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Haïti

La République d'Haïti comprend la partie occidentale de l'île d'Haïti ou Saint-Domingue, la partie orientale (espagnole) formant, depuis 1843, un autre Etat, qui a pris le nom de République dominicaine. Après de longues luttes contre les colons français à la fin du dix-huitième siècle, les anciens esclaves noirs d'Haïti conquirent leur indépendance (1803) et se donnèrent un gouvernement qui, sous les noms de royauté et d'empire qu'il a parfois adoptés, comme sous celui de République, a conservé en fait les traditions et les moeurs d'une autocratie militaire. Depuis la chute de l'empereur Soulouque, en 1859, les institutions républicaines n'ont plus cessé de régir le pays, mais leur efficacité tient presque uniquement a caractère et à l'éducation du chef d'Etat qui détient le pouvoir.

La population de la République d'Haïti est évaluée à un million huit cent mille habitants environ, dont la grande majorité appartient à la race noire. La religion dominante est le catholicisme. Le français est la langue officielle ; la masse du peuple parle surtout un patois dérivé du français, le créole.

Les cinq départements de la République sont partagés en 15 circonscriptions scolaires. Dans chaque circonscription, le contrôle et la surveillance sont exercés, sous la haute autorité du secrétaire d'Etat de l'instruction publique, par un inspecteur des écoles, assisté ou non de sous-inspecteurs, selon l'importance de la circonscription. Chacune des 86 communes est, en outre, pourvue d'une commission scolaire, présidée par le magistrat communal (faisant fonction de maire).

L'enseignement est libre. Pour ouvrir une école, il suffit de justifier qu'on est de bonnes vie et moeurs et apte à l'enseignement qu'on veut pratiquer ; moyennant quoi, l'autorisation d'enseigner est délivrée par le secrétaire d'Etat de l'instruction publique.

L'Etat donne gratuitement l'instruction à tous les degrés dans les écoles publiques, dites nationales, qui se divisent en écoles primaires rurales, en écoles primaires urbaines, en écoles professionnelles, en écoles secondaires, en lycées et collèges, et en écoles supérieures. L'instruction primaire est obligatoire.

On compte, d'après les dernières statistiques officielles, un total de 479 écoles primaires publiques, soit 205 écoles rurales, mixtes quant au sexe, et 274 écoles urbaines dont 121 écoles de garçons et 153 écoles de filles. Dans ce nombre figurent 39 écoles publiques de garçons dirigées par les Frères de l'Instruction chrétienne, 50 écoles publiques de filles dirigées par les Soeurs de Saint-Joseph de Cluny (40 écoles) et par les Filles de la Sagesse (10 écoles), une école d'arts et métiers (ancienne Maison centrale), et une école professionnelle de jeunes filles.

L'enseignement secondaire est donné par l'Etat dans 8 écoles secondaires de garçons, fondées spécialement pour les jeunes gens qui se préparent à l'exercice du commerce ou de l'industrie, dans 4 écoles secondaires de jeunes filles, et dans les 6 lycées de Port-au-Prince, du Cap-Haïtien, des Gonaïves, des Cayes, de Jacmel, de Jérémie.

L'enseignement supérieur est représenté par l'Ecole nationale de médecine et de pharmacie, l'Ecole nationale de droit, l'Ecole nationale de dessin et de peinture.

