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Musées pédagogiques

 Suivant la définition qui en a été donnée dans la première édition du Dictionnaire de pédagogie, les musées pédagogiques comprennent : « d'une part, une bibliothèque d'ouvrages d'éducation, de législation et d'administration scolaires, ainsi que d'ouvrages classiques proprement dits ; d'autre part, des collections de matériel d'enseignement et de mobilier scolaire ». Cette définition n'a pas cessé de convenir aux établissements de ce genre qui existent aujourd'hui tant en France qu'à l'étranger. Tous n'y correspondent pas d'une façon complète ; mais il n'en est pas à qui elle ne soit applicable au moins en partie.

FRANCE.

1. LE MUSEE PEDAGOGIQUE DE L'ETAT. — 1° Les origines. — En 1817, un publiciste, M.-A. Jullien (dit de Paris), qui avait été disciple de Pestalozzi, fit paraître une brochure intitulée : Esquisse et vues préliminaires d'un ouvrage sur l'éducation comparée. Il proposait que l'on formât une Commission spéciale d'éducation chargée de recueillir « les matériaux d'un travail général sur les établissements d'éducation et d'instruction des différents Etats de l'Europe », et un Institut normal d'éducation, dans lequel les meilleures méthodes seraient successivement combinées et appliquées ; il demandait en outre que l'on créât un Bulletin d'éducation « permettant d'établir une communication périodique entre tous les hommes instruits occupés d éducation». C'est dans ce programme, vaste mais un peu confus, que l'on s'accorde à voir la première idée de l'institution d'un Musée pédagogique.

Moins ambitieux, M. de Montalivet, ministre de l'instruction publique en 1831, songeait à fonder une bibliothèque centrale de l'enseignement primaire ; mais son projet n'eut pas de suite, et il faut attendre jusqu'en 1867 pour voir reparaître l'idée d'un institut pédagogique. A l'occasion de l'Exposition universelle, les instituteurs avaient été appelés à Paris par Duruy pour assister à des conférences. Pompée, un des conférenciers, exprima alors le voeu de voir organiser « une exposition internationale et permanente de tous les objets qui peuvent faciliter aux instituteurs le développement des facultés morales, physiques et intellectuelles des enfants confiés à leurs soins ».

La conception qui, comme on voit, était dès longtemps dans l'air, commença à prendre corps en 1871. Cette année-là, par un arrêté en date du 1er juillet, Jules Simon, ministre de l'instruction publique, décida qu'il serait formé « une collection de livres, tableaux et appareils à l'usage des écoles, des salles d'asile et des cours d'adultes, » laquelle comprendrait en outre les livres et instruments scolaires en usage dans les pays étrangers. De plus, les recteurs étaient invités peu après à faire relever, dans les bibliothèques publiques de leur ressort, « la liste des ouvrages manuscrits ou imprimés, documents d'intérêt général, monographies locales, règlements, statistiques, antérieurs ou postérieurs à 1789, qui se rapportent aux écoles primaires ou à ce que l'on appelait, avant la Révolution, petites écoles, écoles de charité, etc. » Toutes ces pièces devaient être centralisées au nouveau Musée scolaire. A peine amorcée, cette collection se trouva à l'étroit au ministère de l'instruction publique où on l'avait d'abord installée ; il fallut la transporter dans le magasin scolaire de la Ville de Paris, situé quai Morland. Ce fut l'occasion d'une cérémonie d'inauguration, qui eut lieu le 2 mars 1873. Mais brusquement tout s'arrêta ; Jules Simon ayant quitté le ministère à la suite des événements du 24 mai, son entreprise fut abandonnée.

Cinq ans plus tard, dans deux articles publiés par le Manuel général de l'instruction primaire (2 mars et 6 avril 1878), M. F. Buisson, qui dirigeait alors au ministère de l'instruction publique le service de la statistique de l'enseignement primaire, étudiait l'organisation des musées d'éducation à l'étranger, et proposait la création en France d'un établissement analogue. Ces vues furent adoptées par le ministre A. Bardoux qui, le 16 mai 1878, déposa sur le bureau de la Chambre un projet de loi relatif à la fondation d'un « Musée pédagogique national » ; mais la commission de l'enseignement primaire, considérant que cette création « ne constituait pas matière législative » et pouvait être décidée par décret, invita le ministre à substituer à son projet de loi un projet de décret à soumettre à la signature du président de la République. Entre temps, et pour profiter des facilités qu'offrait l'Exposition universelle qui venait de s'ouvrir, M. Buisson fut chargé, par un arrêté du 29 mai, « de contracter avec les délégués des puissances étrangères, au point de vue soit de l'échange, soit de l'acquisition des objets scolaires devant faire partie du Musée pédagogique en formation ». Quelques salles du palais Bourbon, qui était alors vacant, furent mises à (a disposition du ministre de l'instruction publique, et c'est là que furent déposées les premières collections, françaises et étrangères, du futur Musée pédagogique.

C'est seulement le 13 mai 1879 que Jules Ferry, qui avait succédé à Bardoux, fit signer au président de la République un décret dont voici la disposition essentielle : « Il est créé au ministère de l'instruction publique un Musée pédagogique et une Bibliothèque centrale de l'enseignement primaire, comprenant des collections diverses de matériel scolaire, des documents historiques et statistiques et des livres de classe provenant de la France et de l'étranger ». Dès le mois de septembre 1879, le retour des Chambres à Paris obligea le Musée à quitter les salles du palais Bourbon pour un autre local : les collections et la bibliothèque en formation furent transférées dans un bâtiment dépendant de l'ancien collège Rollin, rue Lhomond, n° 12, et appartenant à la Ville de Paris.

Période d'organisation. — Non sans quelque lenteur, le nouvel établissement commença alors à fonctionner. Des arrêtés de décembre 1879 et janvier 1880 nommèrent son personnel, qui se composait d'un directeur, d'un bibliothécaire et d'un employé ; par un autre arrêté du 5 mai 1880 fut constitué son Conseil d'administration, dont la présidence était attribuée à Gréard, vice-recteur de l'académie de Paris. Après plus d'une année, durant laquelle le personnel resta livré à sa propre initiative et se débrouilla comme il put, le Conseil d'administration approuva, le 11 juillet 1881 un règlement intérieur qui, dans ses grandes lignes, a toujours été maintenu depuis. Le Musée devait comprendre quatre sections : 1° Matériel scolaire (plans de maisons d'école, types de mobiliers de classe) ; 2° Appareils d'enseignement (tableaux, modèles, collections géographiques, scientifiques et technologiques) :3° Bibliothèque centrale (livres pour les maîtres, livres pour les élèves, bibliothèques scolaires, bibliothèques populaires) ; 4° Documents relatifs à l'histoire de l'éducation. — Ce règlement définissait en outre le rôle du Conseil d'administration et déterminait le mode de fonctionnement de la Bibliothèque.

Ce dernier point important surtout, car, dès le début, le Musée se trouva pourvu d'une bibliothèque assez considérable. M. Rapet, inspecteur général honoraire de renseignement primaire, qui avait consacré cinquante années de sa vie à réunir une collection de documents sur l'instruction publique et d'ouvrages pédagogiques, s'étant résolu à s'en défaire, Jules Ferry, sur l'intervention de M. Buisson, avait fait voter le 5 juin 1880 une loi qui autorisait l'acquisition de la bibliothèque Rapet pour le Musée pédagogique. « Le catalogue de cette bibliothèque, écrivait Jules Ferry dans l'exposé des motifs de son projet de loi (20 mars 1880), se compose de 3842 fiches. M. Rapet, disent les experts, a recueilli à peu près toutes les publications relatives à l'éducation, et spécialement à l'instruction primaire, qui ont paru en France, en Allemagne, en Italie, en Angleterre et aux Etats-Unis. Parmi ces trésors, nous noterons une collection unique de revues étrangères, dont trois remontent au dix-huitième siècle. On mentionne enfin, d’une manière toute spéciale, une suite de 284 ouvrages relatifs à Pestalozzi et à sa méthode, accompagnés de notes du plus haut intérêt. » Par l'achat des livres de M. Rapet (ils furent payés 45 000 francs) le public, dès l'abord, trouva au Musée pédagogique un précieux instrument de travail, et la bibliothèque centrale de l'enseignement primaire prit tout de suite le caractère spécial qui était sa raison d'être.

C'est en ce temps que se préparait au Parlement la réorganisation de l'enseignement primaire : on travaillait à la refonte des programmes, on instituait toute une série de titres de capacité. L'administration du Musée estima que celui-ci avait un rôle à jouer dans cette rénovation, et qu'il lui convenait de faciliter la préparation des aspirants et aspirantes au professorat et à la direction des écoles normales, à l'inspection des écoles primaires et à celle des écoles maternelles. De là, en février 1882, la création d'une « Bibliothèque circulante ». Sur une simple attestation de l'inspecteur d'académie ou de l'inspecteur primaire, certifiant que la personne qui désirait emprunter des livres se préparait réellement à un examen pédagogique, le Musée adressait gratuitement dans toutes les parties de la France, sous forme de colis postal, un certain nombre de volumes. La durée du prêt était fixée à deux mois, et il pouvait être renouvelé indéfiniment. Cette bibliothèque circulante, divisée en trois sections lettres, sciences, pédagogie, comprit immédiatement plus de 200 ouvrages, dont les exemplaires, suivant les besoins, étaient plus ou moins nombreux, et qui furent choisis parmis ceux, qui parurent les plus propres à guider les candidats. On put constater très tôt que cette création répondait à un besoin réel, et la bibliothèque circulante ne tarda pas à avoir une clientèle. .

