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Hongrie

Le royaume de Hongrie, qui constitue l'une des deux moitiés de l'Empire austro-hongrois, est depuis 1867 en union réelle avec l'empire d'Autriche, et non plus en union personnelle seulement : c'est-à-dire qu'outre la personne du monarque, qui réunit sur sa tête les deux couronnes, ces pays ont en commun trois objets, à savoir: les affaires étrangères, l'armée, et, pour les finances, les budgets qui se rapportent à l'administration de ces deux départements.

La superficie de la Hongrie est de 325 305 kilom, carrés, dont 282 804 pour la Hongrie propre, et 42 501 pour la province autonome de Croatie-Slavonie. La population totale de la Hongrie est de 19 254 559 habitants, dont 16 838 255 pour la Hongrie propre, et 2416304 pour la Croatie-Slavonie. Cette population de 19 254559 habitants se répartit de la façon suivante au point de vue des nationalités : Magyars (Hongrois), 8 742 301 ; Roumains, 2 799 479: Allemands, 2135 181 ; Slovaques, 2019649 ; Ruthènes, 429 447 ; Croates et Serbes, 2 730 749.

Nous consacrons la première et la principale partie du présent article à la Hongrie propre. Une deuxième partie est consacrée (p. 812) à la province autonome de Croatie-Slavonie.

PREMIERE PARTIE. ? Hongrie propre.

Nous empruntons la plupart des renseignements donnés ci-après sur l'instruction publique en Hongrie à un document officiel qui a été publié par le ministère royal hongrois des cultes et de l'instruction publique en 1908.

I. Résumé historique. ? ECOLES PRIMAIRES. ? 1. Les origines jusqu'au règne de Marie-Thérèse. ? L'instruction primaire est, en Hongrie, contemporaine de l'introduction du christianisme, c'est-à-dire des origines mêmes du royaume. Dans les débuts toutefois, et pendant plusieurs siècles, elle ne fut point accessible aux enfants du peuple : les écoles où ces derniers auraient pu acquérir des connaissances élémentaires appartenaient, comme dans la plupart des autres nations de l'Europe, au clergé. Les classes de la société qui ne se rattachaient pas à l'Eglise ou ne relevaient pas directement de son autorité, ne ressentaient donc que d'une façon lointaine et détournée les bienfaisants effets de l'instruction. Celle-ci s'étendait alors des éléments du savoir jusqu'aux connaissances scientifiques ; mais les degrés n'étaient pas assez nettement marqués pour qu'on pût les distinguer de façon spéciale et les catégoriser suivant leur importance.

Lorsque le premier roi de Hongrie, saint Etienne (997-1038), décréta la création des paroisses, il confia en même temps aux prélats la mission d'y adjoindre des écoles où l'on enseignerait au moins aux enfants les principes de la religion et la lecture. Saint Gérard, son évêque apostolique, entretint une école que dirigeait maître Walter, dont on peut dire qu'il fut, réellement, le premier instituteur primaire de la Hongrie : il enseigna à une vingtaine d'enfants la lecture, la grammaire et la musique. Plus tard, lorsque s'accrut le nombre des élèves, saint Gérard fit venir de Székesfehérvàr, résidence des rois de Hongrie, des prêtres à qui il confia la charge de maîtres d'école. Dans les paroisses et les monastères, ce furent toujours des ecclésiastiques, réguliers ou séculiers, qui eurent mission d'enseigner les connaissances élémentaires, principalement pour préparer les enfants à poursuivre leurs études dans les écoles supérieures. On possède de nombreux renseignements attestant l'existence de ces dernières.

La masse de la nation demeurait toutefois privée d'instruction. Le synode d'Esztergom, qui se réunit en 1114, défendit expressément d'instruire les enfants de peuple (quemcunque de civili populo).

Le nombre des écoles augmenta néanmoins dès le treizième siècle, où doit être placé le point de départ du développement de la vie sociale en Hongrie. Sous les règnes de Louis le Grand (1342-1382), de Sigismond (1395-1437) et de Mathias (1457-1490), l'enseignement prit un grand essor. Nous connaissons les noms de 102 écoles existant à cette époque et presque exclusivement situées dans les communes constituant des centres d'industrie et de commerce, ou servant de résidence à des évêques ou à des chapitres.

L'humanisme et la Réforme modifièrent de fond en comble l'enseignement primaire en Hongrie, soit en supprimant tout simplement l'ancienne école chrétienne du moyen âge, soit en y apportant de profonds changements. L'humanisme enrichit d'éléments nouveaux l'enseignement secondaire et supérieur ; la Réforme, de son côté, jeta les bases de l'enseignement primaire moderne.

La Réforme fut importée par les Saxons de Hongrie et de Transylvanie, qui étaient en constantes relations commerciales avec l'Allemagne. Favorisés par les troubles qui suivirent la catastrophe de Mohàcs (1526), les protestants organisèrent leurs écoles élémentaires et s'efforcèrent de les répandre dans tout le pays ; si bien que, vers la fin du seizième siècle, les églises de Luther et de Calvin avaient pris le dessus sur l'Eglise catholique. La Réforme ayant mis la Bible entre les mains du peuple, savoir lire et écrire devint pour les cultes protestants une condition vitale ; d'autre part, l'organisation scolaire des réformateurs allemands et suisses était, pour la création des écoles primaires de Hongrie, un modèle tout indiqué. La rapide et considérable extension du protestantisme obligea l'Eglise catholique, pour se maintenir, à entreprendre une action vigoureuse. L'archevêque d'Esztergom, Nicolas Olàh, ordonna que chaque paroisse devrait avoir désormais son maître d'école (ludimagister). Le concile de 1560 enjoignit aux curés de chaque paroisse d'avoir à enseigner à leurs ouailles les éléments de la religion catholique, et aux maîtres d'école d'apprendre à leurs élèves toutes les connaissances d'utilité publique. La Diète de 1548 décréta que la fortune des monastères détruits au cours des guerres incessantes qui troublèrent cette époque serait uniquement employée dans un but scolaire.

Aux seizième et dix-septième siècles, la Hongrie put s'enorgueillir de quelques savants pédagogues, tels Paul Kereszturi (1589-1655), qui fut précepteur des enfants du prince George Ràkoczi Ier ; J. Apàczai Csere, disciple de Descartes, et auteur d'une Logique et d'une Encyclopédie hongroise, oeuvre remarquable pour ce temps ; enfin Paul Jàszberényi, qui étudia d'abord à l'université d'Oxford, puis s'établit à Londres où il fonda et dirigea une école fréquentée par les jeunes gentilshommes.

Le dix-septième siècle fut pour la Hongrie une période de luttes cruelles et sans répit. Le royaume avait à se défendre tantôt contre les Turcs qui avaient envahi son territoire, tantôt contre la maison de Habsbourg qui cherchait à lui ravir son indépendance. Lorsque la paix fut enfin rétablie, le gouvernement, qui soutenait en secret la réaction catholique, s'efforça de faire entrer de plus en plus dans ses attributions la question scolaire. La loi LXXIV de 1715 donna au roi la haute surveillance de l'enseignement. C'est dans la même année que fut créé par la Diète le Conseil de lieutenance (Helytartotanacs), au sein duquel une commission spéciale était chargée de toutes les questions scolaires.

2. De Marie-Thérèse à la révolution de 1848. ? L'impératrice Marie-Thérèse (1740-1780), instruite par l'exemple de son grand ennemi le roi de Prusse Frédéric II, et comprenant que c'était surtout par la parfaite organisation de l'instruction publique qu'un peuple pouvait mettre en valeur ce qu'il a conquis à main armée, publia en Autriche sa fameuse Schulverordnung. Par cette ordonnance, Marie-Thérèse faisait de l'instruction publique une question d'Etat et décidait que son organisation devait être dirigée par le gouvernement ; les principes de l'ordonnance devaient être rigoureusement exécutés, dût-on même avoir recours à la force armée. L'organisation scolaire pour la Hongrie, ou Ratio educationis totiusque rei litterariae per regnum Hungariae et provincias eidem annexas, ainsi qu'on la dénomma, ne fut qu'une autre édition de l'ordonnance scolaire autrichienne ; elle fut mise en vigueur en l'année 1777, non par un vote de la Diète, mais par un décret royal, spécialement rendu à cet effet. Rien que cette décision de la couronne fût anticonstitutionnelle, on ne peut s'empêcher de constater qu'elle fut la base qui permit à l'instruction publique hongroise de se développer, jusqu'en 1848, tant au point de vue de l'organisation scolaire proprement dite qu'en ce qui touche aux questions didactiques.

L'enseignement primaire, dans la nouvelle réglementation, occupait une place prépondérante. Les écoles primaires se divisaient en trois catégories, savoir :

1° Les écoles rurales (scoloe pagorum), comportant une salle de classe et dirigées par un maître d'école. On y enseignait obligatoirement : la religion, la lecture, l'écriture, le calcul, ainsi que les connaissances usuelles en matière domestique ; et facultativement les langues latine et allemande ; 2° Les écoles de petites villes (scholae oppidanae), comportant deux salles de classe dirigées chacune par un maître. L'enseignement était le même que dans les écoles rurales, sauf que l'étude de l'allemand était obligatoire ;

3° Les écoles de grandes villes (scholae urbanae), comportant trois salles de classe et trois maîtres. En dehors des matières déjà mentionnées, l'instruction comprenait l'économie domestique et rurale et les premiers éléments de droit civil. On y enseignait d'une manière facultative le latin, le dessin linéaire, la physique et la géométrie.

Certains de ces derniers établissements étaient chargés en outre de former des instituteurs, et portaient pour cette raison le nom d'écoles de premier ordre ou normales (scholae primariae seu normales), et l'on y enseignait les mêmes matières que dans les écoles ci-dessus désignées, mais dans une mesure plus large et plus complète.

Ce décret de Marie-Thérèse ne se prononçait pas sur l'obligation de créer des écoles, pas plus qu'il ne, contraignait les familles à faire instruire leurs enfants ; il se bornait à encourager la création d'établissements scolaires dans les communes, indiquant qu'il serait désirable que les enfants les fréquentassent depuis l'âge de six ans jusqu'à celui de quatorze environ.

La direction supérieure de l'instruction publique était confiée au Conseil de lieutenance créé en 1715. Le royaume était divisé en neuf districts d'enseignement, à la tête de chacun desquels était placé un directeur, chargé de la surveillance immédiate et de l'exécution des arrêtés du Conseil. Tout directeur de district était assisté d'un inspecteur.

