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Militaire (exercice)

 L'exercice militaire fut introduit dans le plan d'études des écoles normales d'instituteurs par l'arrêté du 3 août 1881 et dans celui des écoles primaires de garçons par l'arrêté du 27 juillet 1882.

Dans les écoles normales, cet exercice était associé à la gymnastique, dont il était considéré comme le complément. En voici le programme :

« PREMIERE ANNEE. — Ecole du soldat sans armes. Formation de la section. Alignements. Marches. Changements de direction.

« Ecole d'intonation.

« DEUXIEME ANNEE. — Mécanisme des mouvements en ordre dispersé. Déploiement. Marches. Ralliement. Rassemblement.

« Ecole du soldat avec l'arme.

« Tir. Exercices préparatoires. Tir à courte portée.

« Ecole d'intonation.

« TROISIEME ANNEE. — Ecole du soldat avec l'arme. Ecole de section.

« Ecole d'intonation.

« Etude du fusil modèle 1874. Appréciation des distances.

« Tir à courte portée. Tir à la cible. »

Dans les écoles primaires, l'exercice militaire était distinct de la gymnastique, et formait une branche particulière du programme. Le plan d'études en indiquait de la manière suivante la répartition graduée entre les trois cours :

« COURS ELEMENTAIRE. — Exercices de marche, d'alignement, de formation des pelotons, etc. — Préparation à l'exercice militaire.

« COURS MOYEN. — Exercice militaire : Ecole du soldat sans armes. — Principes des différents pas. — Alignements. — Marches, contre-marches et haltes. — Changement de direction.

« COURS SUPERIEUR. — Exercice militaire : Revision de l'école du soldat sans armes. — Mécanisme des mouvements en ordre dispersé. — Marches militaires et topographiques.

« Exercices préparatoires au tir : notions sur les lignes de tir. — Etude pratique sur le mécanisme du fusil. »

Aussitôt après la guerre de 1870, un grand courant d'opinion s'était manifesté en faveur d'une éducation militaire à donner à la jeunesse française. Dès 1871, Jules Simon, ministre de l'instruction publique, invitait les recteurs à tenir la main à ce que les décrets et règlements relatifs à la gymnastique fussent observés, et il leur transmettait une circulaire du ministre de la guerre disant : « Le gouvernement attache la plus grande importance à ce que les exercices corporels, y compris le maniement du fusil, occupent désormais une large place dans l'éducation de la jeunesse ».

A la suite de la loi du 21 janvier 1880 qui rendait obligatoire, dans tous les établissements d'instruction publique de garçons dépendants de l'Etat, des départements et des communes, l'enseignement de la gymnastique, un manuel de gymnastique et des exercices militaires, rédigé par une commission spéciale, fut publié en deux volumes par le ministère de l'instruction publique. Le 20 mai 1880, Jules Ferry, en adressant aux recteurs le premier volume de ce manuel, s'exprimait ainsi dans la circulaire d'envoi :

« Le Sénat et la Chambre des députés ont affirmé d'une manière éclatante leur sollicitude pour un enseignement que l'on peut considérer comme le complément indispensable des études scolaires et comme un moyen très efficace d'assurer le bon fonctionnement de nos lois militaires. Les exercices gymnastiques et militaires se pratiquent régulièrement dans les établissements secondaires et dans les écoles normales primaires ; mais le nombre des écoles primaires pourvues de cet enseignement est encore bien restreint ; il reste beaucoup à faire, surtout en ce qui concerne les écoles rurales, et c'est surtout de ce côté que doivent se porter nos efforts. Les exercices de l'école du soldat prescrits par la deuxième partie du manuel sont faciles à apprendre ; on doit y attacher d'autant plus d'importance qu'ils préparent directement les jeunes gens au service militaire. Il en est de même des promenades, qui ont ' pour objet de leur faire contracter l'habitude de la marche et dont on peut profiter pour leur donner des notions de topographie fort utiles. L'enseignement du tir présente également un grand intérêt. L'administration n'a pas encore adopté l'arme qui devra être employée ; j'espère être en mesure de vous faire connaître prochainement les résolutions qui ont été prises à ce sujet. »

Le 29 mars 1881, une nouvelle circulaire ministérielle accompagnait l'envoi aux recteurs du second volume du manuel. Elle contenait des instructions dont nous reproduisons ci-après les passages essentiels :

« En attendant que la question de l'organisation du tir soit résolue, ce qui ne saurait tarder, je vous prie de veiller à ce que les exercices militaires se fassent régulièrement dans les écoles primaires, comme dans les lycées et collèges. Vous savez quel en est le but, quelle importance nous devons y attacher ; suivant l'expression de l'honorable auteur de la proposition de loi sur la gymnastique, « il ne s'agit plus seulement ici de la santé, de la vigueur corporelle, de l'éducation physique de la jeunesse française, il s'agit aussi du bon fonctionnement de nos lois militaires, de la composition et de la force de notre armée ». Tous les enfants qui fréquentent nos écoles sont appelés à servir un jour notre pays comme soldats ; c'est une oeuvre patriotique que nous poursuivons, et nous rendons un vrai service à nos élèves eux-mêmes en cherchant à leur donner des habitudes viriles, à les familiariser, dès l'enfance, avec le rôle qu'ils auront plus tard à remplir, à les initier aux devoirs qui les attendent au régiment. Si, dans toutes les écoles, l'instruction militaire était donnée comme nous le désirons et comme nous le demandons instamment, les jeunes gens, en arrivant sous les drapeaux, n'auraient plus qu'à compléter leur éducation militaire, et ainsi se trouverait résolu le problème de la réduction de la durée du service.

