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Manuel général de l’instruction primaire

 Le Manuel général de l'instruction primaire est — après le journal fondé en 1815 par la Société pour l'instruction élémentaire sous le titre de Journal d'éducation — la plus ancienne des publications périodiques françaises consacrées à l'instruction primaire qui continuent à paraître.

La « Librairie classique de L. Hachette, ancien élève de l'Ecole normale, rue Pierre Sarrazin, n°12 », fonda, après la révolution de Juillet, un périodique mensuel dont le premier numéro parut en novembre 1830 : il était intitulé « Journal de l'instruction élémentaire, destiné à répandre dans toutes les communes de France les meilleures méthodes de lecture, d'écriture, de calcul, de grammaire, de géographie, de dessin linéaire, de gymnastique et de musique ; par des membres de l'Université et de diverses sociétés de bienfaisance » ; ce journal s'imprimait chez A. Belin, rue des Mathurins-Saint-Jacques, n» 14. Les auteurs disaient, dans un Avertissement, que les efforts faits depuis quinze ans pour le développement de l'enseignement primaire n'avaient pas porte tous les fruits qu'on pouvait en espérer, et qu'en conséquence ils croyaient « faire une chose nécessaire à notre pays, ainsi qu'aux instituteurs, aux institutrices et aux familles, en publiant un journal spécialement consacré à l'instruction élémentaire ». Ce numéro reproduisait l'ordonnance du 16 octobre 1830 sur la réorganisation des comités d'instruction primaire, précédée du rapport du duc de Broglie, et l'ordonnance du 14 février 1830 (Guernon-Ranville), qui avait édicté, déjà cinq mois avant la révolution de Juillet, des mesures « pour que toutes les communes du royaume fussent immédiatement pourvues de moyens suffisants d'instruction primaire ». Le n° 3 (janvier 1831) contient un projet de loi concernant l'instruction primaire, proposé par l'un des rédacteurs du journal : les dispositions qu'il renferme sont celles qui se retrouvent dans tous les projets qui virent le jour de 1831 à 1833. Dans le n° 5 (mars 1831) est imprimé le projet de loi présenté le 20 janvier 1831 par le ministre Barthe à la Chambre des pairs, et retiré peu après ; le même numéro et le suivant contiennent des observations sur le projet ministériel, par le recteur de l'académie de Nancy, Soulacroix (auteur du Guide des écoles primaires). Le n° 6 (avril), qui termine le tome Ier, donne le texte du projet de loi élaboré par la Société pour l'instruction élémentaire. Le journal consacrait des articles, dans ce premier semestre, à la 3° édition du Guide des écoles primaires, au Visiteur des écoles (de Jacques Matter), à la méthode de l'abbé Gaultier, à l'application de la méthode Jacotot à l'enseignement mutuel, à la Citolégie de H.-A. Dupont, à la méthode de lecture simplifiée de L.-A. Maître, à la méthode d'écriture de L. Lacombe, à la méthode d'arithmétique de Jomard, à la méthode de grammaire française de Meissas, Michelot et Picard, à la méthode de géographie de Meissas et Michelot, à la méthode de dessin linéaire de Lamotte, à la méthode de gymnastique d'Amoros. L'existence du Journal de l'instruction élémentaire dura deux ans : son dernier numéro (n0 24) porte la date d'octobre 1832. Il avait été le précurseur de la publication officielle qui allait s'appeler le Manuel général.