Si utile que fût cette oeuvre, le Musée ne pouvait borner là son rôle comme établissement d'instruction ; il avait le devoir de servir, non pas seulement les candidats aux examens professionnels, mais le personnel enseignant tout entier et même le public qui, en France et à l'étranger, s'intéressait aux questions d'éducation. C'est pour lui permettre de remplir cet office que se transforma la Revue pédagogique, qui de 1878 à 1882 avait été un périodique sans attache officielle, et qui devint l'organe du Musée pédagogique à partir du 15 juillet 1882. « La Revue, telle que nous la souhaitons, était-il dit dans l'article qui inaugura la nouvelle série de ce recueil, c'est en quelque sorte un congrès pédagogique permanent et universel ». Et, pour remplir ce programme, elle devait comprendre « des articles de fond sur des sujets de doctrine, de critique ou d'histoire pédagogique ; quelques morceaux empruntés aux maîtres de la pédagogie étrangère ; un choix des rapports et des mémoires les plus intéressants et les plus instructifs parmi ceux qui sont adressés au ministère à la suite de missions ou d'inspections générales ; un échange de communications sur les questions d'intérêt scolaire que les circonstances mettront en lumière. ; une revue de la presse française et étrangère donnant la primeur des articles ou des publications importantes qui ont trait à l'éducation ; un courrier de l'intérieur et un courrier de l'extérieur, double chronique du mouvement pédagogique en France et à l'étranger. » La Revue pédagogique paraissait une fois par mois et formait un volume par semestre. — Le programme que nous venons d'indiquer est, sauf des modifications de détail, celui qui a été suivi depuis ce temps. Ce recueil qui, tout en ayant un caractère semi-officiel, laisse une grande indépendance à sa rédaction et s'ouvre aisément à toutes les opinions, a pu servir ainsi de modèle à la presse pédagogique et scolaire qui, depuis un quart de siècle, a pris en France tant de développement.

Cependant la confection du catalogue de la bibliothèque centrale du Musée s'élaborait de façon continue. En 1884, elle était déjà assez avancée. D'autre part s'organisait, par les soins de M. Ch. Sauvestre, bibliothécaire-adjoint, un dépôt formé de pièces d'archives sur l'éducation populaire qui avaient été recueillies à diverses époques, notamment lors de l'enquête provoquée par la circulaire que Jules Simon avait adressée aux recteurs (14 décembre 1872).

Par malheur le classement des collections ne pouvait s'opérer qu'avec beaucoup de difficulté: Cela tenait à l'insuffisance du local où était installé le Musée. Ce local, mal approprié à son nouvel usage, devint vite trop étroit. De plus, on savait qu'il n'était que provisoire : la Ville de Paris, qui l'avait prêté, gracieusement, pouvait le reprendre d'un moment à l'autre. De là les lenteurs avec lesquels on aménageait les collections ; de là les hésitations à faire des acquisitions ou des échanges. Néanmoins, dès cette époque, le Musée possédait une salle de dessin, comprenant des modèles en relief, des spécimens de stéréotomie, des modèles gravés ; un laboratoire de chimie ; des spécimens d'appareils pour le premier enseignement de la physique dans les écoles primaires ; des instruments-types de physique et de météorologie pour les écoles normales ; des appareils pour projections lumineuses, des échantillons de zoologie, de botanique, d'horticulture ; des objets d'anatomie réelle et plastique et des tableaux d'enseignement sur toutes ces matières ; une très nombreuse collection de cartes et plans en relief, d'appareils cosmographiques, de globes, de cartes murales, françaises et étrangères ; des types de musée scolaires et les collections et spécimens pour les leçons de choses, etc.

Il faut d'ailleurs avouer qu'il se passa du temps avant que le Musée arrivât à se faire connaître. Pour le dernier trimestre de 1884, on ne relève sur le registre des prêts de la Bibliothèque générale que 64 emprunteurs, la Bibliothèque circulante a fait 140 prêts, il y a eu 103 visiteurs pendant la semaine et 212 le dimanche ; on a délivré en octobre, novembre et décembre 17 cartes de travail seulement, et pour l'année entière on n'a compté que 202 travailleurs munis de cartes.

Période de développement. — La gêne et l'insécurité qui, faute d'un local approprié et définitif, avaient pesé pendant quatre ans sur l'existence du Musée et en avaient retardé le développement, prirent fin en 1884. Le 30 décembre, un décret affecta au service du Musée pédagogique et de la Bibliothèque centrale de l'enseignement primaire des bâtiments appartenant à l'Etat et devenus vacants par suite du rattachement à l'Ecole normale primaire supérieure de Saint-Cloud de l'Ecole normale du travail manuel qui les avait occupés de 1882 à 1884. Son déménagement fait, le Musée put, le 17 avril 1885, ouvrir les portes de sa nouvelle demeure.

Cette maison (située à l'angle des rues Louis Thuillier et Gay-Lussac, et qui avait été, à l'origine, achetée par l'Etat pour y installer le Cours pratique des salles d'asile) est assez spacieuse, et a l'avantage, par sa distribution intérieure, de se prêter aisément à sa destination. Le rez-de-chaussée fut affecté aux services qui peuvent être considérés comme s'adressant aux visiteurs de passage (collection de matériel et de mobilier scolaire, salles d'expositions spéciales. et temporaires, salles d'examens, de conférences) ; aux services d'étude (en particulier à la bibliothèque) on attribua tout le premier étage ; les pièces du second étage furent réservées pour les doubles, pour les archives et pour les ouvrages que le Musée accueillait momentanément. Dans ces conditions meilleures s'ouvrit une période d'activité qui a duré dix années environ.

Il faut alors signaler en première ligne les enrichissements de la bibliothèque, et, tout particulièrement, la collection d'ouvrages pédagogiques du seizième siècle qui, sur l'ordre de M. Buisson, furent achetés en Italie : ils forment aujourd'hui une des richesses de la réserve. Un catalogue spécial de ces ouvrages a été dressé par M. Albert Wissemans et publié en 1886 (il forme le fascicule III des Mémoires et Documents scolaires.) Il convient de rappeler aussi des dons importants : don de la bibliothèque de M. Fauvety, don de la bibliothèque Bolivar (3000 volumes), qui fut offerte au gouvernement français par M. Diaz, envoyé de l'Uruguay.

Par cela même que la bibliothèque devenait plus riche, le besoin d'un catalogue se faisait sentir de plus en plus. On n'eut pas longtemps à l'attendre : en 1886, M. Bonet-Maury, bibliothécaire, profitant des travaux de son prédécesseur, M. Defodon, put faire imprimer les deux premiers volumes du catalogue alphabétique de la Bibliothèque générale. Ce catalogue comprend trois sections : la première relève tous les ouvrages personnels en suivant l'ordre alphabétique des noms d'auteurs ; la seconde est consacrée aux documents administratifs, statistiques et autres de tous les pays ; la troisième est un index méthodique en trente divisions qui groupe les ouvrages de la première section. Un volume de Supplément a été publié plus tard (1889).

C'était là sans doute un instrument utile ; toutefois on pouvait faire plus et mieux : un catalogue qui ne fût pas simplement un répertoire, mais aussi un guide pour les chercheurs. Ce travail fut exécuté sous la direction de M. Beurier, placé à la tête du Musée en 1887 et qui, en 1888, caractérisait dans les termes suivants l'oeuvre entreprise : « Quel que soit le nom d'homme ou de pays, le titre spécial ou le sujet de pédagogie théorique, pratique, critique, historique, que le lecteur veuille étudier, il n'aura qu'à chercher lui-même dans notre catalogue le mot qui l'intéresse ; il y trouvera l'indication des ouvrages que nous possédons, des articles disséminés dans les revues, des études déjà publiées sur le même sujet non seulement en français, mais dans toutes les langues. Le caractère distinctif de ce catalogue sera de pouvoir et de devoir être tenu rigoureusement à jour. Pour rendre matériellement possible cette disposition à la fois alphabétique et méthodique, susceptible d'une extension indéfinie, nous avons fait une étude de tous les modèles de reliure mobile, et nous croyons avoir imaginé le meilleur système de classement perpétuel. » Le catalogue qui, ainsi conçu, comprend aujourd'hui 104 volumes, est mis constamment, dans la salle de lecture, à la disposition du public, et, par les commodités qu'il offre, contribue certainement à l'y attirer.

Le Musée, ne se contentant pas d'être un dépôt de livres, commença à en publier en 1885. Sous le titre de Mémoires et Documents scolaires, il entreprit de faire paraître à des intervalles irréguliers les travaux ou documents intéressant l'instruction publique à ses différents degrés. Dans l'espace de six ans, il fut ainsi publié 120 fascicules. Malheureusement, en 1892, les crédits firent défaut, et cette série de publications s'interrompit à cette date. Mais, grâce à la distribution qui en fut faite aux inspecteurs d'académie, aux inspecteurs primaires, aux directeurs et directrices d'écoles normales, elle a rendu au personnel de très appréciables services. M. Buisson aurait désiré que le Musée ne s'en tînt pas à exercer une action par le livre, mais qu'il devint aussi un centre d'enseignement oral, et, en 1886, il exposa au Conseil d'administration un projet très intéressant : « On instituerait au Musée une série de conférences, faites par des spécialistes étrangers, et qui auraient pour but de faire connaître au public français l'état des institutions scolaires dans les divers pays de l'Europe. Pour rendre la comparaison fructueuse, on les inviterait à traiter les divers points d'un questionnaire commun à tous, par exemple : l'enseignement obligatoire, le travail manuel à l'école, l'organisation de l'enseignement primaire supérieur, les écoles professionnelles, normales, etc. — A la suite de la lecture du rapport, les membres de la réunion pourraient interroger le conférencier sur les points obscurs, et il s'ensuivrait une discussion féconde entre gens d'école. — L'initiative et l'organisation de ces conférences appartiendraient au Musée ; les frais seraient à sa charge ».

Pour des raisons qui ne nous sont pas connues, ce projet n'aboutit pas. Mais, à défaut de ces conférences internationales, on institua des séances qui furent très utiles aux instituteurs français : en premier lieu, des conférences préparatoires à l'examen du certificat d'aptitude pédagogique créé par la loi du 30 octobre 1886, et qui furent inaugurées le 6 janvier 1887 ; puis des conférences préparatoires à l'examen du professorat des écoles normales et des écoles primaires supérieures, qui commencèrent à la fin de 1887 et qui eurent un très vif succès ; enfin, une dernière série, organisée en 1895 par Jules Steeg, alors directeur du Musée, et qui avaient pour objet de faciliter la préparation des candidats à l'examen de l'inspection primaire. Faites par trois inspecteurs généraux de l'enseignement primaire, MM. F. Martel, F. Pécaut et J. Steeg, ces dernières conférences réussirent aussi fort bien.

