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Inde

Nous consacrons à l'Inde un article divisé en deux parties. La première traite brièvement de l'Inde ancienne, avant la domination anglaise. La seconde, signée par le directeur général de l'éducation en Inde, M. H. W. Orange, expose l'organisation de l'éducation en Inde depuis l'occupation britannique.

I. L'Inde ancienne, avant la domination anglaise.

Les renseignements que nous possédons sur l'histoire de l'éducation dans l'Inde primitive, antérieurement à, l'invasion musulmane et à la colonisation européenne, n'offrent guère d'intérêt que pour les érudits. En effet, quoique les populations aryennes qui imposèrent à l'Inde ses institutions religieuses et civiles appartiennent à notre groupe ethnique, le régime des castes et de la théocratie, au moyen duquel elles affermirent et maintinrent leur domination sur les aborigènes, est si étranger au génie européen, que nous avons peine à reconnaître des frères de race dans les hommes qui ont rédigé et pratiqué les lois de Manou. Tandis qu'il y a profit, pour un moderne, à étudier les libres institutions des cités de la Grèce antique, les oeuvres de ses artistes et de ses poètes et les spéculations de ses philosophes, la civilisation des brahmanes n'est presque pour nous qu'un objet de curiosité.

Les hautes études, dans l'Inde brahmanique, furent exclusivement réservées aux membres de la caste sacrée : les mathématiques, l'astronomie, la logique, la rhétorique, la grammaire y furent cultivées avec succès et amenées à un assez haut point de perfection, bien des siècles avant l'ère chrétienne. Les membres de la seconde et de la troisième caste, les Kchatriyas (guerriers) et les Vaïçyas (marchands), d'origine aryenne plus ou moins pure, étaient aussi admis aux écoles, mais avec certaines restrictions. Quant à la masse des indigènes vaincus, qui formait les castes inférieures, elle resta en dehors de toute culture intellectuelle.

La grande révolution bouddhique, qu'on place en général au sixième siècle avant l'ère chrétienne, abolit momentanément la domination des brahmanes ; mais les disciples de Çâkya-Mouni, qui plaçaient leur idéal dans le renoncement au monde et dans la vie contemplative, dédaignaient la science et firent peu pour l'éducation du peuple. D'ailleurs le bouddhisme, comme on sait, n'obtint en Inde qu'un triomphe passager ; et tandis qu'il se répandait dans l'Indochine, en Chine, en Mongolie et au Tibet, il était, au bout de quelques siècles, expulsé de la presqu'île du Gange, où les brahmanes redevinrent les maîtres et rétablirent les vieilles lois de la caste avec une rigueur nouvelle.

Les musulmans s'établirent dans l'Inde dès le huitième siècle de l'ère chrétienne (second siècle de l'hégire), et y apportèrent avec eux leurs institutions propres. Au seizième siècle, l'Hindoustan presque tout entier reconnut la domination des Tartares Mongols convertis à l'islamisme, qui prirent Delhi pour capitale (empire du Grand-Mogol), A la même époque remontent les premiers établissements des Européens dans l'Inde, fondés par les Portugais et les Hollandais. Au dix-huitième siècle, lors de la dissolution de l'empire du Grand-Mogol, les radjahs (rois) indigènes formèrent un grand nombre d'États indépendants, tandis que les Mahrattes du Décan essayaient d'imposer leur domination à l'Inde entière, et que les Français et les Anglais pénétraient jusqu'au coeur du pays et s'en disputaient la possession. Les Anglais l'emportèrent : après la défaite de Tippou-Saïb et des Mahrattes, et la soumission des Sikhs, ils restèrent les maîtres incontestés de l'Inde presque entière, que gouvernait une simple association de marchands de Londres, la Compagnie des Indes Orientales. La formidable insurrection des Cipayes (soldats indigènes au service de la Compagnie), en 1857, mit un moment la domination anglaise en péril. Après la répression de la révolte, l'Inde fut placée sous la souveraineté directe de la couronne britannique, et, à partir du 1er janvier 1878, la reine Victoria porta le titre d'impératrice de l'Inde.

Lorsque les Anglais s'emparèrent de l'Inde, il y existait de temps immémorial un certain nombre d'écoles hindoues ou musulmanes, ayant un caractère sacerdotal, et dans lesquelles des élèves appartenant aux classes privilégiées allaient étudier les livres sacrés de leur religion. Les grandes écoles brahmaniques de Bénarès et de Nadiya existent encore aujourd'hui ; les collèges musulmans ont été supprimés après la révolte de 1857. Quant à l'instruction élémentaire, elle se donnait déjà, lors de l'établissement de la domination anglaise, dans un certain nombre de petites écoles indigènes à l'usage des classes inférieures ; des lettrés, appartenant généralement à la caste des kayaths ou écrivains, y enseignaient la lecture, l'écriture et l'arithmétique. On sait que ce fut dans une de ces écoles élémentaires, à Madras, que le Dr Bell, vers 1790, vit appliquer la méthode de l'enseignement mutuel, qu'il transporta ensuite en Angleterre.

On parle dans l'Inde environ quarante langues différentes. Les unes sont des langues aryennes, de la famille de l'idiome védique (dans lequel sont écrits les Védas), du sanscrit (la langue classique des grandes épopées hindoues et des lois de Manou), du pâli et du prakrit : ce sont entre autres l'hindoustani, le bengali, le nepali, le pendjabi, le kachmiri ; les autres sont des langues non âryennes, dont les principales sont les langues appelées dravidiennes, parlées dans le Décan, le télinga, le tamoul, le kanara, etc.

II. L'éducation en Inde depuis l'occupation britannique.

L'empire anglo-indien comprend des possessions immédiates de la couronne, et des possessions médiates ou Etats vassaux.

