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Libres (écoles)

 Ce sont les auteurs de la loi du 15 mars 1850 qui ont imaginé d'appeler « écoles libres » les « écoles primaires ou secondaires fondées et entretenues par des particuliers ou des associations » (art. 17). Auparavant, le législateur désignait sous le nom d'« écoles privées », dans l'enseignement primaire, les écoles qui n'étaient pas des établissements publics ; dans l'enseignement secondaire ces écoles s'appelaient « établissements particuliers ». Le projet de loi sur l'organisation de l'enseignement primaire élaboré par la commission parlementaire dont Paul Bert fut le rapporteur, projet que la Chambre des députés adopta le 18 mars 1884 et qui est devenu la loi du 30 octobre 1886, employa de nouveau, comme l'avait fait la loi du 28 juin 1833, la dénomination d'écoles privées. L'évêque d'Angers, Freppel, ayant vivement insisté, dans le débat à la Chambre, pour le maintien de la qualification d'écoles libres, Paul Bert répondit :

« M. Guizot, en rédigeant la loi célèbre de l'organisation de renseignement, a opposé aux écoles publiques les écoles privées. Il n'a pas employé le mot libres. Je pense qu'il avait pour cela des raisons qui ont leur valeur au simple point de vue académique» mais il y a peut-être aussi des raisons qui ont également une valeur au point de vue politique. Ces raisons-là n'existaient pas au temps où écrivait M. Guizot, et je ne sais pas si elles ne l'eussent pas déterminé avec plus de force encore, et s'il n'y eût pas trouvé de motifs plus sérieux qu'un simple motif d'ordre littéraire pour employer le mot privé au lieu du mot libre.

« C'est seulement en 1850 que, dans la législation de ce siècle, est apparu le mot libre appliqué aux écoles qui ne sont pas des écoles publiques, et vous savez quel usage, un peu détourné de l'acception que tout le monde comprend, a été fait de ce mot libre. Vous savez ce qu'on a voulu obtenir sous ce titre, la « liberté de l'enseignement » ; vous savez quelles conséquences de l'ordre politique en ont été la suite ; vous vous rappelez la liberté de l'enseignement primaire et secondaire proclamée en 1850, la liberté de l'enseignement supérieur proclamée en 1875, et enfin ce mouvement venu de toutes parts, qui vous a forcés vous-mêmes à intervenir dans une législation cependant récente et à refluer sur le courant d'idées qui avait fait créer les lois sur la liberté de l'enseignement.

« Nous pensons qu'il n'est pas bon de laisser se perpétuer une telle confusion ; nous pensons qu'il n'est pas bon de continuer à dire dans un texte de loi que les écoles de l'Etat se distinguent de celles qui ne sont pas écoles de l'Etat par cela que les unes sont libres et que les autres ne le sont pas : de telle sorte que la liberté paraîtrait être un monopole pour les établissements en dehors de l'Etat et qu'elle semblerait refusée aux écoles auxquelles l'Etat donne l'investiture. »

Dans les pays de langue anglaise, on nomme free school une école gratuite. Des Français, insuffisamment renseignés, ont parfois traduit free school par « école libre » : ils se sont trompés. En Angleterre, les écoles créées par des particuliers ou des associations, et que la loi française de 1850 eût qualifiées de libres, ne s'appellent nullement free schools, mais voluntary schools, c'est-à-dire écoles volontaires.? Voir Privées (Écoles).