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Humanistes, humanités

Les Romains appelèrent humanité (humanitas) l'étude des lettres et des arts libéraux, par laquelle l'homme se distingue de la brute et s élève à la véritable dignité de sa nature : Humanitas, id est institutio in bonas artes, quas qui sinceriter capiunt appetuntque, hi sunt vel maxime humanissimi. Hujus enim scientiae cura et disciplina ex universis animantibus uni homini data est : idcircoque humanitas appellata est (Aulu-Gelle, XIII, 16). Lorsqu'au sortir du moyen âge les lettrés italiens, à l'exemple de Pétrarque, s'éprirent tout d'un coup de la belle antiquité, et lui vouèrent un culte enthousiaste, ils se donnèrent à eux-mêmes le nom d'humanistes : Pétrarque, Politien, Marsile Ficin, Paul Jove, Alde Manuce, le cardinal Bembo, etc., du quatorzième au seizième siècle, furent les coryphées de ce grand mouvement intellectuel qu'on a appelé à juste titre la Renaissance ; ils eurent pour émules en France les Budé, les Dolet, les Casaubon, les Dorat, les Rabelais, les Estienne, les Scaliger ; en Allemagne, les Agricola, les Erasme, les Reuchlin, les Ulrich de Hutten, les Mélanchthon, les Sturm. Plus tard, on appela plus spécialement humanités, dans les collèges classiques, cette portion des études qui comprend la partie littéraire proprement dite, et qui va de la troisième à la philosophie : c'est dans ce sens que l'on dit encore aujourd'hui « faire ses humanités ».

En opposition à la tendance exclusivement littéraire de la plupart des humanistes, il s'est produit sous le nom de réalisme, à partir 'du dix-septième siècle, un courant d'opinion dont les principaux représentants furent à l'origine Bacon, Coménius, Gassendi, Locke, Francke, et les fondateurs de la Realschule en Allemagne. La lutte entre les champions de l'éducation classique et littéraire et ceux de l'éducation scientifique et réale dure encore de nos jours : nous renvoyons le lecteur, pour de plus amples développements sur ce sujet, à l'article Réalisme et Humanisme.