« La tâche est facile en ce qui concerne les lycées, les collèges et les écoles primaires situées dans les villes. Les instructeurs spéciaux sont nombreux ; les garnisons offrent de grandes ressources à ce point de vue.

« Dans les écoles rurales, c'est à l'instituteur que l'instruction militaire, comme l'enseignement de la gymnastique, doit être confiée. Ce que nous lui demandons est en réalité fort simple. En effet, les exercices militaires prescrits pour les écoles primaires ne comportent pas l'emploi du fusil, excepte pour le tir. Nous ne pouvions pas songer à fournir aux écoles, sur les fonds de l'Etat, des armes en quantité suffisante, ni à imposer aux communes l'obligation d'en acquérir ; la dépense eût été trop élevée, et nous nous serions exposés à aller à l'encontre des intentions qui s'étaient manifestées dans les deux Chambres, lors de la discussion de la loi sur l'obligation de la gymnastique. Les mouvements dont il s'agit n'ont rien de compliqué, ils sont tout à fait élémentaires, et, avec le goût qu'ont les enfants pour ces sortes d'exercices, un maître peut et doit les faire exécuter facilement ; le succès n'est pas douteux.

« Toutefois un instituteur peut se trouver empêché de donner l'instruction militaire ; l'inspecteur primaire sera juge de ces cas tout exceptionnels, il s'entendra avec les autorités locales pour assurer les moyens de procurer cet enseignement. « Il n'y a pas un seul village », disait avec raison le rapporteur de la commission d'initiative au Sénat, « où l'on ne puisse rencontrer d'anciens sous-officiers et même au besoin d'anciens militaires non gradés, qui, moyennant une légère indemnité, seraient disposés à consacrer une ou deux heures par semaine à enseigner aux élèves de l'école communale les principes de la gymnastique et les mouvements militaires. » Il existe aussi dans les départements un certain nombre de sociétés de gymnastique qui poursuivent un but analogue au nôtre et qui sont toutes prêtes, je le sais, à seconder l'administration. Enfin il me paraîtrait utile de profiter des réunions des instituteurs en conférence cantonale pour faire donner des leçons-modèles. »

La loi de finances du 29 juillet 1881 mit à la disposition de l'administration une somme d'un million pour l'instruction militaire. Cette somme fut consacrée à la fabrication de 52600 fusils scolaires de tir, dont une circulaire aux préfets, du 22 octobre 1881, annonça la distribution en ces termes : « Les fusils scolaires, pour la fabrication desquels un crédit d'un million de francs a été ouvert au ministère de la guerre, sont exclusivement destinés à l'enseignement du tir. Toutes les écoles publiques de garçons en seront pourvues ; M. le ministre de la guerre m'a fait savoir que les manufactures de l'Etat en livreraient très prochainement une certaine quantité. — L'administration n'est pas en mesure de fournir une autre arme aux écoles, et les municipalités qui désireraient acquérir des fusils d'exercice auront à s'adresser à l'industrie privée. Je suis d'ailleurs disposé à leur venir en aide, s'il en est besoin, dans la limite de mes ressources. — Il est bien entendu que le fusil d'exercice ne doit pas être susceptible de recevoir la cartouche, tout en se rapprochant autant que possible, comme mécanisme, du modèle en usage flans l'armée ; il va sans dire que son poids et ses dimensions seront en rapport avec les forces et la taille des enfants qui auront à le manier. — Les élèves âgés de plus de onze ans pourront seuls être exercés au maniement de l'arme. »

Cependant l'initiative des municipalités et des particuliers venait en aide, sur un grand nombre de points du territoire, aux efforts de l'administration centrale. Dans plusieurs communes, les exercices militaires s'étaient organisés spontanément, et les autorités locales montraient le plus grand zèle pour l'éducation militaire de la jeunesse. A Paris, dès le 4 novembre 1880, le Conseil municipal était saisi d'une proposition d'Aristide Rey ayant pour objet d'organiser en bataillons armés et équipés les enfants des écoles communales de garçons ; le 19 juillet suivant, le Conseil approuvait le plan d'Aristide Rey, pour la réalisation duquel un crédit de 250 000 francs était mis à la disposition du préfet de la Seine ; un premier bataillon scolaire fut aussitôt organisé dans le cinquième arrondissement. Au même moment, d'autres bataillons d'élèves se formaient en province et surtout dans les départements de l'Est, où l'institution était bien vite devenue populaire.

Pendant son passage au ministère, Paul Bert, transportant la question sur un terrain plus large, institua une « commission de l'éducation militaire », devant laquelle il exposa, le 25 janvier 1882, ses idées sur ce sujet. ;

« La préparation du corps, dit-il, a été l'oeuvre commencée ici même par la commission de gymnastique et des exercices militaires. Elle a préparé un manuel. Il y aura certainement peu à reprendre dans son oeuvre, et en tous cas il ne faudrait pas refaire le travail de Pénélope. Mais il ne s'agit pas seulement ici d'hygiène et d'exercices corporels, il faut se servir des exercices gymnastiques et militaires pour arriver à la trempe morale de l'enfant. Pour cela, il faudra d'abord leur donner, aux yeux des élèves, des administrateurs, des parents, du pays tout entier, plus d'importance, plus d'ampleur, et par le temps qui y sera consacre, et par les maîtres qui en seront chargés. Vous aurez à rechercher comment ils peuvent être organisés depuis nos grands lycées jusqu'aux moindres villages. Vous aurez à voir comment ces unités peuvent être groupées en bataillons scolaires, comment pourront être organisées des excursions, des exercices extérieurs, des manoeuvres d'ensemble. Tout cela dirigé, surveillé, inspecté non plus seulement par des maîtres sans autorité, mais avec le concours d'officiers délégués par le ministre de l'instruction publique, et, j'en ai le ferme espoir, par le ministre de la guerre.

