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Krüsi

 Hermann Krusi, né à Gais, canton d'Appenzell (Suisse], en 1775, fut le premier collaborateur de Pestalozzi ; il est mort en 1844, dans les fonctions de directeur de l'école normale de Gais. Son père était un petit marchand sans fortune ; et lorsqu'il mourut, en 1789, le jeune Hermann, qui n'avait que quatorze ans, se trouva l'unique soutien de sa mère et de ses frères et soeurs. Pendant quatre ans, il fit le métier de commissionnaire et de portefaix au service de quelques négociants ; et il était bien éloigné de songer qu'il pût devenir quelque jour instituteur, lui qui savait à peine lire et écrire, lorsqu'une circonstance fortuite vint le lancer dans la carrière de l'enseignement. Il a raconté lui-même comment la chose se fit : « Par une brûlante journée d'été, dit-il, je revenais de Trogen, traversant la montagne du Gäbris avec une lourde charge de fil qu'envoyait la maison Zellweger. Parvenu au sommet du sentier, j'avais posé ma charge pour essuyer la sueur de mon front, lorsque je fus rencontré par une personne de ma connaissance, M. Gruber, alors trésorier cantonal. « Il fait chaud, Hermann, me dit-il. — Oui, très chaud. — Comme le maître d'école Hörlen quitte Gais, tu pourrais peut-être gagner ton pain moins péniblement. N'aimerais-tu pas te présenter pour cette place? — Il ne s'agit pas de ce que j'aimerais ; les connaissances que doit posséder un maître d'école me manquent entièrement. — A ton âge, tu apprendrais facilement ce qu'on exige chez nous d'un homme chargé d'instruire les enfants. — Mais où et comment? je n'en vois pas la possibilité. — Si tu en as envie, les moyens se trouveront bien. Penses-y et ne tarde pas. » Sur ce, il me quitta. J'avais beau chercher et réfléchir, la lumière ne se faisait pas. Néanmoins je descendis rapidement la montagne, sentant à peine ma charge. Mon ami Sonderegger me procura un modèle d écriture fait par un habile calligraphe d'Altstätten, et je le copiai plus de cent fois. Ce fut ma seule préparation. Néanmoins je me fis inscrire, mais sans grand espoir de réussir. Nous n'étions que deux concurrents. La principale épreuve consistait à écrire l'oraison dominicale ; j'y mis tous mes soins. J'avais bien remarqué qu'on employait çà et là des majuscules, mais j'en ignorais la règle (en allemand les substantifs s'écrivent par une lettre capitale), et je les prenais pour un ornement. Aussi distribuai-je les miennes d'une manière symétrique, en sorte qu'il s'en trouvait même dans le milieu des mots. Quand l'examen fut terminé, on me fit appeler, et le capitaine Schöpfer m'annonça que les examinateurs nous avaient trouvés faibles tous les deux, que mon concurrent lisait mieux, mais que mon écriture était meilleure ; que, n'ayant que dix-huit ans, tandis que l'autre en avait quarante, je pourrais mieux que lui acquérir les connaissances nécessaires ; que d'ailleurs ma chambre, plus grande que celle de l'autre postulant, convenait mieux pour tenir l'école ; et qu'enfin j'étais nommé à la place vacante. » (Roger de Guimps, Histoire de Pestalozzi, p. 245.)

C'était en 1793. Le salaire alloué par la commune à Hermann Krüsi était de 2 florins et demi par semaine. Son concurrent évincé fut nommé quelques jours plus tard veilleur de nuit avec un salaire de 3 florins. »

