bannière

o

Officiers

 On donnait le nom d'officiers, dans les écoles d'autrefois, à des élèves que le maître chargeait de divers offices qu'ils exerçaient sous son autorité, de manière à l'aider dans la conduite de sa classe. l'Ecole paroissiale, ouvrage publié en 1654, consacre tout un chapitre (1re partie, article 4) à traiter des divers officiers de l'école. L'auteur explique d'abord la nature et les avantages de cette institution de la manière suivante :

« Pour bien conduire un royaume, une armée, une ville, une famille, il faut qu'il y ait de l'ordre. Et celui qui est le chef doit se servir de divers officiers, qui se rapportent l'un à l'autre, par subordination. C'est ce qui doit se pratiquer exactement dans une école, où le maître qui en est le chef doit se servir de ses écoliers (comme nous voyons pratiquer dans les collèges et écoles les mieux ordonnées) qui lui aideront, non seulement à conduire leurs compagnons, mais encore pour les porter eux-mêmes dans la perfection de la vertu et de la science, par émulation et par affection, tant à leur propre bien qu'à celui de leurs compagnons ; car c'est un excellent moyen pour apprendre, d'écouter, encore plus, d'étudier, et beaucoup davantage, en enseignant les autres. »

Vient ensuite une énumération des divers officiers, de leurs titres et de leurs attributions. Ce sont : 1° Les intendants, au nombre de deux, choisis parmi les plus grands ; ils doivent veiller sur tous les autres officiers, et instruire les nouveaux officiers de leurs devoirs ; 2° les observateurs, au nombre de deux, chargés plus spécialement de la discipline : « ils écrivent les délinquants et immodestes sur un morceau de papier » ; 3° les admoniteurs, qui sont adjoints aux observateurs ; ils doivent nommer tout haut les élèves qui méritent d'être repris, afin que le maître les punisse ; 4° les répétiteurs, au nombre d'une douzaine, choisis parmi les plus avancés ; ils l'ont réciter les leçons, et montrent l'alphabet aux plus petits ; deux répétiteurs fonctionnent à la fois, un de chaque côté de la classe ; au bout d'une demi-heure, les intendants en désignent deux autres pour les remplacer, et ainsi de suite toutes les demi-heures ; 5° les récitateurs de prières ; ce sont deux élèves pris parmi les plus sages ; 6° les lecteurs, au nombre de trois, « pour faire la lecture spirituelle, tant aux dimanches et festes qu'ès veilles des testes solennelles » ; 7° deux officiers d'écriture, qui viennent avant la classe préparer « les papiers, cornets d'encre et boëttes à poudre » ; 8° deux receveurs pour l'encre et la poudre, qui « auront le soin par ensemble de recueillir et faire payer aux écrivains pour chacun mois quinze deniers pour l'encre et pour la poudre » ; 9° les balleyeurs, qui sont choisis de quinzaine en quinzaine parmi les plus forts ; 10° les officiers pour aller à l'eau ; ce sont les « balleyeurs » sortants de charge ; 11° le portier ; le maître désigne chaque quinzaine pour cet office deux élèves, « qui auront alternativement le soin d'ouvrir et fermer la porte » ; 12° l'aumônier ; c'est « un de ceux qui n écrivent point », choisi tous les mois « pour recueillir, après le déjeuner et le goûter, ce que les écoliers voudront volontairement donner pour les pauvres. Toutes ces petites aumônes ramassées, il les portera au maître, qui les distribuera aux pauvres écoliers de l'école qui en ont le plus besoin» ; 13°les visiteurs, qui doivent être au nombre de huit pour une école de cent élèves ; leur charge est d'aller au domicile de leurs camarades s'informer de la conduite de ceux-ci. Ils doivent demander : si un tel prie Dieu soir et matin, et s'il dit le bénédicité et les grâces ; s'il n'est point gourmand et menteur à la maison ; s'il est bien obéissant à tout ce qu'on lui commande ; s'il ne bat ou querelle ses frères, soeurs, serviteurs ou servantes ; s'il ne sort point (sans demander congé) de la maison, et s'il revient à l'heure de l'école. Ils auront soin d'écrire les réponses des parents pour les rapporter aux maîtres.

L'organisation indiquée dans l'Ecole paroissiale, oeuvre d'un prêtre de Paris, paraît avoir été adoptée au dix-septieme siècle dans la plupart des écoles de France: pour ne citer ici que deux exemples, Démia la recommande dans son statut de 1676 pour les maîtres et maîtresses du diocèse de Lyon (« Chaque maître et maîtresse se conformera autant que faire se pourra aux règlements et au livre intitulé L'Ecole paroissiale, qu'un chacun aura et lira soigneusement»), et Nesmond, évêque de Bayeux, en parle également dans son Plan d'instruction et d'éducation (1671).

J.-B. de La Salle, à qui l'on a quelquefois attribué le mérite de l'invention des officiers, s'est borné, comme on voit, à transporter dans les écoles des Frères une institution qu'il trouva fonctionnant déjà dans les écoles existantes. Voici le dénombrement que donne la Conduite des écoles (édition de 1838) des officiers employés dans les écoles des Frères : deux récitateurs de prières, un porte-aspersoir, un ou deux porte-chapelets, un sonneur, plusieurs surveillants, plusieurs répétiteurs, plusieurs vérificateurs des pensums, deux balayeurs, un portier.

On sait comment, sous le nom de moniteurs, les anciens officiers devinrent le ressort principal du système d'enseignement mutuel. — Voir Moniteurs et Mutuel {Enseignement).