Le Musée distribuait aussi l'enseignement sous forme indirecte, grâce à ses collections qui s'augmentaient de jour en jour, et dont le classement s'améliorait, grâce surtout aux expositions faites dans ses locaux.

En 1891, le ministre de l'instruction publique, par une circulaire du 8 juin, fit savoir qu'il avait décidé d' « organiser à Paris, dans une des salles du Musée pédagogique, une exposition permanente de cahiers d'élèves d'une même année de cours, de tous les arrondissements de France ». Ce fut, ainsi que le disait Jules Steeg, comme un coup d'oeil sur la vie scolaire du pays, une sorte d'inspection générale des programmes, des méthodes, du travail des enfants et aussi du travail des maîtres. — En même temps, dans une salle du second étage, s'ouvrait une exposition des travaux manuels des écoles de filles (couture et coupe). Mlle Koenig, inspectrice, chargée de l'organiser, forma une collection de poupées habillées des costumes de toutes les provinces de France, costumes exécutés par les élèves des écoles normales et des écoles primaires supérieures. — C'est aussi en 1891 que le Musée offrit l'hospitalité à M. du Cleuziou pour organiser un « musée archéologique » qui devait servir de type à des musées locaux à créer en province et où auraient pris place des poteries, des objets façonnés en métal ou en pierre, des productions de l'art ou de l'industrie des temps préhistoriques et historiques. Mais cette entreprise fut seulement amorcée.

D'autre part, le Musée exposait au dehors. En 1884, il prit part à l'Exposition internationale d'hygiène et d'éducation de South Kensington ; il figura aussi à l'Exposition universelle de la Nouvelle-Orléans (1885) et à celle de Paris (1889). En 1892, il se fit représenter à l'Exposition des Arts de la femme, qui eut lieu au Palais de l'Industrie (Paris), par un choix de travaux à l'aiguille dû à Mlle Koenig. C'est au Musée pédagogique que fut réuni, en 1893, tout ce qui était relatif à l'exposition de l'enseignement primaire français à Chicago. L'année suivante, c'est encore au Musée que furent réunis et choisis les objets qui devaient figurer à l'Exposition de Lyon.

Ainsi, le temps de l'obscurité était passé. Le 13 janvier 1889, dans une note présentée au Conseil d'administration, M. Bonet-Maury montrait que, par l'échange de livres et de documents, le Musée entretenait des relations suivies avec la plupart des pays d'Europe et même avec l'Amérique. Des témoignages flatteurs lui étaient publiquement rendus par les étrangers : tels le Dr Finaczy, délégué du ministère hongrois (en 1888), l'Anglais Field, dans son volume Thirteen Essays on Education (1891), l'Allemand Julius Beeger, dans son livre : Die Pädagogischen Bibliotheken (1892), l'Américain W. S. Monroe dans un article de l'Educational Review (avril 1896).

Au reste, le rapprochement de quelques chiffres suffit à faire saisir combien, au cours de dix ans, l'action du Musée avait gagné en étendue : en 1885, la Bibliothèque générale avait prêté 510 ouvrages et la Circulante, 894 ; — en 1895, il y eut 21 354 ouvrages prêtés sur place et à domicile par la Bibliothèque générale, et 1886 par la Circulante. En cette même année 1895, il fut délivré 591 caries de travail.

La situation actuelle. — L'extension de la clientèle du Musée eut pour conséquence nécessaire l'augmentation de son personnel d'employés et de gens de service. Tandis que les dépenses étaient accrues de ce fait, les ressources demeuraient les mêmes : le budget de l'établissement, fixé au début à 40 000 francs, était toujours maintenu à la même somme. Il en résulta que, la plus grosse partie des crédits étant employée à la rétribution du personnel, les améliorations, le renouvellement devinrent impossibles, et ainsi commença vers 1896 une période de langueur1 qui devait durer six années.

De 1896 à 1903, la seule nouveauté que l'on puisse signaler, c'est la création du service des vues pou projections lumineuses.

En 1895, pour favoriser les progrès de la second éducation, le ministère de l'instruction publique mi à la disposition des sociétés d'instruction populaire « les appareils de projections lumineuses et les collections de vues photographiques pouvant servir à l'enseignement dans les cours d'adultes et les conférences populaires ». L'année suivante, deux sociétés d'enseignement, la Société nationale des conférences populaires et la Société havraise d'enseignement par l'aspect, firent don au ministère, qui les déposa au Musée, des collections de vues qu'elles possédaient. Peu après, la Société nationale des Conférences populaires se chargea d'assurer à ses frais l'expédition des vues, leur entretien et la correspondance ; elles commencèrent alors à circuler par toute la France avec franchise postale, à l'aller et au retour, pour les recteurs, les inspecteurs d'académie, les inspecteurs primaires, les instituteurs et institutrices publics. Ainsi a débuté un service qui n'a cessé de se développer depuis lors.

Aussi représenta-t-il presque exclusivement le Musée à l'Exposition universelle de 1900.

Cette Exposition, à laquelle il n'avait pris qu'une part très restreinte, procura à l'établissement des enrichissements assez notables. M. Bayet, alors directeur de l'enseignement primaire, négocia avec les pays étrangers dont les écoles étaient représentées au Champ de Mars la cession d'une partie des objets qui y figuraient. Les collections ainsi obtenues furent assez importantes pour qu'il parût nécessaire de leur affecter une salle nouvelle qui fut construite en 1902. Cependant le Musée languissait et ne sortait pas de a gêne. Il devenait évident que sa situation appelait une réforme. Heureusement les circonstances en donnèrent bientôt l'occasion.

En 1901, grâce à un crédit devenu disponible, avait été installé près du ministère de l'instruction publique un « Office » symétrique à l'Office du travail au ministère du commerce (Décret du 15 juillet 1901). L'institution nouvelle avait pour objet, en premier lieu, de réunir, de classer et de répertorier les documents officiels et les autres documents de nature à faire connaître la législation et l'administration de l'instruction publique à l'étranger. En second lieu, l'Office considéra dès l'origine comme un de ses principaux devoirs de diriger des enquêtes sur les questions à l'ordre du jour et d'en publier les résultats (sous forme de fascicules indépendants, sans périodicité régulière). Mais, s'il put assez tôt constituer une collection assez importante des documents imprimés et manuscrits qui étaient disposés dans les archivés des directions et les bureaux du ministère, il lui manquait un riche fonds de Livres et de périodiques anciens ; installé dans des soupentes du ministère, il lui manquait aussi des locaux convenables. L'idée vint alors qu'en réunissant Office et Musée on pourrait fortifier et compléter l'un par l'autre les deux établissements. Une telle mesure avait, d'ailleurs, l'avantage de permettre une sérieuse économie sur l'ensemble des deux crédits. Le 31 mars 1903 fut donc rendu un décret dont voici la disposition essentielle : « Le Musée pédagogique et la Bibliothèque centrale de l'enseignement primaire, créés au ministère de l'instruction publique par le décret du 13 mai 1879, et l'Office d'informations et d'études, créé audit ministère par le décret du 16 juillet 1901, sont fondus en un seul établissement qui prendra le nom de MUSEE PEDAGOGIQUE, BIBLIOTHEQUE, OFFICE ET MUSEE DE L'ENSEIGNEMENT Ce décret a pour conséquence, comme on voit, d'étendre l'action du Musée : celui-ci cesse d'être exclusivement mis au service de l'enseignement primaire, pour s'intéresser à tous les degrés de l'enseignement public : primaire, secondaire et supérieur. Il faut bien entendre, au reste, que, s'il a des attributions nouvelles, cela ne signifie pas qu'il renonce à celles qu'il avait dans le passé. En rendant d'autres services, il n'en continue pas moins à faire son office ancien. Le Musée pédagogique, depuis la réforme, est placé sous la direction de M. CH.-V. Langlois, professeur à l'université de Paris. Depuis sa" reconstitution, il comprend trois départements et deux services auxiliaires. Nous allons essayer de donner, d'après les rapports annuels présentés par le directeur au Conseil d'administration, un bref aperçu de la façon dont ils ont fonctionné de 1901 à 1909.

A. Bibliothèque. — Elle se compose de la bibliothèque de l'ancien Musée et de la bibliothèque de l'ancien Office, qui y a été versée. Le récolement général, effectué en 1903-1904, y a constaté la présence de plus de 72 000 volumes (ou pièces). Ce nombre s'est notablement augmenté depuis lors, non seulement par des acquisitions régulières, mais aussi par des dons divers dont quelques-uns furent assez importants : mentionnons un don de 432 volumes, pour la plupart du dix-septième et du dix-huitième siècle, fait par un donateur qui tint à garder l'anonyme ; rappelons aussi le don des héritiers de 31. Berthelot, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, le don des héritiers de M. Jost, inspecteur général honoraire de l'instruction publique, par lesquels la bibliothèque s'est enrichie de plusieurs centaines de volumes.

Divisée naguère en quatre sections : 1, Réserve ; 2. Fonds général ; 3. Documents officiels (français, étrangers) ; 4. Périodiques, elle en comprend aujourd'hui une cinquième, formée par les manuscrits, qui ont été placés dans une salle à part. Un classement soigneux a mis dans les sections 3 et 4 l'ordre qui y faisait défaut.

On a renoncé à poursuivre l'impression du Catalogue général. Mais on a dressé et imprimé le catalogue de quelques collections spéciales. Ont paru jusqu'ici : Catalogue des publications relatives à l'enseignement, faites à l'occasion d'Expositions universelles ou internationales, qui se trouvent à la bibliothèque du Musée pédagogique, par MM. Chervet et Vigneron ; Documents et monographies sur l'histoire d'établissements français d'enseignement secondaire qui se trouvent à la bibliothèque du Musée pédagogique, par M. Bezard ; Catalogue des Manuscrits : 1re partie, par M. Pellisson, 2e partie, par M. Adenis ; Inventaire général des Périodiques, par M. Huckel.