Le successeur de Marie-Thérèse, Joseph II, abolit la constitution hongroise, et, avec cette hardiesse qu'on retrouve chez tous les réformateurs de cette époque, il fit subir à toutes les branches de l'administration les modifications que son esprit avait conçues, les transformant de fond en comble. Il conserva toutefois en Hongrie le décret qu'avait rendu sa mère comme base des changements qu'il apporta à l'instruction publique. Ce qui caractérise cette réorganisation, c'est qu'en l'accomplissant Joseph Il devança de beaucoup son époque : on peut toutefois lui reprocher de ne s'être pas assez accordé avec les nécessités de son temps. C'est ainsi qu'ayant décrété l'enseignement obligatoire pour tous les enfants de six à douze ans, il s'efforça de faire prévaloir ce principe en infligeant aux parents délinquants des pénalités bien trop sévères. D'un autre côté, voulant affranchir l'école de la prépondérance ecclésiastique, il tenta de créer des écoles entretenues directement par les communes, qui, échappant à la tutelle de l'Eglise, pussent être fréquentées par tous les enfants sans distinction de cultes.

Ces deux décrets, loin d'obtenir les résultats qu'espérait Joseph II, causèrent un malaise général ; le mécontentement s'accrut encore en Hongrie, lorsqu'il fut ordonné que l'allemand serait désormais la langue exclusive dans laquelle l'enseignement serait donné. On sait qu'à son lit de mort, reconnaissant les erreurs commises, Joseph II abolit tout ce qu'il avait institué durant sou règne.

Son successeur Léopold II (1790-1792) fut obligé de rétablir la constitution hongroise. L'unique Diète qui se réunit sous son règne rendit aux protestants la liberté de culte, et par conséquent la libre disposition de leurs écoles. En même temps l'assemblée déclarait obligatoire l'enseignement de la langue hongroise et désignait une commission spéciale chargée d'élaborer un nouveau projet de loi sur l'instruction publique.

A dater de cette époque, catholiques et protestants marchent séparément en Hongrie, chacun s'efforçant de son côté de développer son système d'éducation selon ses idées et de multiplier ses écoles suivant ses moyens. En 1806, François Ier (1792 1836) publie la seconde Ratio educationis, qui réglemente principalement toutes les questions d'ordre scolaire au point de vue catholique. Au point de vue hongrois, ce décret n'a pas moins d'importance, car : 1° il ne prescrit plus l'enseignement obligatoire de la langue allemande ; 2° il se préoccupe, pour la première fois, de l'éducation des jeunes filles.

Il importe de signaler aussi la réglementation, connue sous le nom de Systema scholarum, qu'édicta en 1845 Ferdinand IV (Ferdinand Ier en Autriche) ; celle-ci divisa l'école primaire en cinq classes, et imposa en outre aux communes d'abord, puis aux grands propriétaires, l'obligation de créer des écoles. Elle précisa également les conditions de service des instituteurs, auxquels elle assura, après trente années d'enseignement, le bénéfice d'une retraite égale au montant de leurs traitements ; mais la plus importante de ces dispositions concerne la création d'écoles normales, où devaient se faire des cours d'une durée de deux ans.

C'est ainsi que prit fin la deuxième période. Il existait à cette époque en Hongrie 8863 écoles primaires dirigées par 9049 instituteurs, avec un total de 671 776 élèves.

3. De 1848 à nos jours. ? 1848 est une année célèbre en Hongrie, car c'est celle où fut proclamée l'indépendance nationale. Jusqu'à cette époque, comme on l'a pu voir, la question de l'instruction primaire était d'ordre essentiellement politique ; ce n'est qu'avec la proclamation de l'indépendance qu'elle devint véritablement nationale. Le baron Joseph Eötvös, qui fut le premier ministre de l'instruction publique de la Hongrie, élabora un projet de loi destiné à donner au pays une instruction primaire moderne et nettement nationale. La défaite de la révolution mit obstacle à la réalisation de ce projet. Alors commença une ère de réaction : le royaume de Hongrie fut morcelé en provinces autrichiennes.

Le 9 octobre de l'année suivante (1849), le comte Léon Thun, ministre de l'instruction publique de l'Empire, promulgua la loi qui reçut le nom de Organisations-Entwurf, et différents arrêtés impériaux réglementèrent les écoles primaires. Toutes ces mesures eurent pour résultat d'inféoder entièrement l'instruction publique à l'Eglise catholique, et le ministre fit les plus grands efforts pour germaniser les écoles primaires. Il voulait même supprimer l'emploi de la langue hongroise dans les petites écoles de village.

En 1859, le budget consacré par le gouvernement autrichien à l'enseignement primaire en Hongrie se montait au chiffre dérisoire de 69 000 florins. On conçoit qu'un tel système n'ait pu, durant les dix années qu'il demeura en vigueur, donner que des résultats insignifiants.

La malheureuse guerre de 1859 contre l'Italie ébranla fortement la puissance des Habsbourg. L'année suivante, le roi François-Joseph tenta pour la première fois de rétablir la vie constitutionnelle ; mais ses efforts n'aboutirent pas, et c'est seulement en 1867, après la défaite de l'Autriche à Sadowa, que fut conclu le compromis qui régit encore aujourd'hui les relations de l'Autriche avec la Hongrie. Le baron Joseph Eötvös fut de nouveau nommé ministre de l'instruction publique : il déposa alors son projet de loi touchant la réorganisation de l'enseignement primaire, projet qui devint, après son adoption, la loi du 5 décembre 1868 (loi XXXVIII de 1868). C'est cette même loi qui régit encore aujourd'hui l'instruction publique du royaume et qui a servi de base à toutes les dispositions législatives ultérieures.

En 1875, le Parlement hongrois vota une loi (loi XXXII de 1875, modifiée par la loi XLIII de 1891) concernant la caisse de retraites et de secours poulles instituteurs ; l'année d'après (1876), ce fut le tour de la loi sur les autorités scolaires dans l'enseignement primaire (loi XXVIII de 1876) ; puis vint, en 1879, la loi sur l'enseignement obligatoire de la langue hongroise (loi XVIII de 1879) ; et enfin, en 1893, la loi réglementant le traitement des instituteurs (loi XXVI de 1893).

Ajoutons encore que le ministre de l'instruction publique a déposé, à la date du 18 octobre 1904, un projet contenant de nombreux amendements aux lois que nous venons de mentionner, lequel projet, après avoir' subi lui-même quelques changements, fut présenté, en 1905, au Conseil supérieur de l'instruction publique. Sur la proposition du comte Albert Apponyi, ministre actuel de l'instruction publique, le Parlement a encore voté les lois suivantes : la loi XXVI de 1907, sur la curatelle scolaire et le règlement disciplinaire des instituteurs ; la loi XXVII de 1907, sur les écoles n'appartenant pas à l'Etat ; et enfin la loi XVII de 1907, touchant l'organisation des études dans les écoles dont le hongrois n'est pas la langue d'enseignement.

ECOLES SUPERIEURES. ? La Hongrie doit sa première université au roi Béla III, qui l'institua à Veszprém d'après le modèle de l'université de Paris (prout Parisiis in Francia), vers l'année 1180 probablement. On ignore comment et pourquoi elle disparut.

Pour retrouver une fondation analogue, il faut descendre jusqu'à la seconde moitié du quatorzième siècle : nous voyons, en effet, qu'en 1367 le roi Louis le Grand institua à Pécs une université où était enseigné principalement le droit civil et le droit canon. Mais, bien que l'université ait été fondée avec l'approbation du pape Urbain V, elle ne comprenait pas de chaire de théologie ; c'est seulement en 1465 que le roi Mathias obtint du pape Paul II l'autorisation d'y établir une Faculté de théologie. La durée de cette université fut assez brève ; elle disparut lorsque les Turcs s'emparèrent de la ville en 1573.

Une autre université, celle de O-Buda, fut instituée sous le règne de Sigismond et par les soins de ce prince, probablement vers 1389. L?enseignement comprenait, outre l'étude du droit et de la théologie, celle de la médecine. L'université de O-Buda ne subsista que pendant le règne de son fondateur et disparut après sa mort.

Au quinzième siècle, deux fondations nouvelles sont à noter, toutes deux dues au roi Mathias qu'encourageait Jean Vitéz, le célèbre archevêque d'Esztergom : ce sont les universités de Pozsony et de Bude, qui comprenaient les facultés de théologie et de philosophie.

Au seizième siècle, sous l'influence de la Réforme, un grand courant intellectuel prit naissance en Hongrie, fécondant les diverses parties du royaume. L'activité qui se manifesta alors eut pour résultat immédiat le développement des milieux scientifiques déjà existants ou la création de centres nouveaux d'instruction. C'est ainsi qu'en 1531 la famille Perényi jetait les fondements de l'école protestante de Sàrospatak, laquelle devait bientôt s'élever au rang d'école supérieure et devenir célèbre par les soins que lui consacra le prince George Ràkoczi Ier et sa femme Susanne Loràntfi. Trente-huit ans plus tard, Sigismond-Jean, prince de Transylvanie, entrait en relation avec l'illustre professeur du Collège de France Pierre Ramus, dans le but de fonder une université ; mais la mort de Ramus (1572) vint contrarier ce projet. Ce n'est qu'en 1581 qu'Etienne Bàthory parvint à créer une académie à Kolozsvàr. Vers la même époque (1588), une école supérieure réformée fut instituée à Debreczen sur le modèle de l'université de Wiltenberg, comprenant des chaires de philosophie, de théologie et de philologie.

L'année 1635 vit la fondation d'une université nouvelle. C'est l'archevêque d'Esztergom, Pierre Pàzmàny, qui en assura la réalisation par un don de 200 000 couronnes. Elle était située dans la ville de Nagy-Szombat et dirigée par les Jésuites. Ferdinand II la combla de privilèges et tint à présider à son inauguration. La théologie et la philosophie étaient enseignées dans cet établissement. Identique à l'université de Nagy-Szombat fut l'école supérieure de Kassa que créa, en 1657, Benoît Kisdi, évêque d'Eger ; sous la dénomination de Studium générale, elle se maintint dans un état très florissant entre les mains de la Compagnie de Jésus jusqu'en 1773, année où l'ordre fut expulsé du royaume.

