bannière

m

Maladies scolaires

On donne le nom de maladies scolaires à deux groupes distincts d'affections : 1° aux maladies qui sont provoquées ou aggravées par la sédentarité et le travail à l'école ; 2° à des affections qui se développent plus particulièrement chez l'enfant à l'âge scolaire.

Au premier groupe, celui des affections qu'on peut appeler maladies scolaires proprement dites, parce qu'elles sont produites ou aggravées par l'école, appartiennent la myopie et la scoliose ; au second, toutes les affections parasitaires ou microbiennes ; celles-ci ne peuvent être appelées maladies scolaires que dans un cas particulier : lorsque, atteignant des écoliers, elles intéressent le bon fonctionnement de l'école et appellent l'intervention de l'autorité scolaire.

Ces deux catégories de maladies sont d'ailleurs tout à fait distinctes par leur marche et leur évolution, et elles demandent des précautions différentes.

I — Maladies scolaires proprement dites.

Myopie. — On a longuement discuté pour savoir si le séjour à l'école était la cause efficiente de la myopie. Il n'y a qu'à consulter les statistiques des ophtalmologistes de tous les pays pour voir que la myopie augmente avec l'âge des écoliers et avec la durée de leur séjour à l'école. Despagnet, au collège Rollin, à Paris, note 10 % dans les classes inférieures ; la proportion s'élève progressivement dans les classes supérieures, pour atteindre 72 % chez les élèves qui préparent les écoles du gouvernement.

La table mal appropriée à la taille et forçant l'écolier à se rapprocher et à accommoder son oeil à la lecture de près, le mauvais éclairage des classes, les caractères trop 0ns et imprimés sur du papier de qualité inférieure, enfin la sédentarité et l'excès de travail, sont les causes habituelles de cette affection. — Voir Myopie.

Scoliose. — On peut dire que la scoliose, si elle n'est pas toujours d'origine scolaire, est fortement aggravée par le séjour à l’école. La longueur des heures de travail, et aussi la table défectueuse, forcent l'enfant à prendre une attitude vicieuse. La déviation de la colonne vertébrale, d'abord accidentelle, devient bientôt permanente. — Voir Scoliose.

La scoliose et la myopie ont, comme on vient de le voir, beaucoup de causes communes. Pour éviter ou tout au moins pour diminuer le nombre de ces affections, il faut donner à l'écolier une table appropriée à sa taille, et varier souvent les altitudes en n'obligeant pas l'enfant pendant un temps trop long à un travail qui exige la même position.

II. — Maladies contagieuses qui peuvent atteindre les écoliers.

Les maladies du second groupe comprennent toutes les maladies contagieuses.

L'enfant plus que l'adulte est apte à contracter les germes de certaines affections qui trouvent en lui un terrain favorable à leur évolution.

On divise les maladies contagieuses de la période scolaire en trois groupes : A, les maladies parasitaires: B, les maladies de la peau et du cuir chevelu ; C, les maladies infectieuses.

A. Maladies parasitaires.

Les deux plus communes sont la phtiriase et la gale.

La phtiriase est provoquée par la présence dans la chevelure du pou vulgaire (Pediculus capitis). Il se reproduit avec une grande rapidité. Les oeufs attachés aux cheveux sont appelés lentes.

C'est une maladie contagieuse, très facilement évitable et qui ne doit pas être tolérée à l'école. Il est inadmissible qu'un enfant bien tenu puisse l'attraper par le contact d'un écolier malpropre.

Tout enfant atteint de phtiriase doit être éloigne de l'école. Dans beaucoup de villes, au Havre en particulier, l'instituteur remet à l'enfant atteint une notice indiquant le moyen de guérir rapidement. (Test une pratique que nous voudrions voir se généraliser.

La gale est occasionnée par un sarcopte (Sarcoptes scabiei), acarien de la classe des arachnides, qui s'introduit dans la peau en y creusant des sillons et en y provoquant des démangeaisons intolérables. Les enfants qui en sont atteints doivent être exclus de l'école. Ils ne peuvent être admis à nouveau qu'après guérison et désinfection complète de leurs vêtements.

