bannière

l

Ligue française de l?enseignement

La Ligue française de l'enseignement a été fondée en 1866 par Jean Macé, alors professeur au pensionnat de jeunes filles du Petit-Château, à Beblenheim, en Alsace.

Dès 1862, Jean Macé, déjà connu par ses livres d'enseignement populaire, l'Histoire d'une bouchée de pain, les Serviteurs de l'estomac, l'Arithmétique du grand-papa, etc., avait créé une Société des bibliothèques communales du Haut-Rhin, sur l'initiative de laquelle, en moins de quatre ans, 83 bibliothèques avaient été organisées.

Le 25 octobre 1866, il lançait un appel pour la création en France d'une Ligue, à l'instar de la Ligue belge de l'enseignement. « Elargissez le cadre de notre oeuvre des bibliothèques pour y faire entrer toutes les formes possibles de l'enseignement populaire ; étendez à toute la France ce qui est circonscrit ici dans un département : vous aurez juste notre Ligue de l'enseignement telle que je la conçois. »

Les trois premiers adhérents furent trois hommes du peuple : un sergent de ville, un conducteur de chemin de fer et un tailleur de pierres. Dans le premier bulletin, paru le 15 décembre 1866, Jean Macé expliquait ce que devait être, selon lui, le fonctionnement de la Ligue, et sa conception est celle encore qui préside aujourd'hui à l'action de la Société : « Le bureau qui représentera la Ligue ne sera pas un rayonnement du centre à la circonférence, mais de la circonférence au centre, ce qui est différent. Nommé et soutenu par tous les groupes qui se seront organisés d'eux-mêmes sur tous les points du territoire pour travailler, sous toutes les formes possibles, à la propagation des connaissances utiles, il n'aura l'entreprise d'aucune oeuvre spéciale, et ne sera qu'un centre de publicité pour toutes les oeuvres existantes, un centre de renseignements où l'on pourra venir puiser pour en créer de nouvelles, ou développer celles qui existent déjà. Son oeuvre, a lui, sera de déterrer les dévouements obscurs pour les mettre en lumière, de servir de point d'appui aux efforts isolés, trop souvent impuissants à triompher des obstacles locaux, de susciter des hommes et de provoquer des efforts dans les endroits qui dorment en mettant sous les yeux de tous l'exemple de ceux qui ont essayé de faire et qui ont réussi. »

Dans un projet de statuts, Jean Macé définissait ainsi le but de la Ligue : « Provoquer, par toute la France, l'initiative individuelle au profit du développement de l'instruction publique ».

La première année de propagande constatait 4792 adhésions et un mouvement financier de 12 362 fr. 05 en recettes et de 8770 fr. 60 en dépenses.

En même temps se fondaient un peu partout des cercles locaux : en 1867, à Metz, Paris, Reims ; en 1868, à Rouen, Dieppe, Colmar, Nancy, Epinal, Le Havre, Marseille, Alger, Bône ; en 1869, à Toul, Guelma, Sétif, Philippeville, Constantine. Le 15 février 1870, on comptait 17 850 membres répartis entre 59 cercles.

Chacun des cercles de la Ligue s'administrait librement et déterminait lui-même son programme d'action : il se gouvernait à son gré, agissait comme il voulait et quand il voulait, sans être obligé d'attendre les ordres de personne. Le but commun, la propagation de l'instruction, était le seul lien qui les rattachait officiellement entre eux.

Après les événements de 1870, Jean Macé avait dû quitter Beblenheim : il remit au Cercle Parisien la direction du mouvement de propagande, concentrant son action personnelle dans la prédication orale et les voyages entrepris pour aller provoquer sur place la formation de nouveaux cercles par toute la France.

Déjà, depuis 1868, par un accord tacite, bien que les statuts n'eussent rien édicté à cet égara, la Ligue et le Cercle Parisien avaient un président commun qui fut Jean Macé ; M. Camille Flammarion, qui avait été le premier président du Cercle Parisien, s'était effacé devant le fondateur de la Ligue.

Le Cercle Parisien, sous l'énergique impulsion de son secrétaire général Emmanuel Vauchez, reprit le pétitionnement commencé avant la guerre de 1870-1871 par le comité de Strasbourg et qui avait réuni plus de 200 000 signatures en faveur de l'instruction obligatoire. Sous le titre de Mouvement national du sou contre l'ignorance, les citoyens étaient invités à réclamer, par voie de pétition, l'instruction obligatoire, gratuite et laïque, et à appuyer leurs signatures du versement d'un sou : 1 267 267 signatures furent ainsi recueillies, et le versement du sou produisit 29886 fr. 70 qui servirent à couvrir les frais du pétitionnement.