Dès le début du dix-septième siècle, Gàbor Bethlen, prince de Transylvanie, créait une école supérieure réformée, le collège de Gyulafehérvàr, que le prince Apaffy fit transférer plus tard à Nagy-Enyed. Quant à l'école supérieure évangélique d'Eperjes, dont la fondation remonte à cette époque, elle date de 1667.

Le principe de toutes ces écoles supérieures était : Schola est accessorium ecclesiae ; il témoigne nettement de leur caractère ecclésiastique. Ce n est qu'au dix-huitième siècle que l'Etat commence à étendre son autorité sur les établissements d'enseignement supérieur. Ce fut l'université catholique de Nagy-Szombat qui fut rattachée la première à l?Etat. D'abord transférée à Bude (1780), puis à Pest, elle est aujourd'hui la première école supérieure de la Hongrie et porte le nom d'Université royale de Budapest. Au dix-septième siècle avait été créée une troisième faculté, celle de droit. Marie-Thérèse, en faisant de l'université un établissement royal, l'enrichit d'une faculté de plus, celle de médecine. Vers 1783, Joseph II transféra de Bude à Pest trois des facultés (philosophie, médecine et droit) et profita de cette circonstance pour rattacher au séminaire de Pozsony la quatrième faculté ; celle de théologie. Avec l'empereur François on revint à l'organisation primitive, c'est-à-dire que l'université se composa comme auparavant des quatre facultés.

En 1848, l'université fut soumise à l'autorité directe du ministre de l'instruction publique par la même loi qui proclamait la liberté de l'enseignement et des études. Quelques changements furent apportés à cet état de choses par la loi intérimaire de 1849, c'est-à-dire pendant la période de 1' « absolutisme » (on désigne ainsi la période qui suivit la réaction de 1848 et qui dura jusqu'à 1867) ; depuis lors, la situation de l'université a été exactement celle dans laquelle elle se trouve aujourd'hui.

A côté de l'université de Budapest, il faut citer l'université royale de Kolozsvàr, datant de 1872 (loi XIX) et qui ne diffère de la précédente qu'en ce qu'elle ne possède pas de faculté de théologie et se compose seulement des quatre facultés suivantes : sciences politiques et droit ; médecine ; philosophie, langues et sciences historiques ; mathématiques, sciences naturelles et physiques.

Ecole polytechnique royale. ? L'enseignement en Hongrie des sciences techniques ne date que de la fin du dix-huitième siècle : il débuta réellement avec l'organisation de l'Ecole des ponts et chaussées (Mérnöki inlézet), qui fut rattachée en 1782 à l'université de Bude. Le cours d'études durait trois années, et comprenait les matières suivantes : géométrie pratique, mécanique, hydrodynamique, hydrotechnique et dessin. Mais cet établissement ne satisfaisant pas aux exigences, chaque jour grandissantes, de l'enseignement technique, on y remédia en 1844 par la fondation de l'Ecole industrielle appelée « du palatin Joseph » (Josef ipartanoda), dont la direction était entre les mains du gouvernement ; la langue d'enseignement fut le hongrois ; cette école comprenait un cours préparatoire d'un an et trois sections diverses, section d'industrie, section d'économie rurale, section commerciale, où la durée des cours était de deux années. L'Ecole des ponts et chaussées et l'Ecole industrielle fusionnèrent en 1850 sous le nom d'Ecole technique ; celle-ci, sept années plus tard, fut élevée au rang d'Ecole polytechnique. Cet établissement fut assimilé, le 10 juillet 1871, aux Ecoles polytechniques de l'étranger, ses études ayant alors une durée de cinq ans, qui fut ramenée à quatre en 1882, époque où l'on supprima également le cours préparatoire. A l'exception de quelques changements insignifiants survenus en 1889, 1891, 1892 et 1898, l'Ecole polytechnique est toujours régie suivant cette dernière organisation.

Académie royale des mines et forêts de Selmecz-banya. ? Cette académie n'était, depuis 1755, qu'une simple école de mineurs, lorsqu'elle subit une première transformation sous le règne de Marie-Thérèse, qui l'éleva en 1763 au rang d'école supérieure. Elle fut sept années plus tard (1770) promue au rang d'académie, et acquit rapidement une grande renommée, si bien qu'à partir de 1780 de nombreux étrangers la fréquentèrent. Des cours de sylviculture y furent institués en 1838, époque où elle prit le nom d'Académie des mines et forêts, qu'elle a porté depuis lors.

Les derniers règlements concernant cette école datent de 1895. Depuis 1868, renseignement y est donné en langue hongroise.

Académies royales de droit. ? Elles furent créées conformément aux prescriptions de la Ratio educationis de 1777, et comprirent d'abord deux années d'études pour la philosophie et deux autres années pour le droit. Leur organisation fut modifiée successivement en 1850 et en 1855 : les cours de philosophie furent d'abord supprimés, puis on augmenta d'un an la durée des études de droit.

Ecoles supérieures de théologie. ? On doit le premier grand séminaire de Hongrie à saint Etienne, qui le fonda dans le couvent des bénédictins de Pannonhalma. Le nombre de ces établissements s'accrut avec le temps, mais nous ne possédons aucun renseignement sur la manière dont ils furent créés et organisés. On sait seulement que le concile de Trente ordonna que chaque diocèse devrait instituer un séminaire et publia un règlement à ce sujet. L'archevêque Nicolas 0làh fonda alors le séminaire de Nagy-Szombat.

La première école reformée de théologie fut fondée en 1550, à Sàrospatak. L'école supérieure réformée, créée à Debreczen en 1558 à l'instar de l'université de Wittenberg, comprit aussi une chaire de théologie. En 1629, le prince de Transylvanie Gàbor Bethlen créa un cours de théologie aux établissements d'enseignement supérieur de Papa et de Gyulafehérvàr. Les écoles réformées de Pest et de Kolozsvar datent, la première de 1855, la seconde de 1895.

Ce n'est qu'au dix-huitième siècle que des cours spéciaux de théologie luthérienne furent inaugurés ; et on doit attendre le milieu du dix-neuvième siècle pour constater la fondation d'écoles à Pozsony et à Eperjes ; en 1861 fut fondée celle de Sopron. L'école de Pozsony fut transformée en 1882 en école supérieure luthérienne de théologie.

L'Eglise unitaire, fondée en Hongrie en 1566, put bientôt établir un séminaire à Kolozsvar où l'on forma des prêtres de cette confession ; cette école devint école supérieure en 1847.

L'enseignement théologique israélite se borna pendant longtemps à des leçons particulières données à quelques jeunes gens choisis par les rabbins, qui leur commentaient le Talmud et leur expliquaient la signification des rites principaux. Ce n'est qu'au milieu du dix-neuvième siècle que l'école des rabbins de Pozsony obtint le droit d'enseigner publiquement. La fondation du grand séminaire israélite de Budapest ne date que de 1877.

Autres écoles supérieures. ? Mentionnons encore les écoles supérieures suivantes :

1° Ecole normale nationale de dessin, fondée en 1871:

2° Ecole royale de peinture pour les femmes, dont la création fut due au ministre Auguste Tréfort (1885) ;

3° Ecole nationale de musique (1875) ;

4° Ecole nationale d'art dramatique (1875).

ECOLES SECONDAIRES. ? Nous possédons très peu de renseignements sur le nombre et l'organisation de ces écoles en Hongrie pendant le moyen âge. Ladislas Kun écrivit bien dans une lettre datée du 18 novembre 1276 : « Depuis le moment où la religion catholique commença à se répandre en Hongrie, la culture des arts libéraux devint aussi florissante à Veszprém qu'en France, à Paris ». Comme le fait judicieusement remarquer M. Ernest Finaczy dans son ouvrage Le passé et le présent de l'école secondaire en Hongrie, cela semble exagéré ; il n'en est pas moins certain qu'un certain nombre de ces écoles existaient déjà à cette époque, organisées sur le modèle de celles de l'Europe occidentale, ainsi que le prouve leur réglementation particulière. L'enseignement était divisé, comme partout, en deux portions successives : le trivium et le quadrivium. Les écoles différaient entre elles par leur dénomination : on désignait les unes sous le nom d'écoles épiscopales ; d'autres, sous celui d'écoles capitulaires ; d'autres, sous celui d'écoles monastiques. Leur enseignement, dirigé par des religieux, était à peu près identique. C'est tout ce que nous savons touchant l'enseignement secondaire à l'époque des Arpad et des Anjou. Ce système atteint son apogée sous le règne du roi Mathias ; mais la défaite de Mohacs devait anéantir tout cela.

La Réforme et l'humanisme donnèrent une impulsion nouvelle aux écoles secondaires. Commencé en Transylvanie, le mouvement se répandit de là dans toute la Hongrie, progressivement, si bien qu'il ne tarda pas à susciter la rivalité des écoles catholiques. En 1554, Nicolas Olah, primat de Hongrie, attira dans le royaume la Compagnie de Jésus et remit en ses mains tout l'enseignement secondaire. La réussite des Jésuites fut telle qu'à l'époque de leur expulsion, c'est-à-dire en 1773, ils possédaient déjà 41 grands collèges, sans compter un nombre considérable d'internats. Leurs établissements les plus célèbres furent ceux de Nagy-Szombat et de Kassa.

En 1650, le prince de Transylvanie Sigismond Ràkoczy appela le célèbre pédagogue Coménius et le chargea d'organiser à Saros-Patak un collège modèle. Coménius exposa son plan dans un ouvrage intitulé Scholae pansophicae classibus septem adornandae delineatio (Voir Coménius) ; mais la mort du prince, arrivée en 1654, empêcha la réalisation de ce projet.

Les principes philosophiques qui caractérisent le dix-huitième siècle furent cause de l'avènement en Hongrie d'un enseignement à tendance plus indépendante : les théories de Descartes, entre autres, eurent leur répercussion dans le pays, où elles exercèrent bientôt une influence prépondérante. Un ordre religieux, celui des Piaristes, qui succéda aux Jésuites, introduisit dans le royaume des branches nouvelles d'enseignement, principalement au point de vue philosophique. Enfin, le décret Ratio educationis, intervenu en 1777, contribua beaucoup à moderniser l'enseignement secondaire. Les principales innovations qu'il apporta consistèrent, d'abord à partager le royaume en douze académies, dont chacune devait être inspectée par un directeur supérieur ; puis à séparer bien nettement les études primaires des études secondaires ; à diminuer la durée de l'enseignement qui, de six années d'études classiques, fut réduit à cinq, celles-ci complétées néanmoins par deux années de philosophie ; à placer chaque classe sous la direction d'un professeur spécial ; enfin, à former des professeurs pour l'enseignement secondaire.