B. Maladies de la peau et du cuir chevelu.

La gourme et l'herpès circiné sont les deux affections de la peau que l'on observe le plus fréquemment à l'école.

La gourme (impetigo) est très fréquente ; elle est contagieuse par inoculation directe. L'enfant atteint doit être rendu à sa famille jusqu'à sa guérison complète.

L'herpès circiné est produit par le développement, sur un point de la peau, du champignon de la teigne tondante à grosses spores. Cette affection est souvent l'indice de la présence de la teigne dans le cuir chevelu.

Les maladies contagieuses du cuir chevelu sont les teignes, dont on distingue trois variétés : la teigne faveuse, la teigne tondante à petites spores et la teigne tondante à grosses spores. Toutes trois sont également contagieuses et nécessitent l'isolement des malades. Ce sont des maladies redoutables qui éloignent l'enfant pendant un temps fort long : plusieurs mois et même des années. La Ville de Paris, pour remédier à cet inconvénient grave, a créé une école-hôpital de teigneux où l'écolier malade reçoit à la fois les soins et l'instruction.

La pelade, qui autrefois était placée parmi les maladies contagieuses, a été reconnue, à la suite des travaux du Dr Jacquet, comme une affection d'origine purement nerveuse. Un arrêté du préfet de la Seine en date du 16 janvier 1907, pris après avis conforme du Conseil d'hygiène, l'a supprimée de la liste des maladies épidémiques.

C. Maladies infectieuses.

On donne ce nom, depuis les découvertes de Pasteur, à toutes les maladies produites par la présence dans l'organisme d'un microbe, d'un germe pathogène. Elles attirent rapidement l'attention du maître, car rarement elles surviennent par cas isolé ; habituellement elles prennent le caractère épidémique.

L'épidémie est très difficile à enrayer, car ces maladies sont le plus souvent contagieuses avant l'apparition des symptômes objectifs. Nous allons passer rapidement en revue les maladies infectieuses les plus communes à l'école, en insistant sur les caractères propres à chacune d'elles.

Rougeole. — La rougeole est la maladie de beaucoup fa plus fréquente, du moins en France. Les écoles maternelles et les dernières classes des écoles primaires sont celles qui sont ordinairement atteintes.

Lorsque l'éruption caractéristique de boutons apparaît, reniant est déjà un danger pour ses camarades depuis quatre à cinq jours ; et les voisins sont déjà contagionnés lorsque la maladie est reconnue.

La rougeole se propage toujours par contact direct, soit d'un enfant malade à un enfant sain, soit d'une tierce personne portant les germes d'un malade à un écolier sain, soit par des livres ou des objets souillés par un enfant atteint.

En moyenne, douze à quatorze jours s'écoulent entre l'inoculation et l'éruption caractéristique. Dès l'apparition d'un premier cas, il faut surveiller les voisins, les frères et soeurs, et les camarades de la même maison. L'enfant qui perd sa gaieté et son enjouement, dont les yeux et le nez coulent, doit être immédiatement isolé. Les institutrices expérimentées savent bien dépister ces malades et les renvoyer à leur famille. Une recommandation importante, c'est de ne jamais placer un enfant à la table d'un manquant lorsqu'on ne connaît pas la cause de l'absence.

Scarlatine — La scarlatine a une période d'incubation bien moins longue que celle de la rougeole : trois à quatre jours. Dès l'apparition de l'angine scarlatineuse, qui habituellement précède l'éruption, la salive et le mucus pharyngé deviennent dangereux. La scarlatine est contagieuse avant, pendant et après l'éruption. Les squames de la peau du malade, qui se détachent, sont extrêmement virulentes.

Variole. — Si la loi du 15 février 1902 était sérieusement appliquée, et si les revaccinations étaient pratiquées régulièrement, la variole devrait avoir disparu. Ce qu'on observe à l'école, c'est la varioloïde, variole atténuée, rarement grave, survenant chez les enfants vaccinés antérieurement.

Varicelle. — La varicelle ou petite vérole volante s'observe fréquemment. Elle est très contagieuse à son début, et survient par poussées successives.