Grâce aux conseils et à l'aide efficace du pasteur de Gais, M. Schiess, Krüsi réussit à surmonter les difficultés que devaient lui créer son ignorance et son inexpérience dans cette situation si nouvelle pour lui, au milieu d'une centaine d'élèves de tout âge. « Le pasteur Schiess, qui luttait énergiquement contre le vieil enseignement routinier, aida Krüsi, les trois premières semaines, à tenir son école. Leur premier soin fut de partager les élèves en trois classes. Grâce à cette séparation et à l'emploi d'un nouveau livre de lecture qui venait d'être introduit dans l'école, il leur fut possible d'exercer plusieurs enfants à la fois à épeler et à lire, et de les maintenir ainsi tous plus occupés qu'on ne pouvait le faire auparavant. Le pasteur prêta en outre à Krüsi les ouvrages scolaires les plus indispensables à son instruction. Celui-ci arriva ainsi rapidement à pouvoir donner satisfaction aux principales exigences des parents. Mais lui n'était pas satisfait. Il ne voulait pas apprendre seulement à ses élèves à lire et à écrire, il voulait aussi former leur intelligence. Le nouveau livre de lecture comprenait des préceptes religieux sous forme de récits et de versets bibliques, des notions sur la physique, l'histoire naturelle, la géographie, la constitution du pays, etc. Krüsi avait remarqué, pendant la leçon de lecture, que le pasteur adressait aux enfants quelques questions sur le passage qu'ils venaient de lire, afin de s'assurer qu'ils l'avaient bien compris. Il essaya de faire comme lui, et il réussit à rendre le contenu du livre absolument familier à la plupart de ses élèves. Ce résultat était dû à ce qu'il adaptait ses questions à des réponses données déjà par le livre, et ne réclamait d'autres explications que celles qui se trouvaient dans le texte même. » (Pestalozzi, Comment Gertrude instruit ses enfants, traduction du Dr Darin.) Un peu plus tard, ajoute Pestalozzi, Krüsi essaya d'élargir le cercle de ses interrogations et de faire trouver aux enfants des idées nouvelles, de les amener à découvrir eux-mêmes les vérités qu'ils ignoraient (procédé socratique). Mais il échoua dans cette tentative : « Il lui manquait, à lui, le fonds pour interroger, et à ses élèves le fonds pour répondre, et un langage pour exprimer ce qu'ils ne savaient pas. L'enseignement socratique est impraticable avec des enfants à qui manquent à la fois le point de départ, c'est-à-dire les notions préliminaires, et le moyen d'exprimer ces notions, c'est-à-dire la connaissance du langage. Krüsi aurait dû faire cette simple réflexion : pour que l'autour et l'aigle prennent des oeufs aux autres oiseaux, il faut d'abord que ceux-ci en aient déposé dans leurs nids. Il avait donc tort de s'accuser de son insuccès. Il s'imaginait être le seul qui fût aussi mal doué ; tout bon instituteur, pensait-il, doit être en état de poser des questions sur toute espèce de sujets de morale et de religion et d'obtenir des réponses justes et précises. »

Depuis six ans, Krüsi continuait son enseignement à l'école de Gais, cherchant à perfectionner sa méthode. Le successeur du pasteur Schiess, Steinmüller, esprit éclairé et libéral, s'était intéressé à lui et l'encourageait de son mieux. Sur ces entrefaites, la révolution de 1798 avait, mis fin en Suisse à l'ancien régime oligarchique et établi la République helvétique. Tous les hommes de progrès s'étaient ralliés au nouvel ordre de choses ; mais la révolution avait rencontré de vives résistances dans quelques parties du pays, et la guerre civile avait ensanglanté les cantons de Schwytz et d'Unterwald (mission de Pestalozzi à Stanz). Puis l'invasion des armées russes et autrichiennes, en 1799, avait désolé la Suisse orientale ; la misère devint si grande dans cette région que les habitants des cantons occidentaux offrirent de recueillir chez eux les enfants des familles ruinées. A ce moment, un jeune Suisse, Fischer, ancien élève de Salzmann et ami du ministre helvétique Stapfer. avait conçu le projet de créer une école normale d'instituteurs et avait obtenu à cet effet du nouveau gouvernement la concession d'un local au château dé Burgdorf, où il s'était installé. Fischer écrivit en décembre 1799 au pasteur Steinmüller, son ami, que les habitants de Burgdorf offraient l'hospitalité à une trentaine d'enfants pauvres du canton d'Appenzell, et le pria en même temps de les faire accompagner par un jeune homme capable de les diriger et ayant le goût de l'enseignement. Steinmüller désigna à cet effet Krüsi, qui accepta, et qui se rendit à Burgdorf en janvier 1800 avec vingt-huit enfants des deux sexes. Les enfants furent placés dans diverses familles de la ville et des environs ; Krüsi fut logé au château avec Fischer, et chargé, sous la direction de ce dernier, de tenir une école pour les petits émigrés appenzellois.

