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Guizot

François Guizot est né à Nîmes, le 4 octobre 1787 ; il est mort au Val-Richer, le 12 septembre 1874. « Il appartenait, dit sa fille, Mme Conrad de Witt, à une famille depuis longtemps protestante et qui, dans les temps de persécution, avait donné des pasteurs au culte du désert. » Son père, avocat distingué, se montra partisan de la Révolution quand elle donna le signal des franchises ; il se prononça contre elle, quand elle devint la Terreur, et, le 8 avril 1794, il portait sa tête sur l'échafaud.

En 1799, le jeune Guizot fut conduit à Genève par sa mère. De très bonne heure, il se familiarisa avec les langues allemande, anglaise et italienne, en même temps qu'il poursuivait l'étude des littératures classiques et des sciences exactes. Mais, comme il était exigeant envers lui-même, il reprit plus tard le latin et le grec, quand il vint suivre à Paris les cours de l'Ecole de droit (1805).

A Paris, il se trouva seul, séparé pour la première fois de la femme vigilante, aussi invariable dans sa foi que dans sa tendresse, qui fut son conseil et son appui jusqu'au dernier jour. Les ressources dont Guizot pouvait disposer étaient d'ailleurs modiques, et, pendant plusieurs années, il lui fallut, pour vivre, donner des leçons, auxquelles il joignit successivement le produit de ses traductions et de ses essais littéraires. Ses lettres à sa mère nous renseignent sur cette partie de sa vie, toute de travail, sans nulle trace de détente ni d'agrément. « Je possède, écrit en octobre 1806 ce jeune homme de dix-neuf ans, une chose qui sera peut-être favorable à mes principes, quoique proscrite par le monde : {'entêtement. Je puis avoir tort ; mais, toutes les fois que je crois avoir raison, l'univers entier n'a aucune influence sur ma manière de penser et, pour la changer, il faut me prouver que je me trompe, ce qui me met dans la nécessité d'être toujours de bonne foi. » Il ajoute que, dût-il passer pour un orgueilleux, il évitera toute discussion avec ceux qui ne lui paraîtraient pas de son avis, « car il y a de la mauvaise foi à discuter, lorsqu'on ne veut pas se ranger du parti de ceux avec qui on discute ». A peu de distance de là, l'expérience devait corriger ces façons trop hautaines. Il importe d'ailleurs d'observer qu'ici Guizot entend parler plus particulièrement de ses croyances religieuses, exposées, dès lors, à plus d'une contradiction.

En 1807, il entrait en relations avec Suard, directeur du Publiciste, et avec l'abbé Morellet ; il était reçu chez Mme d'Houdetot et chez Mme de Rumford, veuve de Lavoisier. Dans ces salons, royalistes à bas bruit, il se voyait en présence des derniers représentants de ce dix-huitième siècle, si ondoyant dans ses curiosités, si facile dans ses moeurs, tout pénétré de scepticisme et d'enthousiasme. Quel vis-à-vis plus inquiétant pour ce disciple de Calvin, pour cet élève de Kant et de Herder, que ces amis de Voltaire et de Condillac, chez qui les grâces et la forme mondaine avaient tant d'empire, entêtés, eux aussi, mais dans leur imprévoyance et leur mobilité ?

Evidemment, on éprouva d'abord de part et d'autre quelque surprise, mais elle ne dura qu'un moment. Guizot, qui ne céda rien de « ses principes », sut gré à ses nouveaux amis de leur indulgence ; et nous sommes autorisés à penser que s'il ne leur emprunta pas sans réserve leurs inclinations politiques, il retint tout au moins de ce milieu aimable, ouvert et gardé, sérieux et mondain, où persistaient le ton, les goûts et le regret d'un monde disparu, des impressions qui devaient exercer, à un moment donné, une influence certaine sur ses déterminations.

Vers le même temps, c'est-à-dire en 1807, il rencontrait pour la première fois Mlle Pauline de Meulan, dont les directions affectueuses devaient contribuer à l'assouplir. Le trait délicat qui les rapprocha est trop connu pour que nous le rappelions : Voir Guizot (Madame) ; leur mariage est du 7 avril 1812. Entre ces deux dates, 1807 et 1812, se placent des années laborieuses pour elle et pour lui, avec des travaux qui complétèrent de jour en jour le crédit de Guizot parmi les lettrés, sans qu'on y surprenne encore nulle trace d'un engagement politique.

La première manifestation décisive de ses répugnances, sinon de ses préférences, coïncide avec sa nomination à la chaire d'histoire moderne de la faculté des lettres. Fontanes lui fit entendre, à cette occasion, qu'il se conformerait à l'usage en réservant dans sa leçon d'ouverture quelques paroles à l'adresse de Napoléon ; Guizot répondit à cette insinuation par un refus (décembre 1812).