Diphtérie. — La diphtérie se présente à l'école sous trois formes : la rhinite, l'angine et la laryngite.

La diphtérie nasale avec écoulement de mucus par les narines est fréquente à l'école. En temps d'épidémie, il faut toujours suspecter les enfants qui présentent ces symptômes et exiger l'examen bactériologique du liquide pharyngé. La diphtérie est produite par le bacille découvert par Klebs et cultivé par LÖffler. Après la diphtérie, on ne doit admettre à nouveau l'enfant à l'école qu'avec un certificat attestant l'examen négatif de ses sécrétions naso-pharyngiennes.

Oreillons. — Les oreillons sont déjà contagieux avant l'apparition du gonflement parotidien, et la contagiosité persiste quatre à cinq jours.

Coqueluche. — On ne peut affirmer la coqueluche que lorsque l'enfant présente la quinte de toux convulsive si caractéristique. Mais à ce moment le malade est déjà depuis longtemps contagieux, et il a pu propager la maladie autour de lui.

Le règlement demande un isolement de trois semaines ; mais bien souvent la coqueluche n'est pas encore terminée après ce laps de temps, et l'on doit alors prolonger l'exclusion de l'école jusqu'à complète disparition des quintes.

Tuberculose. — La tuberculose pulmonaire contagieuse est très rare chez l'enfant à la période scolaire. Ce qu'on observe le plus ordinairement, ce sont des adénites tuberculeuses ouvertes et des abcès froids, qu'un pansement occlusif permet de conserver à l'école.

Méningite cérébro-spinale. — Cette affection, provoquée par le méningocoque de Weichselbaum, se développe quelquefois dans les écoles. Le virus siège ordinairement dans le mucus nasal. Si un cas est signalé, des précautions sérieuses doivent être prises pour enrayer l'épidémie.

Toutes ces affections contagieuses nécessitent des mesures énergiques pour éteindre le foyer épidémique. La classe doit être désinfectée. Le procédé actuellement reconnu comme le plus efficace est la désinfection par les vapeurs d'aldéhyde formique. La table et le parquet doivent être lavés à l'eau de Javel, au crésyl, ou avec une solution phéniquée à 5 %. Il ne faut pas hésiter à faire désinfecter et même à faire brûler les livres, si c'est nécessaire.

L'éloignement des contagieux suffit le plus souvent : il est rarement indispensable de licencier toute l'école. Dans le cas où cette mesure deviendrait nécessaire, il faut, pour qu'elle soit efficace, qu'elle ait une durée au moins égale à la durée de l'incubation de la maladie elle-même.

[Dr L. DUFESTEL.]

Des prescriptions hygiéniques relatives aux épidémies, et aux mesures à prendre dans les écoles pour les prévenir et les combattre, ont été édictées par un arrêté du 18 août 1893, auquel est annexé un règlement modèle que nous reproduisons ci-dessous :

ARRETE DU 18 AOUT 1893.

ARTICLE PREMIER. — Les prescriptions hygiéniques à prendre dans les écoles primaires publiques pour prévenir et combattre les épidémies sont fixées dans tous les départements par arrêté du préfet.

ART. 2. — Elles sont rédigées d'après les indications contenues dans le règlement modèle ci-annexé.

RبGLEMENT MODبLE

RELATIF AUX PRESCRIPTIONS HYGIENIQUES A PRENDRE DANS LES ÉCOLES PRIMAIRES POUR PRÉVENIR ET COMBATTRE LES ÉPIDÉMIES CHAPITRE Ier

Mesures générales à prendre pour éviter l'éclosion des maladies contagieuses.

ARTICLE PREMIER. — Les écoles doivent être pourvues d'eau pure (eau de source, eau filtrée ou bouillie). L'eau pure seule sera mise à la disposition des élèves.

ART. 2. — Les cabinets d'aisances des écoles ne doivent pas communiquer directement avec les classes.

Les fosses doivent être étanches et le plus possible éloignées des puits.

ART. 3. — Pendant la durée des récréations et le soir après le départ des élèves, les classes doivent être aérées par l’ouverture de toutes les fenêtres.