« … Je vous demande enfin de porter vos regards en dehors de l'école. Vous aurez à étudier les moyens de faire participer les enfants des écoles aux fêtes patriotiques et militaires, et vous devrez ici tenir compte de ce qu'ont préparé et réalisé les sociétés de tir et de gymnastique, d'excursions, qui se sont fondées en grand nombre et commencent à s'associer, à s'organiser sérieusement. Et je serai bien aise que vous me mettiez en mesure de donner à mes idées assez de précision pour que je puisse présenter au Parlement un projet de loi qui permettrait d'organiser, entre l'âge où finit l'enseignement primaire et celui où commence le service militaire, une série d'exercices, de manoeuvres, afin d'empêcher l'enfant de nos écoles d'oublier avant d'entrer au régiment tout ce qu'il aurait déjà appris. »

La pensée qui inspirait Paul Bert répondait bien au sentiment national, et celui-ci, quelques semaines plus tard, trouvait l'occasion de se manifester d'une manière éclatante. Au congrès de la Ligue de l'enseignement, tenu à Paris en avril 1882, M. Georges, sénateur des Vosges, proposa à la Ligue de prendre l'initiative d'une organisation destinée à assurer l'éducation militaire des jeunes gens ayant dépassé l'âge scolaire. « Au sortir de l'école, disait-il, l'enfant échappe à la loi, et, dans les années qui s'écoulent entre sa sortie de l'école et son entrée au régiment, le fruit de l'instruction reçue pourra être en grande partie perdu, au grand détriment de tous. C'est à l'initiative des citoyens qu'il appartient de combler cette lacune et de compléter ainsi l'oeuvre du législateur. Pour cela, il faudrait notamment que, dans chaque canton au moins, il se formât une association pour appeler et accueillir gratuitement dans ses rangs les jeunes gens depuis la sortie de l'école jusqu'au départ pour le régiment ; organiser, outre les exercices périodiques, des excursions, des promenades militaires, des tirs en pleine campagne a certains jours d'été et d'automne ; s'occuper de créer des ressources (cotisations, souscriptions, subventions des communes, des départements) pour l'acquisition d'armes d'exercice, d'objets d'instruction militaire et topographique, etc. Prendre l'initiative de ce mouvement, provoquer sur tous les points du territoire la formation de sociétés semblables, leur fournir non seulement les renseignements et les conseils, mais aussi l'aide morale et même matérielle dont elles auraient besoin, leur servir de lien et de centre de direction, — voilà la tâche à remplir. » La proposition de M. Georges fut votée par acclamation ; elle débutait par cette déclaration : « La Ligue française de l'enseignement, étendant le cercle de son action, prend en mains la cause nationale de l'éducation civique et militaire ». Le Congrès décida d'ouvrir sur-le-champ une grande souscription nationale en faveur de l'oeuvre nouvelle que la Ligue de l'enseignement allait entreprendre.

Cependant Jules Ferry, qui avait repris le portefeuille de l'instruction publique, s'appliquait de son côté à encourager et à régulariser ce remarquable mouvement. Non content d'avoir fait inscrire, dès le 3 août 1881, dans le plan d'études des écoles normales, le programme d'exercice militaire que nous avons reproduit au début de cet article, il fit entrer aussi l'exercice militaire dans le programme des écoles primaires de garçons (27 juillet 1882), et il voulut assurer aux bataillons scolaires, dont les municipalités seules avaient jusque-là pris en mains la formation, le concours effectif de l'Etat. A cet effet, il ouvrit des négociations avec les ministères de la guerre et de l'intérieur ; une commission, formée de délégués des trois ministères, prépara un décret et un arrêté relatifs à l'instruction militaire, aux bataillons scolaires et aux exercices de tir. Ce décret et ce règlement, qui sont datés du 6 juillet 1882, donnèrent une consécration officielle aux créations enfantées par le zèle et le dévouement des citoyens et des conseils municipaux. Nous résumons ci-dessous les principales dispositions de ces deux documents.

Le décret porte ce qui suit :

« Tout établissement public d'instruction primaire ou. secondaire, ou toute réunion d'écoles publiques comptant de 200 à 600 élèves âgés de douze ans et au-dessus, pourra, sous le nom de bataillon scolaire, rassembler ses élèves pour les exercices gymnastiques et militaires pendant toute la durée de leur séjour dans les établissements d'instruction. — Aucun bataillon scolaire ne sera constitué sans un arrêté d'autorisation rendu par le préfet. Cette autorisation ne pourra être accordée qu'après que le groupe d'enfants destiné à former le bataillon aura été reconnu capable d'exécuter l'école de compagnie. Il sera procédé à cette constatation par les soins d'une commission de trois membres, savoir: deux officiers désignés par l'autorité militaire, et l'inspecteur d'académie ou son délégué. — Tout bataillon scolaire recevra du ministre de l'instruction publique un drapeau spécial. (Dans la pratiqué, cette distinction fut accordée seulement aux bataillons qui avaient obtenu, au cours de l'année, les meilleures notes d'inspection militaire.) — Tout bataillon scolaire est placé sous les ordres d'un instructeur en chef et d'instructeurs-adjoints désignés par l'autorité militaire. — Un maître au moins de chaque établissement scolaire dont les élèves font partie du bataillon devra assister aux réunions du bataillon. — Le bataillon scolaire ne pourra être armé que de fusils conformes à un modèle adopté par le ministre de la guerre et poinçonnés par l'autorité militaire. Ces fusils, dont la fabrication sera abandonnée à l'industrie privée, devront présenter les trois conditions suivantes : n'être pas trop lourds pour l'âge des enfants ; comporter tout le mécanisme du fusil de guerre actuel, n'être pas susceptibles de faire feu, même à courte portée. Ces fusils seront déposés à l'école. — Pour les exercices du tir à la cible, les élèves des bataillons scolaires âgés de quatorze ans au moins, et que l'instructeur en chef aura désignés comme aptes à y prendre part, seront conduits au stand ou au champ de tir et y seront exercés avec le fusil scolaire spécial dans les conditions qui seront réglées par un arrêté des ministres de la guerre et de l'instruction publique. — Aucun uniforme ne sera obligatoire. Les uniformes qui pourraient être adoptés par les bataillons scolaires devront être autorisés par le ministre de l'instruction publique. Les caisses des écoles pourront seules être autorisés par le préfet à fournir aux élèves, dans des conditions à déterminer par des règlements locaux, tout ou partie des objets d'habillement jugés nécessaires. (Le type d'uniforme était celui des bataillons scolaires de là ville de Paris: vareuse, béret, pantalon bleu marine, etc.). — Les établissements libres d'instruction primaire et secondaire qui déclareront se soumettre à toutes les prescriptions du présent décret sont autorisés soit à incorporer leurs élèves dans le bataillon scolaire du canton, soit, si leur effectif est suffisant, à former des bataillons scolaires distincts qui seront à tous égards assimilés à ceux des écoles publiques. »