Le présent article ne concerne que les possessions immédiates de la couronne : c'est à ce territoire seulement que se rapportent les statistiques recueillies Parla Direction générale de l'éducation, excepté pour enseignement supérieur. Voici les noms des provinces de l'Inde britannique, avec la population de chacune d'elles :

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Les possessions médiates, ou Etats vassaux [Native States), sont formées par des Etats que gouvernent des princes indigènes, assistés d'un résident anglais : les principaux de ces Etats sont ceux de Kachmir, Garwal, Orissa, Radjpoutana, Gwahor, Holkar, Baroda, Haïderabad, Maïsour.

Les collèges de ces Etats indigènes sont affiliés aux universités de l'Inde britannique, et sont compris en conséquence dans la statistique de l'enseignement supérieur.

A l'Inde anglaise se rattache encore le Beloutchistan, qui, depuis 1876, est un Etat vassal de l'Angleterre ; un résident anglais est placé auprès du khan, à Kélat.

Quant à l'île de Ceylan ; malgré sa situation géographique, elle n'appartient pas à l'empire anglo-indien, et forme une colonie à part : Voir Colonies britanniques, p. 297.

1. Résumé historique. — Lorsque la Compagnie des Indes Orientales reçut de l'empereur de Delhi, au dix-huitième siècle, la charge d'administrer le Bengale, elle se borna à s'acquitter des devoirs qui avaient incombé à l'administration antérieure. Elle respecta les dotations faites en faveur de l'enseignement, et ses premiers efforts se limitèrent à l'établissement de collèges musulmans et sanscrits selon l'ancien modèle. Warren Hastings fonda en 1782 la medraça de Madras, et pendant quelque temps l'entretint de ses propres deniers ; M. Jonathan Duncan, résident de Bénarès, fonda en 1791 le collège sanscrit de Bénarès. Des bienfaiteurs indigènes continuèrent à créer d'autres institutions du même genre. Des écoles indigènes d'un ordre inférieur, où l'enseignement était donné dans les langues des pays, existaient généralement dans les villages, et donnaient une instruction élémentaire aux enfants des commerçants, des petits propriétaires, et des familles aisées parmi les cultivateurs. En 1793, au moment du renouvellement de la charte de la Compagnie, Wilberforce et d'autres philanthropes, en Angleterre, essayèrent sans succès d'y faire introduire une disposition relative à l'encouragement des missionnaires et des maîtres d'école ; mais, au renouvellement suivant, en 1813, ils réussirent, et le Parlement ordonna que chaque année un lakh de roupies (100 000 roupies, environ 237 000 francs) serait « réservé et employé à la renaissance et au progrès de la littérature et à l'encouragement des lettrés indigènes de l'Inde, ainsi qu'à l'introduction et au développement de la connaissance des sciences parmi les habitants des territoires britanniques en Inde ». Cette mesure n'eut pas immédiatement pour résultat l'application des fonds publics & l'enseignement des sciences dans le sens où ce mot est employé en Europe ; le lakh de roupies fut d'abord consacré uniquement à l'entretien d'institutions orientales. Mais le besoin se faisait déjà vivement sentir de fonctionnaires indigènes pouvant parler l'anglais : ce fut en partie pour répondre à ce besoin, en partie aussi pour rendre les sciences et la littérature de l'Occident accessibles à des Hindous qui avaient le loisir et le désir d'étudier, qu'on commença à créer, au moyen de ressources privées, des écoles donnant l'enseignement en anglais et par des maîtres anglais. En 1817, une assemblée de quelques lettrés indigènes de Calcutta, réunie dans la maison du juge suprême (chief justice), Sir Hyde East, décida la fondation d'une institution destinée à donner une éducation anglaise à des enfants des castes supérieures : cette institution fut le Vidyalaya, qui fut le premier embryon du Collège de la présidence dé Calcutta. D'autres institutions du même genre furent créées, rattachées parfois à des établissements orientaux déjà existants. Les sociétés de missions, dont quelques-unes étaient déjà à l'oeuvre dans l'Inde avant l'occupation anglaise, se développèrent et prirent une part active à la tâche de l'éducation. Elles dirigeaient des écoles primaires où l'enseignement était donné dans les langues indigènes modernes (the vernaculars) ; en ce qui concerne l'enseignement supérieur, elles n'encouragèrent naturellement pas l'étude des langues classiques de l'Orient, et s appliquèrent, au contraire, à enseigner les sciences et la littérature de l'Europe au moyen de la langue anglaise.

