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Histoire sainte

On désigne sous ce nom l'ensemble des faits racontés dans la Bible, et particulièrement l'histoire du peuple d'Israël.

Dans les pays où l'école est restée confessionnelle, l'histoire sainte figure au programme à titre obligatoire, étroitement liée à l'instruction religieuse. Il en fut ainsi chez nous sous le régime des lois de 1833 et de 1850 : les règlements-types de 'école primaire (1851) et des écoles maternelles (1855) prévoyaient « des questions et des réflexions appropriées aux récits de l'histoire sainte», et c'était encore une des matières de l'examen du brevet d'après le règlement de 1866. La loi du 28 mars 1882 a naturellement supprimé l'histoire sainte, en faisant rentrer l'histoire des Juifs dans le cadre de l'histoire ancienne.

Les raisons de cette élimination ont été longuement données dans notre première édition. Il ne semble pas nécessaire de les reproduire. Ni au point de vue historique, ni surtout au point de vue moral, la Bible ni l'histoire biblique ne peut servir de base à l'éducation laïque. Les pays mêmes, catholiques ou protestants, qui continuent à lui donner une grande place à l'école, n'ont pu le faire que moyennant une série de coupures, d'arrangements et d'interprétations nécessaires pour en rendre l'emploi tolérable. La lecture pure et simple du texte intégral de l'Ancien Testament faite par des enfants révolterait, même dans les pays les plus religieux, le sens moral autant que le sens commun.

Il n'en faut pas moins tenir compte de la longue possession d'état qui a fait de l'histoire sainte, pendant des siècles, le patrimoine commun du monde chrétien et la source presque unique de ses connaissances sur l'histoire ancienne de l'humanité. Les héros de l'histoire sainte ont seuls peuplé l'imagination populaire ; ses légendes, ses récits, ses drames, ses mythes, ses leçons de morale et de religion se mêlaient aux premiers souvenirs d'enfance et restaient gravés dans l'esprit avec un relief que l'âge n'effaçait pas. Tout les entretenait et les ravivait sans cesse, depuis les vitraux de la cathédrale ou les sculptures du porche jusqu'aux propos et aux allusions de la langue courante qui en était pénétrée. Jusqu'à nos jours, on a pu dire que Charlemagne, Philippe-Auguste et saint Louis étaient bien moins présents et bien moins familiers à l'imagination populaire que Jacob, Moïse et David. Les plus grands faits de l'histoire de France étaient bien moins connus que le passage de la mer Rouge, la chute de Jéricho ou les miracles de Josué.

Il faut évidemment tenir compte de ce grand rôle joué pendant tout le moyen âge, et continué presque jusquà la fin du dix-neuvième siècle, par les traditions bibliques dans l'art, dans la littérature, dans l'éducation. Celui qui ignorerait totalement le trésor des légendes sacrées de l'Ancien Testament se condamnerait à ne rien comprendre des écrits et des monuments de quinze siècles de notre histoire. Mais il est facile d'éviter cette ignorance, qui serait inexcusable, sans restituer à l'histoire sainte une place qu'elle ne peut plus occuper dans l'enseignement national.