l'arrêté était exclusivement relatif aux exercices de tir: « Les fusils scolaires destinés aux exercices de tir, et mis en service à raison de trois par école, seront, ainsi que les munitions, déposés soit dans les casernes de gendarmerie, soit dans les magasins des corps de troupes, suivant les ordres de l'autorité militaire. — Ces armes ne seront délivrées que les jours d'exercice de tir réduit, et, exceptionnellement, les jours des exercices préparatoires ayant pour but de démontrer le maniement du fusil devant la cible, le pointage et les positions du tireur. — Les fusils et les munitions nécessaires pour le tir de la journée seront remis à l'instructeur militaire, sur sa demande écrite et motivée. — L'instructeur militaire prendra, de concert avec les chefs des établissements scolaires, les dispositions nécessaires pour faire transporter, dans de bonnes conditions, les armes et les cartouches sur le terrain de tir, et pour les faire rapporter à la caserne, et, s'il y a lieu, pour faire transporter les cartouches du centre de fabrication à la caserne de gendarmerie. — Les armes seront nettoyées «t réintégrées au lieu de dépôt, le jour même de chaque exercice, par les soins de l'instructeur militaire ; remise sera faite, en même temps, des cartouches non consommées. Après les tirs, les étuis vides seront rapportés aux corps de troupes qui auront fourni les cartouches, pour être rechargés par leurs soins, s'il y a lieu. Les demandes de délivrance de cartouches scolaires ou de chargement d'étuis vides, établies en triple expédition, seront adressées par les inspecteurs d'académie aux généraux commandant les subdivisions de régions, qui les transmettront pour exécution aux corps désignés à cet effet. Ces demandes seront totalisées par les soins de l'administration de la guerre ; la dépense totale sera indiquée au ministère de l'instruction publique, qui en remboursera le montant annuellement. — Chaque enfant susceptible de prendre part aux exercices de tir réduit, dans les écoles où ces exercices auront été organisés, pourra tirer au maximum cinq séries de six balles, soit trente cartouches par an. Il ne sera jamais tiré dans la même séance plus de six cartouches par enfant. — Les plus grandes précautions seront recommandées pendant l'exécution des tirs. Il sera toujours préférable de construire un stand peu coûteux, analogue à ceux qui sont décrits dans l'instruction ministérielle du 27 janvier 1882. L'établissement d'un stand sera obligatoire pour les tirs au delà de 20 mètres. Le tir réduit pourra exceptionnellement être exécuté en rase campagne ; dans ce cas, la direction du tir ne devra rencontrer, à moins de 450 mètres de la cible, ni route, ni canal, ni voie ferrée, ni habitation. — Les généraux commandant les subdivisions mettront autant que possible les champs de tir à la disposition du bataillon scolaire. »

Dans un article publié par la Revue pédagogique (décembre 1882), l'un des principaux initiateurs du mouvement, Aristide Rey, en explique ainsi le sens et la portée :

« Le moment nous paraît opportun pour établir l'origine de nos jeunes bataillons, produire leur état civil, démontrer qu'ils ont été l'oeuvre de nos pères, qu'ils nous sont imposés par notre tradition nationale, qu'ils sont une institution nécessaire de la République... Vouloir emprunter les éléments de notre réorganisation républicaine aux nations voisines, qui ont un autre tempérament, un autre passé, d'autres moeurs, une autre tradition, c'est méconnaître et les lois de la science et les leçons de l'histoire. Mais quand une Révolution s'est accomplie pour nous donner ces institutions, quand elles sont l'oeuvre d'une époque qui, dans le monde et dans le temps, porte le nom de Révolution française, quand elles tiennent leur origine de ce prodigieux enfantement d'où sont sorties pour nous la patrie et la République dont elles caractérisent précisément la forme moderne, prétendre les recevoir de l'étranger c'est faire preuve à la fois de beaucoup d'ignorance et de peu de patriotisme. Pour nous, nous ne pouvons, sans un profond serrement de coeur, entendre certaines personnes invoquer sans cesse l'exemple de nos ennemis mêmes, nous offrir leurs usages, alors que dans notre passé nous avons tous les éléments de régénération et de développement. » Et Rey passait en revue les plans présentés dans les trois assemblées révolutionnaires. Il rappelait que la constitution du 24 juin 1793 avait dit : « La force générale de la République est composée du peuple entier. — Tous les Français sont soldats. Ils sont tous exercés au maniement des armes. » Il montrait comment le pays tout entier, dès 1789, s'était passionné pour l'idée nouvelle, et comment, de toutes parts, en même temps que s'organisait la garde nationale, des compagnies et des bataillons d'adolescents et d'enfants avaient été formés, où se faisait l'éducation militaire des jeunes citoyens : on les appelait « compagnies d'élèves », « Jeunes bataillons », « bataillons de l'Espérance » ; Agricol Viala commandait à Avignon, en l'an II, « la petite garde nationale dite l'Espérance de la patrie ». Rey voyait, dans les bataillons scolaires, le plus puissant moyen d'inspirer à la jeunesse l'esprit républicain, et de combattre un étroit chauvinisme et l'esprit de caste qui caractérise les armées permanentes. Il disait en parlant de la Révolution française : « Malheureusement, les événements ne laissèrent pas le temps de produire ses résultats à une éducation qui eût permis à la France d'échapper au militarisme qui la perdit » ; et il espérait que la troisième République, « reprenant l'oeuvre commencée par les hommes de 1789 et de 1792 », saurait la compléter et la mener à bien.