Des Comités d'instruction d'un caractère semi-officiel furent établis dans les trois présidences (Calcutta, Madras et Bombay) pour l'encouragement de l'instruction parmi les indigènes, au Bengale en 1823, à Madras en 1826, et à Bombay en 1840: ces comités succédaient à d'autres corps qui avaient existé sous différents noms et avec un caractère moins officiel. En 1834, Macaulay arriva en Inde comme membre du Conseil général de gouvernement que le Parlement avait créé l'année précédente, et devint président du Comité d'instruction publique du Bengale ; en février 1835, il présenta au Conseil un rapport dans lequel il contestait la légalité et la convenance du mode d'agir du Comité d'instruction publique, qui limitait aux littératures arabe et sanscrite la somme allouée annuellement pour « l'introduction et le développement de la connaissance des sciences ». Lord William Bentinck donna son entière approbation au point de vue exposé dans le rapport, et, à partir de ce moment, l'éducation anglaise au Bengale participa aux subventions provenant des fonds publics. L'abolition des collèges orientaux et la cessation de toute subvention accordée à l'enseignement oriental, réclamées par Macaulay dans son rapport, ne furent toutefois pas obtenues, et, en 1839, Lord Auckland, gouverneur général, publia une ordonnance portant que, « bien que l'anglais dût être conservé comme langue d'enseignement pour les études supérieures relatives à la littérature, à la philosophie et aux sciences de l'Europe, les institutions orientales existantes devaient être maintenues en pleine activité et devaient recevoir les mêmes encouragements que ceux qui seraient accordés aux élèves des institutions anglaises. L'enseignement donné au moyen des langues indigènes et l'enseignement donné en anglais devaient être combinés, les élèves conservant l'entière liberté de suivre l'enseignement qui aurait leurs préférences personnelles. » Les Comités d'instruction des trois présidences continuèrent donc à appliquer les mêmes principes, jusqu'en 1854 ; à cette date, quatorze collèges gouvernementaux avaient été établis pour l'éducation générale, en addition aux collèges des missionnaires et aux collèges administrés par des associations indigènes. Les collèges orientaux avaient été maintenus sur leurs anciennes bases. L'éducation des masses au moyen des écoles indigènes avait été développée autant que l'avaient permis les ressources financières, et avait été améliorée tant par la publication de livres scolaires, due à des sociétés constituées à cet effet, que par l'établissement d'écoles indigènes d'un type perfectionné dans les grands villages, écoles qui fournissaient aux villages environnants des maîtres d'école plus instruits que ceux qu'on avait précédemment regardés comme suffisants.

En 1854, le gouvernement anglais intervint de nouveau par des 'mesures pour l'amélioration et l'expansion de l'éducation en Inde. La Cour des directeurs adressa cette année-là au gouverneur général un message ordonnant l'établissement d'universités aux chefs-lieux des présidences, la création d'institutions destinées à former des maîtres pour les écoles de toute catégorie, le maintien des collèges gouvernementaux existants ainsi que des high schools et l'accroissement de leur nombre s'il était nécessaire, l'établissement de nouvelles écoles, intermédiaires entre les écoles élémentaires et les high schools, la multiplication et l'amélioration des écoles indigènes pour l'éducation élémentaire, et l'introduction d'un système de grants (subventions) pour venir en aide aux écoles entretenues par des particuliers ou des associations. Le gouvernement devait se préoccuper spécialement de mettre les moyens d'acquérir une instruction utile et pratique à la portée de la grande masse du peuple, « qui est totalement incapable d'obtenir une éducation digne de ce nom si on ne vient pas à son aide ». L'anglais, qui devait être enseigné partout où on le demanderait, devait être la langue d'enseignement pour les études supérieures, et les langues indigènes modernes (the vernacular languages) pour les études élémentaires. Un département de l'instruction publique fut en conséquence établi dans chaque province, et c'est lui qui fut chargé des fonctions précédemment exercées par les comités d'instruction publique. Les universités de Calcutta, Bombay et Madras furent établies en 1857 : elles n'ajoutèrent rien aux organisations enseignantes déjà existantes, et furent de simples corps d'examinateurs, formés sur le modèle de l'université de Londres. L'enseignement fut donné comme précédemment dans les collèges, qui furent désormais affiliés aux universités, et dont le nombre s'accrut ; et les étudiants de ces collèges furent admis à prendre leurs grades, dans les arts, les sciences, le droit, la médecine, et le génie civil, auprès des universités. Le nombre des universités fut porté à cinq par la création de celle du Pendjab (Labore) en 1882 et de celle d'Allahabad en 1885. L'université d'Allahabad, bien qu'étant essentiellement, comme les autres, un corps d'examinateurs, eut aussi des chaires d'enseignement, pour les classiques orientaux et pour le droit. A partir de 1865, les fonds destinés à l'éducation, et spécialement à l'instruction primaire, furent augmentés par le rapide développement du système municipal et par le vote d'Acts pour l'établissement de taxes locales. En 1871, il y avait dans l'Inde britannique environ 518 000 élèves dans les écoles primaires et 206 000 dans les écoles secondaires ; le nombre des élèves recevant l'instruction s'élevait en 1882 à deux millions et un quart environ. Une commission, chargée en 1882 de faire une enquête sur les progrès accomplis, affirma de nouveau le principe que l'éducation devait être répandue en accordant des subventions des deniers publics aux oeuvres d'initiative privée, et fit diverses recommandations relativement aux méthodes par lesquelles l'éducation pouvait être améliorée et étendue. En 1885 furent établies des autorités locales, sous le nom de comités de district (district boards), qui eurent le pouvoir d'entretenir et de subventionner des écoles ; et c'est à ces comités que fut remise l'administration des écoles primaires entretenues par le gouvernement. Le nombre des élèves inscrits dans les écoles inspectées par les départements d'éducation s'est élevé à quatre millions en 1902. Mais, depuis ce moment, bien que le nombre des élèves des établissements supérieurs d'instruction ait continué à s'accroître rapidement, l'élan qui avait été donné à l'enseignement primaire s'est arrêté, et le nombre des élèves inscrits dans les écoles primaires est demeuré pendant quelques années presque stationnaire. Le gouvernement de l'Inde, sous la direction de Lord Curzon comme vice-roi, entreprit une enquête approfondie sur l'activité des diverses branches de l'organisme de l'instruction publique, et publia en 1904 une résolution appelant l'attention sur quelques lacunes et prescrivant les mesures à prendre pour y remédier et pour continuer à accroître le nombre des écoles donnant l'instruction aux masses dans les langues indigènes vivantes. Les universités furent reconstituées par un Act de 1904, et obtinrent le droit d'enseigner aussi bien que celui d'examiner. Les conditions que doivent remplir les collèges pour obtenir l'affiliation aux universités furent déterminées par cet Act, et les universités reçurent le pouvoir d'en assurer l'exécution par le concours d'un corps d'inspecteurs. Le gouvernement de Lord Curzon prit aussi des mesures pour l'amélioration de l'enseignement technique et agricole, et accorda des subventions aux gouvernements provinciaux, sur les fonds de l'empire, pour la mise à exécution des principes inscrits dans la résolution de 1904. En 1907, l'enseignement primaire avait repris sa marche ascendante, et il y avait cette année -là 4 744 480 élèves dans les établissements placés sous l'inspection des départements d'éducation. De ces élèves, 18 918 étaient dans des collèges de belles-lettres (Arts colleges) et 6250 dans des collèges professionnels, affiliés les uns et les autres aux universités, 713 342 dans des écoles secondaires, 3 937 866 dans des écoles primaires, 9180 dans des écoles normales (training schools), et 58 924 dans d'autres écoles spéciales