Mais toutes ces innovations, Joseph II les supprima d'un trait de plume. A la mort de ce souverain et sous l'influence d'une réaction de l'esprit national, la Diète, convoquée à l'occasion de l'avènement de Léopold II (1790), fit valoir les droits de la nation à organiser librement son instruction publique. C'est ainsi que la loi XVI de 1791 et la loi VII de 1792 prescrivirent l'enseignement obligatoire de la langue hongroise dans les écoles. La seconde Ratio educationis, qui fut promulguée en 1806, introduisit quelques innovations ; l'enseignement secondaire fut réparti en trois parties distinctes : la première, de quatre années, comprenait le cours de grammaire ; la seconde, de deux années, l'ensemble des matières dénommées les humanités ; la troisième, d'une même durée, le cours de philosophie. Pour les écoles protestantes, la division était la même que pour les écoles catholiques.

Dès 1840, la langue nationale avait fait valoir ses droits ; aussi, quatre ans plus tard, par la loi II de 1844, le hongrois devint-il la langue officielle de l'enseignement. Changement radical de système pendant la période de l'absolutisme, la haute direction émanant alors de Vienne. L'enseignement secondaire fut divisé à cette époque en écoles secondaires inférieures et supérieures ; de plus, au système du professeur unique enseignant dans chaque classe toutes les matières, se substitua celui du professeur spécialiste, chargé d'enseigner l'une ou l?autre des matières. A la fin de la huitième année d'études, l'élève subissait l'examen de maturité.

A côté des gymnases existaient des établissements appelés écoles réales, dont l'enseignement ne durait que six ans, jusqu'en 1875 tout au moins, époque où le temps des études s'accrut de deux années.

Ce système, mis en vigueur sous l'ère politique de l'absolutisme, persista jusqu'en 1883 et ne fut modifié que par la loi XXX de cette même année, que rédigea le ministre de l'instruction publique Auguste Tréfort. L'enseignement secondaire en Hongrie est encore aujourd'hui placé sous le régime de 1883.

ECOLES SUPERIEURES DE JEUNES FILLES. ? On peut dire que, jusqu'au dix-neuvième siècle, l'éducation des jeunes tilles hongroises s'est faite au sein des familles. Marie-Thérèse, il est vrai, dans la Ratio educationis de 1777, s'inquiéta déjà de leur instruction ; mais, jus qu'au décret de même nom qui parut en 1806, ces prescriptions restèrent lettre morte. Cela ne signifie pas qu'il n'existât dans le royaume aucun établisse ment d'éducation féminine. En 1770, par exemple, la reine avait installé au château royal de Bude un établissement dirigé par les Dames anglaises. Depuis cette époque, quelques autres écoles de jeunes filles furent constituées par l'initiative privée. Notons l'école créée à Bude en 1843 par Louis Folnesics et en 1845 celle destinée par la comtesse Blanche Teleky à l'éducation des filles de magnats et qui subsista jus qu'à la révolution de 1848.

Mais l'éducation des jeunes filles ne fut vraiment réglementée d'une façon sérieuse que par la loi de 1868 XXXVIII, qui est encore en vigueur aujourd'hui. C'est sur ses bases que s'appuya le ministre Auguste Tréfort pour fonder en 1875 à Budapest la première école primaire supérieure de jeunes filles, qui servit de modèle à toutes les autres ; leur nombre, depuis, n'a fait que s'accroître.

ECOLES MATERNELLES. ? La première école maternelle remonte au premier tiers du dix-neuvième siècle. Elle fut inaugurée à Bude en 1828 sous le nom de Angyalkert (Jardin des anges). On doit sa création aux efforts d'une grande philanthrope, femme d'une culture supérieure, la comtesse Thérèse de Brunswick. Des établissements du genre de l'Angyalkert s'ouvrirent à Pest et à Pozsony, et une association pour la propagation des écoles maternelles en Hongrie fut fondée en 1837 ; cette association déploya une telle activité qu'en 1848, au moment où la guerre d'indépendance allait éclater, il n'existait pas moins de 89 écoles maternelles ou enfantines dans le royaume. Pendant la période de l'absolutisme, ce nombre subit une diminution notable.

En 1869 fut fondé par des dames charitables un jardin d'enfants d'après le système Froebel, avec une direction allemande, et d'autres furent ouverts sur le même modèle. Les anciennes écoles enfantines furent absorbées bientôt par les nouvelles, et toutes les associations se fondirent, dès 1872, en une seule, d'un caractère hongrois, qui prit le nom d'Association centrale des dames Froebel. Une « Association hongroise pour la protection de l'enfance » (Magyar gyermekvédö Egyesület) fut fondée en 1874. Cette association et celle des dames Froebel prirent désormais la tête du mouvement en faveur des écoles maternelles. C'est alors que, sous le ministère d'Auguste Tréfort, le député Charles Szathmary déposa un projet de loi engageant l'Etat à prendre en mains l'éducation et la protection de l'enfance (1875) ; l'année suivante, la première école maternelle de l'Etat fut inaugurée. Dans le courant de l'année 1890, le comte Albin Csaky déposa sur le bureau de la Chambre un projet de loi concernant la protection et l'éducation de l'enfance. C'est, à l'heure actuelle, la loi XV de 1891 qui réglemente en Hongrie les écoles maternelles.

ECOLES DE COMMERCE. ? On sait que dans les pays les plus civilisés eux-mêmes, l'enseignement commercial ne date que du commencement du dix-neuvième siècle. En Hongrie, la première école de commerce fut fondée à Budapest en 1830 par Emmanuel Bibanco. Cet exemple fut aussitôt suivi. Ce furent, en 1850, l'école d'Etienne Harmac ; en 1853, celle de Nicolas Röser ; en 1857, à Budapest toujours, l'Académie de commerce, due à l'initiative de la Chambre de commerce de Pest. L'importance de l'enseignement commercial s'accroissant chaque jour davantage, il fut bientôt nécessaire dé le réglementer, ce qui fut fait par le ministre Auguste Tréfort en 1872. Trois catégories d'écoles furent donc instituées : 1° Ecoles primaires de commerce ; 2° Ecoles secondaires de commerce ; 3° Ecoles supérieures de commerce.

Une nouvelle réglementation de ces écoles s'effectua au cours des années 1884-1885 ; les classes inférieures furent consacrées à un enseignement général, tandis que l'enseignement spécial était réservé aux classes supérieures. La langue française fut classée parmi les matières obligatoires.

Mentionnons enfin qu'en 1891 fut fondée à Budapest l'Académie de commerce oriental.

II. ? Organisation actuelle. ? AUTORITES SCOLAIRES. ? C'est le ministère des cultes et de L'instruction publique qui a la direction générale de l'enseignement national. Son action consiste à élaborer les lois concernant l'enseignement et à en assurer l'exécution ; mais cette action n'est pas la même pour toutes les écoles. Le ministre de l'instruction publique a le pouvoir dispositif pour tout ce qui touche aux écoles de l'Etat. Quand aux écoles qu'entretiennent les communes ou dont le fonctionnement est assuré par des fondations, tant religieuses que laïques, par des associations ou de simples particuliers, le ministère se borne à la haute direction ; en ce qui concerne les écoles confessionnelles, il se contente d'une surveillance.

Le ministre des cultes et de l'instruction publique de Hongrie est assisté dans ses fonctions par un sous-secrétaire d'Etat. En dehors de ce qu'on appelle la section présidentielle, c'est-à-dire le cabinet du ministre, le ministère comprend : 4 conseillers ministériels, 11 conseillers de sections, 9 secrétaires et 7 secrétaires adjoints, 8 rédacteurs et 7 rédacteurs adjoints, 4 stagiaires, et 15 professeurs ou autres spécialistes attachés aux divers services. Les frais du ministère s'élèvent par an à 800 000 couronnes environ. Depuis 1892, le ministère publie un journal officiel traitant de tout ce qui touche a l'enseignement. Sont en outre attachés au ministère : les directeurs généraux de l'enseignement secondaire, les inspecteurs de l'enseignement primaire, et les commissaires ministériels.

A côté du ministre est un Conseil supérieur de l'enseignement, dont la création date de 1871. Son président de droit est le ministre de l'instruction publique. Il se compose en outre : d'un second président, d'un vice-président, d'un secrétaire, de six à douze conseillers-rapporteurs et d'un nombre variable de conseillers, cinquante au maximum. Le second président et le vice-président sont directement nommés par le roi ; les rapporteurs et conseillers le sont par le ministre : ils exercent leurs fonctions pendant une période de cinq ans. Le vice-président et les rapporteurs seuls touchent des émoluments ; quant aux conseillers, ils sont rétribués au moyen de jetons de présence. Le secrétaire, choisi parmi les professeurs de l'Etat et désigné par délégation pour remplir son office, est, pour ce fait, dispensé de ses autres fonctions. Les présidents, les rapporteurs et le secrétaire constituent le comité permanent du Conseil supérieur ; les réunions plénières du Conseil ont lieu une fois par an.

Aux termes de la loi XXVIII de 1876, les écoles communales sont placées sous le contrôle du Conseil scolaire communal (iskolaszék), et les écoles confessionnelles sous celui du Conseil scolaire confessionnel.

Toute commune entretenant une école quelconque est tenue d'instituer un conseil scolaire, dont le recrutement a lieu par voie d'élection. Le conseil scolaire communal est élu par la municipalité, tandis que le conseil scolaire confessionnel l'est par les délégués des communions religieuses. Auprès des écoles primaires publiques de l'Etat, les conseils scolaires sont remplaces par des Conseils de curatelle.

Les uns et les autres ont pour fonction : 1° L'élection de l'instituteur (dans les écoles publiques de l'Etat, ce dernier est directement nommé par le ministre) ;

2° La visite régulière des écoles ;

3° Le contrôle des contraventions au règlement et les avis y relatifs ; la tenue du registre sur lequel sont inscrites ces contraventions ; les punitions à prononcer comme sanction ; 4° L'expédition des affaires matérielles des écoles, le contrôle des finances et la fixation des bases d'enseignement.

Les conseils scolaires sont soumis à l'autorité directe tant de l'inspecteur de l'enseignement que de la Commission administrative départementale.