Un nouveau manuel d'exercices gymnastiques et militaires, rédigé par les soins des ministères de la guerre et de l'instruction publique, et composé de trois volumes, fut publié en avril 1884.

Le décret du 6 juillet 1882 exigeait, pour la constitution d'un bataillon scolaire, un effectif d'au moins 200 enfants âgés de plus de douze ans et connaissant l'école de compagnie. Cette disposition avait fait naître des doutes relativement aux conditions dans lesquelles l'instruction militaire pourrait être donnée aux enfants réunis en nombre insuffisant pour constituer un bataillon ou à ceux qui, en raison de leur instruction incomplète, ne faisaient pas encore partie d'un bataillon. Une circulaire du ministre de la guerre donna à ce sujet les explications suivantes : « L'admission des enfants dans le bataillon scolaire exige de leur part des connaissances militaires assez étendues et qui ne peuvent leur être données que par des exercices préparatoires nombreux. D'autre part, certains centres de population relativement faibles et isolés des centres voisins ne peuvent que difficilement arriver à former le groupement minimum de 200 enfants prévu par le décret. Afin de permettre le développement le plus complet possible de l'enseignement de la jeunesse, il importe de tenir compte de ces circonstances et de laisser aux établissements scolaires les plus grandes facilités pour donner aux enfants l'instruction dont il s'agit. Ces facilités sont d'ailleurs implicitement accordées par le décret, qui, en précisant le degré d'instruction du bataillon scolaire au moment de sa constitution, ne pouvait interdire aux enfants les exercices militaires indispensables pour leur donner cette instruction. En conséquence, les établissements scolaires sont autorisés à exercer en armes à l'intérieur et à l'extérieur, dans les conditions prévues par le décret du 6 juillet 1882, les enfants dont l'instruction militaire est encore incomplète, ou ceux qui, bien que suffisamment instruits, ne sont pas assez nombreux pour former un bataillon.»

Sur les 52 600 fusils scolaires fabriqués pour servir aux exercices de tir, il en fut distribué, de 1881 à juin 1884, 41 320, dont 4763 aux écoles normales d'instituteurs à raison d'un fusil par élève, et le reste à des écoles primaires publiques de garçons, à raison de trois fusils par école.

La distribution de drapeaux aux bataillons scolaires, prévue par le décret du 6 juillet 1882. eut lieu chaque année, de 1882 jusque vers 1886, à l'occasion de la fête nationale. En 1882, il fut distribué trente-neuf drapeaux à des bataillons formés dans autant de localités. En 1883, le nombre des drapeaux distribués fut de trente-huit ; en 1884, de trente.

Au bout de quelques années, il fallut constater que l'esprit dans lequel l'instruction était donnée aux bataillons scolaires n'était pas celui qui avait animé les promoteurs de l'institution, et que les résultats obtenus étaient en général très différents de ceux qu'ils avaient attendus. L'opinion publique se désintéressa d'une création qui n'avait pas porté les fruits espérés ; et, sans qu'une mesure officielle fût intervenue, les bataillons scolaires disparurent. Mais l'idée qui leur avait donné naissance n'était pas morte ; et sous une forme plus pratique et plus efficace, on la vit s'affirmer de nouveau par la fondation de l'Union des sociétés d'instruction militaire de France (1890), devenue, par sa fusion avec l'Association nationale de préparation des jeunes gens au service militaire fondée un peu plus tard, l'Union des sociétés de préparation militaire de France (1907). Voir ci-après l'article Militaire (Préparation).

Quant à ce qui concerne l'enseignement militaire dans les écoles, le programme d'exercices militaires qu'avait introduit dans le plan d'études des écoles normales d'instituteurs l'arrêté du 3 août 1881 a été supprimé par l'arrêté du 4 août 1905. Les programmes annexés à ce dernier arrêté ne portent, en effet, que cette mention, et pour les deuxième et troisième années seulement : « Exercices de tir dans un stand ». Les conditions dans lesquelles ces exercices de tir doivent être pratiqués ont fait l'objet d'une circulaire aux recteurs du 18 mars 1907, dont voici le texte :

« Ces exercices peuvent être de trois sortes : a) Tir à petite distance avec carabine Flobert ; b) Tir réduit. Tir à toute distance avec l'arme de guerre.