L'entrée de Guizot à la faculté doit être également retenue pour un autre motif ; elle le plaça dans le voisinage de Royer-Collard, qui fut le chef de cette école doctrinaire plus tard si fameuse, et qui devait, après la chute de l'Empire, l'introduire dans le monde officiel en le recommandant en 1814 à l'abbé de Montesquiou pour l'emploi de secrétaire général du ministère de l'intérieur.

Ce fut en cette qualité que Guizot prit part à deux actes considérables. En premier lieu, c'est la loi sur la presse du 23 octobre 1814, précédée de la brochure Quelques idées sur la liberté de la presse, dans laquelle Guizot expose ses principes sur ce sujet délicat. Le silence imposé par l'Empire est, suivant lui, l'origine d'une partie notable des malheurs du pays. La vérité peut seule restituer à l'esprit public son énergie nécessaire et à la nation la confiance. Il convient seulement de se tracer des limites ; car le nouveau gouvernement est d'hier. La seconde mesure à laquelle s'associa le collaborateur de l'abbé de Montesquiou est l'ordonnance du 17 février 1815 qui, sous couleur de décentralisation, était en fait l'abolition de l'Université. Cette ordonnance fut rapportée le 15 août de la même année, et plus tard Guizot reconnut lui-même ce qu'elle pouvait renfermer de périls, en ouvrant les voies à des ambitions qui, dès cette heure même, « cherchaient habilement leur propre puissance dans le progrès de la liberté commune ».

Au lendemain du 20 mars, Guizot reprenait son cours à la faculté, et il se proposait d'y attendre les événements, quand il y fut surpris par un mandat dont les conséquences devaient peser du poids le plus lourd sur toute sa carrière. Royer-Collard, dont il était l'obligé, et ses amis royalistes, se persuadaient que l'entreprise de Napoléon serait suivie d'une nouvelle défaite et d'un retour des Bourbons. La première Restauration avait commis des fautes signalées, et il y avait tout lieu de craindre que Louis XVIII, assiégé en Belgique par les ultras, ne se laissât emporter par eux, auquel cas c'était la suppression de tout contrat entre le souverain et le pays, l'ancien régime renaissant, et à bref délai la guerre civile. D'un autre côté, les royalistes constitutionnels étaient informés qu'à Vienne les alliés hésitaient entre ces deux partis : un partage de la France, ou la France mise en tutelle sous l'autorité de quelque prince français ou étranger. Eu présence d'un semblable dilemme, on jugea nécessaire de contredire par quelque message l'influence du comte d'Artois et de M. de Blacas, et d'obtenir contre eux, s'il se pouvait, le maintien des garanties contenues dans la charte. Guizot fut désigné pour cette ambassade ; le 23 mai il quittait Paris ; le 1er juin il obtenait à Gand une audience du roi ; il rentrait à Paris le 3 juillet, après avoir été témoin du renvoi de M. de Blacas et du rapprochement de Louis XVIII et de Talleyrand, dont le programme reproduit, dans ses passages les plus marquants, celui des doctrinaires.

Une lettre de Guizot à sa femme datée de Gand, 4 juin, nous livre son impression du moment. « Il faut voir ce que je vois, écrit-il, pour y croire. Jamais je n'aurais imaginé qu'on puisse être aveugle à ce point. On convient à peu près que les ministres ont été incapables ; mais à quelle ignorance ont tenu les fautes, quelle nouvelle marche faudra-t-il suivre, c'est ce dont on ne s'inquiète pas. Dieu veuille qu'il (Talleyrand) ait assez de fermeté et un désir assez vif de sauver la France pour dire ce que sa position lui permet de dire. » Ces quelques mots nous font connaître suffisamment les intentions de Guizot, les obstacles auxquels il se heurta et le résultat incomplet d'une démarche qui, pour être qualifiée comme il convient, comporterait un examen et des développements qui ne sauraient entrer dans le cadre de cet article. Bornons-nous à rappeler que tandis que Guizot remplissait sa mission, M. de Cormenin s engageait comme soldat et que nous avons de lui ces paroles : « Il (Guizot) avait alors plutôt le sentiment libéral, et j'avais plutôt le sentiment national ». L'écart est là.

Entré au ministère de la justice comme secrétaire général de Barbé-Marbois, témoin des excès de la Chambre « introuvable » et des cours prévôtales, Guizot sortait du ministère en 1816, pour être nommé maître des requêtes au Conseil d'Etat. L'Essai sur l'histoire et l'état actuel de l'instruction publique en France, la brochure qui a pour titre Du gouvernement représentatif et de l'état actuel de la France, sont de cette époque. On retrouve dans ces publications la trace des deux tendances qui seront le fond de la politique constante de Guizot : respect du gouvernement établi ; poursuite du progrès dans la légalité. En tous sens, il se prononce pour la liberté, mais à la condition qu'elle soit acquise par le développement des intelligences et par le travail ; la liberté et l'autorité ayant ensemble tout à perdre aux révolutions et aux coups d'Etat.