A ce moment, Pestalozzi, qui avait dû abandonner l'orphelinat de Stanz, enseignait à Burgdorf dans une classe élémentaire. En avril 1800, Fischer, ayant vu échouer son projet d'école normale, quitta Burgdorf et accepta une place de professeur de philosophie à Berne. Deux mois plus tard, il mourut. Pestalozzi proposa alors à Krüsi, resté seul, de réunir l'école des petits Appenzellois à la sienne. Le gouvernement helvétique donna son consentement à cet arrangement, et concéda à Pestalozzi la jouissance du château de Burgdorf pour y installer un institut d'éducation auquel serait jointe une école normale ; deux autres collaborateurs, Tobler et Buss, recrutés par Krüsi, vinrent s'associer à lui et à Pestalozzi, et l'institut de Burgdorf put s'ouvrir dans l'automne de 1800. Krüsi se sentit alors au comble de ses voeux : il avait trouvé un maître qui allait l'initier, pensait-il, à la véritable méthode d'éducation qu'il avait vainement cherchée jusque-là, et il fit tous ses efforts pour comprendre les principes du réformateur et s'assimiler sa doctrine. Pestalozzi a raconté la façon dont ses trois premiers disciples arrivèrent à l'intelligence de sa méthode. Nous citons quelques fragments des pages qu'il a consacrées à Krüsi :

« Krüsi a été instituteur de village pendant six ans ; il avait un très grand nombre d'écoliers de tout âge ; or, malgré toute la peine qu'il se donnait, jamais il n'avait vu leur intelligence atteindre le développement et acquérir la solidité, la sûreté, l'étendue et l'indépendance que nos enfants parviennent à obtenir à Burgdorf. Il rechercha les causes de cette différence, et plusieurs le frappèrent.

« Il trouva la première dans le principe qui consiste à commencer par la notion la plus simple, à porter celle-ci jusqu'à la perfection avant d'aller plus loin, et à monter ensuite pas à pas, en ajoutant constamment une petite connaissance à celles dont l'enfant est déjà en pleine possession. Il vit qu'au début même des études, l'application de ce principe conserve vivants chez l'élève le sentiment de sa valeur et la conscience de ses forces. — Avec cette méthode, dit-il lui-même, on ne fait que diriger les enfants, on ne les pousse jamais.

« La seconde observation que fit Krüsi fut la suivante : Les mots et les ligures que je présente isolément à nos élèves pour leur apprendre à lire produisent sur leur esprit une tout autre impression que les phrases dont se sert l'enseignement ordinaire. En effet, dans ces phrases, l'enfant n'aperçoit aucun élément simple et qu'il connaisse ; il n'y voit qu'un amalgame confus et incompréhensible d'objets inconnus. Ce galimatias de nos pédagogues, Krüsi vit que je le rejetais, et que je faisais pour mes enfants ce que fait la nature pour les sauvages, leur mettant toujours et uniquement sous les yeux une image, puis cherchant un mot pour cette image. Tout leur est présenté simplement comme matière à observation, sans que le maître cherche à faire entrer dans leur esprit rien qui ressemble à une thèse dogmatique : c'est un fil qu'on leur met entre les mains et qui, en rattachant leurs découvertes de la première heure aux connaissances qu'ils acquerront par l'éducation, les guidera plus tard dans leur marche en avant. De plus en plus, Krüsi se pénétra du génie de la méthode et y reconnut la tendance générale à réduire tous les moyens d'étude, dans chaque branche de la science, aux premiers éléments, et à n'ajouter jamais que peu à peu et par petites doses à ces éléments, de manière à obtenir, d'addition en addition, un progrès continu et sans lacune. Aussi de jour en jour se montra-t-il plus disposé à travailler avec moi dans cet esprit, et il m'aida bientôt à mettre la dernière main à un Syllabaire et à une Arithmétique essentiellement fondés sur ces principes. » (Comment Gertrude instruit ses enfants.)

Ce n'est pas ici le lieu de discuter la théorie de Pestalozzi et la valeur de ses procédés d' « élémentarisation ». Nous nous bornons à retracer la carrière pédagogique de Krüsi, dans ses rapports avec l'oeuvre du grand éducateur.