Le 19 juin 1872, accompagné d'Emmanuel Vauchez, Jean Macé transportait sur une charrette à l'Assemblée nationale de Versailles les 115 paquets représentant ce formidable pétitionnement.

Cependant le mouvement créé par la Ligue avait suscité les craintes et les colères du parti clérical : des curés en chaire, des évêques dans leurs mandements, dénoncent l'action de la Ligue ; les gouvernements des 24 mai 1873 et 16 mai 1877 révoquent les instituteurs qui lui prêtent leur concours, dissolvent les cercles qui distribuent la Déclaration des droits de l'homme.

Mais la Ligue résiste à l'orage, et voit enfin triompher ses idées par le vote des lois de 1881 et 1882 qui établissent l'enseignement primaire gratuit, laïque et obligatoire ; en même temps que le Cercle Parisien reçoit du ministre de l'instruction publique, Jules Ferry, l'expression de ses remerciements pour l'appui qu'il lui a donné dans la lutte contre ceux qui n'invoquent la liberté que pour édifier la servitude.

En 1881, le Cercle Parisien qui, l'année précédente, avait obtenu, par décret, la reconnaissance d'utilité publique, provoque la réunion en congrès de toutes les sociétés populaires d'éducation laïque dont L'ensemble constituait la Ligue.

De ce premier congrès est sortie la constitution en fédération des sociétés de la Ligue ; il n'était pas touché au principe fondamental qui a présidé à tout le mouvement de la Ligue depuis le premier jour : l'autonomie absolue de tous les groupes, grands et petits. On organisa simplement une représentation régulière de toutes les sociétés locales, qui devait constituer « non une enrégimentation sous les ordres d'un comité directeur, mais un appui central laissant à toutes et à chacune son entière liberté d'action ».

Ce premier congrès, qui arrêta les statuts de la Ligue, vit sa séance de clôture présidée par Léon Gambetta. Dès la première année, la Fédération comprenait 373 sociétés.

Le Cercle Parisien avait été, dès l'origine et avant la Fédération, V a homme d'affaires » de toutes les sociétés de la Ligue ; il l'est resté.

Par son service de librairie, auquel il a joint les fournitures de mutualité scolaire, il procure aux sociétés de la Ligue, aux écoles, aux bibliothèques populaires, communales, pédagogiques, scolaires, régimentaires, des livres et du matériel à prix très réduits, et fournit dans des conditions aussi avantageuses des volumes pour distributions de prix : le mouvement a dépassé cent mille francs en certaines années ; et c'est pour une valeur de 3 448 151 fr. 65 que les sociétés de la Ligue ont pu acquérir livres et matériel d'enseignement jusqu'au 31 décembre 1908, grâce aux avantages obtenus par l'action coopérative.

Le Cercle Parisien a créé en 1893 un service de projections pour illustrer les conférences populaires : il possède une collection de plus de 100 000 vues sur les sujets les plus variés, qu'il tient au courant des actualités scientifiques. Des vues sont prêtées pour une conférence déterminée dans la région parisienne (60 057 en 1907-1908). D'autres sont envoyées en dépôt en province pour la saison hivernale, chaque centre de dépôt étant chargé de faire circuler les collections qu'il reçoit dans la région ; en 1907-1908, 192 centres, qui ont reçu 39 124 vues, ont desservi 1283 communes et permis de faire 6685 conférences avec projections, suivies par 543 369 auditeurs. Depuis 1893 jusqu'au 31 décembre 1908, il a été acquis, soit par les sociétés et par l'intermédiaire du Cercle Parisien, soit par le Cercle lui-même pour ses centres de dépôts, une valeur de 321 585 fr. 10 d'appareils et vues.

Les subsides et subventions que le Cercle Parisien a alloués aux oeuvres diverses de la Ligue : bibliothèques populaires ou régimentaires, sociétés masculines ou féminines de patronages, petites A. ; cantines, mutualités scolaires, colonies de vacances, ou qu'il a consacrés à l'action du Comité des Dames de la Ligue ou de la Commission des oeuvres militaires, s'élèvent à la somme de 169 326 fr. 20.