En 1818, Guizot était promu conseiller d'Etat ; en 1819, il était chargé de la direction des affaires commerciales et départementales au ministère de l'intérieur ; mais en 1820 l'assassinat du duc de Berry (13 février) provoque la chute du cabinet Decazes ; Royer-Collard et Camille Jordan combattent la nouvelle loi électorale à la Chambre des députés ; MM. de Broglie et de Barante, à la Chambre des pairs, proposent des amendements ; Guizot est destitué, portant ainsi la peine de l'attitude de ses amis et de ses résistances personnelles à la réaction inaugurée par le second ministère du duc de Richelieu.

C'est dans sa retraite de la Maisonnette, petite propriété qui lui fut prêtée par Mme de Condorcet, que Guizot prépara son premier écrit d'opposition : Du gouvernement de la France depuis la Restauration et du ministère actuel. La question débattue était celle-ci : Laquelle des deux influences prévaudra dans le gouvernement, celle des classes moyennes émancipées par 1789, ou celle des classes jadis privilégiées? La Charte sera-t-elle l'accomplissement légitime et sensé de la Révolution, ou l'instrument de son châtiment? — L'année suivante (1821), dans un nouvel ouvrage qui a pour titre : Des moyens actuels de gouvernement et d'opposition, il atténue ce que sa précédente publication pouvait avoir de trop agressif, en s'efforçant d'établir que le régime fondé par la Charte contenait les seuls moyens de revendication efficace que pussent désirer les amis du pouvoir et de la liberté. C'était le temps des complots et des sociétés secrètes, auxquels Guizot entendait ne se mêler à aucun prix, bien que dans ses brochures : Des conspirations et de la justice politique, De la peine de mort en matière politique, il se prononce pour la clémence, en regrettant l'action excessive de la police et l'âpreté des poursuites (1821-1822). Ces travaux n'étaient pas, il s'en faut, son unique occupation ; il avait encore une fois rouvert son cours (7 décembre 1820), en prenant pour sujet l'histoire des anciennes institutions politiques de l'Europe chrétienne et des origines du gouvernement représentatif. Son projet était celui-ci : rappeler sur le passé de la France l'intérêt et le respect ; montrer les passages et le lien, la répétition des fautes commises, la persistance légitime dans un même effort. « On ne fonde pas, a-t-il dit, un régime libre avec des préventions ignorantes ni avec des haines. »

Le 12 octobre 1822, Frayssinous suspendait ce cours, moins encore à cause des doctrines du professeur qu'en vue d'atteindre l'écrivain politique assez hardi pour conseiller aux ministres la modération.

Très heureusement, Guizot trouvait dans le travail un perpétuel refuge. Cette fois, les lettres et l'histoire devaient être pour longtemps son unique recours, puisque aussi bien toute action lui était désormais interdite. Il le comprit, et sa femme et lui, d'un même coeur, avec le même courage, reprirent leur vie d'autrefois, parfois soucieuse, toujours discrète et étroitement unie. C'est à cette période féconde, de 1822 à 1827, que se rattachent les Essais sur l'histoire de France au cinquième siècle ; les deux premiers volumes de l'Histoire de la révolution d'Angleterre, et la publication des premiers volumes des deux vastes collections de mémoires relatifs à l'histoire de France et à l'histoire de la révolution d'Angleterre, rassemblés ou traduits sous la direction de Guizot.

L'année 1827 fut marquée par un grand deuil, la mort de Mme Guizot, arrivée le 1er avril, et par un événement politique décisif, la chute de M. de Villèle et son remplacement par M. de Martignac (4 janvier 1828), qui restitua à Guizot sa place de conseiller d'Etat et sa chaire à la Sorbonne. Cette dernière séparation surtout est pour nous du plus haut intérêt, car nous lui devons des oeuvres à nos yeux sans prix : l'Histoire de la civilisation en France, l'Histoire de la civilisation en Europe.

Ce fut pour appuyer le mouvement électoral qui produisit ces événements que furent fondées par les amis de Guizot la Revue française, dont il prit la direction, et l'association Aide-toi le ciel t'aidera, rendez-vous public de toutes les oppositions disciplinées par un même désir : déplacer la majorité.

Mais il était dit que le triomphe des royalistes constitutionnels devait être de courte durée ; le 9 août 1829, le prince de Polignac prenait le pouvoir, et tout aussitôt des paroles imprudentes, l'attitude des familiers les plus intimes du château, présageaient un orage prochain. Guizot, nommé député de Lisieux le 23 janvier 1830, signe l'Adresse des 221 qui, tout en protestant d'un respect profond pour la couronne, témoigne des défiances que le nouveau cabinet inspire au pays. Le 16 mai, la Chambre est dissoute ; de nouvelles élections ont lieu dans la première quinzaine de juillet, et, tandis que l'opposition se prépare à renouveler son effort, Charles X signe les ordonnances.

