son traité n'avait encore que douze ans ; pour le stimuler et lui montrer la nécessité de l'étude, le nonce lui représente, dans son préambule, « qu'un roi ignorant est un âne couronné ». Ladislas ne profita guère des leçons du docte Piccolomini ; on sait que, chassé par ses sujets hongrois à cause de ses vices et de sa cruauté, il mourut âgé de dix-neuf ans à peine. Le traité d'Aeneas Sylvius a été imprimé à Cologne en 1477, 1 vol. in-4° ; on le trouve aussi dans le recueil des oeuvres complètes de ce pape (AEneae Sylvii Piccolorninei opéra quae exstant omnia, Bâle, 1551, 1 vol. in-folio), pages 965-992.