Pestalozzi avait conçu l'idée d'un livre destiné aux mères et contenant les indications nécessaires pour permettre à celles-ci de faire faire à leurs enfants les premiers exercices d'intuition. Il fallait pour cela un objet d'observation qui pût être partout le même et qui se trouvât invariablement sous les yeux de toute mère. Pestalozzi choisit le corps même de l'enfant. Il n'écrivit que la préface du livre et une partie de l'un des exercices (le septième et dernier) : ce fut Krüsi qui rédigea tout le reste.

Le Livre des mères, publié en 1803, ne réussit pas, et ne méritait en effet pas de réussir : la conception en était malheureuse, et l'exécution trahissait une main lourde et inexpérimentée. « Beaucoup de critiques, dit M. de Guimps, ne comprirent pas quelle avait été l'intention de l'auteur, et n'y virent qu'un essai ridicule. Dussault, le feuilletoniste du Journal de l'Empire, en rendit compte d'une manière plaisante en disant : « Pestalozzi se donne beaucoup de peine pour » apprendre aux enfants qu'ils ont le nez au milieu du » visage ». Et la phrase y est en effet, dans le texte rédigé par Krüsi, au chapitre des positions relatives des parties du corps. Le célèbre philanthropiniste Wolke jugea en ces termes le Livre des mères, qu'il attribuait à Pestalozzi lui-même : « Je doute qu'on puisse imaginer des procédés plus déraisonnables et plus contraires à la nature. Qui eût pu, après avoir lu le livre Comment Gertrude instruit ses enfants, attendre de Pestalozzi pareille chose? Faut-il l'attribuer à son ignorance ou à son excentricité? » Mais Krüsi resta toujours persuadé qu'il avait produit un chef-d'oeuvre ; dans ses Souvenirs, il a écrit : « Le Livre des mères, encore méconnu aujourd'hui, deviendra un jour la pierre angulaire de la méthode».

La même année, Krüsi, aidé de son collègue Buss, rédigea sous la direction de Pestalozzi deux nouveaux livres : ABC de l'intuition, ou enseignement intuitif des rapports de mesure, et Enseignement intuitif des rapports numériques. « Ces deux livres avaient les mêmes défauts que le premier : excès de détails, prolixité incroyable, monotonie de la forme ; ils n'eurent ni plus de succès ni plus d'utilité que le Livre des mères, bien qu'on y puisse trouver la vraie marche à suivre minutieusement tracée. » (Roger de Guimps.)

Krüsi était spécialement chargé à l'institut de Burgdorf de l'enseignement de l'arithmétique, et les résultats qu'il obtenait faisaient l'admiration des visiteurs : des élèves de huit à neuf ans arrivaient à faire avec une promptitude étonnante des calculs fort difficiles. Voici quelques exemples de problèmes résolus instantanément par les élèves de Krüsi, et cités par Soyaux de Berlin, qui vint à Burgdorf dans l'été de 1802 : « Si l'on retranche 2/9 de 3/8, combien reste-t-il de quarts? Réponse : Les 11/18 de 1/4. — Sept fois la 11e partie de 11/15, combien cela fait-il de cinquièmes? Réponse : 2 cinquièmes et 1/3.— Quel est le nombre dont 9 serait 7 fois la 8e partie? Réponse : 10 et 2/7. » — « J'étais saisi de vertige, dit un autre visiteur, quand je voyais ces enfants se jouer des calculs de fractions les plus compliqués comme de la chose la plus simple et la plus ordinaire. Je leur proposais des problèmes que je ne pouvais résoudre sans un travail sérieux et soutenu, et sans remplir de chiffres des pages entières ; pour eux, ils faisaient leur calcul dans leur tête fort tranquillement ; au bout de quelques instants ils donnaient leur réponse juste et ils expliquaient leur problème avec la plus grande facilité. Ils ne se doutaient pas qu'ils faisaient quelque chose d'extraordinaire. »