Guizot, parti pour Nîmes depuis le milieu de juin, ne rentra à Paris que le 27 juillet ; le jour même, il rédigeait avec Villemain et Dupin une protestation qui fut signée le lendemain par 63 députés ; le 1er août il était chargé du ministère de l'intérieur ; le 2 novembre sa démission était acceptée en même temps que celle de son ami le duc Victor de Broglie. Pendant son administration et après sa sortie, son langage ne varie pas : il se prononce pour la résistance, il ne veut ni des clubs, ni des manifestations dans la rue ; on demande la tête des ministres de Charles X et il la défend ; il dénonce les violences commises à Saint-Germain-l'Auxerrois et à l'archevêché, etc. Sa circulaire aux préfets, du 29 septembre 1830, contient du reste tout son programme : « La liberté dans l'ordre, le progrès dans le repos, le perfectionnement sans combat, voilà ce que la France ne pouvait obtenir du gouvernement qui n'est plus ; voilà ce qu'elle espère du gouvernement qu'elle s'est donné ».

Nommé ministre de l'instruction publique le 11 octobre 1832 (dans le cabinet présidé par le maréchal Soult), Guizot devait signaler son passage à ce département par des mesures qui demeurent, avec ses travaux historiques, l'honneur durable de son nom. La Charte avait promis la liberté de l'enseignement et, dès 1831, une commission présidée par le ministre Barthe avait été appelée à discuter les conditions de cette liberté. Ses délibérations n'ont pas été rendues publiques, mais nous pouvons affirmer que la question fut alors examinée sous toutes ses faces, et que, si l'on ne conclut pas, c'est que le gouvernement encore mal affermi, toujours sous le coup des émeutes et de l'insurrection et, par surcroît, préoccupé de l'usage que le clergé pourrait faire d'un moyen d'action qu'il ajouterait à ses autres armes ; le gouvernement, disons-nous, jugea qu'il était sage de renvoyer à des temps moins troublés la solution du problème. Guizot prit à tâche de le résoudre, au moins dans le domaine de l'instruction primaire, par la loi du 28 juin 1833, qui institua la liberté, en réglant l'exercice du droit individuel, sans parler d'ailleurs des associations.

L'obligation, qu'il recommanda en 1871, après nos désastres, et en présence du suffrage universel, il la considéra en 1833 comme inopportune, et impraticable par ce motif que si elle peut fonctionner sans conflit dans les pays protestants, où le pouvoir civil contient et domine les ministres du culte, bien des luttes seraient à craindre dans les pays où le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel sont seulement juxtaposés en vertu d'un contrat. En ce qui touche la gratuité, il estima que si l'Etat avait le devoir de mettre l'instruction élémentaire à la portée de tous, il n'était tenu de la donner qu'aux enfants des familles qui étaient dans l'impossibilité de la payer.

D'un autre côté, il pensa que l'instruction du premier degré ne devait pas être partout la même. Toutes les communes furent donc invitées à fonder des écoles élémentaires, et les communes chefs-lieux de département et celles dont la population excédait 6000 âmes durent, en outre, créer une école primaire supérieure.

L'art. 108 du décret organique du 17 mars 1808 avait décidé qu'il serait établi à l'intérieur des collèges ou lycées de chaque académie une ou plusieurs classes normales destinées à former les maîtres des écoles primaires. Avec le temps, les villes et les départements, encouragés par l'Etat, avaient fondé un certain nombre d'établissements spéciaux, d'écoles normales ; Guizot décida que leur institution serait générale et obligatoire.

Enfin, en attendant que les instituteurs fussent admis au droit à pension, il créa à leur intention des caisses d'épargne et de prévoyance.

Ces dispositions, si bien conçues et si libérales qu'elles soient, ne sont pas à nos yeux le trait le plus saillant de cette loi célèbre. Ce qui nous frappe particulièrement, c'est le dernier paragraphe de son article 1" : Selon les besoins et les ressources des localités, cette instruction (élémentaire ou supérieure) pourra recevoir les développements qui seront jugés convenables. C'est le principe de la variété motivée substitué au principe abstrait de l'uniformité. Plus de programme universel, plus de clôture infranchissable ni de distinction rigide entre l'école et le collège ; un champ libre est ouvert à toutes les aptitudes, et chaque région, chaque commune peut, en quelque sorte, façonner ses outils. Les circulaires de Guizot aux préfets, aux recteurs, aux inspecteurs primaires (créés en 1835) et aux instituteurs, renferment à cet égard, comme aussi au sujet des salles d'asile et des cours d'adultes, les recommandations les plus explicites ; leur ensemble forme un code et un traité d'éducation. Au surplus, il ne fallait rien de moins que ce grand labeur pour le distraire du deuil le plus amer : il venait de perdre sa seconde femme (11 mars 1833) deux mois après la naissance de son second fils.