ART. 4. — Le nettoyage du sol ne doit pas être fait à sec par le balayage, mais au moyen d'un linge ou d'une éponge mouillée promenée sur le sol.

ART. 5. — Hebdomadairement il est l'ait un lavage du sol à grande eau et avec un liquide antiseptique. — Un lavage analogue des parois doit être fait au moins deux fois par an, notamment aux vacances de Pâques et aux grandes vacances.

ART. 6. — La propreté de l'enfant est surveillée à son arrivée. Chaque enfant doit se laver les mains au lavabo avant la rentrée en classe après chaque récréation.

CHAPITRE II

Mesures générales à prendre en présence d'une maladie contagieuse.

ART. 7. — Le licenciement de l'école ne doit être prononcé que dans les cas spécifiés à l'article 14. Auparavant on doit recourir aux évictions successives et employer les mesures de désinfection prescrites ci-après.

ART. 8. — Tout enfant atteint de fièvre doit être immédiatement éloigné de l'école, ou envoyé à l'infirmerie dans le cas d'un internat.

ART. 9. — Tout enfant atteint d'une maladie contagieuse bien confirmée doit être éloigné de l'école, et, sur l'avis du médecin chargé de l'inspection, cette éviction peut s'étendre aux frères et soeurs dudit enfant ou même à tous les enfants habitant la même maison.

ART. 10. — La désinfection de la classe est faite soit dans l'entre-classe, soit le soir après le départ des élèves.

Elle comprend :

Le lavage de la classe (sol et parois) avec une solution antiseptique ;

La désinfection par pulvérisation des cartes et objets scolaires appendus au mur ;

La désinfection par lavage des tables, bancs, meubles, etc. ;

La désinfection complète du pupitre de l'élève malade ; la destruction par le feu des livres, cahiers, etc., de l'élève malade, et des jouets ou objets qui auraient pu être contaminés dans les écoles maternelles.

ART. 11. — Il est adressé à la famille de chaque enfant atteint d'une affection contagieuse une instruction sur les précautions à prendre contre les contagions possibles, et sur la nécessité de ne renvoyer l'enfant qu'après qu'il aura été baigné ou lavé plusieurs fois au savon et que tous ses habits auront subi soit la désinfection, soit un lavage complet à l'eau bouillante.

ART. 12. — Les enfants qui ont été malades ne pourront rentrer à l'école qu'avec un certificat médical et après qu'il se sera écoulé, depuis le début de la maladie, une période de temps égale à celle prescrite par les instructions de l'Académie de médecine.

ART. 13. — Dans le cas où le licenciement est reconnu nécessaire, il est envoyé à chaque famille, au moment du licenciement, un exemplaire de l'instruction relative à la maladie épidémique qui l'aura nécessité.

CHAPITRE III

Mesures particulières à prendre pour chaque maladie contagieuse.

ART. 14. — Sur l'avis du médecin inspecteur, les mesures suivantes doivent être prises, conformément aux indications contenues dans le rapport adopté par le Comité consultatif d'hygiène, lorsque les maladies ci-dessous désignées sévissent dans une école :

Variole. — Eviction des enfants malades (durée : quarante jours). — Destruction de leurs livres et cahiers. — Désinfection générale. — Revaccination de tous les maîtres et élèves.

Scarlatine. — Eviction des enfants malades (durée : quarante jours). — Destruction de leurs livres et cahiers. — Désinfection générale. — Licenciement si plusieurs cas se produisent en quelques jours malgré toutes précautions.

Rougeole. — Eviction des enfants malades (durée : seize jours). — Destruction de leurs livres et cahiers. — Au besoin licenciement des enfants au-dessous de six ans.

Varicelle. — Evictions successives des malades.

Oreillons. — Eviction successive de chacun des malades (durée : dix jours).

Diphtérie. — Eviction des malades (durée : quarante jours). — Destruction des livres, des cahiers, des jouets et objets qui ont pu être contaminés. — Désinfections successives.

Coqueluche. — Evictions successives (durée : trois semaines).