En outre, on poursuit le travail de la revision du Catalogue général. Placé dans la salle de lecture, ce Catalogue, comme il a été dit, est alphabétique par noms d'auteurs et par rubriques ou « mots-souches ». Comme on a reconnu que la définition méthodique des rubriques à introduire et la répartition des nouvelles acquisitions sous les rubriques existantes n'avaient pas été faites d'une manière irréprochable, il a paru nécessaire de reprendre cette oeuvre, et un fonctionnaire de la bibliothèque en a été spécialement chargé.

Grâce aux commodités toujours plus grandes qu'elle offre aux lecteurs, la bibliothèque voit augmenter sa fréquentation d'une façon continue. En 1903-1904, elle consentit 21 180 prêts, dont 15 877 à domicile ; en 1908-1909, elle a fait 31 317 communications, dont 16260 à domicile ; c'est donc, par année, une augmentation de 2000 unités environ.

A côté de la Bibliothèque générale, la Bibliothèque circulante continue à exister, mais a été sensiblement remaniée. Comme on constata, en 1904, que, d'une part, un assez grand nombre de livres parmi ceux qui la composaient n'avaient jamais été demandés, que, d'autre part, il y en avait de vieillis, on jugea bon de procéder d'abord aux éliminations et aux substitutions les plus urgentes. Puis oh pensa que les clients de la Bibliothèque circulante seraient peut-être bien aises d'y trouver, à côté d'ouvrages pour la préparation des examens ou des conférences populaires, quelques grands traités généraux, les meilleurs de ceux qui ont été composés pour faire connaître au public cultivé l'état actuel de la science dans ses principaux domaines. Une circulaire fut alors envoyée aux f intéresses pour leur poser la question : de tels livres leur seraient-ils agréables ou utiles? Les réponses ayant été en majorité affirmatives, des ouvrages de ce genre furent ajoutés ou substitués à ceux qui formaient l'ancien fonds. Et ce renouvellement se poursuit d'une façon continue, parce que l'on considère qu'une bibliothèque de cette nature doit être toujours tenue au courant des productions nouvelles. Aussi a-t-il été décidé qu'il paraîtrait au moins une fois par an une édition mise à jour du catalogue de la Bibliothèque circulante ; le dernier catalogue paru est daté de janvier 1909.

La Clientèle de la Circulante, comme celle de ta' Bibliothèque générale, va toujours en s'accroissant : elle se composait de 270 personnes en 1904, de 294 en 1905, de 387 en 1906 ; en 1909 elle en a compris plus de 600.

B. Office. — L'Office, comme c'est le but de son institution, fournit régulièrement des informations aux diverses directions du ministère de l'instruction publique ; aux autorités scolaires de l'étranger qui s'adressent à notre ministère de l'instruction publique pour en avoir ; et aux particuliers, français et étrangers, qui s'adressent directement à lui.

Une des fonctions les plus importantes de l'Office consiste dans ce que l'on appelle le service des « assistants ». Entre notre ministère de l'instruction publique et les administrations similaires des autres pays il est conclu des conventions en vertu desquelles sont placés dans nos établissements d'enseignement secondaire et dans nos écoles normales, comme « assistants », ou répétiteurs indigènes, de jeunes étrangers, munis de certains titres, à des conditions déterminées ; réciproquement, les établissements étrangers reçoivent de jeunes Français, munis de titres correspondants, à des conditions équivalentes. L'Office centralise les demandes, puis, après entente avec les chefs d'établissement et d'accord avec l'inspecteur général de l'instruction publique compétent, désigne à chacun l'établissement où il peut être placé. Ce service, qui a commencé à fonctionner à la fin de 1904, a pris une extension rapide. En 1908-1909 ont été placés à l'étranger par l'intermédiaire de l'Office : en Angleterre, 5 assistants et 4 assistantes ; en Autriche, 2 assistants ; en Ecosse, 6 assistants et 8 assistantes ; en Prusse, 61 assistants et 20 assistantes ; en Saxe, 2 assistants : en tout, 76 assistants et 32 assistantes. Ont été placés en France : 75 assistants étrangers et 52 assistantes (assistants de langue anglaise, 26 ; de langue allemande, 49 ; assistantes de langue anglaise, 38 ; de langue allemande, 14). — De plus, l'Office sert d'agent de transmission pour le recrutement des répétitrices étrangères placées au pair dans les écoles normales d'institutrices. Ces répétitrices ont été, en 1908, au nombre de 54, dont 50 de langue anglaise, 3 de langue italienne et 1 de langue allemande. Cette même année, pour la première fois, les écoles normales d'instituteurs ont reçu aussi des répétiteurs de langues étrangères, à savoir : 9 pour la langue allemande, 5 pour la langue anglaise et 3 pour la langue italienne.

L'Office, de plus, a mission de surveiller l'impression des publications du Musée pédagogique : tâche assez laborieuse, car le Musée, depuis 1904, publie en moyenne trois volumes par année (il en a donné quinze à cette heure, y compris cinq volumes où sont recueillies les conférences dont il sera parlé plus loin).

Ajoutons enfin que deux sections de la Bibliothèque générale, celle des documents et celle des périodiques, sont placées, depuis 1907, sous la direction de l'archiviste-bibliothécaire de l'Office.

C. Musée. — Cette partie de l'établissement a été complètement redistribuée depuis 1903. Elle se compose aujourd'hui : 1° d'une salle étrangère qui, comme on l'a vu plus haut, a été construite en 1902 ; — 2" d'une salle française (travaux de maîtres et d'élèves), construite en 1899 ; — 3° et 4° de deux salles des éditeurs, où les éditeurs français sont invités à exposer les objets scolaires qu'ils vendent (livres exceptés) ; — 5° d'une salle des appareils pour l'enseignement des sciences mathématiques et des sciences physiques ; — 6° d'un cabinet d'histoire naturelle ; — 7° et 8° de deux salles réservées à l'enseignement du dessin ; — 9° d'une salle de géographie (outillage de l'enseignement géographique) ; — 10° d'une salle d'architecture (maisons d'école, etc.) ; — 11° et 12° de deux salles consacrées à l'exposition des travaux de jeunes filles ; — 13° et 14° de deux salles affectées aux archives (modèles et documents) de la Société de « l'Art à l'école » à qui le Musée a offert son hospitalité.

Aidé par des spécialistes, le conservateur a pu reclasser et mettre au courant les collections exposées dans ces salles diverses. Les remaniements les plus importants ont porté sur les salles des appareils de mathématiques et de physique, d'histoire naturelle, de géographie et de dessin. Il ne faut pas perdre de vue que, depuis la mise en vigueur du régime nouveau, les objets intéressant l'enseignement secondaire sont entrés dans les cadres de ces collections.

En sus de l'exposition permanente de ce qui lui appartient en propre, le Musée a été le siège d'expositions constituées par des prêts temporaires : objets prêtés par le School Board de Londres, par l'Ecole suédoise de Nääs (travaux manuels), appareils de démonstration et d'enseignement de la Société française de physique, documents relatifs à l'histoire scolaire pendant la Révolution, dessins originaux et gravures de l'illustrateur danois Lorens Frölich. Enfin, c'est au Musée que sont désormais centralisés les envois que le ministère de l'instruction publique fait aux expositions organisées à l'étranger. Ce service a commencé à fonctionner à l'occasion de l'Exposition franco-britannique de Londres (1908).

D. Services auxiliaires. — Nous avons indiqué déjà pour quel objet et dans quelles conditions avait été créé le service des vues. Il nous faut ajouter que, pour qu'il pût jouer un rôle vraiment instructif, une commission a été chargée de réviser la collection des clichés qu'il distribue et de rédiger des notices explicatives propres à guider les conférenciers. Nous devons dire, en outre, qu'à cette heure ce service n'a plus seulement pour clients les instituteurs, mais aussi les officiers qui font des conférences à la caserne, et les professeurs des lycées et collèges de Paris et de la province : aussi les envois ont-ils suivi une rapide progression. En 1896-1897, il fut fait 8859 envois ; en 1908-1909, le chiffre s'en est élevé à 37340.

Il existe aussi au Musée un « Office des oeuvres auxiliaires et complémentaires de l'Ecole ». Là ont été versés par le ministère, pour être classés, les documents statistiques et autres relatifs aux cours d'adultes et aux conférences populaires, ainsi que les résultats de l'enquête faite en 1902 sur la situation de l'éducation populaire. L'archiviste de cet Office a été chargé d'étudier la question des bibliothèques scolaires et populaires en France et à l'étranger. A la suite de cette information, dont les résultats ont été consignés dans une des publications du Musée pédagogique, a été décidée la création d'un Bulletin des bibliothèques populaires, dont l'archiviste est secrétaire, et qui a pour objet précis d'être un bulletin critique des livres nouveaux en français, à l'usage des personnes qui administrent ou fréquentent les bibliothèques municipales, populaires, populaires des écoles publiques, etc, tant en France qu'à l'étranger. En ce moment il se poursuit à cet Office une tentative en vue de vivifier l'institution des bibliothèques scolaires : au début de 1909, on a mis en train dans trois départements (Meuse, Haute-Savoie, Vienne) une expérience de bibliothèques circulantes intercommunales, dont il est trop tôt pour juger les résultats, mais qui semble débuter dans de bonnes conditions.

E. Conférences et enseignements divers. — On se rappelle que la série des conférences de l'ancien Musée avait été close en 1895. Mais depuis 1904, l'oeuvre d'enseignement a repris avec plus d'activité qu'elle n'en avait jamais eu.

En 1904 fut inaugurée, sous le patronage de M. le vice-recteur de l'académie de Paris, une série de conférences qui s'adressent surtout aux professeurs des lycées parisiens ; chaque année, depuis lors, il est fait cinq ou six conférences sur des questions d'enseignement secondaire ; cela ne se borne pas à un simple exposé, mais les auditeurs sont invités à entrer en discussion avec les conférenciers ; le compte-rendu sténographique des conférences et discussions est ensuite publié par les soins du Musée. Ainsi sont composés les six volumes qui ont déjà paru : en 1904, L'enseignement des sciences mathématiques et des sciences physiques ; en 1905, L'enseignement des sciences naturelles et de la géographie ; en 1906, L'enseignement de la grammaire ; en 1907, L'enseignement de l'histoire ; en 1908, L'enseignement du dessin ; en 1909, L'enseignement du français.

