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Lezay-Marnésia

 Adrien de Lezay-Marnésia, né à Saint-Julien (Jura) en 1770, était fils du marquis de Marnésia, homme de lettres lié avec Saint-Lambert, Chamfort, Fontanes, etc. Il entra d'abord dans le régiment du roi, où son père avait servi ; puis il alla étudier la diplomatie à l'école de Brunswick, et, comme la Révolution venait d'éclater, il employa quelques années à visiter l'Allemagne et l'Angleterre. Rentré en France après le 9 thermidor, il se signala comme publiciste, et fit la guerre à la Convention, puis au Directoire, dans la presse et dans des brochures politiques. Proscrit au 18 fructidor, il se réfugia en Suisse, et ne revint à Paris qu'après le 18 brumaire. Le gouvernement consulaire l'envoya d'abord comme ambassadeur à Salzbourg, puis le chargea d'une mission en Suisse : il devait négocier auprès du gouvernement helvétique la réunion du Valais à la France. Pendant ce second séjour en Suisse (1801), Lezay-Marnésia, que les questions d'éducation paraissent avoir préoccupé dès ce moment, visita l'institut de Pestalozzi à Burgdorf, et, très frappé de ce qu'il avait vu, il écrivit à Roederer, le conseiller d'Etat chargé alors de la direction de l'instruction publique, pour lui proposer d'envoyer des instituteurs français s'instruire dans la méthode de Pestalozzi. De retour en France, Lezay-Marnésia continua à s'intéresser aux travaux du pédagogue suisse ; Pestalozzi, étant venu à Paris à la fin de 1802 comme membre de la Consulta helvétique, se mit en rapport avec lui et avec quelques autres personnages animés des mêmes dispositions : sur leur demande, il rédigea pour eux un exposé de ses principes, et leur offrit de faire venir un des maîtres de son institut accompagné d'un élève, afin de joindre à l'exposé théorique une démonstration pratique de l'efficacité de ses procédés. Ce projet n'ayant point été réalisé alors, Lezay-Marnésia demanda à Pestalozzi, en avril 1803, de lui envoyer son collaborateur l'Alsacien Neef, qui obtint l'autorisation d'enseigner dans un orphelinat de Paris. Un examen des élèves instruits par Neef eut lieu l'année suivante, en présence du premier consul ; celui-ci ne jugea pas à propos de donner aucun encouragement aux promoteurs de la méthode pestalozzienne. Les premières tentatives de Lezay-Marnésia pour doter la France d'un meilleur système d'éducation populaire restèrent donc infructueuses ; mais quelques années plus tard, il devait trouver l'occasion de rendre un service éminent à la cause de l'instruction primaire, en prenant l'initiative d'une création alors unique en son genre. Après avoir rempli de 1806 à 1810 les fonctions de préfet du département de Rhin-et-Moselle, il était devenu préfet du Bas-Rhin: c'est en cette qualité qu'aidé du recteur Levraud il fonda en 1811 l'école normale primaire de Strasbourg. Cette école, organisée sur le plan des séminaires allemands, reçut soixante boursiers de seize à trente ans, et un nombre illimité de pensionnaires libres. La durée du cours d'études fut fixée à quatre ans ; l'enseignement devait comprendre la langue française, la langue allemande, l'arithmétique, les éléments de la physique, la calligraphie, la géographie, le dessin, la musique, le chant, des notions d'agriculture, la gymnastique, et les meilleures méthodes d'enseignement. Conformément aux dispositions du décret du 17 mars 1808, l'école normale du Bas-Rhin fut, pendant les premières année s, une annexe du lycée de Strasbourg ; elle ne devint un établissement indépendant qu'en 1820. Il ne fut pas donné à Lezay-Marnésia de suivre jusque-là les progrès de rétablissement qu'il avait fondé ; il mourut des suites d'un accident de voiture, le 9 octobre 1814.