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Hygiène de l’écolier

Dans leur application aux choses scolaires, les préceptes de l'hygiène comprennent ce qui concerne, en premier lieu, le bâtiment de l'école, la salle de classe, le mobilier scolaire et le matériel d'enseignement ; en second lieu, l'écolier lui-même.

Pour les conditions hygiéniques auxquelles doit satisfaire la maison d'école, le local où les élèves reçoivent l'enseignement, le mobilier qui s'y trouve, etc., on consultera les articles Maisons d'école, Salle de classe, Mobilier scolaire, Matériel d'enseignement.

Mais il ne suffit pas d'assurer la bonne hygiène de la classe où quotidiennement, durant un certain nombre d'heures, l'enfant va séjourner pendant plusieurs années : il faut encore que l'occupant lui-même remplisse certaines conditions sanitaires indispensables tant pour la préservation de sa propre santé que pour empêcher qu'il ne devienne un danger pour la santé de ses petits camarades. Le maître devra bien connaître ces conditions : car si, dans les questions de construction, ou d'aménagement matériel, il ne peut, le plus souvent, émettre que des voeux, ici, nu contraire, son initiative, sa science, son dévouement peuvent s'exercer librement.

Conditions d'admission. — Pour être admis à l'école primaire, il faut avoir six ans révolus ; au-dessous de cet âge, l'enfant est reçu à l'école maternelle, où on l'occupe surtout en le distrayant. Avant l'âge de six ans, on ne saurait, en effet, imposer à l'enfant le silence et l'immobilité pendant longtemps, ni l'astreindre à un exercice de quelque durée ; il a besoin de mouvement, son esprit est mobile, et son attention ne saurait être fixée trop longtemps dans un même travail. Mais le chiffre de la population scolaire ne justifie pas dans toutes les communes la création d'une école réservée aux tout petits ; dans ce cas, le maître constituera, dans l'école primaire même, une petite section spéciale. Les exercices n'en seront pas les mêmes que ceux de la classe élémentaire ; ils seront de courte durée, et coupés par des récréations supplémentaires, de façon à se rapprocher, le plus possible, de l'emploi du temps d'une école maternelle.

La loi exige la vaccination dans les deux premiers mois de la naissance, et la revaccination à dix ans et à vingt et un ans. La prudence voudrait que l'enfant fût revacciné lors de son entrée à l'école (ce qui a d'ailleurs souvent lieu) et à sa sortie, vers treize ans. Le maître devra s'efforcer d'obtenir cette revaccination.

L'enfant ne devra être atteint d'aucune maladie susceptible de transmission. Ce contrôle est du ressort de l'inspection médicale. Celle-ci est chargée, par ses visites régulières, d'assurer l'état sanitaire satisfaisant de l'école. Il serait désirable de la voir enfin organisée partout. Mais il est évident que si, entre deux visites du médecin, l'attention du maître était attirée sur l'état de santé douteux d'un élève et qu'il craignît une affection contagieuse, il devra immédiatement réclamer l'examen médical de l'enfant.

A l'article Maladies, on trouvera les indications relatives aux maladies des enfants. Nous nous bornerons ici à rappeler l'existence de la circulaire du mois d'août 1908 adressée par le ministre de l'instruction publique aux préfets, circulaire relative aux précautions à prendre dans les établissements publics d'enseignement primaire contre certaines maladies contagieuses. Conformément à la décision adoptée par le Conseil d'hygiène et de salubrité du département de la Seine, la pelade a été retranchée du nombre des maladies contagieuses. Quelle que soit la maladie ayant déterminé l'éloignement de l'enfant, le maître devra s'efforcer d'obtenir, au retour de celui-ci, un certificat du médecin, constatant qu'il n'y a plus aucun danger pour les condisciples de l'écolier momentanément mis en quarantaine. C'est là un point d'intérêt général.

Accidents. — Des accidents fortuits peuvent se produire à l'école (blessures, syncopes, etc.). Il est bon que le maître, en attendant l'arrivée du médecin, puisse donner les premiers soins. Quelques notions de petite chirurgie et de thérapeutique élémentaire lui seront donc utiles, pour le cas où un de ses élèves viendrait à être victime d'un accident. Son intervention immédiate et opportune, notamment en cas d'hémorragie, pourra être de la plus grande importance.

Propreté. — La propreté de l'enfant est non moins nécessaire que celle de l'école. Le maître devra s'assurer que la figure, les oreilles, le cou, la tête, les mains des enfants sont propres. Il exigera que ceux dont l'état laisse à désirer aillent se laver à la fontaine, et il leur fera honte de leur négligence. Il agira sur eux moralement, en montrant que la propreté est un devoir, qu'elle est une question de dignité personnelle, qu'elle fait partie du respect dû à soi-même ; que l'école est un lieu où l'on doit avoir une tenue correcte. Il veillera donc également sur l'état des vêtements, des chaussures, et exigera qu'ils soient toujours propres. Il montrera que la propreté n'est nullement l'apanage du riche, fera comprendre qu'elle n'est pas un luxe, et expliquera que l'on peut toujours être propre, même avec des vêtements usés.

Repas. — Comme il existe rarement une pièce à usage de réfectoire, les enfants qui doivent manger à l'école prendront leurs repas dans le préau. Lorsque le temps le permettra, les fenêtres du préau seront ouvertes d'un côté, et, si le repas peut être pris en plein air, cela vaudra mieux encore. Lorsque la cantine scolaire ne fournira pas les mets, le maître devra se préoccuper de ce qu'auront apporté les enfants, pour signaler aux parents tout ce qu'il estimerait être défectueux. La durée du repas sera suffisante pour permettre de manger sans précipitation.

Bien entendu, les enfants se laveront les mains avant de se mettre à table.

Horaire scolaire. — « L'éducation intégrale, comprenant à la fois la culture physique, la culture intellectuelle et le développement moral, doit précisément avoir pour but de répartir équitablement les heures de la journée entre les soins de la culture intellectuelle et ceux de la culture physique, de façon à obtenir un développement harmonieux des facultés physiques et intellectuelles de l'enfant et de l'adolescent. » Tel doit être, d'après les docteurs Mathieu et Mosny, le but à atteindre. Pendant les récréations, une liberté absolue devra être laissée aux enfants ; ils devront jouer, courir, s'ébattre librement, sous la surveillance du maître naturellement. Les exercices de gymnastique ne devront, en aucun cas, être faits pendant le temps consacré à la récréation. Ils sont, certes, d'une utilité incontestable au point de vue physique, mais la récréation ne l'est pas moins ; chacun d'eux a son rôle important.

Punitions. — Le maître peut être dans l'obligation de punir, mais, dans aucun cas, la punition ne sera corporelle. S'il juge à propos de donner des pensums, ceux-ci devront être modérés ; ils ne doivent pas être d'une longueur démesurée, condamnant l'enfant à une immobilité de trop longue durée. Des pensums longs, donnés au même élève à jet continu, finissent par l'énerver, le fatiguer, en raison du travail supplémentaire qu'ils déterminent et de la privation d'exercices et de mouvements à laquelle est contraint l'élève puni.

Comme on le voit., le rôle du maître dans tout ce qui touche à l'hygiène des élèves est considérable ; et il est appelé à rendre, en ce domaine, des services non moins importants que ceux qui touchent à l'éducation intellectuelle et morale.

Armand Lévy