Le Cercle Parisien, conformément à la volonté du testateur, emploie les revenus d'un legs de 310 000 francs, fait par M. Goldstein, en fondations de bourses à des jeunes personnes se destinant à l'enseignement, « les plus capables ? a dit le testateur ? de répandre mes idées humanitaires et de combattre par la propagation des doctrines de la raison et de la fraternité les préjugés sociaux et surtout les préjugés religieux qui, à l'heure actuelle, sèment tant de germes de discorde entre nos concitoyens et de dissolution dans la patrie ».

Aux termes d'un autre testament, de M. Demolliens, le Cercle Parisien devra fonder une école ménagère dans l'Eure-et-Loir ou dans l'Orne avec le montant du legs fait par celui-ci, quand l'usufruit dont ce legs est actuellement grevé sera éteint.

Le Cercle Parisien est administré par un comité de trente membres élus par les adhérents : le président, le secrétaire général et le trésorier sont les mêmes que ceux du Conseil général de la Ligue. Le nombre des adhérents individuels inscrits au Cercle Parisien depuis l'origine s'élevait au 1er décembre 1909 à 7312. Le compte financier s'est soldé pour 1908 par 136 499 fr. 81 en recettes et 126 829 fr. 74 en dépenses, non compris 300 000 de legs. Son bilan au 31 décembre 1908 se chiffrait par un actif de 1 728 111 fr. 94.

Le Cercle Parisien, avec les fonds provenant d'un legs fait par un ami de l'éducation laïque, M. Faustin Moignon, a acquis en 1908, rue Récamier, 3, un terrain dépendant de l'ancienne Abbaye au Bois, sur lequel il a fait édifier un immeuble où les services de la Ligue sont installés à côté de ceux du Cercle, et où une grande salle de conférences permet de recevoir ses nombreux amis. L'inauguration du nouvel hôtel de la Ligue et du Cercle Parisien a eu lieu le 30 octobre 1909, sous la présidence de M. Fallières, président de la République et président d'honneur de la Ligue.

Pendant que le Cercle Parisien continuait son action toute profitable aux sociétés de la Ligue, celle-ci, sous la nouvelle forme fédérative que lui avaient donnée les statuts de 1881, étendait le champ de sa propagande en remplissant le rôle spécial qui lui avait été attribué.

Elle est administrée par un Conseil général composé de trente membres à l'origine, nombre qui a été successivement élevé à trente-six, puis à quarante-cinq en 1901, avec un président, quatre vice-présidents, un secrétaire général, un trésorier, trois censeurs, trois secrétaires. Les membres du Conseil général sont élus par les sociétés adhérentes, qui se sont fait inscrire au nombre de 4122 depuis 1881 jusqu'au 15 décembre 1909, et représentent près de 800 000 ligueurs. Le bureau du Conseil général est élu par celui-ci et parmi ses membres.

Le but de la Ligue est de « provoquer par tous moyens l'initiative individuelle pour la propagation de l'instruction laïque et de l'éducation populaire ». A cet effet, son Conseil général est chargé de tout ce qui concerne la propagande en vue de créer des oeuvres de toute nature dont l'objet contribue à la réalisation de ce but, et auxquelles le Cercle Parisien prêtera son concours une fois fondées. Il a mission de convoquer annuellement, les sociétés adhérentes en congrès nationaux dans lesquels sont discutées toutes les grandes questions qui se rapportent à l'instruction et à l'éducation du peuple, et d'en préparer l'étude, comme d'assurer la réalisation des voeux sortis des délibérations.

Successivement, dans les congrès annuels tenus de 1882 à 1893 à Rouen, à Reims, à Tours, à Lille, à Alger et à Paris, ont été placés à l'ordre du jour, délibérés et discutés les grands problèmes de la fréquentation scolaire, de l'éducation civique et. militaire, de l'enseignement professionnel ; l'organisation des bibliothèques, des caisses des écoles, des cours d'adultes, des voyages scolaires, des conférences populaires, le recrutement des adhérents, le fonctionnement des sociétés ont fait l'objet des préoccupations et des délibérations de ces congrès.

Au congrès tenu à Nantes en 1894, Jean Macé signala à l?activité des sociétés de la Ligue « la lacune qui existait entre la sortie de l'école et l'entrée au régiment pour le jeune homme, ou l'entrée en ménage pour la jeune fille », et il insista sur la nécessité, après avoir créé l'école, de la continuer et de la compléter. Il orienta l'action de la Ligue vers le problème de l'éducation et jeta les premières bases d'une action nouvelle sous le nom de « Patronage démocratique de la jeunesse », à accomplir par des oeuvres postscolaires.