Des enseignements proprement dits ont été organisés vers le même temps, rendant deux années (1905, 1906), un cours a été professé par M. Durkheim aux étudiants de l'université de Paris, élèves de l'Ecole normale supérieure et autres, qui étaient candidats aux diverses agrégations. Ce cours fut accompagné de conférences complémentaires sur des sujets ayant trait à l'enseignement secondaire. Pour les maîtres de cet ordre, il a été donné aussi par M. Gourio, professeur au lycée Buffon, une série de conférences sur la Méthode directe dans l'enseignement des langues vivantes.

Pour les candidats aux examens supérieurs de l'enseignement primaire, il est fait régulièrement depuis 1905 un cours de législation et d'administration scolaires, auquel s'ajoutent chaque année des conférences complémentaires.

Enfin, en 1907, un laboratoire d'hygiène scolaire a été fondé au Musée, et M. le Dr Méry, agrégé de la Faculté de médecine, qui en a été l'organisateur, s'est chargé de faire sur cette matière des conférences à l'adresse de tous les maîtres.

Nous ne saurions omettre de mentionner deux cours libres qui ont été professés, l'un sur l'Education littéraire dans l'enseignement primaire, par M. Scheid ; l'autre, à l'usage des candidats aux examens professionnels de renseignement du dessin, sur l'Histoire de l'art, par M. Chervet.

En terminant son compte-rendu de l'exercice 1907-1908, M. Ch.-V. Langlois écrivait : « L'année qui vient de s'écouler est, je crois, la dernière où l'oeuvre de restauration de l'ancien Musée pédagogique, entreprise par nos soins à partir de 1903, aura été dans le cas de recevoir des retouches relativement importantes, bibliothèque, Office, Musée, service des oeuvres auxiliaires de l'Ecole n'en comportent plus, semble-t-il, aucune ; le cadre des enseignements est devenu tout à fait normal ; bref, un état d'équilibre stable est atteint. »

Nous souhaitons que noire résumé ait été assez complet et assez précis pour permettre au lecteur de se rendre compte de ce qu'il y a de justesse dans ces lignes, qui serviront de conclusion à notre exposé.

II. LE MUSEE PEDAGOGIQUE DE LA VILLE DE PARIS. — C'est Gréard, lorsqu'il était directeur de l'enseignement primaire de la Seine, qui eut l'idée de créer cet établissement. Par lui, un premier musée scolaire fut organisé en 1872 et installé dans une des salles du magasin scolaire, quai Henri IV, n° 36. Mais il ne fit guère que végéter : il était placé dans un quartier trop peu central et ne disposait que d'un local insuffisant.

Après une quinzaine d'années, on se décida à le transférer ailleurs et à lui assurer une meilleure installation.

« Le musée occupe aujourd'hui une partie de l'immeuble situé rue de la Jussienne et du Louvre. Il a son entrée rue Montmartre, n°47. Il se compose d'une salle de bibliothèque, du musée proprement dit et de la salle des types.

« La bibliothèque compte, à l'heure actuelle, plus de 15 000 volumes classés, catalogués avec le plus grand soin, pour la plupart ouvrages d'enseignement : livres d'histoire, de géographie, récits de voyages, ouvrages de littérature, livres classiques, à la disposition des maîtres et des maîtresses de nos écoles qui désirent les consulter.

« La salle de la bibliothèque, assez vaste pour contenir 250 personnes, sert, à l'occasion, de salle de conférences.

« Le musée proprement dit est la salle consacrée aux travaux d'élèves. Ce qui frappe, lorsque l'on y pénètre, c'est un caractère d'absolue sincérité. Point de ces travaux où se révèle la part de collaboration des maîtres.

« L'exposition comprend un petit nombre de spécimens empruntés aux exercices ou travaux ordinaires des écoles maternelles, des écoles primaires élémentaires, des cours complémentaires, des écoles primaires supérieures et professionnelles, le tout judicieusement assemblé, de façon que le visiteur puisse se faire une idée non seulement de l'effort individuel accompli, mais encore de la méthode suivie aux différents degrés et dans les divers ordres d'enseignement.

« Enfin, dans une troisième salle ont été réunis les types de tous les meubles et objets en usage dans les écoles de la ville de Paris. » {Les Ecoles et les OEuvres municipales d'enseignement de la ville de Paris, par F. Lavergne, chef du secrétariat de la direction de l'enseignement. Paris, 1900.)

Cet établissement, comme on le voit, diffère beaucoup du Musée pédagogique de l'Etat : il n'est à aucun degré historique, rétrospectif ; il a un caractère exclusivement local ; il borne son rôle à exprimer fidèlement la vie scolaire de la cité parisienne, telle qu'elle est au temps présent. On conçoit que c'est assez pour qu'il ne manque pas d'intérêt, et comme il est, d'ailleurs, aménagé avec soin et goût, il reçoit de nombreux visiteurs, parmi lesquels on compte beaucoup d'étrangers.

III. MUSEES PEDAGOGIQUES EN PROVINCE. — Lorsque le Musée pédagogique de l'Etat fut réorganisé en 1903, il sembla utile que cet établissement fût renseigné sur l'existence en province d'institutions analogues. Une information fut ouverte sur ce point, et voici comment M. le Dr Galtier-Boissière, conservateur du Musée pédagogique, rendit compte du résultat qu'elle donna : « Vingt départements seulement possèdent une organisation ayant quelques droits à porter le titre de musée scolaire ; encore ces musées se réduisent-ils le plus souvent à des envois plus ou moins nombreux d'éditeurs, placés dans la salle de la bibliothèque pédagogique, envois auxquels viennent s'adjoindre quelquefois une collection minéralogique, un herbier, des travaux scolaires, reliquats d'expositions universelles et régionales.

« Ces vingt départements sont ceux des Alpes-Maritimes (Nice), des Ardennes (Sedan), de la Charente (Cognac), des Côtes-du-Nord (Saint-Brieuc, Dinan, Guingamp), du Doubs (Montbéliard), de la Drôme (Valence), de l'Eure (Pont-Audemer), d'Eure-et-Loir (Chartres et Dreux), du Finistère (Quimper), de la Gironde (Bordeaux), de Loir-et-Cher (Blois), de Maine-et-Loire (Angers), de la Manche (Saint-Lô), de la Marne (Vitry-le-françois, Reims), des Basses-Pyrénées (Oloron), du Rhône (Lyon, Gisors, Oullins), de la Haute-Saône (Gray, Arc-lès-Gray, Gy, Vauvillers), de Saône-et-Loire (Chalon), du Tarn (Labastide-Rouai-roux), de la Vendée (Fontenay-le-Comte, La Roche-sur-Yon) et d'Alger (Bouzaréa).

« Le local occupé est ordinairement une salle d'école primaire, quelquefois, comme à Bordeaux et à Chalon-sur-Saône, celle d'une école primaire supérieure, ou enfin d'une école normale (Bouzaréa, Valence).

« Aucun musée n'est à la fois primaire et secondaire, tous sont primaires ; aucun non plus n'a de section étrangère, mais quelques-uns ont exprimé le désir d'en créer une. Nous citerons notamment le musée de la Bouzaréa, qui désirerait acquérir par ce moyen des renseignements sur les procèdes employés à l'étranger pour l'instruction des indigènes.

« Des expositions scolaires ont été faites à certaines époques soit dans le musée scolaire, notamment à l'occasion de la distribution des prix (Chalon-sur-Saône), soit dans les salles de l'école normale, soit, à l'occasion de concours régionaux (Chartres) ou d'expositions générales locales (Angers, Saint-Etienne, Nantes, Reims), dans des bâtiments spéciaux. Les catalogues imprimes dans ces occasions montrent l'intérêt de ces expositions, qui ont souvent servi et peuvent servir encore de moyen pour la création de musées scolaires. » (Revue pédagogique, mai 1905.)

Ces renseignements font assez voir combien est humble la situation des musées pédagogiques qui se sont formés en province. Nous avons cru pourtant devoir les mentionner, car il y a là des germes qui pourront se développer avec le temps. Il semble que les universités provinciales, qui ont, pour la plupart, une chaire de science de l'éducation, auraient en cette affaire une initiative à prendre et un rôle utile à jouer.

ÉTRANGER.

C'est seulement à partir de la seconde moitié du dix-neuvième siècle que commencèrent à se fonder les établissements que nous désignons sous le nom général de « musées pédagogiques ». Le premier en date est celui de Stuttgart, créé en 1851 par l'Office central de l'industrie et du commerce du royaume de Wurtemberg (Die Lehrmittelsammlung der königl. Württenbergischen Zentralstelle für Gewerbe und Handel). Puis, par un mouvement lent d'abord (de 1851 à 1860 on ne voit se former que six établissements), plus rapide dans la suite, des musées pédagogiques furent constitués dans presque tous les pays d'Europe et dans les deux Amériques. M. Max Hübner, directeur du Musée pédagogique de Breslau, en a fait très soigneusement le relevé, dans un ouvrage paru en 1906 (Die ausländischen Schulmuseen, Breslau). Ce relevé comprend 76 établissements ; nous ne saurions ici, faute de place, parler en détail de chacun d'eux ; il en est, d'ailleurs, qui sont à l'état embryonnaire ou qui n'ont pris qu'un développement médiocre. Nous nous bornerons donc à reproduire d'abord la liste dressée par M. Max Hübner, et à donner ensuite des renseignements sommaires sur ceux de ces « musées » qui ont acquis une importance véritable.

L'Allemagne, de 1851 à 1906, en a ouvert 36, qui ont eu ou ont leur siège dans les villes suivantes : Stuttgart (1851), Hambourg (185b, Schulmuseum), Leipzig (1865), Munich (1875), Berlin (1875, Deutsches Schulmuseum), Denauwoerth (1876), Berlin (1877, Städtisches Schulmuseum), Magdebourg (1877), Regensbourg (1880), Koenigsberg (1881), Augsbourg (1881), Rostock (1888, Iéna (1889), Gotha (1889), Kiel (1890), Breslau (1891), Hildesheim (1891), Wolfenbuttel(1892), Hanovre (1892), Bamberg (1896), Posen (1897), Rixdorf (1897), Hambourg (1897, Lehrmittelaustellung). Oldenbourg (1900), Francfort-sur-le-Mein (1900), Cologne (1901), Brême (1902), Kolberg (1904), Stade (1904), Straubing (1904), Dresde (1904, Schulmuseum des Sächsischen Lehrervereins), Danzig(1904), Gleiwitz (1905), Potsdam (1905), Dresde (1905, Heimatkundliches Schulmuseum), Wurzbourg (1905).

