bannière

n

Naegeli

Jean-Georges Nägeli. musicien et éducateur zuricois, a été l'apôtre du chant populaire dans la Suisse allemande. Né en 1773 dans le village de Wetzikon, et fils du pasteur de la paroisse, il fut élevé chez son père jusqu'à l'âge de dix-sept ans, puis se rendit à Zurich pour y compléter son éducation musicale. De bonne heure il se fit connaître comme compositeur. Bientôt il organisa à Zurich une société mixte de chant (1805). Ce n'était pas la première que la Suisse possédât ; depuis le dix-septième siècle, il existait plus d'une société de ce genre dans les communes rurales de la Suisse orientale. Ce fut par contre une nouveauté que la fondation d'un choeur d'enfants (garçons et filles), dont les rapides progrès étonnèrent le public. L'institut de Pestalozzi à Yverdon attirait à ce moment l'attention de tous les amis de l'éducation populaire. Nägeli entra en relations avec Pestalozzi 180y), et sur l'invitation de celui-ci il publia, l'année suivante, en collaboration avec le Bavarois Pfeiffer. l'ouvrage intitulé : L'enseignement du chant d'après les principes pestalozziens (Gesangbildungslehre nach pestalozzischen Grundsätzen). Jusqu'à la lin, Nägeli resta le disciple fidèle et enthousiaste de Pestalozzi ; de l'application des principes d'éducation du grand pédagogue, il attendait la régénération morale et sociale de sa patrie. Toutefois, il se heurta plus d'une fois, à Zurich même, à une opposition mesquine. Lorsqu'en 1815 il eut obtenu, à la suite d'un concours, la place de Cantor, c'est-à-dire de maître de musique, il lui fut signifié défense d'employer la méthode pestalozzienne dans l'enseignement qu'il devait donner aux écoles de la ville. Mais un courant d'idées plus libéral finit par prendre le dessus. En 1826 eut lieu la fondation de la Société des chanteurs zuricois (Sängervereht), et à partir de ce moment la cause du chant populaire fut définitivement gagnée. Les belles compositions de Nägeli, choeurs pour voix mêlées, chorals, motels, etc., avaient fait connaître son nom au loin ; ses efforts pour répandre le goût du chant le conduisirent à entreprendre plus d'une campagne de propagande, non seulement dans les cantons suisses, mais au delà des frontières de son pays, en Allemagne et en France. Il avait publié, en 1817, comme complément de son manuel pestalozzien, un autre manuel destiné aux adultes : L'enseignement du chant pour le choeur d'hommes (Gesangbildungslchre fur den Männerchor), et en 1821 L'école du chant choral (Chorgesangschule), qui passe pour son meilleur ouvrage.

Si Nägeli fut, dans le domaine de la musique, un maître éminent, qui sut donner à l'opinion une impulsion énergique et la conduire dans la bonne voie, c'est qu'il ne s'était pas borné à la technique de son art, et qu'il avait étudié sous toutes ses faces le problème de l'éducation populaire. Après l'évolution politique de 1830. qui amena au pouvoir dans la plupart des cantons suisses le parti libéral (radical), il prit une part active aux travaux qui préparèrent la réforme du système d'instruction publique dans le canton de Zürich, En 1831, il fit parvenir à la commission de la Constituante zuricoise un Mémoire pédagogique (pädagogisches Memorial) ; l'année suivante, il publia son Esquisse d'un programme d'éducation (Umriss der Erziehungsauf yabe) ; élu membre du Conseil d'éducation du canton de Zurich, il apporta aux délibérations de ce corps l'appui de son expérience et de son zèle. Il mourut le 26 décembre 1836, à l'âge de soixante-trois ans. La ville de Zurich lui a élevé une statue, et son souvenir est resté vivant dans le coeur des chanteurs suisses.