2. Etat actuel. — ADMINISTRATION. — Chacune des provinces en lesquelles l'Inde est divisée a son département d'éducation (Education Department), à la tête duquel est placé un directeur de l'instruction publique ; dans plusieurs provinces il y a en outre un directeur adjoint. Ces fonctionnaires administrent l'éducation sous les ordres du gouverneur en Conseil, ou du lieutenant-gouverneur, ou du commissaire en chef (Chief Commissioner), selon que la province est gouvernée par l'une ou l'autre de ces autorités. Le gouvernement central de l'Inde n'administre directement aucun établissement d'éducation, excepté une école d'agriculture et deux écoles forestières ; mais il a la direction générale de la politique d'éducation suivie dans les provinces, et pour cette tâche il est assisté par un fonctionnaire qui porte le titre de directeur général de l'éducation en Inde. Le gouvernement de l'Inde, à son tour, s'en réfère, pour les questions les plus importantes, à la décision du secrétaire d'Etat pour l'Inde, à Londres. Les départements d'éducation des provinces sont organisés d'une manière uniforme : ils se composent d'un personnel supérieur (higher branch), recruté en partie en Angleterre par le secrétaire d État et en partie en Inde par les gouvernements locaux, et d'un personnel inférieur (lower branch), recruté entièrement en Inde par les gouvernements locaux. Les universités sont administrées par leurs propres sénats, nommés, pour la majorité des membres, par le gouvernement, et dont quelques membres sont élus par les gradués de l'université. Le chef du gouvernement, dans la ville où l'université est située, remplit les fonctions de chancelier de l'université, et le directeur de l'instruction publique de la province est membre de droit du corps exécutif universitaire, appelé le syndicat.

INSPECTION. — Chaque province est divisée en arrondissements d'inspection, dont le ressort correspond ordinairement à celui de l'autorité du fonctionnaire civil dénommé le commissaire ; mais dans quelques-unes des divisions administrées par un commissaire, il y a deux inspecteurs ; dans chaque province, en plus des inspecteurs d'arrondissement, il existe un inspecteur spécialement chargé de l'inspection des écoles pour les Européens. Il y a aussi quelques inspecteurs pour les écoles normales. Le nombre total des inspecteurs était en 1907 de 46, mais ce nombre a été accru depuis. Il n'y a pas d'inspecteurs distincts pour les écoles secondaires et les écoles primaires ; l'inspecteur de l'arrondissement est généralement chargé de la surveillance de l'éducation de toutes les catégories, dans les limites du ressort qui lui est assigné, à l'exception des collèges universitaires, qui sont inspectés par des personnes nommées à cet effet, de temps en temps, par les universités. Il y avait en 1907 14 inspectrices chargées de la surveillance des écoles de filles, et ce nombre a été également accru depuis cette date. Les inspecteurs scolaires appartiennent au personnel supérieur (higher branch), et peuvent être soit des Européens, soit des indigènes. Au-dessous d'eux sont des inspecteurs adjoints, au nombre de 52 ; il y a, en outre, des vice-inspectors (deputy inspectors), qui leur sont subordonnés, au nombre d'un au moins dans chaque district civil, et fréquemment en plus grand nombre. Le nombre total des vice-inspecteurs était en 1907 de 435. Les vice-inspecteurs, qui sont principalement chargés de l'inspection des écoles primaires, sont assistés par des sous-inspecteurs (sub-inspectors), au nombre de 1214. Les inspectrices sont assistées par des adjointes, au nombre de 20 en tout.

Les inspecteurs qui sont recrutés en Angleterre sont choisis par le secrétaire d'Etat, sans examen. Ce sont en général des gradués d'une université britannique, ayant quelque expérience de l'enseignement ; ils sont envoyés en Inde vers l'âge de vingt-cinq ans. Des personnes qui ont enseigné comme professeurs dans un collège universitaire en Inde sont aussi placées quelquefois dans l'inspectorat. Le traitement de début des inspecteurs recrutés en Angleterre est de 500 roupies par mois, et peut s'élever jusqu'à 1500 roupies par mois. Le traitement des Hindous qui occupent des postes d'inspecteur ne s'élève pas au-dessus de 700 roupies par mois. Les inspecteurs adjoints ont en général jusqu'à 500 roupies par mois, les vice-inspecteurs 250, et les sous-inspecteurs 100 roupies.

Toutes les écoles dont l'enseignement est donné conformément aux programmes (standards) établis par le département d'éducation — c'est-à-dire, dans la pratique, toutes les écoles excepté celles où l'on fait des études orientales selon les méthodes traditionnelles — sont soumises à l'inspection, qu'elles soient administrées par le gouvernement ou par des particuliers, et qu'elles reçoivent des subventions des deniers publics ou qu'elles désirent simplement être reconnues comme faisant partie de l'organisme des écoles publiques (common school system).