Les inspecteurs de l'enseignement ont l'autorité sur toutes les écoles primaires, publiques, communales, confessionnelles ou privée?, et exercent la surveillance sur l'enseignement. Ils doivent présenter à la Commission administrative départementale tous les rapports nécessités par les questions relatives à l'enseignement primaire. Ils servent de lien, dans toutes les questions scolaires, entre les différentes écoles primaires.

Parmi les principaux devoirs qui leur incombent, il faut noter ceux de visiter le plus fréquemment possible, et au moins une fois par an, toutes les écoles primaires soumises à leur juridiction ; de veiller sur la moralité de ces écoles ; de vérifier, dans les écoles autres que celles de l'Etat, les livres classiques mis entre les mains des élèves, et de contrôler les programmes qu'on y applique.

L'autorité centrale dont ils relèvent est le Conseil supérieur de l'enseignement.

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE. ? Ecoles maternelles. ? Les écoles maternelles forment un premier degré préparatoire à l'enseignement primaire proprement dit. Ces établissements sont réglementés de manière spéciale par la loi XV de 1891. Leur but est d'une part d'assurer par des soins vigilants la sauvegarde des enfants âgés de trois à six ans ; d'autre part, d'aider à leur développement physique, intellectuel et moral, et de leur donner les premières notions d'ordre, de savoir et de propreté.

Ces écoles sont divisées en trois catégories :

Ecoles maternelles (chacune sous la direction d'une institutrice d'école maternelle) ;

Asiles permanents, c'est-à-dire ouverts pendant toute l'année ;

Asiles temporaires ; ces derniers ne fonctionnant que durant l'été et confiés à des bonnes-surveillantes (dajka).

Si l'un ou l'autre de ces établissements existe dans une commune, les habitants sont contraints d'y envoyer leurs enfants, dans la limite d'âge indiquée plus haut, à moins qu'ils ne prouvent que ces derniers reçoivent les soins nécessaires dans le sein même de la famille. Si les parents n'obéissent pas à cette prescription, ils sont passibles d'une amende pouvant aller de vingt fillers à une couronne. Le produit des amendes est versé à la caisse de l'établissement.

Pour les frais d'entretien de ces établissements, les communes et l'Etat sont autorisés à percevoir un impôt additionnel de 3 % de l'impôt direct.

Une institutrice d'école maternelle ne peut être chargée de la surveillance que de 40 enfants au plus.

Le traitement des institutrices des écoles maternelles est de 800 couronnes dans les villes de 10 000 habitants et au-dessus, et de 600 couronnes dans les autres communes ; elles ont en outre le logement. Les institutrices des asiles permanents ont au moins 480 couronnes par an, et celles des asiles temporaires 20 couronnes par mois.

Outre les écoles maternelles des communes et de l'Etat, il y a des écoles maternelles et asiles fondés par des associations ou par de simples particuliers.

Ecoles primaires. ? Les principales dispositions de la loi de 1868 sur l'enseignement primaire, qui est toujours en vigueur, sont les suivantes :

L'enseignement est obligatoire. Les parents et, à leur défaut, les tuteurs ou les patrons sont responsables, moralement et matériellement, de la fréquentation régulière de l'école par l'enfant. Dans le cas de désobéissance aux prescriptions édictées par la loi, ils encourent les pénalités suivantes : 1° avertissement ; 2° réprimande ; 3° amende. Les amendes peuvent, en cas de récidive, s'élever de 30 fillers à 8 couronnes, au bénéfice de la caisse des écoles.

L'âge scolaire est de six à douze ans.

L'école primaire élémentaire comprend deux degrés : l?école quotidienne, dont les cours ont une durée de six années, et l'école complémentaire ou école de répétition, comportant trois années de cours (de treize à quinze ans).

Les écoles primaires se distinguent en écoles de l'Etat ou écoles publiques, écoles communales, écoles confessionnelles, écoles privées. L'Etat a le droit de créer des écoles à son gré ; mais il a, de plus, le devoir d'en fonder là où l'initiative privée, les différentes confessions et la commune elle-même seraient impuissantes à subvenir aux premières dépenses d'installation et aux frais d'entretien nécessaires au bon fonctionnement d'une école primaire. La loi impose à toute commune l'obligation de créer et d'entretenir une école primaire partout où il n'en existe point, lorsque le nombre des enfants tenus de la fréquenter s'élève à une trentaine ; ou encore s'il existe déjà une école confessionnelle dans la localité, mais que trente enfants au moins ne puissent s'y rendre du fait de l'opposition de leurs parents. Les écoles communales sont entretenues, en tout ou en partie, aux frais des contribuables au moyen d'un impôt scolaire prélevé par l'autorité locale et qui peut atteindre jusqu'à 5 % des impôts directs payés par chaque habitant.

Toute personne ayant obtenu un brevet, ou autrement qualifiée, a le droit d'ouvrir une école primaire. Les conditions requises pour le fonctionnement d'une école sont : enseignement de toutes les matières fixées par la loi ; emploi d'un instituteur possédant l'aptitude ou les capacités nécessaires ; il n'est pas permis à un instituteur d'enseigner dans une salle unique contenant plus de 80 enfants ; l'instituteur ne doit, en outre, remplir aucune autre charge dans l'enseignement ; les élèves doivent être séparés par sexe ; l'école, enfin, doit être installée dans un bâtiment particulier et remplissant toutes les conditions requises. La séparation des sexes, édictée par la loi, n'existe guère qu'en théorie ; en réalité, on trouve encore un grand nombre d'écoles où les enfants sont instruits en commun.

Pour les matières d'enseignement, la loi a établi un programme identique pour toutes les écoles primaires sans exception. Il comprend les matières suivantes : religion et morale ; écriture et lecture ; calcul mental ou écrit, et connaissance des poids, mesures et monnaies du pays ; grammaire ; conversation et exercices de mémoire: histoire et géographie ; physique élémentaire et histoire naturelle ; notions pratiques d'agriculture et d'horticulture ; connaissance des principaux droits et devoirs civiques ; chant ; gymnastique ; dessin.

La loi de 1868 allouait aux instituteurs des écoles primaires publiques un logement convenable, un jardin d'un quart d'arpent, et un traitement de 600 couronnes au minimum. Dès 1899 les instituteurs de l'Etat ont été répartis en quatre classes avec des traitements de 800, 1000, 1200 et 1400 couronnes : il y avait, cette année-là, 1200 postes d'instituteur à 1000 couronnes, 387 à 1200 couronnes, et 80 à 1400 couronnes ; il ne restait que 943 postes dont le traitement ne dépassait pas 800 couronnes.

La loi XXVI de 1907 a fixé le traitement des instituteurs et institutrices, selon la, catégorie, à 1000, 1100 et 1200 couronnes ; ces traitements peuvent s'élever, après trente ans de services, par des augmentations quinquennales, à 2400, 2500 et 2600 couronnes. Ceux qui ne sont pas logés touchent une indemnité de logement de 200 à 600 couronnes.

La loi XXXII de 1875 a créé pour les instituteurs et institutrices primaires une caisse des retraites obligatoire ; cette institution a été améliorée par la loi XLIII de 1891, qui a porté à 600 couronnes le minimum de la pension de retraite.

Les personnes chargées de l'administration de l'école ont la faculté de choisir la langue d'enseignement. Toutefois l'étude de la langue hongroise est obligatoire dans toutes les écoles. Le programme d'études qui vient d'être indiqué est appliqué de façon que, sans parler de l'instruction religieuse, des exercices de gymnastique, des travaux agricoles ou horticoles, les élèves doivent passer à l'école un temps qui ne peut excéder vingt-cinq heures par semaine, ni être moindre de vingt heures. Voici, à titre d'exemple, l'horaire des études d'une école primaire à classe unique et dirigée par un seul instituteur :

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Dans les divisions I et II, les leçons « conversation et exercices de mémoire» et « arithmétique et géométrie » ont lieu séparément pour chaque division, et non ensemble.

Dans les écoles des villages et des bourgs, les classes sont mixtes, c'est-à-dire que l'enseignement est donné en même temps aux filles et aux garçons ; ce n'est que dans les villes que, vu le nombre des élèves, les sexes sont séparés. Pour les villages et les bourgs, la durée annuelle de l'enseignement est fixée par la loi à huit ou neuf mois ; elle est de dix mois dans les villes. Pour celles-ci, l'année scolaire commence en septembre et prend fin au dernier jour de juin ; pour ceux-là, la loi confie aux autorités locales le soin de déterminer la durée des études scolaires suivant les nécessités agricoles et les besoins ruraux.

Différents décrets ministériels ont comblé les lacunes ou résolu les incertitudes que pouvait encore présenter ce programme ; par exemple, celui de 1883 touchant les jeux scolaires ; celui de 1890, sur l'enseignement des droits sociaux et politiques ; celui de 1891, qui a trait à l'agriculture et à la sériciculture.

L'instruction religieuse est confiée, suivant le cas, à l'une ou à l'autre des diverses communions pratiquées dans le royaume ; chacune d'elles peut, à cette fin, disposer à son tour des locaux scolaires.

En ce qui concerne le matériel scolaire et les livres classiques, dans toutes les écoles primaires, à l'exception des écoles confessionnelles, on ne doit se servir que des livres et du matériel qu'autorise le gouvernement. Un contrôle des plus sévères est exercé sur les écoles confessionnelles, et la loi XXVIII de 1876, qui traite des autorités scolaires, prévoit la confiscation des livres interdits et ordonne leur destruction ; sans compter que l'usage de livres non autorisés constitue un délit réprimé par les tribunaux et est puni, soit d'une amende qui peut aller jusqu'à 300 florins, soit d'un emprisonnement de trois mois au maximum. Une mesure de révocation peut encore être prise contre le coupable.

Au-dessus de l'école quotidienne, dont le cours est de six années, existe, comme nous l'avons dit, l'école complémentaire ou école de répétition. La loi oblige les enfants à fréquenter ces écoles, là où elles existent, ? et de nombreuses communes en ont créé à partir de 1868, ? de treize à quinze ans pour les garçons, de treize à quatorze pour les tilles. On a ouvert aussi, dans certaines communes, des écoles préparant plus spécialement les enfants à l'agriculture ou à l'industrie : ce sont les écoles complémentaires agricoles et les écoles professionnelles d apprentis pour le commerce et l'industrie, qu'a créées la loi XVII de 1884. Dans les écoles complémentaires agricoles et les écoles professionnelles d'apprentis, l'année scolaire commence le 1er novembre et, jusqu'au 1er avril, comprend un cours hebdomadaire de cinq heures ; du 1er avril à la fin de l'année, le cours n'est plus que de deux heures par semaine. Les filles et les garçons sont instruits séparément.

