bannière

m

Muséum

 Le Muséum national d'histoire naturelle a été créé par le décret de la Convention du 10 juin 1793, sur le rapport de Lakanal. Avant la Révolution il existait, sur une petite partie des terrains occupés aujourd'hui par le Muséum, un jardin botanique désigné sous le nom de Jardin du Roi ou « Jardin des Fiantes médicinales » et dont Guy de La Brosse, Dufay, Buffon, La Billarderie et Bernardin de Saint-Pierre avaient été successivement, les « intendants ». C'est ce Jardin qui devint le noyau du nouvel établissement, auquel la Convention donna des proportions grandioses et dont elle voulut faire une école où seraient étudiées et enseignées toutes les branches des sciences naturelles. Douze chaires y furent créées, savoir : minéralogie ; chimie générale ; chimie appliquée ; botanique (deux chaires) ; culture ; zoologie (deux chaires) ; anatomie humaine ; anatomie des animaux ; géologie: iconographie. Le Muséum devait s'administrer lui-même : les professeurs élisaient parmi eux un directeur et un trésorier ; et lorsqu'une chaire devenait vacante, c'était à ces mêmes professeurs qu'appartenait le choix de leur nouveau collègue. Cette organisation républicaine du Muséum, légèrement modifiée depuis, a été respectée par tous les pouvoirs. Les professeurs du Muséum embrassent actuellement dans leur enseignement toutes les connaissances qui se rattachent à l'histoire naturelle, telles que la physique et la chimie biologiques, la minéralogie, la géologie, la botanique (phanérogames, cryptogames, anatomie et physiologie des plantes), la culture, la physique végétale, l'anatomie comparée, la physiologie, l'anthropologie, la mammalogie, l'ornithologie, l'herpétologie et l'ichthyologie, la malacologie et la zoologie des autres invertébrés, l’entomologie, la pathologie comparée, et la paléontologie.

Le Muséum est absolument indépendant de l'Université ; l'enseignement qui s'y donne est libre et n'est assujetti à aucun programme : son but est de développer le goût des sciences naturelles et de faire connaître toutes les découvertes qui intéressent les sciences naturelles et leurs applications pratiques, surtout au point de vue colonial. Le Muséum ne délivre aucun diplôme ; mais il y existe des bourses pour les étudiants et les stagiaires.

Le rôle du professeur du Muséum n'est pas limité à l'enseignement ; le professeur donne aussi tous ses soins à la conservation des collections et à leur accroissement.

Les collections du Muséum sont parmi les plus riches du monde ; elles sont consultées par tous les naturalistes français et étrangers.

C’est au Muséum que se recrute en partie l'enseignement des sciences naturelles : un grand nombre de professeurs d'histoire naturelle de notre pays sont sortis des laboratoires du Muséum.

Les travaux des professeurs, des assistants et des préparateurs du Muséum exercent une grande influence sur les progrès de l'histoire naturelle. L'établissement publie chaque année un recueil scientifique très estimé, les Nouvelles Archives du Muséum, et un Bulletin mensuel dans lequel non seulement le personnel du Muséum, mais encore des correspondants et en général tous les naturalistes qui y ont une attache quelconque, font connaître leurs découvertes, qu'ils ont préalablement communiquées aux réunions mensuelles des naturalistes du Muséum.

Il existe aussi, auprès de notre établissement national, la Société des Amis du Muséum, dont le but principal est de venir en aide, moralement et matériellement, au Muséum dans la tâche très dure de l'accroissement des collections.

Pour résumer en un mot l'influence que le Muséum a exercée sur le développement des sciences naturelles, il suffit de rappeler que plusieurs sciences nouvelles, telles que l'anatomie comparée et la paléontologie, sont nées au Muséum.

Qu'il nous soit permis de dire, en terminant, que le pays ne tire pas encore du Muséum tous les avantages que ce précieux établissement peut lui offrir.

Ainsi, tous ceux qui, dans les différents degrés de renseignement, auront à professer l'histoire naturelle, devraient compléter leur instruction dans son jardin et ses galeries, qu'on ne connaît pas assez : malheureusement, la préoccupation des examens universitaires fait négliger à beaucoup de naturalistes les ressources scientifiques qui sont accumulées au Muséum.

En dehors du Jardin zoologique et du Jardin botanique, le Muséum comprend les galeries publiques de zoologie, de botanique, de géologie, de minéralogie, de paléontologie, d'anatomie comparée et d'anthropologie ; de nombreux laboratoires pour chacune des dix-huit chaires, et un laboratoire de biologie maritime à Saint-Vaast-la-Hougue (Manche). Une riche bibliothèque publique (250000 volumes) est attachée à l'établisse ment.

Joseph Deniker