ORGANISATION GENERALE, ET STATISTIQUE. — L'organisme scolaire de l'Inde comprend : les écoles primaires, les écoles secondaires, les collèges d'éducation générale, les collèges et écoles d'éducation professionnelles (c'est-à-dire pour l'enseignement du droit, de la médecine, du génie civil, de l'agriculture, de l'art vétérinaire, de la sylviculture ; les uns, parmi ces établissements, sont affiliés à des universités, les autres non), les écoles normales d'instituteurs et d'institutrices, les écoles de beaux-arts, les écoles techniques et industrielles, les écoles de commerce, les collèges pour les chefs et les nobles, et les écoles pour les Européens. Les écoles de réforme (reforma-tory schools) sont aussi placées sous la surveillance des départements d'éducation.

Il n'existe pas en Inde de loi rendant l'instruction obligatoire. Sur une population totale de 241 millions d'habitants (pour les possessions immédiates), il y a environ 4644 480 enfants inscrits dans les écoles inspectées par les départements d'éducation, et 644 000 dans des institutions privées (ou l'enseignement donné est généralement un enseignement à l’orientale). Sur les 4 644 480 enfants inscrits dans les écoles inspectées, on compte 4 064 832 garçons et 579 648 filles ; on estime que ces nombres représentent 22, 7 % des garçons en âge d'aller à l'école et 3, 2 des filles. Le recensement de 1901 a montré que les illettrés forment 90, 2 % de la population masculine et 99, 3 % de la population féminine.

Il y a 136 collèges de belles-lettres (Arts Colleges), 46 collèges professionnels, 5898 écoles secondaires, 112 930 écoles primaires, 377 écoles normales, et 1949 autres écoles.

Les dépenses totales de l'instruction publique en Inde se sont élevées, en 1907, à Rs 559, 03, 673 (lire.-559 lakhs et 3673 roupies), se répartissant ainsi :

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De cette somme totale, Rs 313, 26, 306 proviennent des fonds publics tant provinciaux que locaux, Rs 148, 21, 388 proviennent de la rétribution scolaire, et Rs 97, 55, 979 proviennent de sources particulières, c'est-à-dire de souscriptions et des revenus des dotations. Sur la somme provenant des fonds publics, deux tiers environ sont fournis par les provinces, et un tiers par les ressources locales, c'est-à-dire par les comités de district et les municipalités. Mais on ne doit pas attacher grande importance à la distinction entre les ressources provinciales et les ressources locales : en effet, quand les autorités locales sont invitées par les gouvernements provinciaux à augmenter le chiffre des crédits ouverts pour les dépenses de l'éducation, les autorités provinciales mettent à leur disposition des fonds à cet effet, et ces fonds figurent dans la statistique comme provenant des ressources locales parce qu'ils sont inscrits aux budgets des autorités locales.

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE. — Tout l'enseignement primaire en Inde est donné au moyen des langues indigènes (vernacular), dont il existe environ quarante qui sont suffisamment répandues pour être officiellement employées à cet usage. L'anglais n'est enseigné que dans les écoles secondaires, excepté à Madras où, à cause de l'existence de quatre langues indigènes distinctes, l'anglais est souvent employé comme moyen de communication même par le commun peuple. Dans beaucoup de provinces, les écoles pour le commun peuple sont distinctes des écoles destinées aux élèves qui ont l'intention de faire des études secondaires, et en conséquence les écoles secondaires ont des classes primaires où l'enseignement est donné dans les langues indigènes, en sorte que les écoles primaires ne servent qu'à un faible degré au recrutement des écoles secondaires ; néanmoins, ceux des élèves des écoles primaires qui désirent passer dans les écoles secondaires trouvent pour cela les facilités nécessaires.

Les écoles primaires sont divisées en primaires inférieures et primaires supérieures : les écoles primaires inférieures sont celles des petits villages et contiennent de trois à quatre classes ; les écoles primaires supérieures, qui se trouvent dans les villages plus populeux, contiennent ces mêmes classes, et en outre une ou deux classes d'un degré plus élevé. Cette classification n'est pas uniforme dans toute l'étendue de l'Inde, mais c'est celle qu'on rencontre le plus souvent.

Le chiffre des élèves inscrits divisé par celui des écoles primaires donne une moyenne de 35 à 36 élèves par école.

Un quart environ des écoles primaires sont administrées par une autorité publique, et trois quarts environ par des particuliers. Presque toutes les écoles ressortissant à une administration publique sont entretenues par des comités de district ou de municipalité. Un certain nombre des écoles administrées par des particuliers sont entretenues par des sociétés de missions d'Europe et d'Amérique ; d'autres sont entretenues par la générosité d'indigènes aisés qui s'intéressent à l'éducation de leurs compatriotes pauvres ; mais la majorité d'entre elles sont fondées par l'initiative des maîtres d'école eux-mêmes, et n'ont d'autres ressources que la rétribution des élèves et les grants in aid accordés par les gouvernements locaux. Les écoles de cette catégorie sont inférieures, sous le rapport des locaux et de la capacité des maîtres, à celles qui dépendent d'une administration publique. En Birmanie, les écoles primaires sont souvent une dépendance des couvents, dont les moines donnent gratuitement l'enseignement aux enfants du village.

Les bâtiments où les écoles primaires sont installées varient beaucoup suivant les localités et suivant la nature de l'administration. Les écoles appartenant à un instituteur privé sont tenues, comme les vieilles écoles indigènes auxquelles elles ressemblent, dans la maison de l'instituteur, ou dans une chambre louée à cet effet, ou, très souvent, dans une véranda ; mais les écoles publiques sont généralement installées dans des édifices construits spécialement pour elles, solidement bâtis et pourvus d'un mobilier convenable. Des sommes considérables ont été employées, dans ces dernières années, à construire de meilleures maisons d'école dans toute l'étendue de l'Inde.

