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La fare

 M. de La Fare, sur lequel nous ne possédons pas de détails biographiques, fut au milieu du dix-huitième siècle gouverneur des jeunes ducs de Schleswig-Holstein-Gottorp. Il a publié à Londres. en 1768, un livre intitulé le Gouverneur, ou Essai sur l'Education, 1 vol. in-12 de 332 pages. Cet ouvrage, dédié à l'impératrice Catherine II, se compose de quatre discours. Dans le premier, l'auteur se demande ce que c'est que l'éducation, et si elle était nécessaire à l'homme avant l'établissement des sociétés ; il fait un tableau fantaisiste de ce qu'il appelle l'état de nature, et conclut que « le secours de l'éducation était alors absolument inutile, puisque son objet est de s'exercer sur les passions, de former à la pratique des devoirs généraux et particuliers de l'homme civilisé ». Le second discours contient une critique de l'éducation des collèges, et l'exposé des devoirs d'un bon gouverneur. Les deux derniers discours sont une mauvaise imitation du roman pédagogique de Rousseau (que La Fare, d'ailleurs, semble éviter de nommer) : on y raconte les aventures d'un Emile et d'une Sophie qui ont nom Lisimaque et Ernestine. Le livre de M. de La Fare est des plus médiocres ; mais il offre cet intérêt, de montrer l'influence exercée par Rousseau jusque dans les milieux qui semblaient devoir être le moins accessibles à ses doctrices révolutionnaires : le gouverneur des ducs de Holstein-Gottorp plagie l'Emile, tout en affectant de ne pas le connaître.