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Paraguay

Le Paraguay (Amérique du Sud) est limité au Nord par la Bolivie ; à l'est, par le Brésil (au nord) et la République Argentine (au sud) ; à l'ouest, par la Bolivie (au nord) et la République Argentine (au sud) ; au midi par la République Argentine. Il se compose de deux moitiés, séparées l'une de l'autre par la rivière Paraguay : le territoire du Paraguay proprement dit, à l'Est, entre les rivières Parana et Paraguay ; et le territoire du Chaco, à l'ouest, entre le Rio Paraguay et le Rio Pilcomayo ; la partie septentrionale du Chaco, encore peuplée d'Indiens sauvages, forme un objet de litige entre le Paraguay et la Bolivie. La superficie du Paraguay, non compris la partie litigieuse, est d'environ 447 000 kilomètres carrés, dont 168 000 pour le Paraguay proprement dit.

La population du Paraguay se compose d'Indiens, appartenant à la race des Guaranis, de descendants des Espagnols, d'Européens immigrés, et de métis des races indienne, blanche et noire. Il n'y a plus d'Indiens sauvages que dans le Chaco, où la population indienne compte environ 100 000 tètes. Avant la grande guerre qui désola le pays de 1864 à 1870, la population totale du Paraguay était évaluée à plus d'un million d'habitants ; en 1872, elle était réduite à 230 000 habitants ; en 1904, le pays comptait 700 000 habitants. La population de la capitale, Asuncion, était de 51 719 habitants au recensement de 1900 ; elle dépasse aujourd'hui 70 000 habitants.

La langue officielle est l'espagnol ; mais un grand nombre de nationaux emploient presque exclusivement l'idiome guarani. Dans les colonies étrangères, on parle les langues des pays d'origine des immigrants ; l'italien, le français et l'allemand prédominent.

Historique. — Occupé par les Espagnols dès la première moitié du seizième siècle (Asuncion fut fondée en 1535), le Paraguay fut colonisé à partir du commencement du dix-septième siècle par les Jésuites, qui obtinrent du roi d'Espagne Philippe III le droit exclusif d'administrer ce pays. Voltaire, dans un chapitre célèbre de l'Essai sur les moeurs, et Chateaubriand, dans son Génie du Christianisme, ont décrit les moyens employés par les Pères pour assurer leur domination sur les paisibles Indiens Guaranis ; pendant un siècle et demi, le Paraguay forma un Etat théocratique, dont l'entrée était rigoureusement interdite à tout étranger. En 1767, le gouvernement espagnol ayant prononcé la suppression de tous les établissements des Jésuites, le Paraguay fut réuni à la vice-royauté de la Plata. En 1783, un collège fut fondé dans la ville d'Asuncion. Lors de la révolte des colonies espagnoles d'Amérique, le Paraguay se constitua en un Etat indépendant sous la direction du Dr Francia. qui de 1814 à 1840 y exerça une véritable dictature. Francia avait repris les traditions des Jésuites, et son despotisme soupçonneux tenait le pays fermé aux étrangers (on sait qu'il retint en captivité pendant dix ans l'explorateur français Bonpland) ; mais c'était un despote éclairé, nourri des principes de la philosophie du dix-huitième siècle: il lit la guerre au clergé, fonda de nombreuses écoles, et développa de son mieux la prospérité matérielle des populations à demi sauvages qu'il gouvernait si l'on peut s'en rapporter au témoignage d'un voyageur cité par Alexandre de Humboldt en 1824, tous les Paraguayens savaient lire et écrire. A la mort de Francia, après quelques troubles civils, le gouvernement fut remis à deux consuls, dont l'un était Carlos-Antonio Lopez, neveu du dictateur ; et un Congrès national, réuni à Asuncion, proclama le 25 novembre 1842 l'indépendance du Paraguay, qui existait de fait depuis 1811. En 1844, Lopez, démasquant ses vues ambitieuses, se fit donner le titre de président de la République, et exerça à son tour la dictature à l'exemple de son oncle. Il laissa le pouvoir en 1862 à son fils Solano Lopez, qui lui succéda dans ses fonctions de président et dont le gouvernement ne fut pas moins despotique. La guerre que le Paraguay eut à soutenir, de 1864 à 1870, contre le Brésil, l'Uruguay et la République Argentine, se termina par la mort de Solano Lopez ; le Paraguay subit des pertes matérielles énormes ; plus des trois quarts de ses habitants avaient succombé dans cette lutte atroce ; mais il se trouva affranchi de la longue tyrannie qui avait pesé sur lui pendant plus d'un demi-siècle. Une constitution nouvelle, votée le 24 novembre 1870, institua un gouvernement représentatif, composé d'une Chambre des députés, d'un Sénat, et d'un président assisté de cinq ministres exerçant le pouvoir exécutif ; la constitution a garanti le libre exercice de tous les cultes (art. 18), et a confirmé (art. 8) le principe de l'instruction obligatoire, qui avait déjà été proclamé par une ordonnance de Lopez père. L'ancien collège d'Asuncion, qui avait cessé d'exister sous la domination de Francia, fut rétabli par Lopez père. Quant à l'instruction primaire, elle était, d'après les rapports officiels, dans un état assez florissant avant la guerre de 1864: le nombre des élèves était évalué en 1856 à 16 753.

