Cette colonie (Orange River Colony), qui formait précédemment l'Etat libre d'Orange, est située au nord du fleuve Orange et au sud de la rivière Vaal ; elle a une superficie d'environ 50000 milles carrés, et une population d'environ 387 315 habitants. L'Etat libre d'Orange avait été formé vers 1840 ; en 1848, les Anglais s'en emparèrent momentanément, mais en 1854 ils reconnurent son indépendance. En mai 1900, à la suite d'une guerre sanglante, l'Etat libre fut annexé comme colonie à l'Empire britannique. La colonie a reçu l’autonomie en 1907 ; depuis 1909 elle fait partie, comme province, de l'Union de l'Afrique du Sud (Voir Transvaal).
Le nombre des élèves des écoles du gouvernement s'est considérablement accru depuis le commencement de l'administration britannique ; mais l'Etat libre d'Orange possédait déjà une organisation scolaire complète, organisation qui est restée la même dans ses grandes lignes, et qui va être brièvement décrite.
Une loi de 1895 a prescrit que tous les enfants de l'âge de dix ans à celui de seize, domiciliés dans un rayon de deux milles d'une école du gouvernement, seraient tenus de fréquenter cette école, à moins de recevoir l'instruction d'autre façon. Les écoles fondées ou aidées par le gouvernement étaient: 1° des écoles ambulantes, ou de fermes ; des écoles fixes de quartier (fixed ward schools): 3° des écoles de village ; 4° des écoles de district ; 5° des écoles supérieures (high schools). Ces écoles étaient administrées en partie par le Département d'éducation, en partie par des comités locaux ; leur dépenses étaient couvertes, pour la plus grosse part, au moyen de subventions du gouvernement et pour le reste par les ressources locales.
Les instituteurs devaient être munis d'un brevet (certificate) ; celui du rang le moins élevé, requis poulies écoles de fermes et pour les écoles de ward, est le certificat de troisième classe, obtenu à la suite d'un examen dont le programme correspond à peu près à celui du 6e standard anglais. Là langue d'enseignement, à partir du 2e standard, pouvait être soit l'anglais, soit le hollandais ; mais cette dernière langue devait, en tous cas, être employée au moins pour une moitié des leçons. Au collège Grey (garçons) et au « Dames Institut » (filles), tous deux à Bloemfontein. qui étaient les deux établissements supérieurs d'éducation de la République d'Orange, une disposition spéciale portait que l'enseignement de l'histoire sainte et celui de la géographie seraient donnés en hollandais.
Cette organisation scolaire prit fin, naturellement, lorsque éclata la guerre de l'Afrique du Sud dans l'automne de 1899. Un petit nombre d'écoles, dans les villes (le collège Grey fut de ce nombre), restèrent néanmoins ouvertes ; mais, jusqu'à la fin de la guerre, ce furent surtout les écoles créées par l'administration anglaise dans les « camps de concentration » pour les femmes et les enfants des burghers, qui reçurent les élèves. Dans ces camps, pour citer les paroles de M. E. B. Sargant, qui fut le premier fonctionnaire chargé de l'organisation de l'éducation par le nouveau gouvernement, « pendant plusieurs mois, en dépit du vent et du soleil, les enfants furent groupés sur des bancs singulièrement incommodes, pour lire leurs Bibles hollandaises et pour apprendre à parler anglais : la journée presque entière était occupée par ces deux sujets, auxquels s'ajoutaient l'écriture et l'arithmétique ». Lorsque la capitulation eut été signée à Vereeniging, le 31 mai 190.', il y avait plus de 12 000 enfants dans les écoles de ces camps, tandis que le nombre des élèves fréquentant les écoles des villes était seulement de 2691.
