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Paris (Aime-Nanine)

Aimé Paris, né à Quimper le 19 juin 1798, mort à Paris le 29 novembre 1866, est l'un des trois fondateurs de l'école musicale Galin-Paris-Chevé. Il commença ses études au collège de Laon, lit sa rhétorique au lycée Charlemagne, suivit les cours de l'Ecole de droit de Paris, et fut reçu avocat en 1818. Bientôt après il quitta le barreau, à la suite d'un vol dont il fut victime de la part d'un client qu'il venait de faire acquitter en police correctionnelle.

Il avait, étudié la sténographie de Conen de Prépéan ; son esprit méthodique et rigoureux réduisit aux règles les plus simples l'alphabet sténographique de celui-ci. Dès 1820 il était le sténographe du Courrier Français ; en 1822 il passa en la même qualité au Constitutionnel, où il resta cinq ans, chargé du compte-rendu des séances du Parlement.

Ayant eu l'occasion de suivre, en 1821, les cours de musique de Galin, il se passionna pour le maître, dont il devint le disciple convaincu et l'ami dévoué, et qui mourut l'année suivante.

Nourri des travaux de Destutt de Tracy et de Le-mare, Aimé Paris fit de la philosophie des signes l'objet constant de ses études. S'étant initié aux procèdes mnémoniques de Grégoire de Fénaigle, il reconnut et redressa les points faibles de la théorie de celui-ci, et réussit à faire de la mnémotechnie un système facilement praticable. Il obtint des succès qui dépassèrent ses espérances. En 1822, il fut nommé professeur à l'Athénéé royal de Paris ; il ouvrit à Paris des cours publics qui eurent beaucoup de vogue ; il entreprit, entre les sessions parlementaires, dans les grandes villes de France, une série de conférences publiques sur la mnémotechnie, la sténographie et le système d'enseignement musical de Galin. Le succès à Lyon, Rouen et Nantes en 1823 avait été aussi grand qu'à Paris. Mais un préfet ombrageux fit fermer le cours d'Aimé Paris, sous prétexte que les points de repère mnémoniques dont il faisait usage contenaient des allusions malveillantes contre le gouvernement de Louis XVIII. L'interdiction ne fut levée qu'en 1828 ; dans l'intervalle Aimé Paris dut aller faire ses cours en Belgique, en Hollande et en Suisse. De 1823 à 1834, cinquante-quatre cours publics dans quarante grandes villes de France et de l'étranger furent faits par Aimé Paris avec un succès qui ne se démentit point.

A partir de 1834, Aimé Paris se voua essentiellement à la vulgarisation de l'enseignement musical d'après la méthode de Galin, reléguant au second plan la mnémotechnie et la sténographie qui lui avaient valu sa grande notoriété et l'avaient fait vivre jusqu'alors. De 1834 à 1866, année de sa mort, Aimé Paris consacra à cette oeuvre toutes ses forces. Il fut puissamment secondé par sa soeur Nanine Paris, qui, dès 1829, s'était appliquée à donner aux idées théoriques de Galin ce qui leur manquait, un ensemble d'exercices formant un tout cohérent. Nanine Paris a été le véritable créateur, par ses travaux originaux, de la partie pratique de la méthode. Elle épousa, en 1839, son cousin Emile Chevé, qui, gagné par elle et par son frère aux idées de Galin, se fit, lui aussi, un ardent propagandiste de la doctrine nouvelle (Voir Chevé) ; et elle publia en collaboration avec son mari deux importants ouvrages, une Méthode élémentaire de musique vocale (2e éd., 1844) et une Méthode élémentaire d'harmonie, en deux parties (1845 et 1846). La part d'Aimé Paris dans l'oeuvre commune fut la création de la langue des durées, qui, a écrit, Emile Chevé, « rend chacun maître des effets de durée les plus compliqués ».

Aimé Paris fut un savant distingué, un pédagogue éminent, un inventeur ingénieux. Le lecteur qui voudrait avoir une idée plus complète de ses travaux pourra consulter trois feuilletons d'Alexis Azevedo, son disciple, dans l'Opinion nationale des 25 août, 1er et 8 septembre 1863, réunis plus tard en une brochure ayant pour titre : Aimé Paris et ses inventions.

Paul Guilhot