Le nombre des instituteurs et institutrices en fonctions est estimé à 140 000 environ, ce qui fait un maître pour 26 élèves ; il n'y a d'institutrices que dans les écoles de filles. La capacité professionnelle des instituteurs et des institutrices, surtout dans les écoles privées, laisse souvent beaucoup à désirer. Dans quelques provinces, le personnel enseignant se compose, pour une très large part, d'hommes qui n'ont jamais reçu d'autre instruction que celle de l'école primaire inférieure ; mais on trouve partout une certaine proportion de maîtres qui ont reçu une préparation professionnelle, et cette proportion va en croissant. Le nombre des écoles normales est à peu près égal à celui des arrondissements d'inspection ; ces institutions contiennent en général de cent à cent cinquante élèves, qui y entrent après avoir passé par l'école indigène moyenne, et qui y restent deux années, pendant lesquelles ils étendent et consolident leur instruction générale et étudient la théorie et la pratique de l'enseignement. Outre les écoles normales, on trouve, annexées à un certain nombre de bonnes écoles primaires, des classes normales d'un ordre inférieur, destinées à des élèves dont la préparation est plus élémentaire. Des efforts sont faits pour donner plus d'extension à la préparation professionnelle des maîtres, et beaucoup d'instituteurs en exercice sont appelés, de leurs écoles, à suivre un cours normal durant lequel ils jouissent d'une bourse.

Le salaire des maîtres des écoles primaires est quelquefois de 5 roupies par mois seulement, et parfois il atteint jusqu'à 60 roupies par mois ; le salaire moyen est estimé à 8 roupies par mois. Quelquefois les instituteurs ajoutent à leurs revenus en se chargeant de tenir le bureau de poste du village.

Le plan d'études des écoles primaires a fait l'objet de beaucoup de discussions, et il a été amélioré autant que les capacités des maîtres l'ont permis. Dans les écoles les plus pauvres, on ne peut guère faire autre chose qu'enseigner aux enfants à lire et à écrire leur langue maternelle, et à faire une addition facile. Les départements d'éducation ont fait composer de bons livres de lecture, qui sont vendus à bas prix. Dans les écoles d'un ordre plus élevé on enseigne le dessin, la géographie, l'histoire, les éléments des sciences (au moyen de leçons de choses), l'arpentage. Les méthodes et le matériel des jardins d'enfants sont employés pour la première éducation des plus jeunes enfants, là où il se trouve des institutrices capables. Les élèves les plus âgés reçoivent aussi quelques notions de botanique agricole, et les meilleures écoles rurales ont des jardins scolaires. Dans la règle, le chant n'est pas enseigné, excepté aux plus jeunes enfants ; mais dans beaucoup d'écoles normales cette branche d'enseignement occupe maintenant une place dans le programme. Le travail manuel (distinct des occupations manuelles des jardins d'enfants) n'est enseigné que dans très peu d'écoles.

En Inde, comme dans tous les pays où l'éducation est encore arriérée, c'est une pratique habituelle, dans beaucoup d'écoles, que de faire apprendre par coeur aux élèves des leçons qu'ils ne comprennent pas ; mais depuis bien des années les départements d'éducation se sont efforcés de faire prévaloir une conception plus intelligente du rôle de l'école primaire, et beaucoup des meilleurs maîtres ont répondu à l'appel qui leur a été fait et ont rompu avec la routine traditionnelle.

Un excellent système d'exercices physiques, basé sur des pratiques indigènes, est d'un usage général.

A peu d'exceptions près, on a l'habitude, en Inde, de faire payer une rétribution scolaire dans les écoles de garçons, tout en dispensant de la rétribution, dans une proportion très libérale, les élèves qui ne peuvent pas payer. Il y a ordinairement plusieurs taux de rétribution suivant la classe, allant d'un demi-anna à un anna (l'anna vaut environ 15 centimes) par mois, dans les classes inférieures, jusqu'à deux ou trois annas dans les classes supérieures. La moyenne de la rétribution payée dans les écoles primaires de garçons est d'environ une roupie par an et par élève.

Jusqu'à ces derniers temps, les élèves des écoles primaires avaient à subir périodiquement un examen industriel, et les grants in aid accordés aux écoles dirigées par des administrateurs privés étaient répartis à proportion du nombre des élèves qui avaient passé un examen satisfaisant. Mais ce système a été abandonné, et l'inspection s'attache maintenant à juger le travail de l'école dans son ensemble ; les grants sont fixés selon les besoins des écoles et leur efficacité. L'ancien système incitait les maîtres à employer des méthodes mécaniques d'enseigner, et portait les élèves à s'imaginer que le but principal de l'école était de les préparer à passer un examen ; il en résultait aussi que les enfants les moins intelligents étaient négligés.