Ce fut le testament de Jean Macé ; l'année n'était pas écoulée que le fondateur de la Ligue succombait à l'âge de quatre-vingts ans, laissant à la fois un grand exemple à suivre et l'indication d'un vaste programme à réaliser.

L'oeuvre fut entreprise, poursuivie, et elle se poursuit encore sous la présidence de ses successeurs Léon Bourgeois (1895-1898), Etienne Jacquin (1898 1902), Ferdinand Buisson (1902-1906), et Arthur Dessoye depuis 1906.

De grandes commissions furent créées au sein du Conseil général pour l'étude de toutes les questions se rattachant à l'éducation post-scolaire : commission du patronage démocratique de la jeunesse, commission de l'enseignement professionnel, commission des oeuvres militaires, commission de l'éducation par la coopération, etc.

En même temps, la Ligue reconstituait, en 1901, auprès du Conseil général, le Comité des Dames, chargé d'étudier toutes les questions se rattachant à l'éducation de la jeune fille et de la femme : comprenant cinquante membres, ce comité, dont la première composition a été arrêtée par le Conseil général, se recrute lui-même au fur et à mesure des vacances : il élit son bureau. Présidé pendant les cinq premières années par Mme Jules Ferry, la veuve de l'éminent homme d'Etat, puis par Mme Ferdinand Dreyfus, il a de nouveau pour présidente, depuis 1909, Mme Jules Ferry.

Chacun des grands comités, chacune des commissions du Conseil général a présenté aux divers congrès annuels de la Ligue des rapports préalables sur les questions soumises à leurs délibérations : création de comités de dames en province, ? travail de la femme au foyer et au dehors, ? enseignement maternel, ? enseignement domestique et ménager, ? patronages scolaires, esprit de solidarité à apporter dans les oeuvres post-scolaires, ? coopération dans les « Petites A. », collaboration de l'initiative privée et des comités officiels, ? continuation du patronage scolaire au régiment et création des foyers du soldat, ? enseignement professionnel à la caserne, ? enseignement antialcoolique, ? universités populaires : en même temps qu'étaient reprises les grandes questions déjà examinées dans les précédents congres jusqu'en 1893, celles de la fréquentation scolaire et de l'enseignement professionnel notamment.

Toute la propagande créée par les délibérations des congrès, et par l'action des commissions agissant pour l'exécution de leurs voeux, a abouti à la création d'oeuvres nombreuses : les cours d'adultes, au nombre de 8000 en 1894, atteignent près de 50 000 ; les conférences se sont multipliées, des sociétés de colonies de vacances se sont créées dans la plupart des grandes villes ; et à côté des oeuvres anciennes, comme les bibliothèques, les sociétés d'instruction populaire, les cercles de la Ligue, les sous des écoles, se sont fondées des oeuvres nouvelles dues à l'initiative de membres de la Ligue et soutenues par elle, telles que les mutualités scolaires dues à M. Cavé, les petites A. et les patronages laïques, dont M. Edouard Petit a été le grand propagateur, les oeuvres du Trousseau, que Mme Béguin a créées, les Foyers laïques du soldat, que MM. Goudchaux, Rocheron et Adrien Duvand se sont ingéniés à organiser et à faire prospérer.

Grâce au concours d'une Société d'amis de l'éducation populaire, la Ligue a établi de 1900 à 1906 un certain nombre de concours avec prix qui se sont élevés à une cinquantaine de raille francs : pour des conférences sur la tolérance, pour l'enseignement ménager, pour l'antialcoolisme, pour le développement de l'esprit de solidarité, pour l'éducation civique et militaire, pour des monologues, saynettes, comédies à usage des patronages, pour des programmes de fêtes laïques, pour le placement, la coopération, la réforme orthographique, etc.

Un Comité de jurisconsultes prête son concours à la Ligue pour l'étude et au besoin la plaidoirie des questions contentieuses : organisation juridique des sociétés, ? difficultés rencontrées dans leur action, droits d'auteur pour les représentations et fêtes, ? disposition des locaux scolaires pour le fonctionnement des cours d'adultes et oeuvres post-scolaires, ? responsabilité civile des instituteurs, des présidents et directeurs de patronages et Amicales, ? défense de l'école laïque et de ses maîtres contre les diffamations dont ils peuvent être l'objet.