Lorsque Pestalozzi dut quitter Burgdorf en juin 1804, Krüsi fut de ceux qui émigrèrent avec lui à Yverdon dans l'automne de la même année. Tout l'institut se trouva réuni au château d'Yverdon dans le courant de 1805. Dans cette nouvelle période de son activité, Pestalozzi fut entouré de collaborateurs d'un savoir plus étendu et d'un talent plus remarquable, tels que Niederer et Schmid ; mais Krüsi n'en demeura pas moins l'un de ses disciples préférés. Dans un de ces discours que Pestalozzi adressait à sa maison à l'occasion du jour de l'an, on lit ce passage relatif à l'instituteur appenzellois : «Krüsi! deviens toujours plus fort dans l'expansion de ta bonté ! C'est toi qui as fondé l'esprit de la maison, à l'heure sainte de ses premiers commencements, et tu l'as fondé sur la sainteté et sur l'amour. Au milieu de l'aimable enfance, tu as été toi-même comme un aimable enfant. A tes côtés, et dans l'atmosphère de ta force et de ton amour, l'enfant de notre institut, même dès les premiers jours de son arrivée, ne sent pas qu'il lui manque un père et une mère. Tu as résolu affirmativement la question : un éducateur peut-il remplacer un père et une mère? » (Discours du 1er janvier 1811.)

Un frère de Krüsi remplissait à l'institut d'Yverdon les fonctions de domestique principal ou plutôt d'économe ; ce frère épousa Lisbeth Näf, la fidèle servante qui a fourni à Pestalozzi le modèle de sa Gertrude.

En 1806, Krüsi fut chargé d'une partie de l'enseignement dans le pensionnat de jeunes filles que Pestalozzi avait fondé à côté de son institut, mais il n'y resta pas longtemps, et reprit bientôt ses fonctions comme maître dans l'institut des garçons. En 1812, il épousa une des élèves du pensionnat, Catherine Egger. C'est vers cette époque que commencèrent les discordes qui devaient aboutir à la ruine de l'établissement d'Yverdon. Krüsi, comme la plupart des anciens collaborateurs de Pestalozzi, se rangea du côté de Niederer contre Schmid ; et en 1817, lorsque Schmid fut devenu le maître absolu et eut décidé Pestalozzi, contrairement à l'avis de ses autres disciples, à publier, à l'occasion de la souscription à ses oeuvres, un appel que ces derniers jugèrent indigne de lui, Krüsi quitta l’institut en même temps que Niederer.

Séparé de Pestalozzi, il fonda à Yverdon un pensionnat de jeunes gens, qu'il dirigea de 1817 à 1822 ; et il fut mêlé durant ces années aux tristes querelles qui eurent un si fâcheux retentissement (Voir Pestalozzi.) Il fut ensuite appelé, par le gouvernement de son canton natal, aux fonctions de directeur de l'école cantonale d'Appenzell Rhodes-Extérieures, à Trogen ; il occupa ce poste de 1822 à 1833, et ne le quitta que pour fonder, avec le concours du canton, une école normale à Gais. Il joignit à cet établissement une Realschule et une école de jeunes filles. Il consacra à la direction de ces divers établissements les dernières années de sa vie, de 1833 à 1844. Robuste encore à l'âge de soixante-huit ans, il fut atteint d'un refroidissement en se rendant à la Landsgemeinde à Trogen, et la maladie qui en résulta l'emporta le 25 juillet 1844.

Outre les livres d'enseignement qu'il a eu à rédiger comme collaborateur de Pestalozzzi, Krüsi a laissé quelques ouvrages : Souvenirs de ma vie et de ma carrière pédagogique (Erinnerungen aus meinem pädagogischen Leben und Wirken) ; Tentatives et expériences dans le domaine de l'éducation populaire (Bestrebungen und Erfahrungen im Gebiete der Volkserziehung). Il a donné en 1829, sous le titre d''Enseignements d'un père, legs du père Pestalozzi à ses élèves, des extraits d'un manuscrit de Pestalozzi contenant des exercices de langage ; ce manuscrit de Pestalozzi a été publié intégralement par M. Seyffarth sous son véritable titre : Le Maître d'école naturel, ou directions pratiques concernant les principes les plus simples de l'instruction des enfants.

A consulter. — PESTALOZZI, Wie Gertrud ihre Kinder lehrt ; — Roger DE GUIMPS, Histoire de Pestalozzi ; — Q. HUNZIKER, Geschichte der schweizerischen Volksschule, article Krüsi, par M. le doyen HEIM ; — SCHLEGEL, Drei Schulmänner der Ostschweiz (Steinmuller, Kruüsi, Wehrli).