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE. — Au-dessus des écoles primaires supérieures indigènes, il existe des écoles contenant trois classes complémentaires où l'enseignement est donné, comme à l'école primaire, dans une des langues du pays ; on les appelle écoles moyennes indigènes (middle vernacular schools), et la statistique les classe parmi les écoles secondaires. Ces écoles moyennes sont le degré le plus élevé (à quelques exceptions près) auquel atteigne dans beaucoup de provinces l'enseignement purement indigène. Il existe, en dehors des écoles moyennes indigènes, des écoles secondaires anglaises. Celles-ci reçoivent ordinairement leurs élèves à, l'âge de six ou sept ans, et les gardent jusqu'à l'âge de seize ou dix-sept ans. La section inférieure de l’école est appelée le département primaire, et se compose généralement de quatre classes. Viennent ensuite le département moyen, composé généralement de trois classes, et le département supérieur, qui comprend aussi trois classes. L'enseignement de l'anglais commence dans le département moyen, et c'est l'anglais qui est employé comme langue d'enseignement dans le département supérieur. Celles des écoles secondaires anglaises qui n'ont que les départements primaire et supérieur sont appelées écoles moyennes (middle schools), et celles qui possèdent les trois départements sont appelées écoles supérieures (high schools). Le nombre et la force des écoles secondaires anglaises se sont accrus de façon constante, et on en compte maintenant 3285 avec 473130 élèves, ce qui fait une moyenne de 144 élèves par école. Environ 600 écoles secondaires, c'est-à-dire un cinquième du nombre total, ressortissent à une administration publique ; et, sur ces 600 écoles, environ 200 sont administrées directement par les départements d'éducation, et environ 400 par les autorités locales. Le but que se proposent les départements d'éducation, en entretenant et en administrant eux-mêmes un certain nombre d'écoles secondaires, est de faire de celles-ci des établissements modèles. Les écoles secondaires administrées par des particuliers sont entretenues par des comités, des trustees, des sociétés de missions, ou des propriétaires privés ; le plus grand nombre sont destinées à l'usage de toute la population de la localité où elles sont situées, sans distinction de caste ni de religion ; mais beaucoup de religions et de communautés, ainsi que les castes principales, entretiennent des écoles destinées en première ligne aux ressortissants de leur groupe.

Sur environ 2600 écoles secondaires administrées par des particuliers, 1800 environ reçoivent des subventions des fonds publics et 800 n'en reçoivent pas. Quelle que soit d'ailleurs la nature des écoles secondaires, le gouvernement veille à ce que leur enseignement soit de bon aloi : à cet effet, il a édicté des règles auxquelles doivent se conformer toutes les écoles qui désirent préparer leurs élèves à entrer dans un collège universitaire, comme c'est le cas de presque toutes. Les matières d'études des classes supérieures des écoles secondaires sont déterminées essentiellement par les conditions des examens pour l'immatriculation aux universités. Ces conditions diffèrent légèrement d'une université à l'autre, mais les matières les plus communément étudiées sont l'anglais, les mathématiques, les langues classiques de l'Inde, les langues indigènes modernes, l'histoire de l'Inde, la géographie, les éléments des sciences physiques et naturelles. L'enseignement du dessin commence aussi à se répandre. Les maîtres des classes supérieures des écoles secondaires sont, dans la règle, des gradués d'une université ; ceux des classes inférieures sont des indigènes ayant reçu la préparation professionnelle des instituteurs primaires ; mais, vu la pauvreté de beaucoup d'écoles, on est obligé souvent d'y confier l'enseignement, dans les classes supérieures, à des maîtres qui n'ont pas fait d'études universitaires.

Dans la plupart des provinces il existe des écoles normales (training colleges) pour la préparation des maîtres de l'enseignement secondaire ; et dans celles où il n'en existe pas encore, on s'occupe d'en fonder. Dans quelques-unes de ces écoles normales, on reçoit des élèves qui n'ont passé d'autre examen que celui de l'immatriculation universitaire ou examen préliminaire ; mais là où il est possible, le niveau de l'admission est puis élevé. La durée des cours d'études des training colleges est de deux ans ; mais lorsqu'il s'agit de gradués, elle est réduite à une année.

Dans quelques universités, des grades spéciaux (teaching degrees) sont accordés aux gradués qui ont suivi un cours d'études normales Quelques-uns des headmasters (principaux) des écoles secondaires ont été recrutés en Europe et appartiennent au service de l'éducation de l'Inde (Indian Educational Service), mais la grande majorité sont des indigènes. Les traitements du personnel enseignant peuvent s'élever jusqu'à 500 roupies par mois, mais beaucoup de maîtres, parlant l'anglais, sont employés dans les écoles secondaires au taux de 50 roupies par mois, ou moins encore. Les meilleures écoles sont installées dans des bâtiments spécialement construits pour elles ; mais beaucoup des plus pauvres sont logées dans des maisons particulières qui ont été adaptées à leur usage. Il existe des internats convenablement surveillés, pour les élèves qui ne demeurent pas dans leur famille ; mais le nombre de ces internats est jusqu'à présent insuffisant.

La dépense totale annuelle des écoles secondaires est d'environ 117 lakhs de roupies ; la moitié environ de cette somme est fournie par la rétribution scolaire, un peu moins d'un tiers par les fonds publics, et le reste par le revenu de dotations, par des souscriptions et d'autres sources. La rétribution scolaire va de 8 annas par mois, dans les classes inférieures, à 3 roupies par mois dans les classes supérieures.

