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Nationale (éducation) nationales (écoles)

Il est intéressant de rechercher à quel moment les expressions d' « éducation nationale », d' « écoles nationales », ont été employées pour la première fois dans notre langue. Ce n'est pas, comme on serait porté à le croire, la Révolution qui a créé ces termes : déjà vers le milieu du dix-huitième siècle les écrivains du parti philosophique avaient commencé à parler de la nation, de ses droits, de ses besoins, et l'adjectif national était devenu, grâce à eux, d'un usage courant. La Chalotais a le premier, croyons-nous, associé ce dernier mot à celui d'éducation : son Essai d'éducation nationale est de 1763. Après lui on trouve le Plan d'éducation nationale du comte de Thélis en 1779, le Mémoire concernant les écoles nationales d'un anonyme en 1781, le Plan d'un établissement d'éducation nationale de Léonard Bourdon en 1788. Il faut remarquer toutefois que la plupart de ceux qui proposent des plans de reforme pour les écoles et les collèges emploient, jusqu'en 1789, d'autres termes : Guyton de Morveau (1764) dit éducation publique, le président Rolland dit éducation sans épithète, Philipon de la Made-laine expose des vues patriotiques sur l'éducation du peuple, le P. Corbin parle d'éducation civile. Mais à partir de 1789 le mot est lancé : c'est à qui publiera son plan d'éducation nationale, son catéchisme national, sa motion pour l'établissement d'écoles nationales. Ni la Constituante, néanmoins, ni la Législative n'adoptèrent ces expressions ; dans le plan de Talleyrand, dans celui de Condorcet, il n'est pas question d'éducation nationale ni d'écoles nationales : les termes employés sont ceux d'instruction publique, d écoles primaires, secondaires, etc. La Convention, par contre, après le 31 mai, entend successivement le Projet d'éducation nationale de Sieyès et Lakanal, le Plan d'éducation nationale de Lepeletier, le Projet de décret sur les écoles nationales de Romme ; mais elle revient à l'expression d'instruction publique avec le décret du 29 frimaire an II et celui du 3 brumaire an IV. Aujourd'hui le mot d'école nationale ne s'emploie plus, dans le langage officiel, que pour désigner certaines écoles spéciales qui ont plus particulièrement le caractère d'établissements de l'Etat : ainsi l'Ecole nationale des mines, l'Ecole nationale des beaux-arts, les Ecoles nationales d'arts et métiers, etc.

En Angleterre, par une bizarre anomalie, le nom de national schools a été donné à des écoles d'un caractère privé, appartenant à une société patronnée par les hauts dignitaires de l'Eglise anglicane. Cette société, fondée en 1811, a pris le titre de « Société nationale pour la propagation de l'enseignement élémentaire dans les classes pauvres, suivant les principes de l'Eglise dominante » ; de là le nom de nationales donné à ses écoles. Ce nom a souvent induit en erreur les étrangers : ils se figurent qu'il s'applique aux écoles publiques, administrées de 1870 à 1902 par les School Boards, et aujourd'hui par les County Councils et les District Councils, tandis qu'il désigne au contraire des établissements privés, rivaux des véritables écoles nationales. — En Irlande, on appelle national schools des écoles subventionnées, qui dépendent des Commissioners of national education in Ireland, et qui n'ont pas un caractère confessionnel.