Guizot comprit que les réformes les plus utiles deviennent sans résultat si elles ne sont pas assidûment surveillées ; il ne se borna donc pas à faire un appel direct au dévouement des instituteurs, par sa fameuse lettre du 4 juillet 1833, ce qui était un fait sans précédent ; il adjoignit aux recteurs des délégués spéciaux chargés de visiter les écoles ; il multiplia les constatations et les avertissements. Il comprit encore qu'un si grand nombre de maîtres, dispersés jusque dans les campagnes les plus reculées, livrés depuis de longues années à tant de hasards, avaient besoin d'un guide pour leur indiquer la voie. Il créa, dès 1832, le Manuel général de l'instruction primaire, écrit périodique destiné à mettre les instituteurs au courant des nouvelles méthodes et des faits scolaires qui pouvaient les éclairer. En même temps, l'indigence et la diversité des livres l'inquiétait à juste titre, et il fit préparer cinq manuels qui devaient servir de base à l'enseignement et le régler. Les progrès presque immédiats qui suivirent sont l'indice le plus certain de la convenance de toutes ces réformes. De 1833 à 1848, l'instruction primaire acquit 20936 écoles nouvelles, et la fréquentation scolaire s'accrut de 1594 511 élèves.

D'autre part, Guizot ne s'arrêta pas aux objections qui s'étaient produites en 1831, et il se proposa d'étendre le régime de la liberté à l'enseignement secondaire. L'Université, dans son projet, conservait ses lycées et ses collèges ; mais tout Français était admis à ouvrir des institutions du second degré sous la seule condition de justifier de sa capacité et de sa moralité, la question des petits séminaires et des congrégations religieuses étant d'ailleurs réservée. Ce projet de loi, soumis à la Chambre, fut l'objet d'amendements significatifs où se montre plus particulièrement la trace persistante des anciennes défiances (Voir Saint-Marc Girardin). Un nouveau ministère survint sur ces entrefaites (15 avril 1837), et l'extension de la liberté fut renvoyée à un autre temps.

Malgré cet échec, sous les trois ministères de Guizot: du 11 octobre 1832 au 10 novembre 1834: du 18 novembre 1835 au 22 janvier 1836 ; du 6 septembre 1836 au 15 avril 1837, l'instruction secondaire ne demeura pas stationnaire. Les règlements d'admission et les programmes de l'Ecole normale supérieure, rétablie en 1830, furent très heureusement modifiés, et, dans les lycées et collèges, l'enseignement de la géographie et de l'histoire, notamment, acquit une autorité qui jusqu'alors lui avait fait défaut.

Dans l'enseignement supérieur, le progrès se manifeste par la création de nouvelles chaires, parmi lesquelles nous mentionnerons la chaire de droit constitutionnel confiée à Rossi ; par la publication des Documents inédits relatifs à l'histoire de France ; enfin, par l'institution du Comité des travaux historiques et des sociétés savantes, qui assurait un appui et donnait un centre d'action à tous les hommes d'étude des départements.

Guizot dit quelque part dans ses Mémoires que « si l'ambition a ses jours, le détachement a aussi les siens » ; mais il ne semble pas qu'il ait connu intimement les dernières de ces journées. Il aimait le pouvoir ; il aimait la lutte, « où se déploient — c'est encore lui qui parle — les forces de l'esprit et du caractère ». Cette inclination est chez lui si accusée que nous le retrouvons sans trop de surprise, dès le mois de mai 1837, parmi les adversaires du comte Molé, dont la politique « inconséquente » avait, suivant lui, le tort « de ne pas assurer à la Chambre une part suffisante dans le gouvernement ». De jour en jour, l'opposition de Guizot s'accentue, jusqu'à ce point qu'en 1839 il entre dans la coalition qui réunit une partie du centre droit au centre gauche dirigé par Thiers et à la gauche conduite par Odilon Barrot ; on donnait en même temps la main, par un glissement inévitable, aux deux groupes extrêmes disciplinés par Garnier-Pagès l'aîne et par Berryer. Guizot affirme, il est vrai, en différents endroits, que le jeu du gouvernement parlementaire consiste essentiellement dans la libre concurrence des opinions et des partis ; mais là où il s'abuse, c'est quand il se persuade que l'esprit public et le souverain, quel que soit son nom, ne doivent souffrir aucun dommage de ces luttes trop rarement désintéressées. « Le vice radical des révolutions, a-t-il dit, c'est de méconnaître et de tuer le respect. » Cette juste sentence ne s'applique pas uniquement aux révolutions ; elle s'étend au jeu des partis, quand il se produit entre eux des ruptures ou des rapprochements trop imprévus et trop fréquents.

La coalition victorieuse dans les élections, il s'agissait de se partager l'héritage de Molé ; et seulement alors comme toujours, les difficultés apparurent. Le roi répugnait à s'écarter du centre droit ; la gauche ne voulait de Guizot à aucun prix ; une émeute de quelques heures (celle de Barbès et Blanqui) vint très heureusement rompre tous les engagements pris. Après le cabinet du 12 mai 1839 (Soult) vint celui du 1er mars 1840 (Thiers). Guizot, nommé à l'ambassade de Londres, avait quitté Paris le 20 février 1840.