Il faut remarquer que cinq de ces établissements ont disparu : Hambourg (1898), Leipzig, Donauwoerth, Iéna, Francfort-sur-le-Mein.

Pour les autres pays, voici les villes où ont été établis des musées pédagogiques : Toronto (1857), Londres (1857. South Kensington Museum), Saint-Pétersbourg (1864), Vienne (1872, Permanente Lehrmittelausstel-lung), Rome (1874), Zurich (1875), Budapest (1877), Amsterdam (1877), Tokio (1878), Berne (1878), Paris (1879), Bruxelles (1880), Palerme (1880), Washington (1881), Gênes (1881), Graz (1882), Rio de Janeiro (1883), Lisbonne (1883), Madrid (1884), Fribourg (1884), Copenhague (1887), Neuchâtel (1887), Aarhus (1887), Buenos-Aires (1888), Innsbruck (1888), Montevideo (1889), Bozen (1889), Prague (1890), Londres (1892, Educational Museum of the Teachers' Guild), Laibach (1898), Belgrade (1898), New York (1900), Agram (1901), Lausanne (1901), Christiania (1901), Vienne (1903, OEsterreichisches Schulmuseum), Sofia (1905), Athènes (1905), Lucerne (1905), Saint-Louis (1905).

Les musées de Vienne (Permanente Lehrmittelaustellung), de Rome, de Palerme, d'Aarhuus, de Rio de Janeiro, ont cessé d'exister.

Allemagne. — C'est en Allemagne, comme on l'a vu, qu'a été créé le premier des musées pédagogiques ; c'est aussi dans ce pays que les établissements de ce genre sont le plus nombreux. Mais, comme il en est très peu qui soient entretenus ou subventionnés par l'Etat ou les villes, comme ils ne tirent guère leurs ressources que d'associations, leur importance n'est pas en rapport avec leur nombre ; beaucoup d'entre eux n'ont que des installations insuffisantes et des collections restreintes. Aussi a-t-on formé dès longtemps le voeu de voir se créer un musée central et national ; mais ce voeu n'a pas encore abouti.

En tant que musée proprement dit, la Permanente Schulaustellung d'Augsbourg tient un des premiers rangs. L'initiative de sa création appartient à une association qui se forma en 1880 et qui ne tarda pas à embrasser le personnel presque entier des instituteurs de la Souabe. Inauguré en 1881, après avoir changé deux fois de local, cet établissement a aujourd'hui une installation très convenable. Il comprend quatre sections : 1° Matériel d'enseignement ; 2° Mobilier et constructions scolaires ; 3° Archives ; 4° Bibliothèque. Les deux premières sections offrent des collections assez abondantes ; moins bien pourvues, les archives et la bibliothèque tendent pourtant à se développer. Le Schwäbischer Schulanzeiger, avec son supplément : Mitteilungen aus der Schwäbischen Schulaustellung, sert d'organe au musée pédagogique d'Augsbourg.

Berlin a deux musées scolaires. Le plus ancien (Deutsches Schulmuseum) date de 1876, et sa naissance est due à une Exposition de matériel d'enseignement organisée en 1874 par le personnel enseignant de Berlin. Il est la propriété de la Société des instituteurs berlinois (Berliner Lehrerverein). Il y a été formé une bibliothèque importante, comprenant aujourd'hui plus de 20 000 ouvrages (30000 volumes), et dont la composition a de l'intérêt. On y remarque, parmi les imprimés, une collection d'ouvrages pour servir à l'histoire des grands pédagogues, ouvrages réunis à l'occasion des fêtes commémoratives de Harnisch (1887), Diesterweg (1890), Comenius (1892) et Pestalozzi (1896). Il y a de plus une curieuse section des manuscrits, qui ne compte pas moins de 1200 numéros, parmi lesquels il faut noter 160 lettres de Diesterweg et des autographes de A.-H. Francke, Basedow, Herbart, Stoy, Pestalozzi, Froebel, Dittes, Dörpfeld, Ratichius, Comenius, Rousseau, etc. Très intéressante aussi la collection de documents figurés ayant trait à l'histoire de l'enseignement et de l'éducation : portraits, représentations d'édifices scolaires, scènes de la vie des maîtres et des écoliers d'autrefois. Enfin on trouve au Deutsches Schulmuseum un cabinet de médailles où sont rassemblées des médailles commémoratives frappées en l'honneur des grands éducateurs ou en souvenir des grands faits de l'histoire de l'enseignement. Le Deutsches Schulmuseum n'a pu que fort peu développer son exposition de matériel et de mobilier scolaires ; l'espace lui manque et il lui faudrait un autre local pour pouvoir exercer son activité.

L'autre musée de Berlin (Städlisches Schulmuseum), mieux partagé au point de vue de l'installation, a un caractère assez différent : il se donne pour principal office de promouvoir la culture scientifique des maîtres et des maîtresses. Aussi est-il riche surtout en appareils et instruments de physique ; il possède un laboratoire de chimie, et il s'y fait des cours sur ces deux sciences, ainsi que des exercices pratiques et des manipulations. La composition de la bibliothèque (7000 ouvrages, 16 000 volumes) est orientée dans le même sens. Ajoutons que, dans le dessein de vivifier et d'améliorer l'institution des bibliothèques scolaires, il a été constitué au Städtisches Schulmuseum une collection-type d'ouvrages destinés à la jeunesse (Jugendschriften), dont le catalogue, dès 1902, comprenait 750 numéros. Depuis son origine (1877), la ville de Berlin fait à cet établissement une subvention de 4000 marks. Il y a là une garantie de stabilité que possèdent trop peu de musées allemands. Le voeu de beaucoup d'hommes d'école serait de voir s'opérer une fusion entre les deux musées existant à Berlin.

C'est aussi grâce à une subvention de la ville que le musée de Breslau a pu, depuis sa fondation (1891), faire d'assez rapides progrès. Il comprend aujourd'hui six sections : 1° Mobilier et constructions scolaires ; 2° Statistique et hygiène scolaires ; 3° Matériel d'enseignement ; 4° Décoration des écoles ; 5° Bibliothèque ; 6° Autographe, bustes et portraits des pédagogues et hommes d'école célèbres. Il a, de plus, entrepris une série de publications entre lesquelles il faut mentionner deux volumes de son directeur actuel, M. Max Hübner : Die Deutschen Schulmuseen, Breslau, 1904 ; Die ausländischen Schulmuseen, Breslau, 1906.

Ce qui donne au musée qui fut fondé à Hanovre en 1893 son caractère original, c'est, en premier lieu, que sa collection de matériel d'enseignement est exclusivement contemporaine, écarte systématiquement tout objet suranné ; c'est, d'autre part, qu'il est un musée d'histoire naturelle, mais d'histoire naturelle strictement locale. Une bibliothèque pédagogique assez riche (7500 volumes) est installée dans le même bâtiment que le musée, mais n'a pas la même administration. En 1903, la ville de Hanovre a consacré à l'entretien du musée une somme de 6000 marks.

Un établissement dont la destination est analogue était en voie de formation à Dresde en 1903 (Das heimatkundliche Schulmuseum).

Un des plus anciens musées d'Allemagne, celui qui fut fondé à Hambourg, en 1855, par la Société pour l'avancement de l'enseignement scientifique, s'était donné pour tâche de collectionner les objets propres à servir à l'enseignement intuitif, et ces objets, il ne se contentait pas de les exposer, il les prêtait aux écoles, contre une très faible rétribution. Il a rendu ainsi des services très appréciables ; mais, à la fin du dernier siècle, la société qui l'avait fondé considéra qu'elle avait rempli son objet et qu'elle avait pourvu toutes les écoles ou à peu près du matériel nécessaire. Une transformation du musée fut alors décidée ; on songea à lui donner un caractère rétrospectif et à le faire servir à reconstituer l'histoire scolaire de Hambourg. L'ancien Schulmuseum est ainsi devenu une collection historique (die schulgeschichtliche Sammlung) qui comprend des objets, des livres, des documents figurés propres à faire connaître le passé des écoles et des maîtres hambourgeois.

A Munich se trouve le seul musée d'Etat qui existe en Allemagne : das königl. Kreismagazin von Oberbayern für Lehrmittel und Schuleinrichtungsge-genstände. Déjà assez ancien (sa création remonte à 1875), convenablement doté, enrichi par les éditeurs et les fabricants, qui apprécient ce moyen de faire connaître ce qu'ils produisent, il a pu constituer une collection importante, mais qui, comme l'annonce son titre, se borne au matériel et au mobilier scolaires.

Doyen des musées allemands, le musée de Stuttgart (Die Lehrmittelsammlung der königl. Würtlembergischen Zentralstelle für Gewerbe und Handel), qui s'ouvrit, en 1851, après l'Exposition universelle de Londres, est une section de l'exposition industrielle permanente. Ce qui lui donne sa physionomie propre, c'est la richesse avec laquelle y est représenté tout ce qui touche à l'enseignement du dessin.

Parmi les établissements qui paraissent avoir de l'avenir, nous mentionnerons encore les musées de Hildesheim, de Wolfenbüttel, d'Oldenbourg, qui s'emploie surtout a vulgariser l'usage des appareils à projections lumineuses. Mais, faute d'espace, il nous faut arrêter là notre énumération. Avant de quitter l'Allemagne, il convient de remarquer que des musées que nous avons signalés comme ayant disparu n'ont pas cependant entièrement péri : à Donauwoerth, par exemple, si l'exposition d'objets scolaires du Cassianeum a été dispersée, la très riche bibliothèque (plus de 30 000 volumes) subsiste toujours ; à Leipzig, les débris de la Permanente Lehrmittelausstellung ont été recueillis par la Société Comenius (Comenius-Stiftung) ; à Iéna, le Thüringer Schulmuseum a été cédé au séminaire pédagogique de l'université.