Une fois la guerre terminée, et la République d'Orange définitivement transformée en colonie britannique, un directeur et un directeur adjoint de l'éducation furent nommés, avec la mission de réorganiser les écoles dans toute la colonie ; et les circonstances rendirent inévitable l'établissement d'une forte centralisation. Trois types d'écoles furent institués : des écoles urbaines, des ward schools (dans lesquelles la fréquentation moyenne ne devait pas être inférieure à 25 élèves), et des écoles de fermes dans les districts éloignés ; ces dernières avec un caractère semi-privé. Une ordonnance d'éducation de 1903 édicta des dispositions pour la nomination de comités scolaires qui auraient à s'occuper des affaires scolaires locales ; mais comme ce fut le gouvernement qui paya seul toutes les dépenses, il garda tout le pouvoir en mains. Cet état de choses amena un conflit avec l'Eglise réformée hollandaise, et quelques écoles, qu'on appela « écoles chrétiennes nationales », furent ouvertes par cette Eglise en opposition à celles du gouvernement ; mais en 1905 un compromis s'établit, et une nouvelle ordonnance fut promulguée cette année-là. Les principales dispositions de cette ordonnance furent : 1° les écoles chrétiennes nationales fusionneront avec les écoles du gouvernement ; 2° l'anglais continuera à être la langue d'enseignement, mais un temps égal sera consacré à l'étude de l'anglais et à l'étude du hollandais ; 3° l'enseignement de l'histoire sainte sera donné par les instituteurs et les institutrices, mais une conscience clause sauvegardera les droits des parents et ceux des instituteurs ; en outre, les ministres des différents cultes pourront donner à l'école même, un jour par semaine, l'enseignement religieux de leur confession ; 4° les comités scolaires seront reconstitués ; un certain nombre de membres, formant la majorité, seront élus ; les autres seront nommés par le gouvernement ; un sixième de la dépense des écoles sera couvert par une taxe locale de 10 shillings à payer par tous les Européens du sexe masculin âgés de plus de vingt et un ans.
Une autre ordonnance, de 1907, a permis d'accroître les ressources locales au moyen d'une taxe graduée sur le revenu.
A la fin de 1907, la colonie du fleuve Orange a été dotée de l'autonomie, et en 1908 a été voté un School Art qui est entré en vigueur en novembre de la même année. Voici les principales dispositions de cette loi :
Une rétribution scolaire est exigée des élèves dans toutes les écoles primaires et secondaires publiques, et dans les écoles privées subventionnées, exception faite pour les enfants nécessiteux. La langue anglaise et la langue hollandaise sont, de façon générale, placées sur un pied d'égalité comme langues d'enseignement. A l'exception de quelques high schools, toute école primaire et toute école secondaire est placée sous la surveillance d'un comité élu par les parents des enfants qui fréquentent l'école. Dans chaque district, le District Board est l'autorité locale centrale.
La majorité des membres de ce Board (qui sont au nombre de neuf en tout) est élue par les comités scolaires du district ; les autres membres sont nommés par le ministre de l'éducation. L'instruction religieuse ne peut être donnée que par les membres du personnel enseignant de l'école ; tout enseignement religieux confessionnel (denominational) est interdit pendant les heures de classe, excepté dans les écoles rurales où les parents désirent qu'un semblable enseignement soit donné.
Des amendements à cette loi sont soumis à la discussion, mais il n'est pas possible de dire quel sera le résultat qui sortira de ces débats.
Les principales écoles secondaires de la colonie sont: la Grey College School (garçons), la Eunice High School (filles), toutes deux à Bloemfontein, et la High School à Kroonstad.
La colonie compte encore d'autres établissements d'éducation. Des classes du soir donnent un enseignement complémentaire sur diverses matières littéraires, commerciales et techniques, et une industrial school existe à Bloemfontein. Une école normale pour les instituteurs a été fondée à Bloemfontein également : on y donne en particulier l'enseignement de la cuisine, de la coupe des vêtements, de la couture et de la dentelle. Enfin, on trouve à Bloemfontein le Grey University College où sont enseignés le latin, le grec, l'anglais, la philosophie, le hollandais et d'autres langues modernes, les mathématiques, la physique, la chimie, les sciences naturelles et le droit : cette institution prépare ses élèves à subir l'examen intermédiaire et celui de bachelier ès arts de l'université du Cap.
Le nombre total des élèves fréquentant les écoles urbaines et rurales en septembre 1909 était estimé à 18 863.
Tout ce qui précède se rapporte uniquement aux enfants de race blanche. Quant aux enfants de race indigène, le gouvernement n'a pas ouvert d'écoles à leur usage (excepté une école industrielle de filles). Mais il subventionne les diverses églises à proportion du nombre des enfants indigènes qui fréquentent les écoles de leurs missions ; et il accorde un subside à une école industrielle de garçons établie par la Mission wesleyenne. On estime qu'au total les écoles d'indigènes sont fréquentées par 10 000 enfants environ. Dans quelques cas, le désir d'instruction est si grand que les indigènes se sont imposé à eux-mêmes une taxe scolaire spéciale : on cite une localité où cette taxe s'élève à dix shillings par tête.