Son activité a été particulièrement mise à contribution dans ces derniers temps en raison des dénonciations et des attaques violentes que le corps épiscopal et, à son instigation, certains pères de famille ont dirigées contre l'enseignement laïque, contre les manuels scolaires, contre le personnel enseignant.

La Ligue qui, par sa propagande et son action, avait tant contribué à la fondation de l'école laïque en dépit des résistances du parti clérical, avait le devoir de prendre la direction du mouvement de défense le jour où ce même parti dirigeait un retour offensif contre l'enseignement public, et s'érigeait en protecteur d'une neutralité qu'il avait si âprement combattue jadis.

Le Comité de jurisconsultes a élaboré des statuts en vue de la constitution, dans les départements, d'associations de pères et mères de famille républicains pour la défense de l'école laïque, en regard des associations, se disant de pères et mères de familles catholiques, instituées par les adversaires de l'école pour surveiller et dénoncer les instituteurs et les institutrices : la première association départementale laïque a été fondée en Eure-et-Loir ; beaucoup d'autres ont été créées à son imitation.

Un bulletin trimestriel publie les délibérations des congrès avec les rapports préalables, les mesures d'exécution et de propagande prises par le Conseil général. Une correspondance hebdomadaire, affichée dans tous les groupes de la Ligue, contient les communications urgentes du Conseil général et les travaux particuliers dans chacune des sociétés de la Ligue ; elle crée ainsi des liens étroits entre le Conseil général et les sociétés, et relie celles-ci entre elles, faisant profiter les unes des exemples et des expériences des autres,

Bulletin et correspondance hebdomadaire sont rédigés par le secrétaire général, M. Léon Robelin, qui remplit, depuis 1898. les fonctions occupées autrefois par Emmanuel Vauchez, et, après lui, par MM. Chennevière et Etienne Charavay.

La propagande de la Ligue est assurée également par de grandes tournées de conférences dans les sociétés de province ; elles ont porté notamment sur l'histoire de la Ligue, sur l'école laïque, sur l'enseignement secondaire et la République, sur l'oeuvre post-scolaire, sur l'égalité des enfants devant l'instruction, sur la défense laïque. La charge en a été principalement assumée par l'infatigable secrétaire général M. Léon Robelin et par M. Edouard Petit, un des actifs vice-présidents, accompagnés fréquemment par le président de la Ligue lui-même.

Sous le nom de « Thés parlés », la Ligue a réuni, pendant plusieurs hivers, les lundis de chaque semaine, ses nombreux adhérents et amis pour entendre des conférences sur des sujets littéraires, scientifiques, sociologiques, artistiques, etc.

La piété des sociétés de la Ligue envers son fondateur a érigé par souscription, en 1900, à Jean Macé, sur une place de Paris, un monument dû au statuaire Massoulle et à l'architecte Ch. Blondel.

En 1907, la Ligue a ouvert une souscription nationale pour élever à Paris un monument à Jules Ferry, fondateur de l'école laïque : le produit a été de près de 200 000 francs, dont 100000 ont été récollés sou par sou dans une souscription spéciale dite « Sou des écoliers». Le monument, oeuvre du statuaire Michel et de l'architecte Ch. Blondel, a été inauguré en 1910 sur l'emplacement des Tuileries.

La Ligue de l'enseignement et le Cercle Parisien ont obtenu, pour leurs oeuvres d'éducation laïque, scolaires et post-scolaires, de nombreuses récompenses dans les diverses Expositions. Notamment deux grands-prix ont été attribués à la Ligue a l'Exposition universelle de 1900 dans la classe de l'Enseignement et dans celle d'Economie sociale.

Le budget de la Ligue s'est réglé en recettes à 77 924 fr. 66 au 31 décembre 1907, avec un bilan de 57 059 fr. 97. Ce budget et ce bilan ne sont que ceux de la Ligue, organe central, et ne comprennent pas ceux de ses 4122 sociétés adhérentes.

La Ligue est installée depuis 1909 dans l'hôtel que son Cercle Parisien a fait construire, 3, rue Récamier, sur l'emplacement de l'ancienne Abbaye au Bois.

Sous ce titre : Les origines de la Ligue de l'enseignement, Jean Macé a raconté les débuts de l'association jusqu'en 1870 ; M. Arthur Dessoye, actuellement président de la Ligue et un de ses premiers adhérents, sous le titre de Jean Macé et la Ligue de l'enseignement, en a écrit l'histoire jusqu'en 1881, époque à laquelle fut créée la fédération des sociétés.

Étienne Jacquin