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Michel

Louis-C. Michel, né en 1795, dans le département de l'Ain, mort à Dijon, le 18 mars 1874, appartenait à une famille honorable, de fortune modeste. Il lit d'excellentes études au collège de Belley, et entra de très bonne heure dans la carrière de l'enseignement, Il y débuta, à l'âge de seize ans, dans le collège même où il avait fait ses études, et se signala par le succès de son enseignement et par l'ascendant qu'il avait sur les élèves. Appelé ensuite à professer la rhétorique au collège du Puy et plus tard au lycée de Moulins, il se démit de ses fonctions pour pouvoir visiter les établissements scolaires les plus renommés de la France et de l'étranger, et, en 1823, il alla s'établir à Lyon, où il fonda une institution libre, d'un caractère très particulièrement religieux et dont l'enseignement s'inspirait des principes du P. Girard sur l'emploi éducatif de la langue maternelle. L'institution Michel fut bientôt regardée comme un établissement modèle, et le nom de son directeur fit dès lors autorité. Michel en profita pour créer, à Lyon, une Société d'éducation et d'enseignement destinée à propager ses idées et sa méthode. Dans les mêmes vues, il quitta, après douze ans, sa maison, qui n'avait cessé de prospérer, et vint à Paris. Il y fonda, d'abord, en 1839, l'Education pratique, journal des familles et des maisons d'éducation, où il publia une biographie du P. Girard et un examen très détaillé de ses ouvrages et de ses travaux. Ce journal n'eut que quelques numéros ; mais Michel en fonda un autre sous le titre de l'Education, revue de l'enseignement, où il eut pour collaborateurs MM. Rapet, Audley, Eugène Rendu, etc. Lui-même y publia d'importants articles, notamment sur la question de la « nécessité de ne pas séparer l'éducation et l'instruction ». C'est aussi de cette époque que datent ses premiers ouvrages d'enseignement.

En 1844, il eut l'honneur de présenter à l'Institut le livre du P. Girard sur l'Enseignement régulier de la langue maternelle, qui est comme la préface du Cours éducatif, et, de concert avec J.-J. Rapet, il fut chargé par le P. Girard de publier successivement les diverses parties du Cours éducatif, en les adaptant aux écoles françaises. Dans un avis qui précède la Syntaxe de la période, le P. Girard rend ainsi qu'il suit hommage à ses deux collaborateurs : « Je dois signaler les services que m'ont rendus deux de mes amis de France. Ce sont M. J.-J. Rapet, directeur de l'école normale de Périgueux, aujourd'hui en congé à Paris pour surveiller la publication du Cours de langue maternelle, et M. L.-C. Michel, connu par ses ouvrages sur l'éducation, et qui non seulement a donné ses soins à la première édition de mon livre couronné, mais encore l'a présenté à l'Académie, lorsque je n'y songeais pas du tout. »

Nommé professeur de langue française à l'école Turgot, Michel s'y fit remarquer par la manière élevée et originale dont il donnait cet enseignement, qui fut, d'ailleurs, pour lui l'occasion d'une série de publications. En 1854, le ministère de l'instruction publique ayant créé le Bulletin de l'instruction primaire, il en devint un des principaux collaborateurs. Plus tard, il fonda, à l'Hôtel de ville, des cours pour les aspirants au brevet de capacité. Enfin, en 1868, il constitua, avec plusieurs de ses amis, la Société générale d'éducation et d'enseignement, où il reprenait, sur des bases plus larges d'action et de propagande, les principes qui l'avaient guidé, quelque trente ans auparavant, dans la création de l'association lyonnaise du même titre ; ce fut la dernière oeuvre de sa vie, et il s'en occupa avec activité jusqu'au moment où, après la guerre de 1870, la vieillesse l'eut forcé de quitter Paris.

Parmi les nombreux ouvrages d'enseignement qu'a publiés Michel, il faut citer une méthode de lecture, avec Guide du maître, et un Cours méthodique de lecture, de prononciation et d'orthographe, ouvrages qui dénotent une connaissance approfondie de l'art d'enseigner à lire et qui contiennent d'excellents préceptes didactiques ; puis, à l'autre extrémité de l'enseignement de la langue pour l'école primaire, son Cours complémentaire de grammaire et son Cours de style et de composition, qui sont la reproduction des leçons qu'il a professées à l'école Turgot. L'un des volumes qui composent le cours complémentaire de grammaire, intitule Etudes sur la signification des mots, peut être considéré comme ayant fait époque dans l'enseignement de la langue française s'adressant à nos écoles primaires supérieures. Il faut encore citer le Cours de grammaire publié en collaboration avec J.-J. Rapet, et comprenant quatre parties, sans parler de nombreux travaux pédagogiques dans les différents journaux d'éducation auxquels Michel a collaboré. Plusieurs de ces travaux ont été publiés sous forme de brochures, comme L'Enfant du peuple de Paris (in-8°, Douniol, 1864 ; extrait du Correspondant, avec addition de deux chapitres) ; Du rôle des écoles à l'époque actuelle et des partis qui s'en disputent la direction (in-8°, Adrien Le Clère et Cie, 1865 ; extrait de la Revue d'économie chrétienne) ; Du système pénitentiaire pour les jeunes détenus (in-8°, Douniol, 1866 ; extrait du Contemporain). Le dernier livre de Michel est une étude à la fois morale et économique sur la Colonie de Cîteaux (Dijon et Paris, 1873), composée, en très grande partie, d'articles publiés, à diverses époques, dans le Contemporain et le Correspondant.

Charles Defodon