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Nicaragua

 Le Nicaragua, après la rupture des liens qui attachaient les colonies espagnoles d'Amérique à la mère-patrie, fit d'abord partie de la Confédération de l'Amérique centrale ; il est devenu une république autonome en 1847. Il est borné au nord par l'Etat de Honduras, au sud par celui de Costa Rica. Sa superficie est de 119 462 kilomètres carrés, sa population d'environ 300 000 habitants. La capitale est Managua. Le pays est divisé en treize départements et deux territoires. Le pouvoir législatif est exercé par une Chambre des députés et un Sénat ; le pouvoir exécutif est confié à un président nommé pour quatre ans. Il y a un ministère de l'instruction publique.

Historique. — Au moment de l'émancipation, en 1821, il y avait des collèges dans les deux principales villes, Léon et Granada. Pendant la période qui suivit, l'instruction progressa lentement ; en 1856, le développement en fut suspendu par l'agression du flibustier américain Walker, qui envahit le territoire. Mais quand le pays eut retrouvé le calme, un décret de 1868 réorganisa l'instruction publique et lui donna une impulsion nouvelle ; trois présidents qui se succédèrent, P. J. Chamorro, J. Zavala, et le Dr Ad. Cardenas, travaillèrent à la faire progresser. En 1884, il y avait dans le Nicaragua 188 écoles primaires de l'Etat (64 de filles et 124 de garçons), fréquentées par 9262 élèves, et 12 écoles primaires municipales (dont 3 de filles), fréquentées par 536 élèves ; il faut y joindre 63 écoles primaires privées, dont 15 étaient des écoles urbaines (7 de filles et 8 de garçons), fréquentées par 458 élèves, et 48 des écoles rurales, fréquentées par 526 élèves. Le personnel enseignant comprenait 284 instituteurs. Un tiers des locaux scolaires appartenait à l'Etat, les deux autres tiers étaient loués.

Etat actuel. — La proportion des illettrés, d'après la plus récente statistique, était de 43 à 46 % dans les districts urbains, et de 73 à 75 % dans les districts ruraux. La proportion était plus considérable avant l'arrivée au pouvoir du général J. S. Zelaya ; mais par les efforts de son administration il n'y a plus aujourd'hui au Nicaragua une localité, si petite soit-elle, qui n'ait son école publique.

Enseignement primaire. — L'instruction primaire est gratuite et obligatoire. Le personnel enseignant est laïque, mais l'enseignement de la religion catholique fait partie du programme des écoles publiques. Les écoles nationales sont divisées en écoles élémentaires, écoles graduées, écoles mixtes, et écoles du soir pour les artisans. Le nombre des élèves fréquentant les écoles primaires nationales était en 1908 de 23013 (12008 filles, 11005 garçons), dont les deux tiers étaient inscrits dans les écoles élémentaires.

Les écoles primaires dites graduées préparent leurs élèves à l'entrée dans les instituts nationaux.

On compte aussi un certain nombre d'écoles primaires privées ; l'ouverture en est soumise à l'autorisation de l'Etat.

Depuis l'incorporation au Nicaragua, en 1893, de la Mosquitia, sur le littoral de l'Atlantique, on a créé 32 écoles primaires à l'usage des indigènes : 16 dans le département de Zelaya, 14 dans le territoire de Cabo de Gracias à Dios, et 2 dans le territoire de San Juan del Norte. A l'école « Cristobal Colon », il existe un internat pour 50 élèves mosquitos, dont, quelques-uns commencent déjà à servir de maîtres d'école.

Une loi du 25 mai 1905, réformant celle du 28 mars 1900, a institué dans chaque département un inspecteur général de l'instruction publique chargé spécialement de la surveillance de renseignement primaire. Ces inspecteurs doivent visiter les écoles, et faire aux maîtres des conférences sur les méthodes d'enseignement. Ils ont sous leurs ordres une police scolaire spéciale qui assure la fréquentation régulière de l'école. L'obligation scolaire commence après l'âge de six ans et dure jusqu'à celui de douze pour les filles, de quatorze pour les garçons, à moins que ces derniers n'aient obtenu le certificat d'instruction primaire avant cet âge. De fortes amendes sont infligées aux parents et tuteurs qui contreviennent aux dispositions légales relatives à l'obligation scolaire.

Enseignement intermédiaire. — L'enseignement intermédiaire (secondaire) est donné dans les instituts nationaux : il y en a trois pour les garçons, à Managua, à Léon et à Granada, et un pour les jeunes filles, à Managua.

L'Etat subventionne trois écoles de commerce à Managua, Léon et Granada.

Il existe plusieurs établissements particuliers d'enseignement intermédiaire, tels que le collège de l'Assomption, à Léon, dirigé par des religieuses assomptionnistes françaises, et un collège de jeunes filles, à Granada, tenu aussi par des institutrices françaises, mais laïques.

Enseignement normal. — Les écoles normales sont au nombre de deux : l'école normale de Léon, pour les garçons, divisée en deux cours, l'un pour les instituteurs d'écoles élémentaires, l'autre pour les maîtres qui se préparent à enseigner dans les écoles d'un degré plus élevé ; l'école normale de Managua (fondée en 1906), pour les jeunes filles, avec un collège annexe : cet établissement compte 20 professeurs et 250 élèves.

Il faut mentionner aussi l'Académie centrale de maîtres, à Managua : c'est une sorte de conférence permanente à l'usage des instituteurs et des professeurs, qui y discutent sur les meilleures méthodes pédagogiques. En septembre 1909, à l'occasion de la commémoration de l'indépendance nationale, cette Académie a organisé à Managua une exposition scolaire très intéressante.

Enseignement professionnel. — C'est le nom qu'on donne à l'enseignement supérieur. Il est donné dans les établissements suivants : les trois universités du Centre (Managua), de l'Occident (Léon) et de l'Orient (Granada), auxquelles se rattachent trois écoles de droit et deux écoles de médecine ; deux écoles d'ingénieurs ; trois écoles supérieures de jeunes filles.

Il faut mentionner encore la bibliothèque nationale et l'observatoire météorologique à Managua.

Dépenses de l'instruction publique. — Le budget de l'instruction publique s'est élevé en 1904 à la somme de 2 407 464 francs ; et, depuis, son chiffre s'est considérablement accru.

Nous devons la plupart des renseignements contenus dans cet article à l’obligeance de M. Désiré Pector, consul du Nicaragua à Paris.