En 1799, François de Neufchâteau, ministre de l'intérieur, avait entrepris la publication d'une série de volumes qui devaient porter le titre général de Manuel républicain, et qui étaient destinés à répandre des connaissances utiles (Voir Livres scolaires, p. 1059). Le premier de ces volumes parut au printemps de l'an VII, sous ce titre : « Le Manuel républicain, Première partie, contenant la constitution de la République française, suivie d'instructions sur les nouveaux poids et mesures, sur l'usage de ces mesures relativement aux terrains, sur les monnaies républicaines, sur l'annuaire républicain ; d'un vocabulaire des mesures républicaines, et de tables des matières sous la forme de questions. Imprimé par ordre du ministre de l'intérieur. Edition stéréotype. Imprimerie de P. Didot l'aîné, an VII. Prix, broché, 70 centimes. »
Dans une « Lettre aux commissaires du Directoire exécutif près les administrations centrales et municipales », datée du 10 germinal an VII, qui forme la préface de ce petit ouvrage, le ministre explique ce qu'il a voulu faire, et annonce la prochaine publication d'autres volumes.
« J'ai cru ne pouvoir mieux ouvrir la distribution des ouvrages élémentaires — dit-il — que par l'envoi que je vous fais de cette première partie du Manuel républicain. C'est pourtant moins un livre d'instruction proprement dite qu'un livre nécessaire, un livre officiel, dont on ne saurait se passer. Sitôt que vous l'aurez reçu, vous le déposerez au secrétariat de votre administration. Vous ferez afficher le placard de ma circulaire pour avertir les citoyens qu'ils peuvent aller prendre communication de ce premier volume pendant une décade, et vous faire connaître pour combien d'exemplaires ils entendent souscrire, pour eux et leurs enfants, à 30 centimes l'exemplaire….
« Le Manuel républicain comportera d'autres volumes qui suivront de près le premier.
« Le second est sous presse : c'est un excellent abrégé des Observations du célèbre Mably sur l'histoire de France, abrégé composé sous mes yeux par un père illustre pour l'éducation de son fils. J'ai chargé un homme de lettres d'y joindre quelques notes. L'histoire de la monarchie est indispensable à connaître ; c'est ce qu'il y a de plus propre à faire aimer la République.
« Le troisième volume du Manuel républicain contiendra un recueil d'avis aux citoyens sur les premiers secours à donner dans les maladies et autres accidents, comme la rage, l'asphyxie, etc.
« Le quatrième et le cinquième seront des recueils de morale à la portée de tout le monde, etc.
« Chacune de ces suites du Manuel républicain sera annoncée à son tour. Leur collection pourra faire une bibliothèque pour les citoyens peu aisés, et l'on aura soir que le prix n'excède pas les facultés du plus simple ouvrier. »
Le ministre paraissait compter beaucoup, pour la réussite de son projet de publications populaires à bon marché, sur les facilités qu'offrait la stéréotypie, tout récemment inventée. Il explique, dans sa lettre circulaire, que chaque département pourrait faire à bas prix (pour 378 francs) l'acquisition des planches (clichés) du premier volume du Manuel républicain, et que le prix de revient de ce volume, réimprime dans ces conditions par les soins des administrations départementales, serait seulement de 15 à 30 centimes l'exemplaire, selon le prix du papier dans le département.
Nous n'avons pas trouvé à la Bibliothèque nationale le second volume du Manuel républicain, qui devait contenir un abrégé des Observations sur l'histoire de France de Mably. Quant aux autres volumes annoncés, il n'est pas probable qu'ils aient été publiés, François de Neufchâteau ayant quitté le ministère moins de trois mois après l'envoi de la circulaire du 10 germinal an VII.