Sous ce titre doux et maternel, Mme Augusta MolI-Weiss a créé à Bordeaux, le 6 novembre 1897, toute une organisation destinée à préparer la jeune fille à ses fonctions de maîtresse de maison, de mère, de monitrice sociale. Lorsque les jeunes filles sortent du lycée, des écoles ou de la pension, l'éducation scientifique et littéraire qu'elles ont reçue ne les a que de manière bien lointaine préparées à la vie réelle. Deux ou trois années les séparent encore du mariage, années qui ne sauraient être mieux employées qu'à transformer leur savoir théorique en une science appliquée capable de leur faciliter la vie, de les y introduire sans heurt brusque, sans désillusion trop douloureuse. L'Ecole des Mères a réalisé cette conception grâce à un programme sagement adapté aux circonstances et aux milieux.
Elle comprend quatre sections :
1° La section des éducatrices (femmes du monde et futures maîtresses d'enseignement ménager) ;
2° La section populaire (garderies scolaires, cours d'adultes, universités populaires, asiles, hospices, etc.) ;
3° La section de propagande (livres, revues, conférences) ;
4° La section des recherches et des études.
L'enseignement de l'Ecole des Mères comprend à la fois des cours théoriques, des cours appliqués, et des cours pratiques. Les cours théoriques comprennent : l'hygiène, l'économie domestique, l'éducation de l'enfant, le droit usuel, l'économie sociale, etc. ; les cours appliqués : les soins aux malades, la puériculture, la diction, le dessin d'ornement dans ses relations avec les travaux féminins, etc. ; les cours pratiques : la cuisine pour les bien-portants et pour les malades, l'entretien du linge et du vêtement (repassage, détachage, lavage, raccommodage), la couture, les modes, la coupe et la transformation du vêtement, les travaux pour garderies d'enfants, etc.
Tout cet enseignement, depuis la plus modeste recette de cuisine jusqu'à l'établissement des divers budgets, est composé de manière qu'il s'adapte à toutes les ressources. Haute leçon de solidarité, plus éloquente dans sa simple brièveté que les discours les plus brillants. Il est à remarquer que ces études développent de manière extraordinaire chez les jeunes filles le raisonnement, la réflexion, l'économie et la prévoyance. Elles leur donnent ce qui leur manque le plus après les études classiques, l'élan vers les choses sociales, l'amour intelligent et agissant des humbles ; elles s'y intéressent d'ailleurs passionnément.
L'Ecole des Mères prépare les jeunes filles qui suivent ses cours au certificat pour l'enseignement manuel dans les lycées, collèges, écoles primaires supérieures, écoles normales. Le certificat, quoique son nom ne semble pas l'indiquer, est un véritable diplôme officiel d'enseignement ménager.
Il assure aux jeunes filles qui l'obtiennent une élévation de traitement de 300 francs par an. Les postes sont nombreux, les candidats manquent ; elles sont donc à peu près certaines d'être rapidement placées.
La section populaire va aux cours d'adultes, aux universités populaires, aux garderies, aux refuges, aux hospices, aux asiles, etc. ; elle a donné les résultats les plus encourageants, particulièrement dans les refuges, où les monitrices sociales les plus âgées apprennent aux malheureuses femmes qu'on y admet comment on doit se vêtir, se nourrir, se tenir propre, soi et son intérieur ; quels soins réclame le petit être qu'elles attendent, et comment, avec des ressources même très modestes, grâce à un ordre bien compris, on peut équilibrer un pauvre budget.
La section de propagande, comme son nom l'indique, s'occupe de répandre, de vulgariser de saines idées d'économie domestique et sociale, soit par des écrits, soit par des conférences ; le journal de l'Ecole des Mères, le Conseiller de la famille, lui est pour cela d'une grande utilité. Les livres qu'elle publie complètent d'ailleurs son action (Le Foyer domestique, La Cuisine rationnelle des malades et des bien portants, Nos tout petits, etc.).
Quant à la section des recherches et des études, son oeuvre est utile entre toutes. Grâce à elle, les pratiques ménagères ne risquent pas de devenir routinières et par cela même erronées ; elle conduit au progrès par l'étude, et à la simplification de la tâche matériel le par l'application aux travaux ménagers des conquêtes scientifiques. Socialement, elle peut avoir l'importance la plus grande, car elle ramène aux conceptions réelles et pratiques les recherches trop souvent utopiques de ceux qui ne connaissent ces questions que pour ce qu'ils en ont entendu dire. Et il est permis d'espérer que petit à petit tout ce qui est relatif au travail ménager subira le contre-coup heureux des découvertes très simples, des applications très utiles que ces recherches et ces études auront permis de réaliser.
L'Ecole des Mères s'est transportée à Paris, rue Miromesnil, n° 12, en 1904.
Tous les pays civilisés qui nous environnent, l'Angleterre, l'Allemagne, la Suisse, l'Autriche, la Belgique, la Hollande, ont créé des écoles ménagères ; beaucoup d'entre eux, plus riches que nous, ont élevé de véritables palais a l'enseignement ménager : tels sont, par exemple, le Lette-Verein et le Pestalozzi-Froebel-Haus à Berlin. Ce ne sont pas des « Ecoles des Mères », parce que là c'est l'entretien du ménage et l'alimentation qui occupent la première place, alors qu'à Paris l'école de Mme Moll-Weiss la donne à l'enfant et part de lui pour s'occuper du milieu dans lequel il évolue.