Les matières enseignées dans les écoles complémentaires d'agriculture sont : l'économie ; la lecture et la composition ; l'arithmétique et la géométrie, La première année, on apprend à l'élève toutes les connaissances générales qui concernent l'économie ; pendant la seconde année, les études ont trait à l'agriculture, à la viticulture, à l'apiculture, de même qu'à la culture des plantes en général et à l'élevage ; pendant la troisième, on indique aux élèves la manière de gérer les petites propriétés.

Ecoles primaires supérieures. ? Ces écoles ont été instituées par la loi de 1868, comme devant former un degré supérieur d'enseignement primaire ; mais elles n'ont pu se développer, et celles qui avaient été créées disparaissent ou se transforment en écoles bourgeoises. Il y en avait 74 en 1888 ; en 1906 il n'en existait plus que 12.

Ecoles bourgeoises. ? L'école dite école bourgeoise (Polgari iskola), qui n'existe que dans les villes, est aussi une école primaire supérieure ; elle a pour but de compléter l'enseignement primaire élémentaire, et correspond à ce qu'on appelle en Autriche la Bürger-schule. Toute ville un peu considérable, si ses ressources le lui permettent, doit, d'après la loi, entretenir des écoles bourgeoises, tant pour les filles que poulies garçons. Les cours sont de six années pour ceux-ci et de quatre années pour celles-là. Ils comprennent, pour les garçons, les matières suivantes : 1° instruction religieuse et morale ; 2° langue maternelle, style et littérature ; 3° langue hongroise, dans le cas où celle-ci ne serait pas la langue maternelle des élèves ; 4° dans le cas où la langue d'enseignement serait le hongrois, langue allemande obligatoire à partir de la troisième année ; 5° mathématiques ; 6° géométrie ; 7° géographie ; 8° histoire nationale et histoire universelle ; 9° histoire naturelle ; 10° physique ; 11° chimie ; 12° économie rurale et industrie : il y a lieu de tenir compte, dans l'enseignement de ces matières, des exigences de la commune où se trouve l'école et de ses environs ; 13° statistique ; 14° droit public ; éléments du droit civil et du droit commercial ; 15° comptabilité et tenue des livres ; 16° dessin linéaire, Calligraphie ; 17° solfège et chant ; 18° exercices physiques et maniement des armes (préparation militaire).

Le latin, le français et d'autres langues, de même que la musique, peuvent être enseignés à titre facultatif.

Le programme des écoles bourgeoises pour les jeunes filles est approximativement le même : il faut y ajouter cependant l'hygiène, enseignée principalement au point de vue de la femme. L'enseignement des sciences exactes y a pour but de fournir aux jeunes filles le moyen d'user de ces connaissances pour le bon fonctionnement de leur ménage.

A leur sortie de l'école bourgeoise, les jeunes gens peuvent soit poursuivre leurs études spéciales, soit embrasser l'une ou l'autre des professions dites « réales », qui sont : le commerce, la banque, l'industrie, la poste ou l'agriculture.

L'enseignement, dans les écoles bourgeoises de garçons, est donné par des instituteurs ; dans celles de jeunes filles, il est en majeure partie confié à des institutrices. Le traitement des instituteurs commence à 1300 couronnes et peut atteindre 2400 couronnes, avec une indemnité de logement de 350 à 800 couronnes, et une augmentation quinquennale.

Ecoles normales. ? Le personnel enseignant de l'enseignement primaire est formé dans des écoles normales de trois catégories : les écoles normales maternelles ; les écoles normales primaires ; les écoles normales bourgeoises.

Dans les écoles normales d'enseignement maternel, destinées à former les institutrices des écoles maternelles, la durée du cours d'études est de deux ans.

Voici le tableau des matières enseignées et la manière dont les études sont distribuées :

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L'Age d'admission aux écoles normales primaires est de quinze ans pour les garçons et de quatorze ans pour les filles. Tout candidat doit être muni du certificat d'études primaires. Les écoles normales primaires comportent quatre années de cours. A la fin de chaque année scolaire, les élèves ne sont admis à une classe supérieure qu'après avoir subi un examen de passage. Une fois les études terminées, c'est-à-dire à la fin de la quatrième année, les élèves ayant subi avec succès l'examen de capacité sont admis à faire dans une école primaire un stage pratique de deux années au maximum. Ce n'est qu'après cette nouvelle épreuve qu'en cas de réussite on délivre au candidat le diplôme d'instituteur ou d'institutrice d'école primaire.

Les matières d'enseignement des écoles normales primaires sont : 1° l'instruction religieuse et morale ; 2° la pédagogie ; 3° les méthodes d'enseignement ; 4° la géographie ; 5° l'histoire: 6° la langue maternelle (pour ceux qui ne sont pas Hongrois) ; 7° la langue hongroise ; 8° la langue allemande ; 9° les mathématiques ; 10° les sciences physiques et naturelles ; 11° l'économie rurale, les travaux pratiques d'agriculture et d'horticulture ; 12° la constitution hongroise ; 13° la musique vocale et instrumentale ; 14° le dessin et la calligraphie ; 15° la gymnastique ; 16° les exercices d'enseignement (à l'école d'application).

L'horaire est ainsi distribué dans les écoles normales d'instituteurs :

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Les heures d'études pour les écoles normales primaires de jeunes filles ne diffèrent des précédentes qu'en ce que celles réservées à la musique et à la gymnastique sont remplacées par des cours sur les travaux du ménage ou les travaux manuels féminins.

Les écoles normales destinées à former des instituteurs ne se composent ordinairement que d'un externat, tandis que les écoles d'institutrices sont des internats auxquels s'adjoint parfois un externat. L'enseignement est gratuit tant dans les écoles de l'Etat que dans les écoles normales confessionnelles ; les externes des établissements de l'Etat peuvent obtenir une bourse ou fraction de bourse variant de 20 à 40 couronnes environ. Les élèves des écoles confessionnelles ne reçoivent pas de bourses, mais sont aidés par l'initiative privée et par quelques fondations charitables.

A l'ordinaire, une école normale de l'Etat compte six professeurs : trois titulaires chargés d'enseigner la pédagogie, les langues, les mathématiques et les sciences naturelles ; trois adjoints, qui enseignent l'histoire et la géographie, le dessin, et la musique ; généralement l'un de ceux-ci enseigne par surcroît la gymnastique et l'industrie domestique, et c'est habituellement le professeur de pédagogie qui assume la direction générale de l'école.

Les écoles normales de l'Etat sont mixtes quant au culte ; l'enseignement religieux y est confié à des catéchistes qui sont choisis parmi les ministres des cultes exerçant leur ministère dans les limites de la commune où est située l'école.

Une école annexe pour les exercices pratiques des élèves est jointe à chaque école normale. Les écoles confessionnelles doivent avoir la même organisation intérieure que les écoles d'Etat.

Pour la préparation des instituteurs et institutrices des écoles primaires supérieures ou écoles bourgeoises, il n'existe que deux établissements, dits écoles normales bourgeoises, à Budapest, l'un pour les jeunes gens, l'autre pour les jeunes filles. Leur enseignement est réglementé par le programme provisoire de 1895. Les éludes se divisent en deux groupes, celui des lettres et celui des sciences, eux-mêmes subdivisés de la manière suivante :

1. Groupe de philologie et d'histoire : a) Sciences des langues : grammaire hongroise ; théorie et histoire de la littérature ; langue et littérature allemandes ; b) Sciences historiques : histoire de la Hongrie ; éléments du droit commun et du droit civil hongrois ; histoire universelle ; géographie avec statistique ;

2. Groupe des mathématiques et des sciences physiques et naturelles : a) Mathématiques : Comptabilité, commerciale et politique ; algèbre ; géométrie analytique et géométrie descriptive ; 6) Sciences physiques et naturelles : Zoologie ; botanique ; minéralogie ; géologie et lithologie ; physique et chimie ; économie rurale ; horticulture.

Outre ces deux groupes essentiels, il y a trois groupes accessoires :

Groupe de dessin : algèbre ; géométrie descriptive et perspective ; style architectural et théorie des formes ; histoire des arts ; dessin d'imitation et perspective ; dessin à main levée et dessin d'ornement, d'architecture et d'art décoratif ; modelage ; calligraphie ;

Groupe musical : chant ; piano ; orgue ; leçons d'harmonie ; exercices de musique et de chant ; histoire de la musique ;

Groupe de gymnastique: anatomie ; hygiène ; physiologie ; théorie et histoire des exercices physiques : gymnastique et jeux ; enseignement pratique.

Quelque soit le groupe choisi, l'élève doit suivre obligatoirement les cours de pédagogie, de langue hongroise et d'enseignement pratique.

Il faut ajouter, pour l'école de jeunes filles, un groupe comprenant tous les travaux manuels de la Femme.

Les examens sont [tassés devant une commission spéciale ; les examinateurs relèvent du contrôle de l'Etat.

Quand bien même les élèves ont choisi l'un ou l'autre des groupes de sciences ou de lettres, ils sont aussi tenus d'étudier l'un des trois programmes des groupes dits accessoires, l'enseignement auquel ils se préparent ne devant pas de la sorte être simplement théorique, mais également pratique et réellement professionnel.

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE. ? Dans cette catégorie se rangent les écoles supérieures de jeunes filles ; puis les établissements d'enseignement secondaire proprement dit, gymnases et écoles réales ; enfin les écoles supérieures de commerce.

Ecoles supérieures de jeunes filles. ? Les écoles supérieures de jeunes filles (Felsöbblenyaiskola) sont de deux sortes : Ecoles secondaires de jeunes filles à cours complet (six années d'études), et écoles secondaires de jeunes filles à cours incomplet (quatre années d'études). L'âge d'admission est dix ans révolus ; les élèves doivent avoir obtenu le certificat d'études primaires, ou, à défaut, avoir subi avec succès un examen d'admission.

La première école publique supérieure de jeunes filles fut créée en 1875 par le ministre Tréfort. C'était un établissement d'enseignement primaire supérieur ; et, durant les premières années, les écoles supérieures de jeunes filles furent placées sous l'autorité des inspecteurs de l'enseignement primaire, et figurèrent, dans les statistiques, parmi les établissements d'enseignement primaire. Une réforme de leur programme eut lieu en 1885, et une seconde réforme fut faite presque immédiatement après, en 1887. L'organisation de 1887 est encore en vigueur aujourd'hui, et les écoles supérieures de jeunes filles, classées comme établissements d'enseignement secondaire, relèvent directement du ministère, qui les fait inspecter par un délégué ministériel.

