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Marle

 L.-C. Marie, grammairien français, né à Tournus (Saône-et-Loire) en 1795, mort vers 1863, a acquis une certaine célébrité par sa tentative de réforme orthographique. Il fit paraître de 1826 à 1829 le Journal grammatical et didactique de la langue française, qui forme 4 volumes in-8°, et où écrivaient, entre autres collaborateurs, Boniface. Lévi, Quitard, Armand Marrast. En grammaire, Marie, bien loin de vouloir innover, se posait en défenseur des bonnes traditions et de la langue classique ; une des sections de son journal devait être consacrée à « la critique grammaticale exercée contre les écarts du romantisme ». Quant à l'orthographe, il commença par proposer, à l'exemple de Dumarsais, de Duclos, de Beauzée, etc., quelques réformes de détail, suppression des consonnes doubles, de certaines lettres étymologiques, etc.

« Il ne faut, disait-il, renvoyer personne à l'école ; il faut que celui qui savait lire avant la réforme sache lire après la réforme à quelque degré qu'elle soit arrivée ; il faut, en un mot, que les changements proposés ou à proposer soient toujours tellement combinés, que les personnes qui verront pour la première fois récriture qui en est le fruit puissent la lire sans hésiter et sans avoir besoin d'explication préalable. Hommes de lettres favorables à la réforme, professeurs qui voulez la propager, gardez-vous de franchir les limites tracées par ce principe, ce serait tout compromettre. » La campagne entreprise par Marie en faveur de la simplification de l'orthographe sembla d'abord devoir aboutir à quelques résultats ; il reçut de nombreuses adhésions, et plusieurs académiciens lui adressèrent des lettres d'encouragement. Andrieux lui écrivit entre autres : « Il est d'un bon esprit de désirer la réforme de l'orthographe française actuelle, de vouloir la rendre conforme, autant que possible, à la prononciation ; il est d'un bon grammairien, et même d'un bon citoyen, de s'occuper de cette réforme ; mais il est difficile d'y réussir. Vous vous proposez de marcher lentement et avec précaution dans cette carrière dangereuse : c'est le moyen d'arriver au but. Puissiez-vous l'atteindre! » Mais bientôt, s'enhardissant, Marie se transforma de réformateur en révolutionnaire, et proposa un système néographique qui réduisait les sons de la langue à 22 voyelles et 18 articulations représentées par autant de caractères simples ou composés. Cette révolution orthographique attira à son auteur beaucoup de quolibets ; Andrieux, piqué de ce que Marie avait publié sa lettre en l'affublant dé sa nouvelle orthographe, protesta vivement contre ce procédé ; des polémiques acerbes s'engagèrent, dans lesquelles le novateur ne sut pas mettre les rieurs de son côté ; et la néographie tomba promptement dans un complet discrédit. Quelques années plus tard, Marie inventa une écriture purement phonétique qu'il nomma diagraphic : au moyen de 36 signes figurés par des lignes droites ou courbes, faibles ou renforcées, il représentait tous les sons du langage parlé. Ce système fut exposé par lui dans deux ouvrages : Manuel de diagraphie (Paris, Dupont, 1839) et Grammaire théorique, pratique et didactique, ou texte primitif de la Grammaire diagraphique (Paris, Dupont, 1839). La diafraphie, après avoir été l'objet de rapports favorables de divers fonctionnaires de l'instruction publique, qui y voyaient une méthode propre à exercer le jugement et l'intelligence des enfants, est tombée dans l'oubli. Marie a publié en outre un Dictionnaire philologique et critique de la langue française (3e édition, 1856). Il avait été, pendant quelques années, directeur de l'école normale d'instituteurs de Saône-et-Loire.