Etat actuel de l'instruction publique.— L'autorité scolaire supérieure est le ministère de la justice, des cultes et de l'instruction publique.

La loi municipale du 21 avril 1882, que nous avons sous les yeux, détermine de la manière suivante, en son article 48, les attributions des municipalités en matière d'instruction publique: «Les municipalités règlent la méthode qui doit être suivie dans les écoles primaires et d'arts et métiers (escuelas de primeras letras, artes ù oficios) ; elles créent un département d'éducation, dont elles doivent prendre l'avis en tout ce qui touche à l'amélioration de l'instruction et à l'adoption des méthodes les plus faciles pour l'enseignement, et des règles les plus convenables pour l'administration intérieure de ces établissements ; elles règlent ce qui concerne les examens, les récompenses, et les conditions requises pour enseigner dans les écoles municipales ; elles nomment les maîtres de l'enseignement primaire, et ceux des autres ordres d'enseignement qui sont payés sur les fonds municipaux ; elles veillent à l'administration et à l'accroissement des bibliothèques des écoles publiques, à la conservation et au développement des musées ; et elles répriment tout ce qui pourrait offenser la morale publique et corrompre les moeurs ».

Nous trouvons dans une publication semi-officielle parue à Bruxelles en 1906, Le Paraguay décrit et illustré (traduit de l'allemand de M. R. von Fischer-Treuenfeld, consul général du Paraguay pour le royaume de Saxe), les renseignements suivants :

Les établissements d'enseignement se divisent en écoles inférieures ou populaires, écoles moyennes ou collèges nationaux, et écoles supérieures ; il y a en outre quelques écoles privées et professionnelles.

L'instruction dans les écoles populaires est gratuit et obligatoire. Le budget de l'Etat, en 1903, comportait de ce chef un poste de 1 626 869 pesos (la valeur nominale du peso papier est d'environ 5 francs ; au change, sa valeur varie entre 50 et 60 centimes). Le nombre des élèves fréquentant les écoles populaires était en 1903 de 27 858, et en 1905 de 30 000 environ.

Dans les écoles moyennes, le cours d'études dure six années et se termine par l'examen d'admission à l'université. En 1903 il y avait, y compris les écoles supérieures, 365 établissements d'instruction fréquentés par 30509 élèves, avec 858 professeurs et maîtres. L'université d'Asuncion comprend deux facultés, le droit et la médecine, avec des sections pour les mathématiques, la pharmacie et l'obstétrique. Il existe un séminaire, sous la surveillance de l'évêque, pour former des prêtres et des professeurs. Il v a de plus une école d'agriculture avec une station d'essai, école fréquentée en 1901 par 110 élèves ; une école industrielle fonctionne également.

En dehors des écoles nationales, on compte un certain nombre d'écoles privées et plusieurs écoles étrangères, notamment des écoles allemandes que patronne et subventionne le gouvernement allemand.

L'instituto Paraguayo, a qui pour but l'avancement des sciences et des arts, a pu se développer grâce aux subsides des particuliers et à la subvention de l'Etat. Il centralise tout ce qui se rapporte à la science, et prend part aux congrès scientifiques internationaux. Sa section littéraire publie un important périodique mensuel, la Revue de l'Institut Paraguayen. C'est en même temps un établissement d'enseignement, dont les cours comprennent la musique, le dessin et la peinture, le commerce, la télégraphie et la sténographie, et la littérature.