Angleterre. — L'Angleterre compte deux musées d'éducation : l'un, fondé en 1857, n'est qu'une division du South Kensington Museum ; l'autre a été créé en 1892 par la Teachers' Guild d'Angleterre et d'Irlande (Educational Museum of the Teachers' Guild of Great Brilain and Ireland).

Le premier a eu une certaine importance jusque vers 1880. Il comprenait des collections divisées en douze sections et où trouvait place tout ce qui pouvait intéresser l'école, et, de plus, une bibliothèque fort bien pourvue d'ouvrages de pédagogie et d'histoire de l'éducation. Encouragé et subventionné par le Département des sciences et arts, il se développait aisément. Mais, en raison même de ce développement, vint un moment où les locaux du Soulh Kensington Museum ne lui suffirent plus ; on fut embarrassé pour lui trouver une autre installation, on fit peu d'efforts pour sortir d'embarras, on laissa les collections s'éparpiller, on fondit la bibliothèque avec celle du Board of Education, et l'établissement fut réduit à devenir une collection d'appareils et de livres scientifiques, de livres d'art et de modèles à l'usage des écoles du degré supérieur.

Quant au musée fondé par la Teachers' Guild d'Angleterre et d'Irlande, il n'a mené jusqu'ici qu'une existence assez précaire, et la modicité des ressources dont il dispose ne permet pas encore d'augurer beaucoup de son avenir.

Autriche-Hongrie. — L'Autriche-Hongrie est, après l'Allemagne, le pays qui compte le plus de musées d'éducation. Il en existe pour les races diverses de l'empire : pour les Allemands, à Graz, Bozen, Innsbruck. Vienne ; — pour les Hongrois, à Budapest ; — pour les Croates, à Agram ; — pour les Slovènes, à Laibach ; — pour les Tchèques, à Prague.

Plusieurs de ces établissements sont de création assez récente et ne disposent que de ressources modiques. Il n'y a pas lieu d'en parler en détail dans cotte rapide revue. Mais il nous faut mentionner le musée de Graz, déjà ancien, dont les collections sont remarquablement organisées, qui a une bibliothèque de plus de 10 000 volumes, et un budget d'environ 4100 francs, et le musée de Budapest, dont les ressources sont aussi relativement élevées (en 1904, près de 12 000 francs), et qui rend spécialement des services en encourageant la création de bibliothèques circulantes.

A Vienne, il s'était créé d'assez bonne heure (1872) une Permanente Lehrmittelaustellung qui, subventionnée par la ville, prit assez d'extension et, pendant vingt ans, fit preuve d'activité. Mais, en 1891, les subsides municipaux lui furent retirés pour des motifs que nous ignorons, et l'établissement cessa de fonctionner. Le Dr Karl Stejskal, ne voulant pas que la capitale fût privée d'une institution qui a fait ses preuves, a réussi à fonder un nouveau musée d'éducation (das österreichische Schulmuseum). Le plan qu'il en a tracé est très ample et très bien conçu. Mais on en est encore à la période des premiers débuts.

Belgique. — Le musée scolaire de Bruxelles, fondé par un arrêté royal du 10 septembre 1882, est un établissement d'Etat. Aux termes de l'arrêté royal du 27 janvier 1887, « les collections du musée ont pour objet principal d'exposer, à tous les points de vue, la situation de l'enseignement primaire donné dans les établissements de l'Etat ou des communes et dans les établissements libres (constructions, mobilier, hygiène scolaire, organisation, livres, méthodes, appareils et collections, travaux d'élèves, jardins d'enfants, écoles d'adultes, écoles ménagères, statistique). Le Musée a également pour but d'appeler l'attention des hommes d école sur tout ce qui est de nature à perfectionner ou à développer ce double enseignement (emprunts faits à l'enseignement à l'étranger, à l'enseignement professionnel, aux travaux personnels des instituteurs, à l'industrie privée). Les livres, cartes et tous autres objets approuvés ou recommandés par le gouvernement font nécessairement partie des collections du musée ».

Au musée est annexée une bibliothèque pédagogique qui comprend environ 5000 volumes. Assez élevés au début (en 1885, ils montaient à 56 000 francs), les crédits affectés à l'établissement ont été réduits dans la suite ; en 1903, ils n'étaient plus que de 13500 francs.

Canada. — L établissement fondé en 1857 à Toronto sous le nom d'Educational Museum ne fut jamais un musée d'éducation au sens propre du mot. Il devait comprendre tout ce qui était de nature à servir le progrès intellectuel et artistique. Il ne renferme que des collections d'art, d'histoire naturelle et d'ethnologie.

Danemark. — La création du musée de Copenhague est due à l'initiative d'un instituteur rural, Emile Sauter. Aidé par l'Association des instituteurs danois, dont il avait été l'un des fondateurs, il chercha à pourvoir les écoles du mobilier et du matériel d'enseignement qui leur manquait en général. A ce dessein, il organisa des conférences sur les divers points du pays et réunit à Gladsaxe, où il enseignait, une collection intéressante. Sur ce modèle, il y eut un essai du même genre tenté à Aarhus en 1887. Mais ni Aarhus ni Gladsaxe n'étaient des localités assez importantes pour qu'un musée scolaire y fût bien placé. C'est ce que l'on comprit assez vite : les collections amorcées furent transférées à Copenhague, et, le gouvernement s'étant avisé de l'intérêt que pouvait avoir une institution de cette sorte, le musée en formation devint, en 1888, un établissement d'Etat. Il est aujourd'hui très prospère : outre ses collections assez étendues, bien distribuées et qui comprennent une division rétrospective où figurent de véritables curiosités, (e musée possède une bibliothèque de plus de 10 000 volumes. Il faut dire que le but visé par Sauter a été atteint ; l'outillage des écoles danoises, qui longtemps avait été fort médiocre, devient de jour en jour plus satisfaisant. Le musée de Copenhague travaille aussi à améliorer la composition des bibliothèques d'école ; il a constitué une bibliothèque-type d'ouvrages pour la jeunesse, dont la liste est composée actuellement de 320 volumes.

Espagne. — En 1882, M. Albareda, ministre du Fomento, représenta au roi Alphonse XII que l'Espagne avait de grands progrès à faire pour se placer, en ce qui concerne l'éducation nationale, au niveau des autres peuples d'Europe. Pour aider à ce progrès, il conseillait la création d'un musée pédagogique qui fut, en effet, fondé à Madrid par décret du 6 mai 1882. Purement primaire à l'origine, il est, depuis 1895, appelé à servir tous les ordres d'enseignement. Ses collections se composent : 1° de matériel d'enseignement ; 2° de plans et vues de bâtiments scolaires ; 3° de mobilier scolaire ; 4° de travaux d'élèves ; 5° de travaux à l'aiguille ; 6° de spécimens propres à servir à l'histoire de la calligraphie en Espagne. — La bibliothèque est divisée en trois sections : 1° ouvrages de culture générale ; 2° traités de pédagogie ; 3° périodiques, dont la plupart traitent des questions d'éducation. Elle fait des prêts sur place et, sous le nom de « bibliothèque circulante », des prêts à domicile. En 1898, elle comptait déjà 10 220 volumes et 3500 brochures, sa fréquentation est, d'ailleurs, excellente. — Le Musée possède en outre deux laboratoires, l'un d'anthropométrie et de physiologie expérimentale, l'autre de physique et de chimie, et un office de renseignements, auquel peuvent s'adresser non seulement les maîtres, mais toutes les personnes qu'intéressent les questions d'enseignement. — Dans le musée sont organisés des conférences et des cours, dont quelques-uns sont faits par des professeurs des universités. Enfin, depuis un quart de siècle qu'il existe, il a donné une série assez étendue de publications intéressantes, et c'est à lui que revient l'honneur d'avoir organisé, en Espagne, la première colonie scolaire. Ces résultats remarquables sont dus pour une bonne part au zèle du personnel qui — fait à noter — est nommé au concours. M. Manuel B. Cossio, nommé directeur en 1883, et M. Ricardo Rubio, secrétaire, puis sous-directeur, ont su imprimer une vive impulsion à cet établissement.

Etats-Unis. — En 1881, le Bureau of Education des Etats-Unis, à Washington, comprenait une section formée d'une bibliothèque pédagogique et d'un musée qui semblait devoir jouer le même rôle que les musées analogues en Europe ; mais il disparut après quelques années, faute d'espace, et il ne subsiste plus que la bibliothèque qui, du reste, est de première importance : en 1905, elle comptait 85 935 volumes et 97 000 brochures. — Le musée récemment créé à Saint-Louis a surtout le caractère d'une exposition scolaire ; à New York, l'Educational Museum and Library of Teachers' College, Columbia University, qui est aussi de création toute récente, prétend être un musée d'éducation dans toute l'étendue du sens que nous donnons à ce mot.

Hollande. — Dû à l'initiative de la Société des instituteurs des Pays-Bas, soutenu par les cotisations des membres de cette Société, de la Société des professeurs des écoles réales, de la municipalité, de l'Etat, le musée d'Amsterdam est aujourd'hui dans une situation satisfaisante, après avoir, jusqu'à ces dernières années, connu les temps difficiles. Son objet est de servir les trois ordres d'enseignement. Ses collections ne représentent pas seulement l'état actuel du matériel d'enseignement et du mobilier scolaire ; on s'attache à y reconstituer tout le passé de l'école. Au musée proprement dit est rattachée une bibliothèque pédagogique, dont la fondation remonte à 1870.

Italie. — Il y eut naguère des musées d'éducation à Rome et à Palerme ; mais ils ont vécu, et le seul que possède aujourd'hui l'Italie est celui de Gênes. Installé dans les bâtiments du lycée André Doria, il reçoit de la Ville une subvention annuelle de 2000 francs. Son but est de servir surtout l'enseignement élémentaire ; des conférences y sont instituées pour les maîtres de cet ordre. Il a une bibliothèque pédagogique, composée de 10 000 volumes à peu près, et, en outre, une bibliothèque scolaire et une bibliothèque circulante qui, ensemble, comprennent 2000 volumes. En 1903-1904, il a été fait 2677 prêts sur place et 2751 prêts au dehors.