A côté de ces établissements publics existent de nombreuses écoles privées, auxquelles s'appliquent les programmes d'études arrêtés par le secrétaire d'Etat de l'instruction publique. La plupart reçoivent de l'Etat des subventions plus ou moins importantes. Citons parmi elles : pour l'enseignement supérieur, les Ecoles de droit subventionnées du Cap-Haïtien, des Cayes, de Jérémie, de l'Anse-à-Veau, à qui est accordée la licence de délivrer des grades universitaires, sous le contrôle de l'inspection scolaire ; la Maternité de Port-au-Prince, qui prépare au brevet de sage-femme ; l'Ecole des sciences appliquées ; la Polyclinique Péan, à laquelle a été adjoint un laboratoire de bactériologie ; pour l'enseignement secondaire, à Port-au Prince : le Collège Saint-Martial, dirigé par les Pères du Saint-Esprit, et l'institution Saint-Louis de Gonzague, dirigée par les Frères de l'Instruction chrétienne, établissements qui possèdent tous deux un observatoire météorologique ; le Collège Louverture ; le pensionnat Sainte-Rose de Lima, sous la direction des Soeurs de Saint-Joseph de Cluny, et le pensionnat de Notre-Dame du Sacré-Coeur, sous celle des Filles de la Sagesse: le Collège Biré, fondé par la Mission wesleyenne ; l’Ecole d'enseignement pratique (institution de Mlle Isabelle Laporte), à laquelle ont été annexés, sous le patronage du Comité haïtien de l'Alliance française, des cours professionnels de jeunes filles et des conférences post-scolaires.

A l'enseignement primaire se rattachent : l'école lancastérienne de Port-au-Prince, la ferme-école de Turgeau, les orphelinats de Port-au-Prince et des Cayes.

Indépendamment des jeunes gens instruits par ses soins dans les principales écoles libres du pays, la République d'Haïti a toujours entretenu en France et aux Etats-Unis un certain nombre de boursiers, qu'elle aide ainsi à compléter leurs éludes supérieures. Ils se sont jusqu'ici consacrés au droit, à la médecine, aux sciences appliquées, à l'art des constructions.

Dans les écoles primaires rurales, l'enseignement est réparti en trois cours ; il comprend les matières suivantes : instruction religieuse, instruction morale et civique (premières notions) ; lecture, écriture ; premières notions de la langue française, de l'histoire et de la géographie d'Haïti, du calcul élémentaire ; leçons de choses ; travaux de couture pour les écoles de filles.

L'enseignement dans les écoles primaires urbaines est réparti en quatre cours ; il comprend, dans deux cours élémentaires, les matières enseignées dans les écoles rurales, et, dans les deux cours suivants, outre le développement de ces matières, un aperçu de l'histoire générale par les biographies des hommes illustres, les éléments de la géographie générale, de la géométrie expérimentale et du dessin, de simples notions des sciences physiques et naturelles, la lecture du latin ; et des travaux de couture pour les écoles de filles.

Dans les écoles secondaires de garçons, l'enseignement est réparti en trois cours ; il comprend la langue et la littérature françaises, les langues anglaise et espagnole, l'arithmétique appliquée, les éléments du calcul algébrique, de la géométrie pratique, les règles de la comptabilité usuelle et de la tenue des livres, les notions de cosmographie, les notions de sciences physiques et naturelles applicables à l'agriculture, à l'industrie et à l'hygiène, le dessin d'imitation, le dessin géométrique, les premières notions de droit usuel et d'économie politique, les principales époques de l'histoire générale et spécialement des temps modernes, l'histoire particulière d'Haïti, la géographie générale, la géographie particulière d'Haï, les notions d'agriculture théorique, les principes de diction, la musique vocale.

Pour les jeunes filles, l'enseignement est, à peu de chose près, le même. A la place de certaines matières, on a mis le dessin d'ornement, le piano, les travaux à l'aiguille, la coupe et l'assemblage.

Dans les lycées et collèges, l'enseignement est ré parti en sept classes : il comprend : l'instruction morale et religieuse, la langue et la littérature françaises, la langue et la littérature latines, la langue et la littérature grecques, la langue et la littérature anglaises, la langue et la littérature espagnoles, l'histoire et la géographie, les éléments de philosophie, les principes du droit et de l'économie politique, les mathématiques appliquées, la comptabilité et la tenue des livres, la physique, la mécanique, la chimie, l'histoire naturelle, les principes de la diction, le dessin d'imitation, le dessin géométrique, la musique vocale et instrumentale.

Le budget annuel de l'instruction publique est d'environ 4 millions de francs. La population scolaire de la République d'Haïti peut être évaluée à 60 000 élèves.