Teignes et pelade. — Evictions successives. — Retour après traitement et avec pansement méthodique.

La circulaire ministérielle adressée aux préfets le 13 mars 1893 contient aussi sur la même matière certaines observations qui nous paraissent devoir être rapprochées du règlement qui précède :

« Le Comité consultatif d'hygiène publique de France, qui a bien voulu, à ma demande, donner un avis autorisé sur ces diverses questions, s'est nettement prononcé sur le danger que, dans un certain nombre de cas, présente le licenciement de l'école. En l'absence des parents retenus par leur travail, les enfants sont confiés aux soins et à la surveillance d'une voisine, laquelle sera souvent la mère d'un enfant malade, que cette circonstance seule oblige à garder le logis. Le licenciement de l'école peut donc favoriser la contagion au lieu d'y remédier. Aussi serait-il préférable alors de recourir à la désinfection du local toutes les fois que cette opération sera jugée possible. Avec les ressources dont on dispose aujourd'hui, cette opération est susceptible d'être effectuée très rapidement, parfois même sans interrompre les classes.

« Aux termes des lois, deux autorités sont chargées, chacune en ce qui la concerne, de veiller à la salubrité publique, à savoir : au point de vue de la surveillance locale, le maire de la commune où l'épidémie s'est déclarée ; au point de vue de la surveillance générale, le préfet.

« Les pouvoirs qui vous sont conférés, monsieur le préfet, ainsi qu'aux maires, s'exercent de la façon suivante :

« En ce qui concerne les écoles publiques, vous avez, dès que l'existence d'une maladie épidémique vous est signalée, à transmettre, dans le plus court délai, au Conseil départemental d'hygiène les renseignements qui vous ont été fournis par le maire, l'inspecteur d'académie, le médecin inspecteur des écoles, et à prononcer d'urgence la réunion de ce Conseil, conformément au décret du 18 décembre 1848, article 6. Lorsque le Conseil a émis un avis sur les mesures sanitaires qu'il juge nécessaires, vous faites toute diligence pour les appliquer.

« Il appartient au maire, en vertu des pouvoirs généraux qui lui sont conférés par la loi du 5 avril 1884, articles 94 et 97, d'édicter les prescriptions sanitaires applicables aux écoles privées.

« Si le maire ne prenait aucune mesure ou ne prenait que des mesures insuffisantes, vous auriez le devoir d'user du droit que vous confère la loi et de prescrire les mesures nécessaires en son lieu et place.

« J'ajoute que, comme le dit expressément l'article 99 de ladite loi, « les pouvoirs qui appartiennent au maire ne font pas obstacle au droit du préfet de prendre, pour toutes les communes du département ou pour plusieurs d'entre elles, toutes les mesures relatives au maintien de la salubrité ». Pour toutes les mesures de cet ordre et sauf le cas d'urgence absolue, vous prendriez l'avis du Conseil départemental d'hygiène.

« Enfin, si un directeur d'école privée négligeait systématiquement de se conformer aux prescriptions réglementaires, M. l'inspecteur d'académie aurait le devoir de lui rappeler les termes de l'article 41 de la loi du 30 octobre 1886 et de lui faire observer qu'après constatation de l'infraction au règlement, il serait déféré au Conseil départemental pour faute grave dans l'exercice de ses fonctions. »

En ce qui concerne spécialement la prophylaxie de la tuberculose dans les écoles, conformément au voeu exprimé par la commission instituée au ministère de l'instruction publique en vue d'étudier les mesures à prendre pour éviter la contagion de la tuberculose dans les établissements publics d'enseignement, des instructions spéciales ont été mises par les soins du ministère, à la date du 20 octobre 1902, à la disposition des directeurs de tous les établissements scolaires publics.

Bien que la circulaire qui les accompagnait ait recommandé aux recteurs de veiller à leur stricte application, il sera difficile de considérer ces instructions comme ayant un caractère rigoureusement impératif tant que la loi n'aura pas rendu obligatoires pour l'Etat ou pour les communes les dépenses qu'entraîne leur application.

