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Guatemala

La République de Guatemala, dans l'Amérique centrale, entre le Mexique à l'ouest et au nord, le Salvador et le Honduras à l'est, a une superficie de 194 456 kilom. carrés, et une population d'environ un million et demi d'habitants, dont un peu plus du tiers sont des blancs et des métis, et le reste des Indiens et des Zambos. Le pays est divisé en vingt-trois départements ; capitale : Guatemala. Le pouvoir législatif est exercé par une Assemblée nationale, le pouvoir exécutif par un président qu'assiste un Conseil d'Etat.

Résumé historique. — L'histoire de l'instruction dans le Guatemala peut être divisée en trois périodes, qui sont : 1° De 1524 à 1821, période durant laquelle le pays, sujet de l'Espagne, formait, avec la province de Chiapas et les républiques actuelles de Salvador, Honduras, Nicaragua et Costa Rica, la capitainerie générale de Guatemala ; 2° De 1823 à 1838, période durant laquelle il forma, avec les quatre républiques précitées, la fédération de l'Amérique centrale ; 3° De l'année où fut dissous le pacte fédéral et où les cinq Etats reprirent la plénitude de leur souveraineté, jusqu'à l'époque actuelle.

Durant la première de ces périodes, l'instruction laissait beaucoup à désirer, comme c'était le cas presque partout. L'instruction élémentaire se donnait dans quelques écoles établies dans les couvents. Il y avait, en outre, quelques collèges pour l'instruction supérieure et religieuse ; l'un d'eux, celui de Santo Tomas, fondé à Guatemala par les dominicains, commença à conférer des grades en 1622, et fut érigé en université en 1676. Lorsque l'indépendance eut été conquise, on s'occupa d'encourager l'instruction publique. Le chef de l'Etat, le docteur Don Mariano Galvez (1830-1837), publia en 1832 quelques bases d'organisation ; il créa, la même année, l'Académie des études, et en 1835 promulgua les règlements généraux de l'instruction. L'oeuvre de cet homme d'Etat fut détruite par la révolution. En septembre 1852, le parti conservateur s'étant rendu maître du pouvoir, il fut voté une loi scolaire vraiment rétrograde. Le parti libéral triompha en 1871, et en 1872 la loi de 1852 fut abrogée ; à partir de ce moment, l'enseignement public fut généreusement doté, les écoles se multiplièrent, de nouvelles lois et de nouveaux règlements furent mis en vigueur, et on travailla sans relâche aux progrès de l'instruction.

Etat actuel. — Toutes les mesures prises concernant l'instruction publique depuis le 30 juin 1871 sont résumées dans le décret n° 288 du 23 novembre 1882, qui contient la loi organique et réglementaire de l'enseignement : c'est cette loi qui est encore en vigueur, avec diverses additions et modifications.

Conformément à la constitution de la République, la loi dispose que l'instruction donnée par l'Etat est laïque, et, au degré élémentaire, gratuite et obligatoire. L'enseignement se divise en primaire, secondaire, et professionnel. Il y a également un enseignement normal et un enseignement spécial, qui se donnent dans des établissements déterminés.

1. Enseignement primaire. — L'enseignement primaire se subdivise en élémentaire et en complémentaire. L'un et l'autre se donnent dans les établissements créés à cet effet. La durée maximum du travail quotidien pour les élèves est de six heures dans les écoles élémentaires. La fréquentation de ces écoles est obligatoire pour les enfants des deux sexes entre l'âge de six ans et celui de quatorze. L'instruction complémentaire n'est pas obligatoire, mais on s'efforce de la généraliser le plus possible. L'instruction élémentaire comprend trois degrés et est répartie sur trois années scolaires. Les matières d'enseignement sont : la lecture, l'écriture, le dessin, les éléments de l'arithmétique, les leçons de choses, la morale et la civilité, les exercices callisthéniques, des notions de géographie et d'histoire, et l'instruction militaire pour les garçons. L'instruction complémentaire a également trois degrés répartis sur trois années : elle comprend, outre le développement des connaissances déjà acquise, la grammaire castillane, la tenue des livres, des notions d'histoire naturelle, la constitution de la République, et l'anglais ; dans les écoles de filles on y ajoute l'économie domestique et les travaux manuels. Pour savoir quels sont les enfants qui sont tenus à la fréquentation de l'école, il est fait chaque année un recensement scolaire dans chaque municipe et chaque département ; ce travail incombe aux juntes locales et départementales d'instruction, qui ont la mission de contraindre les pères ou tuteurs à envoyer les enfants à l'école. Il existe aussi des écoles du dimanche, et, dans les localités importantes, des écoles du soir pour les ouvriers.

