La météorologie est la partie de la physique du globe qui traite plus spécialement des phénomènes dont l'atmosphère est le siège : variations de la température, de l'humidité et de la pression de l'air ; formation des nuages, de la pluie, de la neige, de la rosée ; direction et force du vent ; relations qui existent entre ces divers ordres de phénomènes. Cette science conduit, comme résultats pratiques, d'une part à l'étude des grands mouvements de l'atmosphère et par suite à la prévision du temps, de l'autre à la climatologie, ou l'on examine l'influence des divers phénomènes atmosphériques sur les caractères géographiques d'une contrée, sur les productions du sol, le développement des végétaux et des animaux, les migrations des oiseaux, la santé publique, etc.
Pour que les études de météorologie soient possibles, il faut que des observations régulières soient faites en un grand nombre de stations sur un plan uniforme, puis qu'elles soient réunies et discutées comparativement ; aussi existe-t-il maintenant dans tous les pays un établissement spécial, chargé de surveiller et de centraliser les observations météorologiques et d'en déduire les résultats relatifs, soit à la climatologie, soit à la prévision du temps, qui est adressée chaque jour par le télégraphe aux ports de mer et à un certain nombre de stations agricoles. En France ces attributions ont été conférées d abord à l'Observatoire de Paris ; elles le sont maintenant au Bureau central météorologique, qui dépend du ministère de l'instruction publique et a été créé par décret en date du 14 mai 1878.
Le service des observations météorologiques est confié en France à trois ordres de stations : les stations de premier ordre ou observatoires ; les stations de second ordre, qui sont généralement installées dans les écoles normales primaires ; et les stations de troisième ordre, dont le nombre est très grand, mais l'organisation variable.
Les observatoires existant actuellement (1910) sont ceux du Parc Saint-Maur, du Bureau central météorologique et de la tour Eiffel (Paris), de Besançon, Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Perpignan, Toulouse, et les observatoires de montagne du Mont Aigoual, du Pic du Midi, du Puy de Dôme (plaine et sommet) et du Mont Ventoux. Il convient d'y ajouter, quoique ne relevant pas de l'Etat, l'observatoire créé à Nice par M. Bischoffsheim, et des stations très complètes, véritables observatoires, organisées et entretenues par quelques établissements ou des particuliers. Les observatoires doivent posséder tous les instruments, à lecture directe ou enregistreurs, qui sont nécessaires pour les études de météorologie et de physique du globe.
Les stations de second ordre observent, au moins trois fois par jour, la pression barométrique, la température et l'humidité de l'air, l'état du ciel, la direction et la force du vent, et une fois par jour la pluie et les températures extrêmes. Le type des stations de second ordre est la station installée dans toutes les écoles normales primaires, où le service météorologique a été rendu obligatoire par la circulaire ministérielle du 23 avril 1879.
Les observations doivent y être faites sans lacunes, même pendant les vacances, au moins trois fois par jour, à six heures du matin, midi (ou une heure), et neuf heures du soir. Dans quelques écoles on ne se contente pas de ces trois observations, et l'on fait chaque jour six observations, à six heures et neuf heures du matin, midi, trois heures, six et neuf heures du soir. Les observations sont faites en général à tour de rôle par les élèves-maîtres de 3e année, sous la surveillance du professeur de sciences et du directeur de l'école. La nature des instruments, la manière de les installer et de les observer, sont décrites dans les Instructions météorologiques publiées par le Bureau central, et qui sont mises entre les mains de tous les observateurs.
Le tableau détaillé des observations, transcrit sur des feuilles spéciales, dont un double doit être conservé dans les archives de l'école, est adressé à la fin de chaque mois au directeur du Bureau central météorologique sous le couvert du ministre de l'instruction publique. Des inspections sont faites de temps en temps par les soins du Bureau central pour vérifier la régularité des observations et le bon état des instruments.
Les observations faites dans les écoles normales fournissent pour l'étude du climat de la France le complément indispensable de celles des observatoires, qui, seuls, seraient en nombre beaucoup trop restreint, eu égard à la grande diversité des phénomènes météorologiques et des régions de la France.
