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Neander

 Le nom de Michel Neander (forme hellénisée de Neumann) se place, dans l'histoire de la pédagogie allemande, à côté de ceux de Sturm et de Trotzendorf ; c'est à ces trois hommes que l'Allemagne a dû, dans la deuxième moitié du seizième siècle, la forte organisation de son enseignement secondaire, organisation restée à peu près intacte pendant cent cinquante ans, jusqu'au moment où Francke et les partisans du « réalisme » essayèrent de la renouveler en y introduisant l'élément scientifique et utilitaire. Michel Neumann naquit en 1525 à Sorau dans la Basse-Lusace. Après avoir commencé ses études dans sa ville natale, il se rendit à l'âge de dix-sept ans à Wittenberg, où il suivit les cours de l'université sous la direction de Mélanchthon. En 1547 il devint professeur au collège de la ville de Nord-hausen, et trois ans plus tard, en 1550, il fut appelé en la même qualité au collège d'Ilfeld, où devait s'écouler le reste de son existence. Le supérieur du monastère des prémontrés d'Ilfeld, le pieux abbé Thomas Stange, avait adopté les doctrines de la Réforme, et avait ouvert une école dans son ancien cloître ; Neander lui servit de second d'abord ; puis, en 1559, à la mort de l'abbé, il devint recteur de l'école. Grâce à son zèle et à son talent pour l'enseignement, il réussit à attirer autour de lui de nombreux élèves, et le modeste collège d'Ilfeld devint bientôt l'un des principaux foyers de l'humanisme allemand. Les ouvrages classiques faisaient alors défaut ; Neander en composa lui-même pour toutes les branches de l'enseignement : abrégés de la grammaire latine de Mélanchthon, traités et tableaux pour l'enseignement du grec et de l'hébreu, manuels de dialectique et de rhétorique, d'éthique, de chronologie, de géographie, de physique. En 1580, il rassembla en un corps de doctrine les préceptes pédagogiques qu'il appliquait depuis trente ans dans son enseignement, et les publia sous le titre de Remarques à un ami, sur la manière de diriger et d'instruire les jeunes garçons de l'âge de six ans à celui de dix-huit, et de leur enseigner sans précipitation ni difficulté, avec agrément et utilité, la piété, les langues latine, grecque et hébraïque, les arts et toute la philosophie. Neander vise surtout à simplifier l'enseignement de la grammaire des langues classiques, alors surchargée de définitions et de formules pédantesques, et à ménager le temps et la peine des élèves. Pas plus que ses contemporains, d'ailleurs, il ne s'est affranchi de la superstition qui faisait considérer l'antiquité classique comme la source de toute sagesse et de toute science. Au jugement de F.-A. Wolf, exprimant au dix-huitième siècle l'opinion de la postérité, Neander, comme écrivain, ne se distingue par aucun mérite transcendant ; mais on doit rendre hommage à ses réelles connaissances philologiques, à la droiture de son caractère, au dévouement et à l'abnégation dont il a fait preuve pendant sa longue carrière, tout entière consacrée à l'éducation de la jeunesse. Il est mort en 1595, à l'âge de soixante-dix ans.