A tout le moins peut-on les considérer comme un appel particulièrement autorisé et pressant à la sollicitude des autorités scolaires et des municipalités. Il nous paraît intéressant, à ce titre, de reproduire ici celles de ces prescriptions qui concernent plus spécialement les établissements d'enseignement primaire:

PROPHYLAXIE DE LA TUBERCULOSE DANS LES ÉCOLES.

CONSTRUCTION. — Tous les bâtiments scolaires doivent recevoir en abondance l'air et la lumière. Il ne doit y avoir dans le voisinage aucun établissement susceptible de leur être nuisible.

Il importe au plus haut point que le sol des locaux scolaires (bois, carrelages, etc.) puisse être lavé fréquemment à grande eau, sans nuire à la solidité, et que l'écoulement de l'eau soit facilité par une pente suffisante : l'eau de lavage se rendra directement à l'égout, ou, par des caniveaux, dans les ruisseaux de la route.

Les matériaux utilisés pour la construction du sol doivent donc avoir pour qualités essentielles d'être lisses, imperméables et résistants : lisses, afin que les poussières ne puissent ni adhérer à leur surface, ni pénétrer, ai séjourner dans leurs interstices ; imperméables, afin que le lavage puisse en être fait à de fréquents intervalles ; résistants, afin que le lavage et le brossage ne puissent les détériorer.

Dans les écoles nouvelles, on devra, dès la construction, employer pour la structure du sol des matériaux réunissant ces trois qualités essentielles.

Dans les écoles anciennes, on devra remplacer les planchers usés par ces mêmes matériaux. (On peut utiliser pour la structure du sol, par exemple: le grès cérame, les carreaux, les pavés de verre ou de bois hermétiquement jointoyés.)

Pour éviter, s'il y a lieu, le refroidissement, on pourra placer, sous les pieds des élèves, des planchers mobiles, faciles à soulever, quel qu'en soit d'ailleurs le système, et dont le nettoyage sera facile à faire et à contrôler.

Les murs doivent, eux aussi, pouvoir être lavés fréquemment à grande eau : la peinture à l'huile se prête facilement à ce lavage et peut être, à peu de frais, refaite à de fréquents intervalles.

AMENAGEMENT. — MOBILIER SCOLAIRE. — Il est essentiel que sièges et tables puissent être facilement lavés dans leur totalité et dans leurs parties.

On évitera donc, autant que possible, l'usage des pupitres, auxquels on devra préférer les' tables simples. Au cas où les pupitres seraient indispensables, on adoptera ceux dont la forme facilite le nettoyage. Sièges, tables et pupitres seront supportés par des pieds de fonte, sans ornements ni moulures.

Les amphithéâtres doivent être construits de telle façon que les dessous ne puissent rien recevoir et puissent facilement être nettoyés ; ils seront supportés par des colonnes en fonte simples et faciles à laver.

Toute salle d'école sera, dès la construction, munie d'un poste d'eau qui desservira à la fois un lavabo et un crachoir. Dans ce dernier seront mises des solutions désinfectantes qui devront y séjourner dans l'intervalle des lavages ; on pourra ainsi sans inconvénient en évacuer Te contenu dans les égouts et, grâce au poste d'eau qui le desservira, en effectuer le nettoyage une fois par jour. (On peut employer comme solutions désinfectantes, par exemple : le lysol, l'eau de Javelle, la solution phéniquée à 5 %. Toutes ces solutions devront être mises hors de la portée des élèves. Celles qui sont incolores devront être teintées en bleu.)

Ardoises, crayons et porte-plumes. — Les écoliers ont l'habitude de porter à leur bouche leurs crayons et leurs porte-plumes, de laver leurs ardoises avec de la salive et même d'y passer directement la langue. On doit sévèrement leur interdire ces pratiques, toujours malpropres, et souvent dangereuses.

Ardoises, crayons et porte-plumes doivent, en tous cas, toujours être individuels et personnels à chaque élève.