Cette ambassade fut un succès personnel très grand : la reine, l'aristocratie, la cité firent ensemble à, Guizot l'accueil le plus empressé ; mais en regard de ces caresses se plaça pour lui, et surtout pour le cabinet, le plus sensible mécompte. Les affaires d'Orient, engagées très avant par Thiers, furent réglées, sous les yeux de notre ambassadeur et à son insu, contrairement à tous nos desseins ; notre initiative devancée par la diligence de lord Palmerston fut matée de telle sorte que la France, avec ses velléités guerrières, se trouva tout à coup dans l'isolement le plus complet.

Rappelé d'Angleterre par le roi, Guizot fut immédiatement chargé du portefeuille des affaires étrangères dans le cabinet du 29 octobre 1840, sous la présidence nominale du maréchal Soult.

Le cabinet du 29 octobre 1840 est une date parmi les événements de notre histoire contemporaine, par sa durée, par la direction constante qu'il imprima pendant plus de sept ans à notre politique intérieure et extérieure ; surtout par ce fait capital qu'il entraîna dans sa chute la monarchie de Juillet. Durant cette longue période, les sociétés secrètes continuent sans doute leur travail ; mais les insurrections ont pris fin et nul péril appréciable ne menace le pouvoir. La nation travaille et s'enrichit en se façonnant au négoce et à l'égoïsme ; elle est satisfaite, sinon reconnaissante. Cependant, nos armées de terre et de mer ne restent pas inactives, et, si leur courage n'est pas appelé à tenter les grandes aventures d'autrefois, Taïti, Mogador, Tanger, Saint-Jean d'Ulloa, Isly maintiennent intact l'honneur du drapeau. Si l'on ne nous craint plus, on nous respecte, et le voyage de la reine d'Angleterre manifeste à tous les yeux 1' « entente cordiale » des deux pays. Quelques ombres passent sur ce tableau : la question du droit de visite (janvier 1842), l'affaire des flétris de Belgrave Square (janvier 1844), les mariages espagnols (1846), etc.

Malgré tout, à travers tout, malgré des bienfaits certains, à travers des impatiences qui ne furent pas étudiées d'assez près, ou qu'on dédaigna, une même question se répétait incessamment, celle de la réforme électorale. De 1831 à 1839 elle avait reparu onze fois ; du 20 février 1841 au 8 avril 1847, elle s'était représentée dix fois devant la Chambre, et toujours sans résultat. Cette obstination correspondait-elle à un besoin sérieux, ou n'était-elle pas plutôt une manoeuvre de parti ; et, même en admettant qu'il y eût là un mouvement de quelque valeur, l'heure était-elle venue de le suivre? Guizot, nous en avons la preuve, n'opposait pas à la réforme un refus catégorique et absolu ; mais il jugea qu'elle n'était ni nécessaire ni opportune.

Il avait montré plus de hardiesse en 1833, lorsque, après trois ans de règne, et dans le feu de la lutte, il avait proposé la liberté de l'enseignement primaire. Il s'était montré plus audacieux encore quand, en 1836, il faisait effort pour obtenir la liberté dans l'enseignement secondaire. Ajoutons que seize années s'étaient écoulées, en 1847, depuis la loi du 19 avril 1831 qui avait abaissé de 300 à 200 fr. le cens électoral et le cens de l'éligibilité de 1000 à 500 francs. Plus d'un, parmi ses plus intimes amis, pensait « qu'il y avait quelque chose à faire » ; et si le roi résistait lui aussi, dans son entourage les refus de Guizot étaient l'objet de critiques amères auxquelles la reine elle-même devait joindre trop tard sa voix, si constamment discrète et si respectée.

Il serait injuste toutefois d'accuser sans réserve Guizot. C'est avec intention que nous avons reproduit sa lettre de 1806 dans laquelle il parle de son entêtement et de l'orgueil de ceux qu'aucune influence ne peut fléchir, quand ils croient avoir raison. Sans nul doute il était malaisé de le convaincre ; sans nul doute, il s'estime à son prix ; niais était-il seul engagé dans le débat? était-il entièrement libre? Toute sa politique reposait sur le concours des classes moyennes ; il voyait en elles les gardiennes des principes de 89, les organes du parti conservateur. C'était à ces classes laborieusement assemblées, et faites à sa main, que le gouvernement empruntait cette majorité parfois exigeante, trop occupée d'elle-même, étroitement jalouse, mais au demeurant facile à redresser et qui, en mainte occasion, l'avait protégé contre la révolte. Entre elles et Guizot n'y avait-il pas contrat passé? était-il prudent de le rompre, d'abandonner un appui certain pour faire appel à de nouveaux instruments d'un effet inconnu ? On est tombé d'accord, après coup, qu'une concession eût été sage, et Guizot regretta lui-même d'être resté inflexible ; mais l'événement redoutable était encore à naître, et Guizot persista.

