bannière

p

Payan (Joseph)

 Joseph-François de Payan du Moulin, d'une famille noble du Dauphiné, est né le 19 février 1759 à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme). Il était le frère aîné de Claude Payan, qui remplit, du 8 germinal au 9 thermidor an II, les fonctions d'agent national près la Commune de Paris et fut guillotiné le 10 thermidor. Avant 1789, Payan du Moulin était conseiller-maître à la Chambre des comptes de Grenoble. Il adopta les principes de la Révolution ; en 1793, il se prononça pour la Montagne contre la Gironde, et devint procureur syndic du département de la Drôme. Lorsque le décret du 12 germinal an II eut créé les Commissions exécutives, le choix de la Convention pour les fonctions de commissaire de l'instruction publique se porta (29 germinal) sur Payan du Moulin, dont le frère venait d'être nommé agent national à Paris. On lui donna pour adjoints le jeune Jullien fils, et plus tard Fourcade. Les bureaux de la Commission exécutive de l'instruction publique furent installés au Petit-Luxembourg.

Les renseignements nous manquent sur l'oeuvre accomplie par cette première Commission exécutive, dont les pouvoirs prirent fin au 9 thermidor. Ginguené, qui fit partie de la Commission exécutive nommée en fructidor an II, a jugé d'une façon par trop sommaire et dédaigneuse le travail de ses prédécesseurs : il parle « du chaos qu'avait laissé après elle la Commission Payan ». On ne doit pas accepter sans examen cette condamnation prononcée par un adversaire. Voici comment l'action personnelle de Payan du Moulin est appréciée par l'auteur de la notice qui lui est consacrée dans la Biographie nouvelle des contemporains, d'Arnault, Jay, de Jouy et de Norvins, peu suspecte de flatterie à l'adresse des républicains : « Il contribua, autant qu'il était possible en ces temps malheureux, à l'encouragement des lettres, des sciences et des arts. Il obtint, par ses instances réitérées auprès du Comité de salut public, la mise en liberté de plusieurs hommes de lettres et artistes recommandables, injustement détenus. » Après le 9 thermidor, Joseph Payan fut enveloppé dans la proscription qui atteignit tous ceux qu'on soupçonnait d'être attachés à Robespierre ; mais c'était le frère de l'énergique Claude Payan qu'on avait voulu frapper, bien plus que le commissaire de l'instruction publique. Un décret du 11 thermidor le mit hors la loi ; il parvint à quitter Paris et se réfugia en Suisse. En l'an IV, le décret du 11 thermidor ayant été rapporté, il put rentrer en France. Il fut nommé, un peu plus tard, directeur des contributions directes, « et en exerça les fonctions, dit son biographe, pendant dix-huit années consécutives dans divers départements ; il prit sa retraite en 1816 ». Il se retira dans la Drôme, où il vécut, tranquille et oublié, pendant trente-six ans encore. De 1830 à 1848 il fut maire de la petite commune d'Alixan ; trois semaines après la révolution de Février, il adressa sa démission au commissaire du gouvernement provisoire par la lettre suivante, datée du 14 mars : « Citoyen commissaire, mon grand âge et l'altération de ma santé ne me permettant plus de diriger l'administration de la commune d'Alixan, je vous prie de recevoir ma démission des fonctions de maire, et l'expression de ma vive sympathie et de mes voeux pour la gloire et la prospérité de la République, que j'ai eu le bonheur de voir inaugurer pour la seconde fois dans ma longue carrière. Salut et fraternité. » Il mourut le 20 mai 1852, dans sa quatre-vingt-quatorzième année.

James Guillaume