Le 19 octobre 1832, huit jours après son entrée au ministère de l'instruction publique, Guizot présentait à Louis-Philippe un rapport par lequel il lui proposait « d'autoriser en principe la publication d'un recueil périodique à l'usage des écoles primaires de tous les degrés ; ce recueil devra contenir : 1° la publication de tous les documents relatifs à l'instruction populaire en France ; 2° la publication de tout ce qui intéresse l'instruction primaire dans les principaux pays du monde civilisé ; 3" l'analyse des ouvrages relatifs à l'instruction primaire ; 4° des conseils et des directions propres à assurer les progrès de cette instruction dans toutes les parties du royaume. Pour présenter toutes les garanties désirables, cette publication serait confiée à un haut fonctionnaire de l’Université, sous la direction du Conseil royal. » Le roi donna son approbation à la proposition de son ministre, et, par un arrêté du lendemain 20, Guizot décidait « que M. Matter, inspecteur général des éludes, était chargé, sous la surveillance du Conseil royal, de la rédaction du Manuel général de l'instruction primaire ». Bien que le recueil ainsi fondé eût un caractère officiel, il ne fut pas édité par le ministère ; Guizot chargea de sa publication quatre éditeurs parisiens, associés à cet effet, dont les noms figurent sur la page de titre du Manuel général : L. Hachette, Firmin Didot frères, F.-G. Levrault, et Jules Renouard ; l'imprimeur fut E. Duverger, 4, rue de Verneuil. Le nouvel organe prit la place du Journal de l'instruction élémentaire, qui cessa de paraître.

Le premier numéro, qui est double (124 pages in-8°), porte la date de novembre-décembre 1832 ; mais il ne parut en réalité qu'en janvier 1833, car il donne le texte et l'exposé des motifs du nouveau projet de loi sur l'instruction primaire présenté par Guizot à la Chambre des députés le 2 janvier 1833. Le titre complet du journal est « Manuel général, ou Journal de l'instruction primaire, destiné à guider les instituteurs dans le choix des méthodes et à répandre dans toutes les communes de France les meilleurs principes d'éducation, publié sous la direction d'un inspecteur général des études et de plusieurs autres membres de l'Université ». Les douze numéros mensuels forment deux tomes, in-8° par an, comme précédemment ceux du Journal de l'instruction élémentaire. En mai 1833, Matter fut remplacé à la direction du Manuel général, à titre provisoire d'abord, par Paul Lorain, professeur de rhétorique au collège Louis-le-Grand ; le provisoire devint définitif en janvier 1834. A partir de la troisième année (novembre 1834), le recueil est intitulé Manuel général de l'instruction primaire, journal officiel, et continue ainsi jusqu'en octobre 1840, date à laquelle s'achève la septième année de son existence par la publication du tome XIV.

En novembre 1840 commence une nouvelle série, dans le même format in-8°. Un journal fondé en 1833 par la maison Paul Dupont, l'Instituteur, fusionne avec le Manuel général ; en même temps, un des quatre éditeurs de 1831, Levrault, se retire, et est remplacé par Paul Dupont ; le recueil, formé du Manuel général et de l'Instituteur réunis, cesse d'être un organe officiel ; il s'intitule : L'Instituteur, Manuel général de l'instruction primaire, et comprend deux parties : 1re partie, Bulletin officiel de l'instruction primaire: 2e partie, Méthodes d'enseignement, Mélanges, bibliographie, etc. Il ne forme plus qu'un seul tome par an. La première année de cette deuxième série (huitième année du recueil) a quatorze numéros, parce que, commencée en novembre 1840, elle s achève en décembre 1841. Au tome IV de cette deuxième série (1844), le titre d’Instituteur disparaît, et il ne reste que celui de Manuel général de l'instruction primaire ; les quatre éditeurs sont toujours les mêmes. La seconde série continue jusqu'à la fin de 1849. Les noms des collaborateurs qu'on rencontre le plus souvent de 1841 à 1844 sont ceux de Lamotte, Salmon, Sardou, Meissas, Bernard Jullien, et, à partir de 1845, de Théod.-H. Barrau ; celui-ci devait, cinq ans plus tard, devenir rédacteur en chef.

En 1850 s'ouvre, avec la dix-huitième année, une troisième série. Le Manuel général est désormais la propriété exclusive de l'éditeur L. Hachette, qui le transforme en journal hebdomadaire, de format grand in-4° ; il s'intitule « Manuel générai de l'instruction primaire, journal hebdomadaire des instituteurs, rédigé par MM. Barrau, rédacteur en chef, Corne, représentant du peuple, etc. ; librairie de L. Hachette et Cie ». (Jette troisième série dura jusqu'à la fin de 1857.