Les stations de troisième ordre font une ou deux fois par jour les mêmes observations que les écoles normales, mais souvent d'une manière beaucoup moins complète : d'ordinaire on s'y contente de noter une fois par jour les températures extrêmes et la pluie. Enfin dans un grand nombre de stations on observe seulement la quantité de pluie ; cet élément étant très variable d'un endroit à l'autre et la connaissance exacte en étant très importante pour les travaux des ingénieurs, les irrigations, l'étude et la prévision des inondations, etc., il y a tout intérêt à multiplier autant que possible les postes pluviométriques. On estime que, pour permettre des études complètes, il faudrait qu'il y eût en moyenne, dans un département ordinaire, une vingtaine de pluviomètres, et trente ou quarante dans les départements montagneux. Les stations de troisième ordre et les postes pluviométriques sont organisés par les commissions météorologiques départementales, nommées dans chaque département par le préfet, et dont font partie généralement les ingénieurs des ponts et chaussées, l'inspecteur d'académie, les directeurs de l'école normale et de la station agronomique, des professeurs, des médecins, etc. Ces commissions centralisent les observations faites dans leurs départements, les discutent au point de vue de la climatologie locale, et les transmettent au Bureau central météorologique. Les stations de troisième ordre sont généralement confiées aux agents des ponts et chaussées, aux instituteurs et à des personnes de bonne volonté. Chaque année, sur la proposition des commissions météorologiques départementales, le Bureau central météorologique accorde un certain nombre de médailles aux observateurs les plus méritants.
Indépendamment des observations précédentes qui exigent des instruments, le Bureau central météorologique demande à tous ses correspondants de noter l'heure du commencement et de la fin des orages, et l'époque où se manifestent les principaux phénomènes de la végétation et les migrations des oiseaux. Des cadres spéciaux pour ces observations peuvent être demandés soit à la commission météorologique départementale, soit au Bureau central. Ces dernières observations devraient être extrêmement répandues, d'abord à cause de leur intérêt pratique, mais surtout, dans toutes les écoles de la campagne, comme moyen d'éducation. L'instituteur pourrait recommander à ses élèves de guetter la première apparition des feuilles ou des fleurs sur telle ou telle plante bien connue, ou l'arrivée et le départ des oiseaux migrateurs ; non seulement on recueillerait ainsi des données importantes pour l'étude du climat et de ses variations, mais on habituerait les élèves à se rendre compte de ce qui se passe autour d'eux ; ce serait un excellent moyen de développer en eux l'esprit d'observation.
Au point de vue pédagogique, la météorologie est comprise dans le programme des études de sciences des écoles normales primaires, et les observations, obligatoires pour les élèves, permettent de les initier au maniement de quelques instruments de précision, en même temps qu'elles fournissent des données indispensables pour les météorologistes. On ne saurait attacher trop d'importance à ce que ces observations soient faites avec soin et ponctualité. Dans l'enseignement à l'école normale, où le peu de temps dont on dispose ne permet pas de présenter un tableau complet, même sommaire, de la météorologie, on doit s'attacher surtout à faire comprendre que les théories en météorologie ne sont que l'application aux phénomènes de l'atmosphère des lois générales de la physique. Les différents caractères de la variation diurne et annuelle de la température dans toutes les régions de la terre résultent ainsi des mouvements du soleil et de la manière dont la chaleur qu'il nous envoie est absorbée ou rayonnée par la surface du globe, terre ou eau ; on expliquera également par les lois de la physique la formation des différents phénomènes aqueux, pluie, neige, rosée, gelée blanche, verglas, etc. Après l'étude de la température et de la pluie, qui constituent les principaux facteurs du climat et sur lesquels il convient d'insister spécialement, peut venir une étude du climat local et sa comparaison avec le climat des autres régions de la France. Tous les documents numériques nécessaires à cette étude peuvent être trouvés aisément dans les Annales du Bureau central météorologique de France, qui sont envoyées aux écoles normales et à la bibliothèque publique de tous les chefs-lieux de département. Enfin, après l'étude du climat local, viendront utilement quelques considérations sur la formation et la propagation des centres de hautes et de basses pressions, qui jouent un si grand rôle dans la prévision du temps. Là encore le professeur pourra s'aider utilement du Bulletin quotidien international publié par le Bureau central météorologique et que certaines écoles normales reçoivent chaque jour. Il importe dans ces leçons de donner aux futurs maîtres non des notions plus ou moins vagues de météorologie générale, mais une connaissance exacte et raisonnée du pays où ils doivent vivre ; il faut aussi les mettre en état d'observer avec exactitude les phénomènes intéressants ou extraordinaires dont ils pourraient être témoins.
A l'école primaire, le rôle de la météorologie est encore plus restreint ; être ne doit pas pourtant être négligée, car elle permet de donner aisément aux élèves quelques notions pratiques de physique et le goût de l'observation ; mais il est plus indispensable encore de la réduire à l'étude des phénomènes qui frappent le plus, température, pluie, neige, rosée, et de considérer surtout ces phénomènes au point de vue de la climatologie locale, en terminant par quelques considérations sur la comparaison des climats des grandes régions de la France