Les matières obligatoires d'enseignement sont les suivantes: 1° instruction religieuse et morale ; 2° langue et littérature hongroises ; 3° langue et littérature allemandes ; 4° langue et littérature françaises ; 5° histoire nationale et universelle ; 6° géographie ; 7° arithmétique et géométrie ; 8° histoire naturelle ; 9° chimie ; 10° physique ; 11° économie ; 12° hygiène ; 13° connaissances élémentaires de pédagogie ; 14° chant : 15° dessin ; 16° écriture: 17° travaux manuels féminins ; 18° gymnastique.

D'autres matières, telles que la langue et la littérature anglaises, sont enseignées facultativement.

Le personnel enseignant comprend des professeurs de l'un ou l'autre sexe, mais les femmes sont généralement plus nombreuses. Les professeurs des quatre premières classes doivent avoir obtenu leur brevet d'école normale primaire ou d'école normale bourgeoise ; ceux des deux autres classes, le brevet d'enseignement secondaire.

La majeure partie des écoles supérieures de jeunes filles possèdent aujourd'hui un internat ; dans les écoles dont la direction est confiée à un homme, cet internat relève d'une directrice spéciale qui remplit en même temps dans l'école les fonctions d'institutrice.

Gymnases et écoles réales. ? Les écoles secondaires proprement dites, les gymnases et les écoles réales, sont réglementées par la loi XXX de 1883. Ces deux sortes d'écoles, qui se coordonnent, ont un enseignement de même niveau, à cette différence près que, dans les gymnases, l'instruction est basée sur l'enseignement classique, tandis que, dans les écoles réales, on étudie plus particulièrement les sciences et les langues modernes. L'école réale ne donne à ses élèves que le droit d'entrer à l'Ecole polytechnique, aux Ecoles des mines et des forêts, ou à la faculté des sciences, alors que les élèves des gymnases peuvent entrer à toutes les facultés de l'université.

Les écoles réales et les gymnases comprennent huit classes. Tout enseignement primaire ou préparatoire en est exclu. Y sont admis les élèves qui ont suivi les quatre classes d'une école primaire. A défaut du certificat d'études primaires, les élèves doivent subir un examen d'admission. A la fin de chaque année scolaire, il y a un examen de passage. Les huit années d'études terminées, les élèves peuvent se présenter à une épreuve dite examen de maturité, où ils sont interrogés par leurs professeurs ordinaires, en présence d'un délégué ministériel. Le baccalauréat, tel qu'il existe en France, est inconnu en Hongrie.

On distingue trois sortes d'établissements d'enseignement secondaire :

1° Les gymnases et les écoles réales entretenues par l'Etat sur le fonds dit « fonds des études » (Tanulmanyialap). Ce fonds provient des biens de la Compagnie de Jésus expulsée en 1773. Le gouvernement a sur ces fonds un droit de disposition absolu ;

2° Les écoles secondaires, entretenues par les villes, les communes, des sociétés ou des particuliers, ainsi que celles qu'entretiennent certaines communautés catholiques romaines ou catholiques grecques, certains ordres religieux ou quelques prélats. Ces écoles relèvent du ministère de l'instruction publique ;

3° Les écoles secondaires entretenues par les autres confessions religieuses et qui sont surveillées par l'Etat.

Au point de vue de l'administration des écoles secondaires, tout le territoire hongrois est divisé en douze districts (Tankerület) à la tête de chacun desquels est placé un directeur supérieur.

Nous donnons ci-dessous le tableau des matières enseignées durant les huit années d'études des gymnases, avec l'indication du nombre des heures de leçons par semaine :

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Voici le même tableau pour les écoles réales :

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Les matières suivantes sont enseignées à titre facultatif : le chant, la sténographie, l'hygiène: en outre, dans les gymnases, le français et l'anglais ; dans les écoles réales, le latin et la comptabilité.

Ecoles supérieures de commerce. ? Les écoles supérieures de commerce sont régies par l'arrêté 44001 de 1895 qui détermine leur organisation. Les cours sont d'une durée de trois ans. Y sont admis tous ceux qui ont subi avec succès l'examen au sortir d'une école primaire supérieure, ou qui peuvent produire un certificat d'études d'une classe correspondante d'un gymnase ou d'une école réale. A la fin du cours d'études, les élèves de la troisième classe passent un examen, dit de maturité.

Nous donnons ci-après l'horaire des études suivi dans les écoles supérieures de commerce :

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Le personnel enseignant de toute école supérieure de commerce comprend, outre le directeur, quatre professeurs au moins ; l'inspection incombe au directeur général de l'enseignement commercial. ENSEIGNEMENT SUPERIEUR. ? L'étude de l'organisation des diverses catégories d'établissements d'enseignement supérieur dépasserait de beaucoup le cadre de cet article. Nous nous bornerons à dire quelques mots des universités.

L'organisation des autorités universitaires est réglementée par la loi intérimaire du 27 septembre 1849. Le corps enseignant se divise en professeurs titulaires et professeurs agrégés, nommés par le roi, sur la proposition des facultés et la recommandation du ministre ; en professeurs libres, désignés par les facultés comme aptes à ouvrir certains cours publics, et acceptés par le ministre ; enfin, en professeurs de langues ou d'arts d'agrément. Les professeurs titulaires et les agrégés (le nombre de ces derniers ne doit pas dépasser la moitié de celui des professeurs titulaires), auxquels s'adjoignent deux représentants des professeurs libres, constituent l'autorité administrative de chaque faculté. Ils ont à leur tête un doyen qui préside à leurs assemblées et qui est élu annuellement par les seuls professeurs titulaires.

Le premier dignitaire de l'université est le recteur ; il est élu par les professeurs, au nombre de quatre pour chaque faculté, que délèguent annuellement les facultés de l'université ; en outre, il doit être chaque année choisi successivement dans chacune de ces facultés.

Le Conseil de l'université (senatus), en qui réside l'autorité souveraine et autonome, est composé : du recteur, qui en est le président ; du vice-recteur, qui est toujours le recteur de l'année précédente ; des doyens et des vice-doyens, ces derniers étant toujours les doyens précédents. Le directeur du bureau central du recteur sert de greffier à ce conseil d'administration, qui y adjoint encore un fonctionnaire appelé le questeur (trésorier).

III. Statistique. ? 1. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE. ? Le nombre des enfants ayant atteint en 1900 l'âge scolaire était de 3 202 750, divisés en 1 634 272 garçons et 1568 478 filles. Sur ce nombre 2 216 078 fréquentaient l'école quotidienne et 937 658 suivaient l'école complémentaire. La moyenne des enfants de six à douze ans fréquentant l'école quotidienne avait été de 77, 21 % en 1880 ; elle a été de 79, 5 % en 1906. Au point de vue de la scolarité, l'élément hongrois n'occupe que la quatrième place, la première étant à l'élément allemand (89, 9 %) ; viennent ensuite les Slovaques (85, 3 %), les Croates (82, 7 %) et enfin les Hongrois (81, 8 %). La cause de cette infériorité est due à la grande dissémination des fermes (Tanyarendszer) occupées par les agriculteurs magyars et à leur éloignement les unes des autres. Le tableau suivant donnera la façon dont les élèves se divisaient par nationalité dans les écoles, en 1906 :

Magyars??????????? 1 011 014

Allemands??????????. 239 407

Slovaques??????????.. 451054

Roumains??????????.. 228 872

Ruthenes??????????... 40 775

Serbes???????????? 21 285

Croates???????????.. 43 924

Italiens et autres???????.... 25 754

La fréquentation des écoles laisse encore à désirer, interrompue qu'elle est le plus souvent par le mauvais temps en hiver, ou par les épidémies qui sévissent sur la contrée. C'est ainsi qu'en 1906, 2513 écoles primaires, c'est-à-dire le 15, 5 %, ne furent ouvertes que pendant un peu moins de huit mois. Le nombre des demi-journées de classe manquées, pour des causes d'absence reconnues valables, atteignit 25 928 520 ; les amendes infligées pour contraventions à la loi scolaire s'élevèrent à 672 973 couronnes.

Le nombre des écoles s'est accru au cours des vingt dernières années de 200 écoles par an en moyenne, et il augmente encore de plus de 100 écoles par an. C'est ainsi que le nombre des écoles, qui était de 13 798 en 1869, était en 1880 de 15 824 et en 1906 de 16 618. Sur ce nombre, 12223 écoles (73, 6 %) donnaient l'enseignement en langue hongroise. La proportion du nombre des écoles où, quelle que fût la langue d'enseignement, on apprenait le hongrois, était de 80, 2 %. La plus grande résistance opposée à ce qu'on peut appeler la « magyarisation » par l'école, l'est par les Roumains, car sur les 1725 écoles dont la langue d'enseignement est le roumain, 8 seulement enseignaient le hongrois.

Les 16618 écoles primaires fonctionnant en 1906 se répartissent entre les diverses confessions religieuses de la façon suivante :

Catholiques romains?????. 5 330 (32.1 %)

Catholiques grecs??????. 1 912 (12.5 %)

Grecs orientaux??????? 1 725 (10.4 %)

Calvinistes????????... 1 336 (8 %)

Luthériens????????? 1 883 (11.4 %)

Unitaires?????????.. 35 (0, 2 %)

Israélites?????????.. 462 (2.8 %)

Les tableaux suivants sont relatifs au nombre des écoles et à celui des élèves de l'enseignement primaire :

NOMBRE DES ÉCOLES.

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NOMBRE DES ÉLEVES

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Le nombre des instituteurs et institutrices attachés aux écoles était, en 1869, de 17 792 ; en 1876, de 20 125 ; en 1880, de 21 664 ; en 1906, de 30 194. Sur ce dernier nombre, 28 600 possédaient le brevet, et 543 ne parlaient pas le hongrois. Le nombre de ceux qui avaient obtenu leur brevet n'était en 1880 que de 4361 contre 17 303 non brevetés. On peut juger par ces chiffres des progrès accomplis en 26 années.