La quatrième série (1858-1863) apporte un nouveau changement extérieur : le journal inaugure le formai petit in-4° à deux colonnes, qui est resté celui du Manuel à partir de cette date. En même temps, l'administration ayant rétabli au profit d'une autre feuille, le Journal général de l'instruction publique, le privilège de journal officiel supprimé depuis 1840, le Manuel revint à son ancien mode de publication mensuelle ; il prit le titre de Petit Manuel de l'instruction primaire : sa rédaction ne comprit plus, durant six ans, que des articles de jurisprudence administrative et les devoirs et exercices de classe. Voici son titre : « Petit Manuel de l'instruction primaire, journal mensuel des instituteurs, publié sous la direction de Théod.-H. Barrau. On s'abonne à Paris au bureau du journal, rue Pierre Sarrazin, n° 14. »

Sous l’empire, un journal, pour avoir le droit de traiter de questions politiques, devait verser un cautionnement. La nomination de Victor Duruy au ministère de l'instruction publique en 1863 avait fait naître chez les instituteurs des aspirations nouvelles : le Manuel général voulut devenir un organe politique. En 1864, il inaugura une nouvelle série, la cinquième, et redevint hebdomadaire, sous ce titre : « Manuel général de l'instruction primaire, journal politique hebdomadaire des instituteurs, publié sous la direction de M. Théod.-H. Barrau ». Le rédacteur en chef mourut en mai 1865 : il eut pour successeur Ch. Defodon, qui conserva ce poste jusqu'à sa mort, en 1891. C'est sous sa direction que le Manuel général devint le précurseur et l'initiateur des oeuvres post-scolaires. En 1866 commença la publication de leçons destinées aux cours d'adultes. Ces cours étaient déjà, pour ceux qui les instituèrent il y a quarante-cinq ans, « le complément obligé de l'enseignement donné à l'école ». La cinquième série va de 1864 à 1896 (l'année 1871 n'a pas paru).

Une sixième série (1897-1905) commença lorsque M. F. Buisson fut appelé à la direction du journal.

En 1905, sur la demande de nombreux abonnés, l'éditeur décida de faire coïncider l'année du journal non plus avec l'année civile, mais avec l'année scolaire, comme en 1830 et en 1832. La soixante-treizième année du Manuel général, commencée avec le mois d'octobre 1905, a formé à elle seule une nouvelle série, la septième. La huitième série, actuellement en cours de publication, a commencé en octobre 1906.

Le Manuel général comprend actuellement 40 pages, sur lesquelles 12 pages sont consacrées à la Partie générale, 16 à la Partie scolaire, 4 aux examens et concours, 8 aux actes officiels et aux annonces.

La Partie scolaire, aussi complète que variée, renferme des choix de textes et de sujets appropriés aux divers degrés de l'enseignement, et des exercices préparatoires pour tous les examens d'ordre primaire.

La Partie générale contient cinq grandes divisions : 1° Education et enseignement ; 2° Législation et administration ; 3° Variétés ; 4° Opinions des lecteurs ; 5° Revue des Bulletins, Correspondance, Bibliographie, Actes officiels.

Sur toutes les questions qui touchent aux intérêts supérieurs de l'enseignement public, le Manuel publie les consultations des hommes les plus qualifiés par leur situation politique ou sociale, par la place qu'ils occupent dans le monde des lettres, des sciences, du travail et de l'industrie. Il ouvre de grandes enquêtes destinées à éclairer les pouvoirs publics ou à créer de grands courants d'opinion.

Par la plume alerte et incisive de M. André Balz, il soutient ou défend les intérêts du personnel et fait une guerre incessante aux abus.

Toutes les semaines, une revue littéraire ou scientifique tient les lecteurs au courant du mouvement des idées et des productions les plus remarquables des écrivains, des savants et des artistes.

Ainsi, tout en restant fidèle à ses traditions, le Manuel général se renouvelle sans cesse et s'attache à suivre l'évolution de notre enseignement public, inséparable aujourd'hui de l'évolution sociale.