« a) Dans le plus grand nombre des écoles normales on pratique la première catégorie d'exercices, pour les raisons suivantes :

« Les écoles normales ont été dotées en 1903, par l'Union des sociétés de tir de France, d'une carabine dite « la Française», dont le modèle a été choisi par une commission interministérielle chargée de déterminer l'arme la plus propre à être mise en usage dans les écoles. L'aménagement, dans des conditions satisfaisantes de sécurité, du stand ou de l'emplacement nécessaire à l'utilisation de cette arme est fort aisé dans la plupart de nos écoles, et j'ai donné, sous certaines réserves, l'autorisation de prélever, sur le crédit des fournitures classiques, la dépense relative à l'achat des munitions Enfin, la circulaire du 16 août 1895 a publié une instruction détaillée qui s'applique à la carabine « la Française « et constitue un véritable traité de tir scolaire.

« J'attache une grande importance à ce que ces exercices de tir à courte distance soient continués dans les écoles où ils sont organisés, et je compte sur l'ingéniosité et la bonne volonté des directeurs, dans les écoles où ces exercices n'ont pas lieu, pour qu'une lacune regrettable soit comblée à brève échéance. Au moment où la réduction du service militaire exige, plus que jamais, des jeunes soldats, des aptitudes et des qualités d'adresse préalablement acquises, il est de l'intérêt du pays que se multiplient les sociétés scolaires et post-scolaires de tir et de gymnastique, dont la direction est presque toujours confiée à un instituteur. Il convient donc que les élèves-maîtres soient préparés à donner à leurs futurs écoliers l'enseignement particulier du tir avec les armes mêmes dont les élèves ou anciens élèves de l'école élémentaire auront à se servir.

« b) En ce qui concerne les exercices de tir réduit et de tir réel, des difficultés matérielles (emplacement, armes, munitions) ou techniques (compétence du professeur) ont empêché de les introduire dans le plus grand nombre des écoles normales. Il a été possible cependant de tourner ces difficultés, dans les centres où existait une société de tir. En affiliant à de telles sociétés leurs élèves, en qualité de pupilles et moyennant une faible cotisation annuelle, beaucoup de directeurs ont pu les faire profiter des nombreux avantages actuellement assurés à ces groupements. Mais, même dans ce cas, les exercices pratiques auxquels les élèves-maîtres pouvaient ainsi être admis ne les réunissaient pas tous dans une même école ; l'enseignement n'était point obligatoire, puisqu'il imposait aux élèves certains frais.

« L'étude des conditions dans lesquelles pourra être donnée l'instruction militaire préparatoire prévue par l'article 94 de la loi du 21 mars 1905 a déterminé la création d'une commission interministérielle du tir scolaire constituée par les soins du département de la guerre et de mon département, et les propositions de cette commission ont abouti à une entente entre nos deux administrations : cet accord résout le problème de l'enseignement du tir réel à tous les élèves dans toutes les écoles normales ou dans presque toutes.

« Voici les mesures que j'ai adoptées, d'accord avec M. le ministre de la guerre, pour les établissements dépendant du ministère de l'instruction publique :

« 1° Toutes les sociétés de tir scolaire formées dans les établissements d'instruction secondaire de l'Etat et dans les écoles normales d'instituteurs pourront jouir des droits accordés aux sociétés de tir mixtes par l'instruction du 21 juin 1904. Elles s'adresseront, à cet effet, au général commandant la subdivision, qui servira d'intermédiaire entre elles et le département de la guerre ;

« 2° Les élèves âgés d'au moins dix-sept ans auront les avantages consentis par l'instruction précitée à l'élément militaire des sociétés mixtes ;

« 3° En outre, dans les établissements situés dans une ville dotée d'une garnison, les jeunes gens âgés d'au moins quinze ans auront droit à une allocation annuelle de cinquante cartouches de tir réduit ;

« 4° L'autorité militaire mettra à la disposition de MM. les directeurs d'école normale les instructeurs et le matériel nécessaires à l'enseignement du tir ;

« 5° Les instructeurs seront choisis avec le plus grand soin parmi les sous-officiers offrant toute garantie au point de vue de l'instruction militaire et de l'éducation ; ils seront dirigés et surveillés par un officier désigné à cet effet, autant que possible un capitaine adjudant-major, ou du cadre complémentaire ;

« 6e Les officiers ainsi désignés auront toute initiative pour organiser cet enseignement, après entente préalable avec les directeurs ; ils relèveront directement, au point de vue technique, du général commandant la subdivision. L'instruction sera donnée conformément aux prescriptions du règlement sur l'instruction du tir :

« 7° Le personnel, les armes et tout le matériel nécessaires seront fournis par un des corps désignés par le général commandant la subdivision ; ce corps sera chargé de la confection des cartouches de tir réduit ;

« 8° Ces dispositions seront applicables à partir du commencement de l'année scolaire 1907-1908.

« Ainsi, dorénavant, l'enseignement du tir à l'arme de guerre sera donné par les soins de l'autorité militaire locale dans toutes les écoles normales dont le siège est une ville possédant une garnison. Le ministère de la guerre prêtera les armes, donnera les munitions, fournira les instructeurs, recevra les élèvesmaîtres dans ses stands pour les exercices de tir à la belle saison. Pour que ces dispositions soient applicables, il suffira que, dans chaque école normale, les élèves soient constitués en société de tir analogue à celles qui existent déjà et dont vous trouverez ci-joints des modèles de statuts, communiqués à titre de spécimen.

« Ces mesures, dictées par l'intérêt général, sont d'ailleurs conformes à l'intérêt particulier de jeunes gens qui bientôt quitteront l'école normale pour le régiment et parmi lesquels se recruteront, par la suite, des officiers de réserve.

« En conséquence, vous voudrez bien prescrire à chacun des directeurs d'école normale de votre académie : 1° de fonder immédiatement dans son école une société de tir ; 2° de se mettre en rapport avec M. le général commandant la subdivision de sa région pour se concerter avec lui en vue d'une organisation dont les dispositions sont applicables dès la prochaine année scolaire. »

A cette circulaire est annexé un modèle de statuts pour les « sociétés scolaires de tir » à constituer dans les écoles normales d'instituteurs.