Ecoles normales. ? Le nombre des écoles normales d'instituteurs et d'institutrices était, en 1906, de 82, dont 25 appartenaient à l'Etat, 56 aux confessions religieuses et une seule à l'initiative privée. Sur ces 82 écoles, 48 préparaient les jeunes gens et 34 les jeunes filles. 870 professeurs y enseignaient 11 028 élèves, savoir : 478 professeurs pour 5925 élèves dans les écoles normales de garçons, et 392 professeurs pour 5103 élèves dans les écoles de jeunes filles.

L'Etat payait pour l'entretien de ces divers établissements 3 072 042 couronnes, dont 2 917 042 couronnes pour, ceux qui relèvent directement de son autorité et 155 000 couronnes attribuées comme subventions aux écoles appartenant aux diverses confessions.

Ecoles primaires supérieures et écoles bourgeoises. ? Le nombre des écoles primaires supérieures diminue d'année en année, parce qu'elles se transforment toutes en écoles bourgeoises. C'est ainsi qu'en 1906 il n'existait que 17 écoles primaires supérieures, comprenant 679 élèves instruits par 114 instituteurs et pour lesquelles l'Etat versait, à titre de subvention, une somme de 12 193 couronnes. Par contre, les écoles bourgeoises s'étaient élevées au nombre de 400, sur lesquelles 150 appartenaient à l'Etat, 87 aux communes, 111 aux diverses confessions et 52 à des personnalités privées. La subvention de l'Etat se montait à 539034 couronnes. Ces établissements comprenaient un total de 4553 professeurs pour 66 395 élèves, dont 2129 jeunes filles et 332.7 garçons.

Ecoles maternelles. ? Il y avait en Hongrie, en 1906, 1686 écoles maternelles, auxquelles il faut adjoindre 224 asiles permanents et 704 asiles temporaires ; soit un total de 26.04 établissements. Les uns, au nombre de 567, étaient entretenus par l'Etat ; les autres, s'élevant à 673, par les communes ; 223 appartenaient aux diverses confessions religieuses ; et 224 relevaient soit des départements, des sociétés, d'individualités particulières, soit de fondations charitables quelconques. 2044 instituteurs y enseignaient un total de 247 580 enfants. Pour sa quote-part, l'Etat payait, de ce chef, une somme 3 millions de couronnes.

Il existait 9 écoles normales d'instituteurs ou d'institutrices d'écoles maternelles, avec 553 élèves et 61 professeurs.

Ecoles d'apprentis. ? Leur nombre était en 1906 de 465, dont 15 appartenant à l'Etat, 423 aux communes, le reste à des particuliers ou à des sociétés. Elles étaient fréquentées par 83518 élèves ; le personnel enseignant comprenait 3607 instituteurs, parmi lesquels 1365 professeurs de dessin. Les frais d'entretien de ces écoles s'élevaient à 1 679 644 couronnes.

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE. ? Ecoles supérieures de commerce. ? En dehors de l'académie navale de Fiume et des trois académies spéciales de commerce, leur nombre était de 38 pour les garçons et de 19 pour les jeunes filles, comprenant 695 professeurs instruisant 7925 élèves, dont 1827 avaient subi l'examen de maturité.

Ecoles supérieures de jeunes filles. ? 16 d'entre elles appartenaient à l'Etat, 3 aux communes, 10 aux confessions religieuses, et 2 à l'initiative privée ; soit un total de 31 écoles, avec 599 professeurs et 5594 élèves, dont 933 suivaient le régime de l'internat. La somme que coûtaient annuellement ces écoles atteignait 2 130 000 couronnes.

Gymnases et écoles réales. ? Il existait, en 1906, 173 gymnases et 32 écoles réales, soit en tout 205 établissements. Des 173 gymnases, 40 appartenaient à l'Etat, 10 aux communes, et le reste, c'est-à dire 123, à des ordres religieux ou à diverses confessions ; sur les 32 écoles réales, l'Etat en possédait 25. Le nombre des professeurs était de 3299 pour les gymnases et de 700 pour les écoles réales ; 1899 pour les premiers et 403 pour les secondes possédaient leur diplôme. Le nombre des élèves de ces établissements était de 65 513, dont 55 576 pour les gymnases et 9757 pour les écoles réales.

Au point de vue de la religion des élèves, voici quelle était la situation :

Catholiques romains?????. 28 219 (43.1 %)

Catholiques grecs??????. 2 913 (4.4 %)

Luthériens????????? 9 328 (14.2 %)

Calvinistes????????... 6 206 (9.5 %)

Orthodoxes????????.. 3 461 (5.3 %)

Unitaires?????????. 511 (0.8 %)

Israélites?????????. 14 872 (22.7 %)

Les écoles secondaires représentent, au point de vue financier, une valeur de 88 787 151 couronnes, et leurs revenus annuels s'élèvent à 19 347 745 couronnes.

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR. ?En 1906, l'université de Budapest comptait 471 professeurs, se décomposant de la sorte : 90 titulaires, 42 agrégés, 3 adjoints, 151 libres, 11 suppléants ; plus, 3 conférenciers, 96 maîtres de laboratoires, 9 assistants et 66 professeurs privés. Le nombre des étudiants était : à la faculté de théologie, 78 (plus 9 auditeurs) ; à la faculté de droit, 3091 (plus 152 auditeurs) ; à la faculté de médecine, 1258 (plus 33 auditeurs) ; à la faculté de philosophie, 1203 (plus 84 auditeurs) ; auxquels il faut joindre 150 étudiants en pharmacie : soit un total de 5630 étudiants et 531 auditeurs. Le dernier budget de l'université de Budapest, celui de 1908, s'élevait à 2 437 079 couronnes, auxquelles il faut ajouter 1 180 791 couronnes pour les diverses cliniques.

L'université de Kolozsvar comprenait 47 professeurs titulaires, 4 agrégés. 4 agrégés honoraires, 30 professeurs libres, 6 professeurs privés, 1 conférencier, 7 adjoints, 36 aides-professeurs et 184 employés divers ; le nombre des étudiants est : à la faculté de droit, 1428 ; à la faculté de médecine, 202 ; à la faculté de philosophie, 258 ; à la faculté des sciences, 102 ; élèves en pharmacie, 82 ; soit un total de 1990 étudiants et 59 auditeurs.

L'Académie des mines et forêts comptait 20 professeurs, avec 124 élèves à la section des mines et 93 à celle des forêts.

Il y avait dix Académies de droit, comptant 114 professeurs et 1594 élèves.

Voici la nomenclature des autres institutions existant en 1906, avec le nombre de leurs professeurs et de leurs élèves :

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Il existe 11 musées à Budapest et 30 en province. Budapest compte 33 bibliothèques, et la province 91 DEUXIEME PARTIE. ? Croatie-Slavonie.

Les trois pays désignés sous le nom de Croatie, de Slavonie ou Esclavonie, et de Dalmatie furent peuplés, dès le commencement du moyen âge, par une race slave, les Serbes, qui occupa aussi l'Istrie, le Littoral, la Bosnie, la Hertzégovine, le Monténégro, et la Serbie proprement dite. La Croatie, l'Esclavonie et la Dalmatie furent unies, antérieurement au onzième siècle, en un royaume dit « triple et un » ; mais les rois de Hongrie conquirent la Croatie et l'Esclavonie, tandis que les Vénitiens s'emparaient de la Dalmatie (celle-ci, à la fin du dix-huitième siècle, par le traité de Campo-Formio, devint une possession autrichienne en même temps que Venise ; elle fut un moment possédée par la France, de 1806 à 1814, puis retourna à l'Autriche). La Croatie et la Slavonie sont restées une province hongroise ; l'autorité du roi de Hongrie y était et y est encore représentée par un vice-roi appelé ban. Cette province a reçu par le compromis de 1867 une autonomie presque complète ; elle a une diète particulière qui siège à Agram, et l'instruction publique y est régie par une législation distincte.

Jusqu'au dernier quart du dix-neuvième siècle, l'instruction publique, en Croatie-Slavonie, resta presque exclusivement entre les mains du clergé. C'est seulement par une loi du 14 octobre 1875 que l'instruction primaire a été organisée. Aux termes de cette loi, l'instruction primaire est obligatoire et gratuite ; elle se divise en instruction élémentaire, qui dure de l'âge de sept ans à celui de onze, et en instruction complémentaire, qui dure de l'âge de onze ans à celui de treize. La langue d'enseignement est le croate ou serbe, excepté dans les communes habitées par des Allemands, des Magyars ou des Italiens, où l'enseignement est donné dans la langue de ces nationalités. Les écoles sont placées sous la surveillance d'inspecteurs nommés dans chaque département par le Conseil départemental. L'autorité supérieure est le Conseil supérieur de l'instruction publique.

Au-dessus des écoles primaires sont des écoles bourgeoises, formées sur le modèle des écoles bourgeoises de la Hongrie.

L'enseignement secondaire est donné dans des gymnases et des écoles réales. Il y a également des écoles secondaires professionnelles, ainsi que différentes écoles spéciales.

La capitale, Agram, a une université, fondée en 1874, et comptant trois facultés seulement, théologie, philosophie et droit.

Statistique. ? En 1907, il y avait, en Croatie-Slavonie, 27 écoles maternelles, avec 1572 élèves et 49 institutrices ; 1504 écoles primaires, avec 237 960 élèves et 2811 instituteurs et institutrices ; 43 écoles d'apprentis, avec 6463 élèves et 376 maîtres ; 4 écoles pénitentiaires, avec 220 élèves et 6 maîtres. Le nombre des écoles bourgeoises était de 29, avec 3302 élèves, et 227 maîtres et maîtresses. Il y avait 12 gymnases, 5 écoles réales, 2 écoles agricoles, 3 écoles industrielles, 3 écoles de commerce, une école d'agriculture, une école forestière, 2 écoles supérieures de commerce, 3 écoles normales, une école navale, une académie de musique, une école de sages femmes.

Bibliographie. A magyar elemi iskolai népaklatas, par Alexandre PETERFY. ? A felsö népés polgari iskolai népoktalâs, par le Dr Jean KOVACS. ? A polgari iskolai tanitô és tanitônöképzés, par Kiss ARON et Sebestyénné Stetina ILONA. ? Elemi'isk. tanitôés tanitônöképzésünk fejlödése, par Jules SEBESTENY. ? A Magyar felsöbb léâny ixkolak müttja és jelene, par Guillaume SZUPPAN. ? A magyarorsadgi középiskolâk mùltja és jelene, par le Dr Ernest FINACZY. A felsö oktatasügy Magyarorszâgon, par le Dr Béla BREZNAY.

Léon Buee