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Infirmières d’école primaire

L'inspection médicale des écoles a été complétée, il y a quelques années, à Londres, en Angleterre et en Amérique, par une institution malheureusement encore inconnue en France, les « Infirmières d'école » (School Nurses). Le médecin et l'instituteur ont besoin de cette collaboration effective et ne peuvent suppléer son action. Le médecin reconnaît une maladie et prescrit un traitement, mais ne dispose d'aucun moyen de contrôle ; l'instituteur et l'institutrice aperçoivent souvent des symptômes qu'ils ne peuvent préciser faute d'une instruction professionnelle ; de plus, ils ne sauraient quitter leur chaire et ne peuvent négliger leurs principales fonctions. A Londres, une société s'était formée en 1898, mais c'est seulement en 1900 que le Conseil de comté a recruté officiellement des infirmières pour ses écoles ; à New York, le service de santé de la ville de New York a fait inspecter ainsi, dès 1903, plus de 200 écoles avec 300000 enfants. Le rôle de l'infirmière d'école est multiple ; il exige de nombreuses qualités : une instruction professionnelle très étendue, donnée par une école spéciale ; une autorité personnelle et un grand tact, en raison de la difficulté des relations avec enfants et parents ; une conscience absolue, puisque, en principe, l'infirmière agit hors de toute surveillance. Son action s'exerce à l'intérieur et à l'extérieur de l'école, dont elle constitue comme l'antenne destinée à porter autour de l'école et dans son intérêt les règles de l'hygiène. Elle aide dans sa consultation le médecin dont elle est l'auxiliaire et auquel elle ne se substitue jamais, vu le principe absolu de la profession d'infirmière, et lui permet de faire certains pansements ; elle lui rend compte, et tient en ordre les fiches sanitaires relatives aux élèves et à l'école. A sa visite régulière à l'école, elle fait une inspection sommaire des enfants (examen des yeux, du nez, des mains, des cheveux et de la gorge) : 1° pour dépister les symptômes de maladies contagieuses ; 2° pour prendre certains soins de propreté à l'égard des enfants et s'occuper des « bobos » si divers ; 3° pour s'assurer de l'exécution des prescriptions ordonnées précédemment. Au domicile des élèves, elle se rend pour connaître les causes d'absence ; pour indiquer les règles élémentaires d'hygiène et faire la « propagande en faveur de la propreté » ; pour appliquer certains traitements ordonnés par le médecin ; pour s'assurer des précautions d'isolement à prendre en cas de maladie contagieuse.

L'accueil fait par les parents à ces « visiteuses » n'est pas encourageant, et l'infirmière doit montrer une patience endurante ; mais en peu de temps elle se fait connaître dans le quartier. Elle est l'amie des enfants, on l'appelle la « dame de propreté » : que ne peut-elle pas, en réalisant pour le jeune élève quelques améliorations de détail, en parant aux installations les plus défectueuses, en apprenant aux parents les résultats obtenus par la propreté et l'hygiène, les moyens d'assistance auxquels ils peuvent recourir? Par cette collaboration, les écoles disposent d'un moyen d'investigation pratique et permanent, les instituteurs sont déchargés d'une surveillance qui excède leurs fonctions, et il serait à souhaiter que des infirmières d'école fussent instituées dans tous les grands centres.

Un essai à été fait dans deux écoles de filles du deuxième arrondissement de Paris, en 1908, avec deux infirmières de l'Ecole de la Salpêtrière, et a donné les meilleurs résultats pour la tenue de l'école et la fréquentation scolaire.

André Mesureur