Dans les écoles primaires de garçons, le programme de l'exercice militaire de 1882 fut remplacé cinq ans plus tard (arrêté du 18 janvier 1887) par un programme qui, toujours sous le même titre, Exercices militaires, ne s'applique plus qu'au cours moyen et au cours supérieur, et que voici :

« COURS MOYEN. — Exercices de marche, d'alignement, de formation des pelotons, etc. — Préparation à l'exercice militaire.

« COURS SUPERIEUR. — Ecole du soldat sans armes. — Principes des différents pas. — Alignements. — Marches, contre-marches et haltes. — Changements de direction. » Un arrêté du 27 juillet 1893, pris à la suite d'une lettre adressée, le 29 juin 1893, au ministre de l'instruction publique par le président de l'Union nationale des sociétés de tir de France, et d'un voeu émis, le 26 avril 1892, par le Conseil général du Pas-de-Calais, a ajouté des exercices de tir à ce programme ; il dit :

« Dans le cours moyen et le cours supérieur des écoles primaires publiques, l'addition suivante est apportée au programme des exercices militaires : « Pour les élèves âgés de plus de dix ans, exercices de tir à dix mètres à la carabine Flobert ».

Des circulaires du 27 juin 1903 et du 26 avril 1907 ont prescrit diverses mesures relatives aux exercices de tir dans les écoles primaires élémentaires. Voici la circulaire du 26 avril 1907, adressée aux préfets :

« L'arrêté du 27 juillet 1893, pris en Conseil supérieur de l'instruction publique, a introduit les exercices de tir dans les programmes des écoles élémentaires.

« Depuis la mise en vigueur de la loi du 21 mars 1905 (réduisant à deux ans la durée du service dans l'armée active), la question de l'organisation pratique de cet enseignement dans les écoles revêt, plus que jamais, un caractère d'urgence. Elle a fait l'objet d'une nouvelle étude confiée à une Commission comprenant des représentants de l'administration de la guerre et de l'administration de l'instruction publique.

« Cette Commission a adopté une série de propositions que j'ai approuvées d'accord avec mon collègue, M. le ministre de la guerre, et dont voici la teneur :

« 1° Les instituteurs seront invités d'une façon pressante à donner l'instruction du tir à courte distance dans leur école ; il leur sera recommandé, s'ils n'ont déjà une organisation fonctionnant à leur satisfaction, de procéder à la création de petites sociétés scolaires de tir et d'y ajouter une section post-scolaire destinée à assurer la continuation des exercices dans les sociétés jusqu'au service militaire et même après, s'il convient ;

« 2° L'oeuvre ainsi établie jouira de droit des avantages réservés aux oeuvres post-scolaires et notamment des congés supplémentaires et des récompenses prévues pour cet objet ;

« 3° Les inspecteurs primaires devront rendre compte, chaque année, de l'organisation du tir scolaire dans leur circonscription et faire connaître les instituteurs qui se seront le plus distingués à cet égard ; ils devront, en vue d'éclairer l'administration supérieure, indiquer dans ces rapports, s'il y a lieu, les raisons pour lesquelles certaines écoles de leur circonscription n'ont pas pu procéder à cette organisation et quels secours leur seraient nécessaires pour aboutir à un résultat pratique ;

« 4° Les instituteurs seront invités à faire participer leur école au championnat des écoles primaires, organisé annuellement, avec mon approbation par l'Union des sociétés de tir de France ;

« 5° Les préfets seront invités à faire connaître aux maires le vif désir du gouvernement de voir organiser le tir dans les écoles de toutes les communes, et à appeler leur attention, par une circulaire spéciale à chaque département, sur la nécessité de s'entendre à cet effet avec les instituteurs et de les aider dans la plus large mesure possible. Ils seront également invités à signaler à leur Conseil général tout l'intérêt d'une participation effective à cette oeuvre ;

« 6° Le ministre de la guerre décide que la dispense d'une des deux périodes d'exercices, que la loi lui permet d'accorder facultativement aux instituteurs publics, sera attribuée de droit aux instituteurs assurant l'enseignement du tir dans leur école.

« Il décernera des lettres de félicitations, avec mention au Bulletin officiel, aux instituteurs qui lui seront signalés comme s'étant le plus distingués ;

« 7° Toutes les sociétés de tir scolaire formées dans les écoles primaires publiques et comprenant une section post-scolaire pourront jouir des droits accordés aux sociétés de tir mixtes par l'instruction du 21 juin 1904.

« Elles s'entendront à cet effet avec le général commandant la subdivision, qui servira d'intermédiaire entre elles et le département de la guerre.

« M'inspirant des résolutions adoptées par la Commission, j'ai décidé que les mesures suivantes devront être prises en vue d'assurer l'organisation des exercices de tir dans les écoles primaires :

« La base de l'organisation doit, comme pour les lycées et collèges et les écoles normales, reposer sur la création, dans chaque école, d'une société de tir scolaire, qui pourrait adopter des statuts conformes au modèle ci-annexé. Des sociétés de ce genre ont fonctionné déjà dans plusieurs écoles, avec mon approbation et sur l'heureuse initiative de sociétés ou de personnes dévouées, et notamment de l'Union des sociétés de tir de France. Il s'agit aujourd'hui d'étendre cette organisation à toutes les écoles avant même que le tir ne soit devenu obligatoire pour les adultes.