UNIVERSITES. — Les actes d'incorporation des cinq universités de l'Inde, à Calcutta, Bombay, Madras, Lahore et Allahabad, ont tous été révisés en 1904. Toutes ont la même situation légale, et les différences qui existent entre elles proviennent de règlements qu'elles se sont donnés elles-mêmes en vertu de leur autonomie. Elles donnent l'affiliation aux collèges, les inspectent, prescrivent les cours d'études pour les étudiants, font passer les examens et confèrent les grades ; elles ont également acquis, récemment, la faculté d'enseigner, dont elles n'usent encore que fort peu. Les pouvoirs de chacune d'elles s'étendent sur un territoire déterminé, et l'ensemble de ces arrondissements universitaires embrasse la totalité de l'Inde britannique. Elles admettent à leurs examens préliminaires (preliminary examination) des élèves provenant d'écoles reconnues ; aux examens pour l'obtention des grades sont admis presque exclusivement les étudiants des collèges affiliés ; ceux d'une autre provenance n'y sont admis que sur un arrangement spécial. Elles sont gouvernées par des sénats comprenant de 75 à 100 membres. Le chef du gouvernement, dans la ville qui est le siège de l'université, préside comme chancelier et nomme le vice-chancelier. Environ 80 membres du sénat sont nommés par le gouvernement ou sont sénateurs de droit ; les autres membres sont élus parle sénat, par les facultés ou par les gradués. L'exercice du pouvoir d'affilier ou de désaffilier des collèges, de faire ou d'amender des règlements, est soumis, dans chaque cas, à la sanction du gouvernement. Les membres du sénat sont nommés pour cinq ans ; les indigènes et les Européens y figurent en nombre à peu près égal. Les facultés sont la faculté des arts, celle des sciences, celle de droit, celle de médecine, celle de génie civil, et, à Lahore, celle des études orientales. Le pouvoir exécutif, dans chaque université, est exercé par un syndicat de douze à dix-huit membres ; le vice-chancelier et le directeur de l'instruction publique sont membres de droit, les autres membres sont élus. Pour être admis dans un collège affilié, l'étudiant doit avoir subi avec succès un examen d'entrée et avoir atteint l'âge de quinze ou de seize ans. Le cours d'études préparant à l'obtention des grades de la faculté des arts et de celle des sciences est de quatre années. L'étude du droit commence habituellement après que l'étudiant a pris ses grades dans la faculté des arts ou celle des sciences ; l'étude de la médecine peut commencer soit dès l'admission, soit plus tard, et dure de cinq à sept années ; l'étude du génie civil commence après deux années passées dans la faculté des arts ou celle des sciences, et dure trois ans. Le nombre des étudiants qui obtiennent des grades varie entre 1700 et 2000 par an. Les collèges affiliés qui donnent l'enseignement universitaire sont généralement placés dans les grandes villes, et quelques-uns d'entre eux sont réunis avec une école secondaire sous une même direction. De ces collèges, 23 sont administrés par les gouvernements provinciaux, 27 par des Etats indigènes, 5 par des autorités locales, et le reste par des corps privés. Sur les collèges administrés par des particuliers, 47 sont entretenus par des sociétés de missions, et le reste soit par des communautés de religion ou de race, comme les Musulmans, les Sikhs, etc., soit par des comités représentant les intérêts d'une localité ; un petit nombre sont la propriété d'un particulier. Sur un nombre total de 18 918 étudiants inscrits dans les collèges de la faculté des arts, 160 sont du sexe féminin. Les étudiants qui ne vivent pas dans leur famille résident dans le collège ou dans des pensionnats surveillés par les autorités du collège.

INSTITUTS TECHNIQUES. La principale industrie du pays, l'agriculture, est représentée par le Collège d'agriculture et Institut central de recherches établi à Pusa, en Bengale. Il est placé sous l'autorité du gouvernement suprême, et contient un personnel de chimistes, de mycologistes, d'entomologistes, de bactériologistes, de botanistes, d'économistes, et d'autres spécialistes. En relation avec ce collège central sont sept collèges provinciaux, qui donnent un cours d'instruction complet par lui-même, mais qui peut, si on le désire, préparer à l'admission à l'établissement de Pusa. C'est également sous l'autorité directe du gouvernement suprême qu'est placé l'enseignement de la sylviculture, donné dans l'Ecole forestière de Dehra Dun. Il y a aussi une Ecole forestière en Birmanie.

Pour l'enseignement de l'art vétérinaire, il y a des collèges provinciaux à Madras, Calcutta, Bombay, Lahore, et Bangoun ; le cours d'études y dure trois ans.

Il y a quatre écoles provinciales de beaux-arts, à Madras, Bombay, Calcutta et Lahore. On y donne deux genres d'enseignement : le dessin artistique proprement dit, et le dessin appliqué aux industries telles que celles du métal, de la laque ou du bois.

L'enseignement technique des sciences appliquées à l'industrie est, pour le moment, donné surtout au moyen de bourses permettant a des indigènes d'aller étudier dans les instituts techniques d'autres pays ; mais on s'occupe à organiser un Institut scientifique (Indian Institute of Science) d'un niveau élevé. Il existe des écoles techniques du degré intermédiaire, pour les mines, au Bengale, pour l'industrie textile à Bombay et au Bengale. A Madras il y a une école de tannage. Il y a également des écoles d'apprentissage pour l'éducation professionnelle des artisans : on en compte 147, avec 6820 élèves ; ces écoles n'ont exercé jusqu'à présent que peu d'influence sur le progrès des industries du pays ; mais leur extension et leur perfectionnement ont été, dans ces derniers temps, objet d'une étude attentive.

Bibliographie. Report of the Indian Education Commission, 1883. — Sir Alfred CROFT, Review of Education in India in 1886. — A. M. NASH, Progress of Education in In-dia, 1887-1888 to 1891-1892. — J. S. COTTON, Progress of Education in India, 1892-1893 to 1896-1897. — R. NATHAN, Progress of Education in India, 1897-1898 to 1901-1902. — Report of the Indian Universities Commission, 1902. —Indian Educational Policy, a resolution by the Government of India, issuedin 1904. — Indian Universities Act, VIII of 1904. — Occasional Reports of the Director General of Education in India : No. 1, Rural schools in the Central Provinces ; No. 2, Vernacular Reading Books in the Bombay Presidency, by J. G. COVERNTON. — Les publications ci-dessus ont été éditées par les soins du surintendant de l'Imprimerie du gouvernement, à Calcutta.

H. W. Orange