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La Fite (madame de)

 Marie-Elisabeth Bouée, dame de La Fite, est née à Paris en 1750, et morte à Londres en 1794. Son mari, J.-Daniel de La Fite, prédicateur à La Haye, s'occupait de littérature et fut un des principaux collaborateurs de la Bibliothèque des sciences et beaux-arts, publiée de 1764 à 1780. Elle l'aida dans ses travaux, entre autres dans la traduction du premier volume de la Physiognomonie de Lavater. Elle a en outre écrit seule quelques ouvrages d'éducation, qui jouirent un moment d'une certaine vogue ; en voici les titres : Lettres sur divers sujets de littérature et de morale, La Haye, 1775 ; Entretiens, drames et contes moraux destinés à l'éducation de la jeunesse, La Haye, 1781-1783, 2 vol in-18 (réimprimé à Paris en 1801 et en 1821) ; Eugénie et ses élèves, ou lettres et dialogues à l'usage des jeunes gens, Paris, 1787 ; Réponses à démêler ou l'oracle pour servir à l'instruction et à l'amusement des jeunes gens, Lausanne, 1791 (réimprimé à Hambourg en 1792 et à Lausanne en 1807).

Les Entretiens, drames et contes moraux, dédiés à la reine d'Angleterre Charlotte, mettent en scène une mère, Mme de Valcour, sa fille Julie et sa nièce Annette ; les dialogues sont entremêlés de récits et de drames moraux, généralement imités de l'allemand. Dans la préface du premier volume, l'auteur dit : « Quelques-uns des écrits de Mme de Beaumont et les Conversations d'Emilie sont presque les seuls ouvrages français où la morale soit mise à la portée de l'enfance. Les Dialogues de Mme de Beaumont ont eu sans doute un succès mérité : cependant, je n'ai pas cru devoir la prendre entièrement pour modèle. Le merveilleux quelle a mis dans presque tous ses contes, s'il est fait pour amuser de jeunes lecteurs, me paraît propre aussi à leur donner des idées fausses. » Elle n'a pas voulu non plus débuter par un enseignement direct de la religion et de l'histoire sainte : « Il m'a semblé que les vertus morales étaient la meilleure préparation à la connaissance de son auteur ». Toutefois, dans son second volume, les quatre premiers entretiens sont consacrés à la religion, et « offrent un essai de la manière dont on peut amener les enfants à en connaître les vérités les plus importantes ».

Dans Eugénie et ses élèves, nous retrouvons Mme de Valcour et sa fille ; l'ouvrage se compose des conversations de la princesse Ernestine avec sa gouvernante Eugénie, et de la correspondance entre la même gouvernante et son ancienne élève Julie de Valcour, contenant le récit romanesque des amours et du mariage de cette dernière. Le censeur royal, l'abbé Roy, dont l'imprimatur se lit à la dernière page du volume, a formulé en ces termes son jugement sur le livre : a Quoi qu'en disent plusieurs auteurs, la forme épistolaire ou du dialogue convient plus particulièrement à l'instruction familière : on l'a employée ici avec succès. Il règne dans cet ouvrage un ton de candeur, de naïveté et de sagesse admirables. J.-J. Rousseau dit d'un homme de lettres qu'il écrivait avec son coeur. Je crois qu'on peut le aire pour le moins avec autant de raison de Mme de La File. Je n'ai rien observé qui ne m'ait paru digne de l'impression. » Il y a, en effet, de la candeur et de la naïveté dans les écrits de Mme de La Fite ; il y a même parfois de la sagesse. Néanmoins, il est douteux qu'un lecteur moderne les trouvât dignes de la réimpression.