« Dans cet ordre d'idées, j'insiste sur l'intérêt qu'il y aurait à faire de chaque société une société communale conservant, nu sortir de l'école, tous ses adhérents et assurant, à l'aide des groupements postscolaires tels que les associations d anciens élèves, la continuité de l'enseignement du tir pour tous les jeunes gens de la commune jusqu'à leur arrivée au régiment. En habituant, dès les premières années de classe, les enfants aux exercices de tir et en leur en inspirant le goût, il sera possible d'instituer dans les plus petites communes la préparation au certificat d'aptitude militaire qui confère aux jeunes gens, au régiment même, des avantages qui ne doivent pas être réservés uniquement aux recrues des grandes villes.

« En ce qui concerne l'organisation matérielle, je compte sur le dévouement de M. l'inspecteur d'académie et de ses collaborateurs, MM. les inspecteurs de l'enseignement primaire, pour aider les instituteurs 'de leurs conseils et de leurs encouragements. La création d'uni ; société scolaire de tir peut se faire à peu de frais ; elle peut commencer à fonctionner à l'aide des cotisations volontaires d'habitants de la commune, admis comme membres honoraires, et d'une faible subvention communale. La première installation n'exige, en effet, qu'une dépense d'environ 85 francs permettant d'acquérir la carabine, le rameneur qui est indispensable pour la sécurité du tir, et le porte-carton avec fond de cible, qui peut s'appliquer dans la cour de l'école, contre un mur suffisamment abrité.

« Sur tous ces points, les instituteurs peuvent s'inspirer du Manuel de tir scolaire de l'Union des sociétés de tir de France où se trouve reproduite l'instruction officielle élaborée par mon administration. Les instituteurs ont déjà reçu ce Manuel. Sur leur demande, l'Union en mettra volontiers un nouvel exemplaire à leur disposition.

« J’estime que presque partout, à l'heure actuelle, les instituteurs, dont la plupart ont passé par le régiment, sont capables de donner l'enseignement élémentaire du tir ; mais je suis convaincu que, s'ils avaient à cet égard quelque scrupule sur leur compétence, ils trouveraient aisément, dans chaque localité, d'anciens sous-officiers, caporaux ou soldats suffisamment instruits, très capables de donner à côté d'eux cet enseignement, et qui seraient désignés, en ce qui concerne la section scolaire, par l'instituteur, après agrément de l'inspecteur primaire. Mon administration signalerait bien volontiers à M. le ministre de la guerre les services rendus par ces instructeurs bénévoles.

« D'autre part, il ne sera pas sans intérêt d'avertir les instituteurs, au point de vue de la responsabilité civile en cas d'accidents, que des mesures ont été prises par l'Union des sociétés de tir en vue de les garantir, s'ils en font la demande, contre les conséquences pécuniaires pouvant résulter de cette responsabilité. Il est à remarquer, d'ailleurs, qu'en ce qui concerne les exercices en dehors de l'école, la responsabilité passe de l'instituteur à la société, qui elle-même peut se garantir par une assurance analogue à celle que contractent les sociétés appartenant à l'Union des sociétés de tir de France, groupées en Société d'assurance mutuelle.

« Il me paraît donc qu'aucun obstacle insurmontable ne s'oppose à l'établissement, dans toutes les écoles, de sociétés de tir scolaire. Ces sociétés, une fois constituées, jouiront de tous les avantages réservés aux sociétés de tir mixtes par l'instruction ministérielle du 21 juin 1904. En outre, elles pourront participer au championnat des écoles primaires organisé annuellement, avec mon approbation, par l'Union des sociétés de tir de France. Vous insisterez sur l'intérêt que les sociétés auront à prendre part à ce concours, qui permet de constater les résultats obtenus d'année en année.

« Vous inviterez M. l'inspecteur d'académie à ne pas laisser ignorer aux instituteurs que mon intention formelle est de tenir le plus grand compte des efforts qu'ils feront pour propager l'enseignement du tir, particulièrement au point de vue des avantages et des récompenses qui peuvent leur être accordés.

« De son côté, M. le ministre de la guerre a décidé de faire bénéficier de droit de la dispense d'une période d'instruction dans la réserve, prévue par la loi de 1905, les instituteurs qui justifieront d'une participation active à l'enseignement du tir. Cette participation constituera d'autre part, pour les maîtres qui sont officiers dans la réserve ou l'armée territoriale, un nouveau titre pour l'avancement ou les récompenses.

«J'ajoute que, pour mener à bien l'organisation de l'enseignement du tir à l'école et au delà de l'école, le concours des communes est indispensable. Il appartient aux municipalités de venir en aide aux sociétés en prenant à leur charge au moins une partie de la dépense et en secondant les efforts des instituteurs par une action commune, qui aura pour effet de grouper autour de l'école toutes les bonnes volontés.

« Je vous demanderai également de signaler au Conseil général toute l'importance qui s'attache à la prompte réalisation de cette oeuvre de haut intérêt national, et de proposer à cette assemblée d'y apporter, dans la mesure où le permettront les ressources départementales, une participation effective.

« En ce qui me concerne, j'ai l'intention de demander au Parlement, pour répondre au voeu exprimé par la Commission, les crédits nécessaires en vue de contribuer aux dépenses d'installation, là où les ressources locales seraient manifestement insuffisantes.

«Vous voudrez bien communiquer les présentes instructions à M. l'inspecteur d'académie, qui devra les transmettre sans retard à MM. les inspecteurs primaires en leur rappelant qu'ils auront à fournir, chaque année, avant le 1er décembre, un rapport sur l'organisation de l'enseignement du tir dans les écoles primaires de leur ressort, contenant les renseignements visés dans la proposition formulée par la Commission. »

A cette circulaire est annexé un modèle de statuts pour la formation de « Sociétés de tir scolaire communales », comprenant une section scolaire et une sec-lion post-scolaire.