La première édition de ce Dictionnaire contenait, sous ce titre, un article d'Eugène Guillaume, dans lequel l'éminent artiste qui fut directeur de l'Ecole de Rome s'était surtout attaché à discuter cette double question : « En ce qui concerne les modèles dits artistiques, à quelle famille d'oeuvres d'art, à quelle époque privilégiée convient-il de les emprunter? » Et, d'autre part, que faut-il penser de l'opinion des personnes qui « voudraient qu'on allât directement à la nature vivante » ; qui « mettent avant tout l'étude des particularités et au-dessus de tout le développement du sens individuel »? Et il répondait en ces termes :
« Nous ferons observer à ceux qui repoussent a tradition comme base de l'enseignement, qu'il n'y a pas de science de ce qui change, et que le respect absolu du sentiment particulier serait la négation de toute éducation. L'art n'est pas autrement constitué que l'esprit humain : il est, composé d'éléments spontanés, mais aussi de travail réfléchi. Ce travail est celui de la raison. Rien de moins individuel qu'elle : c'est le fonds commun de l'humanité. De telles données sont conformes aux tendances logiques du génie fiançais, aux besoins de notre esprit toujours prêt à subordonner l'individu, et plus disposé à chercher le mieux dans le perfectionnement de la règle que dans le développement de l'indépendance.
« Décidés à n'aborder la nature qu'avec un guide, et l'histoire de l'art qu'appuyés sur une critique, nous ferons sagement de choisir nos modèles parmi les oeuvres de l'antiquité, en évitant l'archaïsme, et aussi parmi celles de la Renaissance. Tandis que dans les premières nous trouverons la simplicité, la justesse et celle sérénité qui sont un signe du but désintéressé de l'art, les secondes nous offriront, dans la manière d'exprimer les formes, une énergie qui doit être le plus utile des remèdes pour combattre la langueur de nos oeuvres et pour faire justice de la théorie énervante qui fait consister l'art à amoindrir les grands accents de la nature. Croit-on mieux exprimer par là ce que la nature dit si vivement à notre esprit? C'est pour préparer la jeunesse à la saisir par ses côtés généraux et permanents que nos modèles lui sont offerts. Partant de là, nous serons conséquents avec nous-mêmes en disant que les études d'après nature, venant en leur temps, doivent, en définitive, attirer la prédilection de tous ceux qui dessinent ; qu'elles assurent la vie de l'art, et que si, après qu'on y aura été bien préparé, elles sont sincèrement conduites, elles provoqueront la reconstitution d'un idéal. »
Les nouveaux programmes de l'enseignement du dessin se sont placés à un autre point de vue. Aussi, pour tout ce qui concerne la question des modèles, nous bornons-nous à renvoyer le lecteur à l'article Dessin.