La réunion du Château-Rouge, du 9 juillet 1847, fut le premier symptôme alarmant de cette agitation qui devait prendre le nom de campagne des banquets. L'exemple donné par Paris se propagea dans les départements ; ici, le nom du roi fut acclamé ; en tel autre endroit, les toasts proposés devinrent le signal de manifestations révolutionnaires, que l'adresse au roi votée par la Chambre le 11 février 1848 qualifia de « passions ennemies» et « d'entraînements aveugles ». En même temps, Guizot, devenu président du Conseil par la retraite du maréchal Soult le 19 septembre 1847, déclarait que toute concession, au lendemain des provocations dont nous venons de parler, serait une faiblesse, et une grave imprudence ; il se refusait donc à tout engagement, quant à présent.

Le gouvernement ayant fait connaître sa résolution d'interdire les banquets, l'opposition, de son côté, prit le parti de poser la question de droit. Un nouveau banquet fut annoncé pour le 22 février. D'après une convention des plus bizarres, passée entre MM. Duvergier de Hauranne, Léon de Malleville et Berger, d'une part, MM. Vitet et de Morny, d'autre part, de l'aveu du cabinet, la tenue de cette réunion fut réglée d'avance comme une représentation théâtrale : à heure dite, un commissaire de police devait verbaliser et les manifestants s'engageaient d'honneur à se disperser. Mais le National et la Réforme n'acceptèrent pas ce traité, qui réservait le dernier mot à l’action judiciaire ; la manifestation réformiste se transforma, d'après leur programme, en un vaste rassemblement en tête duquel devait se placer la garde nationale. Le gouvernement comprit que s'il laissait faire il livrait tout, et, le 21, un arrêté du préfet de police interdisait le banquet.

On a qualifié la révolution de Février de « surprise » ; ceux qui en ont été témoins peuvent tout au moins convenir qu'elle dépassa toutes les visées.

Guizot quittait Paris le 1" mars et débarquait à Douvres le 3, pour se réfugier à Brompton où, un mois plus tard, il perdit sa mère. Son rôle d'homme public était fini ; mais il lui restait ses enfants et le soin de leur éducation, ses amis et le travail, qui devaient désormais occuper sa vie sans partage, ou peu s'en faut. Les séances de l'Institut, dans les trois classes dont il était membre, furent ses délassements après sa rentrée au Val-Richer, en juillet 1849 ; il eut en outre, plus tard, pour le distraire, sa prodigieuse correspondance, la présidence de la Commission de 1870 qui prépara les voies à la liberté de l'enseignement supérieur, les débats du synode de 1872, et, comme labeur constant, l'accumulation des recherches nécessaires à l'achèvement ou à l'entreprise de ses études historiques : l'Histoire de la révolution d'Angleterre, l'Histoire de la civilisation en France qu'il se proposait de poursuivre ; l'Histoire de France racontée à mes petits-enfants, les huit volumes des Mémoires, les Méditations sur la religion chrétienne, etc. La mort seule pouvait suspendre l'activité de ce puissant esprit ; encore ne le maîtrisa-t-elle qu'au dernier moment ; car jusqu'au dernier moment, il continua de penser et de vouloir.

Pour apprécier l'homme chez Guizot, nous nous en tiendrons au jugement qu'en a porté « Timon » (M. de Cormenin), qui ne fut pas de ses amis, à beaucoup près : « Comme homme privé, dit-il, il est digne par la haute honorabilité de sa vie et de ses sentiments de l'estime des gens de bien », et il ajoute : « Il y a, certes, une grande fermeté dans cette âme ». Sa fermeté est en effet prouvée ; mais ses lettres familières nous montrent aussi une sensibilité peu commune, soit qu'il prenne sa part des chagrins de ses amis, soit qu'il les associe à ses deuils. L'accent de sa douleur ou de sa pitié est aussi juste que profond, il est éloquent et il est ému. Les deux femmes distinguées qui portèrent son nom éprouvèrent pour lui une affection que justifiaient la délicatesse et l'assiduité de ses soins ; auprès de ses enfants, il joint à l'expérience, à la pénétration et aux conseils d'un maître consommé, la douceur, la grâce d'un coeur qui s'abandonne.