Les livres ayant appartenu à des tuberculeux seront soumis à une désinfection efficace, ainsi que cela doit se faire pour les livres ayant appartenu à des élèves atteints de maladies transmissibles. (Cette désinfection peut se faire, par exemple : par le séjour des livres ouverts en éventail pendant 24 heures, dans une caisse close en présence de formol.)

Dans les écoles maternelles, la même éponge et le même linge ne pourront jamais servir à plusieurs élèves.

ENTRETIEN. — L'aération doit se faire, en toutes saisons, par la large ouverture des portes et des fenêtres durant l'intervalle des heures de classe.

Jamais on ne devra balayer à sec ; le balayage à sec est inefficace et dangereux : inefficace, parce qu'il déplace les poussières mais ne les enlève pas ; dangereux, parce qu'il soulève et répand dans l'atmosphère les poussières fréquemment chargées de germes morbides et, en particulier, de bacilles de la tuberculose.

Le balayage à sec doit être formellement interdit.

On lui substituera, dans tous les cas, le balayage quotidien pratiqué avec la sciure de bois humide, qui empêche les poussières de se soulever et de se disséminer, ou bien le nettoyage au moyen d'une toile humide. (On sème sur la surface à nettoyer la sciure de bois, imbibée d'eau, puis on balaie en poussant devant soi sans la soulever la sciure humide à laquelle adhère la poussière. Après chaque balayage, la sciure, avec la poussière et les impuretés qu'elle aura ramassées, sera détruite par le feu.)

Chaque semaine, on devra, en outre, nettoyer, laver et brosser le sol. Chaque année, à Pâques et aux grandes vacances, les murailles devront être lavées.

Lorsqu'une salle d'étude est utilisée pour les cours d'adultes, on exigera des auditeurs le respect des règles de l'hygiène et, en particulier, on leur interdira de cracher à terre.

Il est désirable que l'école ne serve pas aux réunions publiques. Lorsqu'il sera impossible d'éviter ce grave inconvénient, on devra, après toute réunion et avant la rentrée des élèves, faire laver à grande eau et frotter le sol, par les soins de la municipalité et aux frais de la commune.

LES MAITRES. — Nul ne doit pouvoir être admis, comme maître, dans un établissement d'enseignement, de quelque ordre qu'il soit, s'il n'a préalablement subi un examen médical.

Cet examen médical doit avoir pour sanction l'élimination de tous les candidats chez lesquels il aura révélé l'existence de lésions tuberculeuses des poumons.

Il importe donc de soumettre les candidats à la visite médicale avant qu'ils n'aient acquis aucun droit.

Lorsque la tuberculose apparaîtra chez un maître dans le cours de ses fonctions, il conviendra de le mettre en inactivité avec traitement soumis à la retenue, pendant le temps nécessaire à sa guérison.

Il ne pourra être admis à reprendre ses fonctions qu'après un examen médical.

Cet examen médical doit être imposé à toute personne suspecte de tuberculose, et l'on doit également imposer aux malades toute mesure prophylactique jugée nécessaire à la préservation de son entourage (usage du crachoir individuel, mise en congé).

La fréquence de la tuberculose chez les jeunes filles des écoles normales et chez les professeurs-femmes nécessite une application particulièrement rigoureuse des règles précédentes.

LES ELEVES. — La tuberculose pulmonaire ouverte, contagieuse, est relativement rare chez l'enfant. On peut donc aisément prendre des mesures à l'égard des écoliers atteints de telles lésions.

Aucun enfant atteint de lésions tuberculeuses ouvertes contagieuses (lésions pulmonaires ouvertes des os ou des ganglions, lésions pulmonaires avec toux et expectorations chargées de bacilles) ne doit être admis à l'école.

Dans les écoles primaires, l'instituteur signalera les suspects à l'inspecteur primaire, qui fera procéder à leur examen médical.

Dans les internats, chaque élève doit avoir une fiche sanitaire individuelle portant indication trimestrielle du poids, de la taille et du périmètre thoracique.

Lorsque les données de cet examen indiqueront un développement défectueux de l'enfant, il y aura lieu de procéder à son examen médical et d'avertir sa famille.

On consignera sur cette fiche sanitaire toutes les indispositions dont l'élève sera atteint.