2. Enseignement secondaire. — Cet enseignement se donne dans les instituts qui ont été établis pour l'un et l'autre sexe. Son objet est de munir les élèves de la préparation nécessaire pour suivre une carrière professionnelle. Il est réparti sur cinq années, qui correspondent à autant de cours. Il comprend les matières suivantes : grammaire castillane, rhétorique, langue anglaise et langue française, géographie et histoire universelle et locale, arithmétique, algèbre, géométrie et trigonométrie, physique, chimie, mécanique, histoire naturelle, cosmographie et géographie, physique, tenue de livres, psychologie et logique, et, pour les garçons, instruction militaire. A la fin du cours d'études, les élèves peuvent obtenir le titre de gradué en sciences et en lettres (graduado en ciencias y letras), après avoir subi avec succès un examen général. Dans chaque institut il existe une section normale destinée à la formation des maîtres et des maîtresses ; le cours d'études y dure trois années et conduit au diplôme nécessaire à ceux qui se consacrent à l'enseignement.

3. Enseignement professionnel. — Il se donne dans les écoles suivantes : Ecole de droit et de notariat, Ecole de médecine et de pharmacie. Ecole de génie civil, Ecole de philosophie et lettres. L'étude du droit dure cinq années, celle du notariat trois, celle de la médecine six, celle de la pharmacie quatre, celle du génie civil trois, celle de la philosophie et des lettres quatre. A l'Ecole de médecine sont annexés l'Institut dentaire et l'Ecole de sages-femmes. Chaque centre de facultés est gouverné par une junte directrice que préside un doyen ; professeurs et doyens sont nommés par le gouvernement. Les élèves n'ont d'autres charges à payer que la taxe d'immatriculation et celle d'examen. Chaque faculté possède un édifice à elle, et a en. outre des bibliothèques, des collections, des laboratoires, et tout le matériel d'études nécessaire. Chacune d'elles publie un périodique qui sert d'organe à ses intérêts particuliers.

4. Enseignement spécial. — Cet enseignement se donne dans la capitale, à l'Ecole des beaux-arts, à l'Ecole de commerce, à l'Ecole des arts et métiers féminins, et à l'Ecole de musique et de déclamation. Il y a aussi une Ecole normale pour hommes, distincte de la section normale de l'institut, et une excellente Ecole polytechnique fondée en 1873.

5. Année scolaire et régime. — L'année scolaire commence dans la première semaine de janvier et se termine le dernier dimanche d'octobre. La méthode adoptée pour l'enseignement primaire et secondaire est la méthode objective : elle veille au développement simultané des facultés et à la culture de l'intelligence, plutôt qu'à celle de la mémoire. Les récompenses consistant en objets matériels ont été abolies, ainsi que les châtiments humiliants : récompenses et châtiments sont choisis de façon à stimuler ou à corriger sans porter atteinte à la dignité de l'individu. Les examens sont faits par des jurys, composés de personnes étrangères à l'établissement et toujours en présence d'une commission officielle.

6. Nombre des écoles et des élèves. — D'après le rapport présenté à l'Assemblée par le ministre en 1907, il y avait dans la République 1304 écoles de l'un et de l'autre sexe, y compris les écoles privées, qui sont en petit nombre ; ces 1304 écoles étaient fréquentées par 41 658 élèves. Les dépenses de l'instruction publique vont en croissant de façon régulière : pour l'année 1907-1908, elles ont été portées au budget pour une somme de $ 2 041 317.

7. Organisme scolaire. — Le ministre de l'instruction publique est le chef supérieur de l'organisme scolaire ; c'est lui qui imprime la direction et exerce la haute surveillance. Dans chaque département, la surveillance appartient aux juntes départementales, présidées par les chefs politiques, et, dans les municipes, qui sont au nombre de plus de 300, aux juntes locales, à la tête desquelles sont les alcaldes municipaux. Le corps de l'organisme est formé par les directeurs, sous-directeurs et professeurs de tous les établissements publics d'enseignement.

Nouvelle direction. — Le président actuel de la République, le licencié Don Manuel Estrada Cabrera, a créé, par le décret du 28 octobre 1899, les « fêtes de Minerve », par lesquelles s'achève l'année scolaire dans toute la nation. L'objet de la fête est de stimuler les élèves et de glorifier la tâche des maîtres. Pour la célébration de ces solennités, qui ont obtenu un grand succès et auxquelles on donne un éclat extraordinaire, il a été construit, dans différentes localités de la République, des « temples de Minerve », dont le principal est celui que le créateur de ces fêtes a fait ériger dans la capitale, sur le modèle du Parthénon, et a dédié à la Jeunesse studieuse. Sur l'initiative et par les efforts du mandataire de la nation, il a été imprimé à l'instruction un caractère essentiellement pratique, en l'adaptant aux nécessités et aux exigences de la vie moderne, au moyen de l'apprentissage des arts et métiers utiles, des exercices de sport, de la connaissance des langues vivantes, des habitudes d'autonomie, et d'une culture générale, toutes choses qui in flueront d'une manière favorable sur le développe ment individuel et collectif. Pour la réalisation de ce programme, diverses écoles pratiques fonctionnent dans la capitale, et l'on construit au chef-lieu de chaque département les édifices destinés à recevoir des établissements du même genre, édifices qui se recommandent par leurs dimensions, leur solidité et les bonnes conditions architecturales et pédagogiques qu'ils remplissent. Sur cette base et dans ce sens, l'instruction publique est appelée à subir promptement une évolution complète au Guatemala, ce qui aura indubitablement des conséquences importantes et avantageuses pour le pays dans un avenir peu éloigné.

Alberto Mencos