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Luneau de Boisjermain

 P.-J.-F. Luneau de Boisjermain, né à Issoudun en 1732, mort à Paris en 1801, professa d'abord les humanités au collège des jésuites de Bourges, puis vint à Paris où il se consacra à des travaux littéraires, et particulièrement à la rédaction d'ouvrages d'éducation. Sous le titre de Vrais principes de la lecture, de l'orthographe et de la prononciation française, Viard, maître de pension, avait composé un traité élémentaire de lecture et de langue ; Luneau de Boisjermain refondit ce livre et en donna plusieurs éditions successives, en 1773, en 1778, en 1783, en l'an VI, etc. Nous avons mentionné cet ouvrage à l'article Lecture, p. 1000 ; François de Neufchâteau en a donné une analyse dans sa Méthode pratique de lecture, pages 81-86. De 1783 à 1789, Luneau fit paraître successivement un Cours de langue italienne, un Cours de langue anglaise et un Cours de langue latine. « Ces trois cours, dit M. Ch. Weiss, publiés d'abord chaque quinzaine par cahiers, sous le titre de Journal d'éducation, offrent une des meilleures applications que l'on ait faites des judicieux principes posés par Radonvilliers dans la Manière d'apprendre les langues. Ils eurent beaucoup de succès dans leur nouveauté. » L'auteur a expliqué de la façon suivante, dans une préface, les avantages de sa méthode, qui repose essentiellement sur l'étude directe d'un auteur (le Tasse pour l'italien, Milton pour l'anglais, César et Virgile pour le latin), interprété au moyen d'une version interlinéaire :

« Le cours d'instruction si simple, dit-il, que la nature fait suivre à toutes les mères dans tous les pays du monde, pour apprendre à parler à un enfant sa langue maternelle, devrait être la seule méthode pour apprendre les langues, et presque partout on l'a abandonnée. On verse d'abord lentement dans la tête de l'élève qu'on veut instruire les règles de la grammaire et de la syntaxe, avant de la lui remplir de mots. Comme toutes ces règles sont sans application pour lui, il boit goutte à goutte l'ennui de son ignorance, et bientôt il se dégoûte d'une étude qui ne lui présente que la perspective désespérante d'un travail infructueux.

« L'étude des langues qu'on enseigne dans ces cours d'éducation n'a point les inconvénients attachés aux méthodes ordinaires. Le secret de cette instruction n'est pas bien difficile à pénétrer. Il consiste à faire lire des livres entièrement écrits dans la langue qu'on veut apprendre ; et, pour faciliter cette lecture, à mettre sous le texte de la langue que l'on enseigne à de jeunes personnes la traduction littérale ou verbale de tous les mots qu'ils lisent.

«. L'auteur de cet ouvrage ne prétend pas que les personnes qui auront lu les cahiers de ces cours de langues sauront parfaitement les langues qu'elles auront étudiées ; il assure uniquement qu'après la lecture des ouvrages destinés à les montrer, elles pourront lire couramment tous les ouvrages écrits en prose ou en vers dans les langues auxquelles elles seront appliquées, et que, si elles sont arrêtées par quelques expressions, le sens en fera souvent deviner la signification.»

On a encore de Luneau de Boisjermain un Cours d'histoire universelle, resté inachevé, et comprenant la période qui s'étend de la création du monde jusqu'au vingt-sixième siècle de l'histoire ancienne (1768, réimprime en 1787) ; une édition de Racine en sept volumes (1768), et quelques autres ouvrages dont la nomenclature n'offrirait pas d'intérêt.