bannière

m

Monuments historiques

 On désigne sous le nom de monuments historiques les édifices qui offrent un intérêt soit au point de vue de l'art, soit au point de vue de l'histoire, et qui sont placés à ce titre sous la protection spéciale de l'Etat. C'est la Convention qui, la première, s'occupa de la conservation des monuments du passé ; elle rendit un décret portant « la peine de deux ans de fers contre quiconque dégradera les monuments des arts dépendant des propriétés nationales » (4 juin 1793) ; elle réorganisa la Commission des monuments, créée par l'Assemblée constituante, et dont les attributions furent transférées, à la fin de 1793, à la Commission temporaire des arts. Cette seconde commission publia, en ventôse an II, la célèbre « Instruction sur la manière d'inventorier et de conserver, dans toute l’étendue de la République, tous les objets qui peuvent servir aux arts, aux sciences et à l'enseignement ».

Malheureusement, le vandalisme, que la Convention avait réprimé, se donna carrière sous l'Empire et sous la Restauration. De nombreux édifices, achetés à vil prix par la bande noire, furent livrés par elle à la pioche du démolisseur ; d'autre part, le clergé, imitant les destructions inintelligentes opérées par les évêques et les abbés des dix-septième et dix-huitième siècles, mutila mainte église, chef-d'oeuvre de l'art gothique, sous prétexte de la réparer ou de l'embellir. Ce fut le gouvernement de Juillet qui mit un terme à cet abus. Reprenant la tradition de 1793, il créa auprès du ministère de l'intérieur un comité spécial chargé de déterminer et de classer les édifices auxquels devait être assigne le caractère de monument historique. Des crédits annuels furent votés pour faire exécuter sur les monuments classés les réparations nécessaires ; et les préfets reçurent l'ordre de refuser leur autorisation à tous les changements qui seraient demandés par des curés pour des édifices consacrés aux cultes, si ces demandes n'étaient pas approuvées par l'inspecteur général des monuments historiques ou par une commission d'hommes compétents. Le Comité des monuments historiques relève actuellement du ministère de l'instruction publique et des beaux-arts.

L'étude des monuments doit former, à l'école normale et à l'école primaire, un complément utile de l'enseignement de l'histoire nationale. Rien n'est plus propre a faire comprendre le caractère d'un siècle que la connaissance des monuments qu'il a laissés ; et les maîtres savent, sans qu'il soit nécessaire d'y insister ici, combien une promenade ayant pour but une visite à quelque monument du moyen âge ou de l'époque gallo-romaine est un heureux moyen d'intéresser les élèves et de vivifier l'enseignement. Nous nous contenterons de signaler deux ouvrages dont les auteurs ont voulu populariser les connaissances archéologiques en donnant à leurs lecteurs des indications qui rendront plus fructueuse l'étude des monuments de notre histoire. Le premier est l'Archéologie des écoles primaires, par M. de Caumont, Caen, 1868 ; ce livre s adresse spécialement aux instituteurs, et fait appel à leur concours intelligent pour le progrès des études archéologiques : « L'archéologie, j'en suis convaincu, dit l'auteur dans sa préface, doit trouver dans les instituteurs primaires des auxiliaires très utiles ; il leur serait facile de constater de visu une foule de trouvailles qui passent inaperçues ou qui arrivent aux archéologues après avoir été mal appréciées par des observateurs inhabiles. Je serais heureux si cet opuscule déterminait les instituteurs à noter avec soin tout ce qui intéresse l'histoire de leurs localités respectives et la conservation des monuments qui s'y trouvent. » Le second ouvrage est l'excellente Histoire monumentale de la France, par M. Anthyme Saint-Paul, Hachette et Cie, 1883 ; enrichi de nombreuses illustrations, ce volume s'adresse « à ceux que rebuteraient les grands mots tirés du grec, et les développements techniques », et vise « à développer dans les jeunes coeurs l'amour et le respect de la France », en relevant « certains côtés de son histoire trop négligés dans les livres classiques et cependant fort bons à connaître ».