Japon. — Au contraire des musées pédagogiques européens, pour la plupart assez mal logés, le musée de Tokio a une installation excellente au milieu d'un très beau parc. Créé en 1878, il n'a plus, depuis 1889, une existence indépendante et a été annexé, cette année-là, à l'Ecole normale supérieure. A la fin de 1904, 9716 numéros figuraient au catalogue de ses collections et sa bibliothèque contenait 6998 volumes. Mais, au lieu de se développer, le champ de son activité a été restreint avec le temps. Un jardin botanique lui était naguère rattaché ; il n'en est plus ainsi aujourd'hui. Il avait charge naguère de fournir les écoles de collections d'histoire naturelle, d'appareils de physique et de chimie, après qu'ils avaient été soumis à un examen ; c'est un office dont il ne s'acquitte plus. Il faut remarquer aussi qu'il n'a jamais donné de publications. Néanmoins, il rend de notables services, et nous voyons qu'en 1901 il n'a pas reçu moins de 68 399 visiteurs.

Norvège. — La Norvège a un musée scolaire à Kristiania. C'est une création de la municipalité, et elle a pour but exclusif de favoriser les progrès de l'école populaire, ainsi que l'indique sa désignation officielle: Skolemuseum för Kristiania Folkeskoler. La partie la plus intéressante de ses collections est formée par les objets qui représentent l'enseignement du Slöjd (travaux manuels), tel qu'il est donné à Nääs (Suède).

Russie. — Il existe à Saint-Pétersbourg un Musée pédagogique des établissements militaires d'éducation. Fondé en 1864, il relève du ministère de la guerre et a été institué dans les vues suivantes : 1° Présenter, à chaque moment donné, une collection systématique aussi complète que possible du matériel d enseignement et d'éducation de provenance russe et étrangère, afin que les établissements d'éducation puissent en prendre connaissance et faire plus facilement leur choix ; 2° soumettre ce matériel à un examen raisonné, et en faire connaître l'utilité, ainsi que le mode d'emploi ; 3° contribuer au développement de la fabrication locale du matériel d'enseignement et d'éducation, à son perfectionnement et à la baisse des prix ; 4° contribuer à répandre l'instruction en général par le moyen de ses collections. (Notice publiée par le musée en 1875.)

Quelque dix ans après sa création, l'action du musée s'était si heureusement exercée que la fabrication du matériel d'enseignement et du mobilier scolaire qui, jusqu'alors, n'avait pas existé en Russie, commençait à se développer, et que les écoles de tout degré pouvaient trouver à bon compte chez des fabricants indigènes un outillage satisfaisant.

Le musée ne s'en tint pas, d'ailleurs, à cette tâche d'ordre tout pratique. Rattaché, en 1871, au musée des sciences appliquées, tout en conservant son autonomie, il constitua des commissions qui devaient travailler à tout ce qui est du domaine de l'éducation et de l'enseignement. En 1888-1889, dix sections fonctionnaient déjà, et chacune d'elles s'occupait spécialement d'un des objets ci-après désignés : 1° Hygiène scolaire, 2° pédagogie générale, 3° langue et littérature russes, 4° langues étrangères, 5° mathématiques, 6° mécanique, physique et cosmographie, 7° chimie, 8° chant et musique instrumentale, 9° musique classique. La 10e section donnait ses soins à la composition d'un manuel de lecture, d'écriture et de calcul à l'usage des jeunes soldats, lequel fut tiré à 115000 exemplaires.

Près du musée furent aussi instituées trois séries de cours et conférences ; une de ces séries s'adresse aux soldats, une autre aux illettrés, la troisième (payante, celle-là) au public cultivé. Toutes furent très suivies, et les recettes que fournit la troisième série permirent de fonder des cours de chant, de musique instrumentale et d'escrime.

En somme, bien que cet établissement porte le titre officiel de Musée pédagogique des établissements militaires d'éducation, il a servi, en Russie, le progrès des écoles de tout ordre. Il est, en effet, accessible non seulement à toutes les catégories de maîtres, mais même aux particuliers. De très bonne heure on se rendit compte de l'importance du rôle qu'il jouait, et sa participation aux Expositions de Vienne (1873), Philadelphie et Bruxelles (1876), Paris (1878) fut très remarquée. Son activité ne s'est pas ralentie depuis cette époque, et, en raison des services qu'il a rendus et rend encore, l'Etat continue à lui prêter son appui financier. En 1903, le budget de l'établissement s élevait à 8550 roubles, soit environ 35 000 francs.

Suisse. — Pour une population de 3 360 000 habitants, la Suisse compte six musées pédagogiques (Zürich, Berne, Fribourg, Neuchâtel, Lausanne et Lucerne) ; en sorte que, proportionnellement au chiffre de la population, c'est le pays d'Europe où cette institution est le plus répandue.

Les deux musées les plus importants, ceux de Berne et de Zurich, ont été créés à la suite de l'Exposition de Vienne de 1873.

Le musée industriel (Gewerbe-Museum) créé à Zürich en 1874 comprit une section pédagogique, qui s'organisa l'année suivante sous le nom de Schweizerische permanente Schulausstellung (Exposition scolaire permanente suisse). Cette section posséda bientôt une bibliothèque scolaire spéciale (Schularchiv), à laquelle était attaché un bureau d'études et de renseignements. En 1878, ce bureau, dirigé par le Dr Otto Hunziker, commença la publication d'un bulletin périodique (Korresnondenzblatt) ; la même année fut annexé au Schularchiv un « Musée pestalozzien » (Pestalozzi-Stübchen). Le Comité directeur de l'établissement avait conçu l'espoir de pouvoir transformer le musée zuricois en une agence centrale de renseignements et de statistique pour toute la Confédération suisse, mais ce projet ne put se réaliser, et le musée dut garder son caractère cantonal. Il se développa néanmoins ; en 1880, le modeste Korrespondenzblatt fut remplacé par un organe plus important, le Schweizerisches Schularchiv ; la même année, le Pestalozzi-Stübchen commençait la publication des Pestalozzi-Blätter, sous la direction du Dr Hunziker. En 1882, le musée pédagogique zuricois s'émancipa de la tutelle du Gewerbe-Museum et devint une institution indépendante qui prit le titre de Pestalozzianum. Cet établissement, après avoir passé par quelques traverses, se trouve aujourd'hui dans une situation très satisfaisante : il est subventionné par la ville et le canton de Zurich, par le Conseil fédéral, et ses ressources s'élevaient, en 1905, à plus de 15000 francs. Il comprend des collections destinées à faire connaître les édifices et le mobilier scolaires et aussi le matériel d'enseignement, des archives où sont réunis des documents législatifs et statistiques, un office d'informations, une bibliothèque pédagogique avec salle de lecture. De plus, il organise des cours et conférences, et des expositions dans ses locaux et au dehors. Le Pestalozzi-Stübchen, qui y est toujours, annexé, a réuni une collection très précieuse de manuscrits de Pestalozzi, de portraits, de documents de toute sorte relatifs au grand éducateur et à son oeuvre ; il a donné des éditions nouvelles du chef-d'oeuvre de Pestalozzi, Lienhard und Gertrud (2 vol., 1881 et 1884) et de son traité philosophique (Meine Nachforschungen uber den Gang der Natur in der Entwicklung der Menschengeschlechts (1 vol., 1886). Les Pestalozzi-Blätter ont cessé de paraître à la fin de 1906, par suite de la maladie de leur rédacteur (le Dr Hunziker est mort en 1909).

Le musée de Berne, créé quatre ans après celui de Zurich (1878), reçoit, lui aussi, des subventions de la ville, du canton et du Conseil fédéral ; en 1904, il avait à sa disposition des crédits se montant à 14306 francs. Cet établissement a été représenté à de nombreuses expositions (entre autres Paris 1889, Genève 1896, Nuremberg 1904), et. partout ses envois ont provoqué l'intérêt des hommes d'école.

République Argentine. — Institution d'Etat, le musée pédagogique de Buenos Aires fut ouvert en 1888 ; l'année suivante, il y a été adjoint une bibliothèque. Bibliothèque et musée sont installés de façon spacieuse et élégante dans les bâtiments du ministère de l'instruction publique, qui leur accorde une subvention de 2000 pesos (environ 8000 francs). La bibliothèque, très fréquentée, comptait en 1906 à peu près 20000 volumes (pédagogie, histoire, géographie, livres illustrés, ouvrages pour la jeunesse). Comme Buenos Aires est pourvu de musées d'art, d'histoire naturelle, les collections du musée pédagogique ne comprennent que des objets qui intéressent l'enseignement et l'éducation. Ces objets, on ne se borne pas à les exposer ; ils sont prêtés aux maîtres pour leurs leçons, à la réserve de ceux qu'il serait trop malaisé de remplacer, s'ils venaient à être détériorés ou perdus. Le musée de Buenos Aires a un organe, El Monitor de la Educacion comun, publication officielle, qui est servie gratuitement aux membres de l'enseignement.

Uruguay, — Au retour d'un voyage qu'il fit en Europe en 1888, M. Alberto Gomez Ruano, professeur de géographie et d'anthropologie à l'université de Montevideo, signala à son gouvernement l'intérêt que pouvait présenter la création d'un musée pédagogique. Sa proposition reçut un bon accueil et, l'année suivante, on décidait l'installation du musée dans un édifice public, vaste et commode. Les progrès du nouvel établissement ont été assez rapides. En 1905, sa bibliothèque, divisée en trois sections, comprenait : section théorique 4353 volumes ; section didactique, 4722 ; bibliothèque circulante, 3813 ; soit en tout 12 893 volumes. Outre les objets de matériel d'enseignement, etc., on voit figurer dans ses collections une section d'histoire et d'archéologie nationales, et une section iconographique. D'autre part, le Musée est rattaché à l'Observatoire de météorologie, avec lequel il coopère. Enfin, il fait paraître une publication périodique illustrée, sous le titre de Anales del Museo pedagogico de Montevideo. La subvention qu'il reçoit de l'État a été en 1901 de 4879 pesos, c'est-à-dire d'à peu près 20 000 francs.

Maurice Pellisson