Comme orateur, il ne peut être comparé à personne et, pour le bien connaître, il faut l'avoir entendu et l'avoir vu ; car son autorité, et c'était là le trait caractéristique de son talent, ne résidait pas uniquement dans sa voix, ni dans la force obstinée de son raisonnement, elle se manifestait aussi dans son attitude, dans tous ses traits, sur son front, et surtout dans ses yeux, dont le regard direct attirait l'attention et d'où se dégageaient, aux jours des grandes luttes, une flamme subite et ces « dédains » qu'on n'a pas oubliés. Ses adversaires ont trop souvent perdu de vue qu'il était de Nîmes et que le doctrinaire de convention masquait un tempérament emprunté au Midi le plus ardent. Son geste était sobre ; sa parole égale, ordonnée, correcte, tenace, très rarement imagée, en revanche nourrie de faits et d'idées, autour desquels il groupait les démonstrations les plus amples, moins faites, semblait-il, pour séduire son auditoire, que pour le soumettre. En l'écoutant, on n'était pas sous le charme, comme il est dit pour tel autre ; mais il était malaisé de n'être pas saisi et lié.

Il apportait dans l'étude des affaires une promptitude et une faculté d'assimilation des plus puissantes, sans s'arrêter aux surfaces, mais en allant au fond. On fut à même de s'en apercevoir au Conseil d'Etat, au ministère de l'intérieur, en 1830, quand il réorganisa le personnel, au ministère de l'instruction publique et aux affaires étrangères. Devant les Chambres, qu'il fût question des travaux publics, des finances, de la politique générale ou de l'enseignement, il était toujours prêt, également lucide et complet en tout sens. Sans parler des oeuvres considérables de ses dernières années, et n'eût-il produit que l'Histoire de la civilisation en Europe et l'Histoire de la civilisation en France, Guizot aurait droit comme historien a tous nos respects. Pour se faire une juste idée de la valeur éminente de ces oeuvres, il convient de se reporter au temps où elles sont nées, de considérer l'abondance des renseignements qu'elles renferment, le style, la nouveauté de la méthode et des aperçus, la nouveauté du but. S'il est vrai que le progrès réside surtout dans l'invention, il y a là un progrès décisif, dont l'étranger s'est emparé, un exemple qu'aujourd'hui même nous devons tenir à honneur de suivre.

Ecoutons Guizot, du reste, dans quelques passages qui contiennent les convictions du politique et de l'historien : « J'ai défendu tour à tour la liberté contre le pouvoir absolu et l'ordre contre l'esprit révolutionnaire, deux grandes causes qui, à bien dire, n'en font qu'une, car c'est leur séparation qui les perd tour à tour l'une et l'autre. Tant que la liberté n'aura pas hautement rompu avec l'esprit révolutionnaire et l'ordre avec le pouvoir absolu, la France sera ballottée de crise en crise et de mécompte en mécompte. C'est ici vraiment la cause nationale. » — Puis encore : « Parce qu'elle est pleine d'éléments nouveaux, la société française n'est pas nouvelle ; elle ne peut pas plus renier ce qu'elle a été jadis, que renoncer à ce qu'elle est aujourd'hui ; elle établirait dans son sein le trouble et l'abaissement continus, si elle demeurait hostile à sa propre histoire. L'histoire, c'est la nation, c'est la patrie elle-même à travers les siècles. » Enfin : « Je suis de ceux que l'élan de 89 a élevés et qui ne consentiront pas à descendre. Mais si je ne tiens à l'ancien régime par aucun intérêt, je n'ai jamais ressenti pour l'ancienne France aucune amertume. »

On pourra regretter ensuite que Guizot, s'il n'aima pas la guerre ni les bâtiments, ait aimé le pouvoir avec trop de passion ; on pourra l'accuser d'avoir confondu, en plus d'un cas, les impatiences de son ambition avec l'intérêt des causes qu'il se proposait de défendre ; on dira qu'adversaire de l'absolutisme et partisan de la liberté, il commit cette erreur de se montrer trop absolu et de ne pas reconnaître, à temps, qu'en dehors de ces classes moyennes, telles qu'il les avait conçues et qui avaient toutes ses complaisances, notre pays renfermai des capacités et des énergies dont l'heure d'accession était venue. Mais de quel usage pourraient être ces récriminations ; et nous dira-t-on à quel moment de notre histoire nos gouvernements ont jamais su, dans notre seul intérêt, distinguer entre nos ambitions raisonnées et nos désirs les plus irréfléchis?

Ce que nous ne saurions oublier, quant à nous, ce que nous joignons au souvenir des services signalés que le lettré, le philosophe, l'historien nous a rendus, c'est ce dernier fait qu'en 1870-1871 Guizot, alors âgé de quatre-vingt-trois ans, s'associa de toute son âme à notre malheur, et que ses adresses, trop peu connues, aux membres du gouvernement de la Défense nationale, à Gladstone, renferment des appels inspirés par le patriotisme le plus clairvoyant. Aux ouvrages de Guizot que nous avons cités, nous pourrions ajouter, sans être complet encore, ses études sur les Beaux-arts, sur Corneille, Shakespeare et Washington ; La Démocratie en France (1849), L'Eglise et la société chrétienne (1861), La France et la Prusse responsables devant l'Europe (1868), les Mélanges bibliographiques et littéraires, les Mélanges politiques et historiques, rassemblés en deux volumes (1868 et 1869).

Armand Dumesnil