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Grande Bretagne et Irlande

 Il y a dans le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande quatre systèmes distincts d'éducation nationale, celui d'Angleterre, celui de Galles, celui d'Ecosse et celui d'Irlande. L'ensemble n'est pas placé sous la surveillance d'un ministre unique. Il n'existe pas de ministère de l'instruction publique qui serve de centre administratif commun pour l'éducation dans les quatre pays. Le Board of Education for England and Wales a son siège à Londres ; mais, depuis 1907. Il comprend une division séparée pour la principauté de Galles. L'autorité centrale pour l'éducation en Ecosse a son siège à Londres (distinct de celui du Board of Education pour l'Angleterre), avec une succursale à Edimbourg. Les autorités centrales pour l'éducation en Irlande ont leur siège à Dublin.

La législation de l'instruction publique en Angleterre et dans le Pays de Galles est différente de celle de l'Ecosse, et celle-ci à son tour diffère de celle de l'Irlande. La connexion administrative entre les deux systèmes de l'Angleterre et du Pays de Galles est étroite, et la législation est à peu près identique ; mais il y a une différence marquée entre la vie éducative du Pays de Galles et celle de l'Angleterre. Les arrangements relatifs à l'éducation en Angleterre et en Ecosse diffèrent sous plus d'un rapport important ; l'organisation de l'instruction publique en Irlande n'est pas la même que celle qui a été adoptée dans les autres parties du Royaume-Uni. D'autre part, il ne faut pas oublier que seul le Parlement impérial peut apporter des modifications aux lois statutaires qui régissent l'éducation dans une partie quelconque du Royaume-Uni. En outre, une portion considérable des fonds consacrés à l'éducation dans les différentes parties du Royaume-Uni est votée annuellement par le Parlement. Enfin, il y a un échange continuel d'expériences et d'idées, en matière d'éducation, entre les quatre pays qui constituent le Royaume-Uni. En dépit des différences nationales et des conditions psychologiques distinctes, il y a une unité croissante dans la vie intellectuelle des quatre pays, et cela se montre dans l'opération de leurs organismes scolaires. Il n'est nullement de règle qu'un jeune homme doive recevoir son éducation, soit secondaire, soit universitaire, dans celle des parties du Royaume-Uni dans laquelle il est né. D'autre part, en Angleterre, l'influence des citoyens d'extraction écossaise, galloise et irlandaise est considérable.

Ce Dictionnaire consacre quatre articles distincts à l'Angleterre, à l'Ecosse, à la principauté de Galles, et à l'Irlande.

Pour les colonies de l'empire britannique, cinq jouissent de l'autonomie (self-government), c'est-à-dire ont un Parlement élu devant lequel le pouvoir exécutif est responsable : ce sont le Canada, Terre-Neuve, le Cap, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ; nous leur consacrons des articles particuliers : Voir Australie, Canada, Cap [Colonie du), Nouvelle-Zélande, Terre-Neuve. Trois autres, qui jouissent également de l'autonomie, ne la possèdent toutefois que dans une mesure moins étendue : ce sont trois colonies de l'Afrique méridionale, auxquelles nous consacrons aussi des articles à part : Voir Natal, Orange (Colonie d'), et Transvaal. L'Inde britannique a un régime mixte, qui sera décrit dans l'article Inde : cet article comprendra aussi les pays indiens de protectorat. Toutes les autres colonies anglaises et tous les autres pays de protectorat sont groupes dans un article général Colonies britanniques.

Nous avons annoncé, à la fin de l'article Angleterre, que nous parlerions ici du Bill pour l'organisation de l'éducation élémentaire en Angleterre et dans le Pays de Galles, introduit par M. Runciman, président du Board of Education, le 20 novembre 1908, et discuté en novembre et décembre 1908 par la Chambre des communes.

Ce bill proposait la reconnaissance de deux catégories d'écoles élémentaires publiques : 1° celles qui sont entretenues par l'autorité scolaire locale ; 2° les écoles d'un caractère dénominationnel (dénommational), tenues de se conformer à toutes les conditions imposées par le Board of Education aux écoles entretenues par une autorité scolaire locale, concernant le personnel enseignant, les locaux scolaires et l'instruction scolaire. Les écoles de la première catégorie, provided schools, tireraient leurs ressources des grants (subventions) du gouvernement ainsi que des taxes locales ; celles de la seconde catégorie, non provided schools, recevraient des subventions du gouvernement dans les conditions déterminées par le bill. En ce qui concerne la fréquentation obligatoire, les qualifications des maîtres (et maîtresses) et leurs pensions, et l'inspection gouvernementale, les deux catégories d'écoles seraient placées sur le même pied. L'autorité scolaire locale serait tenue de fournir, pour tous les enfants résidant dans sa circonscription dont les parents le désireraient, une place gratuite dans des écoles élémentaires publiques administrées par elle. Aucun maître (ni maîtresse) employé ou cherchant un emploi dans une provided school ne serait requis, comme condition d'admission, d'adhérer à un credo religieux, ou d'appartenir à telle ou telle dénomination religieuse, ou d'assister à une école du dimanche ou à un service religieux, ou de donner un enseignement religieux quelconque. Dans toutes les provided schools, les trois premiers quarts d'heure seraient réservés à un enseignement religieux non dénominationnel, donné aux frais de l'autorité scolaire locale pour' tous les enfants fréquentant l'école dont les parents désireraient les faire participer à un enseignement de ce genre. En outre, l'autorité scolaire locale serait tenue, partout où la chose serait raisonnablement possible, de pourvoir à ce que, dans toutes les provided schools, ceux des enfants dont les parents en exprimeraient le désir pussent recevoir un enseignement religieux dénominationnel deux fois par semaine, le matin de neuf heures à neuf heures trois quarts ; mais les frais de cet enseignement dénominationnel ne seraient pas à la charge de l'autorité scolaire locale. Aucun instituteur (ou institutrice) en chef (head teacher) ne pourrait donner cet enseignement dénominationnel, excepté s'il s'agissait d'un head teacher appartenant à une école volontaire existante, transférée à l'autorité scolaire locale en vertu de cet Act. Dans ce cas, le head teacher pourrait continuer à donner l'enseignement dénominationnel aussi longtemps qu'il conserverait son poste dans cette école, ou pendant une période de cinq ans s'il devenait head teacher d'une autre école volontaire transférée.

L'objet de ce bill était de régler la difficulté religieuse sur la base de concessions réciproques. L'Eglise d'Angleterre renonçait à la position privilégiée qu'elle possédait dans les écoles des districts ruraux ; et, en échange, des facilités étaient accordées pour l'enseignement dénominationnel dans les provided schools de tout le pays. Il était donné satisfaction au besoin ressenti par une partie de la population d'avoir des écoles dénominationnelles, au moyen de la reconnaissance d'une catégorie d'écoles qui seraient soumises à l'inspection gouvernementale, mais qui ne dépendraient pas de l'autorité scolaire focale.

Le bill n'ayant pas reçu de la Chambre des communes l'accueil que ses auteurs avaient souhaité, le gouvernement en a annoncé le retrait le 7 décembre 1908.