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Gedike

 Frédéric Gedike, pédagogue allemand, né en 1754, à Boberow en Brandebourg, était fils d'un pasteur de village. Ayant perdu son père de bonne heure, il fut élevé dans l'orphelinat de Züllichau, que dirigeait Steinbart, et étudia ensuite la théologie et les Tangues anciennes à l'université de Francfort-sur-l'Oder. Ses goûts le portant vers l'enseignement, il obtint en 1776 un emploi de professeur au gymnase de Werder à Berlin, dont il devint directeur trois ans plus tard. Par son zèle et ses talents, il amena cet établissement à un haut degré de prospérité. En 1793, il échangea la direction du gymnase de Werder contre celle du gymnase berlinois (Berlinisches Gymnasium), et ne se distingua pas moins dans cette nouvelle position. Il était en outre conseiller supérieur de consistoire, membre du Conseil scolaire supérieur, et membre de l'Académie des sciences de Berlin. Il mourut en 1803. On a de lui un ouvrage intitulé Aristote et Basedow (1779), dans lequel il a cherché à faire voir que les principes des novateurs pédagogiques du dix-huitième siècle sont conformes à ceux que professaient les maîtres les plus éclairés de l'antiquité. Dans un autre livre, la Pédagogie de Luther (1792), il a résumé les idées du réformateur de l'Allemagne en matière d'éducation.

Mais son principal titre à une mention dans ce Dictionnaire, c'est sa méthode de lecture. Partisan des principes de Basedow, il publia d'abord un exposé théorique de la question dans un traité intitulé : De l'enseignement de la lecture et d'autres matières connexes ( Vom Lesenlernen und anderen verwandten Materien, 1779) ; il faut, dit-il, s'adresser d'abord aux sens de l'enfant et à son imagination, puis à sa mémoire ; il n'est point nécessaire que l'enfant apprenne à lire de bonne heure ; qu'on attende jusqu'au moment où son intelligence sera convenablement préparée ; puis, vers l'âge de douze ans, l'apprentissage de la lecture ne lui coûtera qu'une semaine de travail. A l'appui de sa théorie, il fit paraître en 1791 un Livre pour enseigner à lire aux enfants sans alphabet et sans épellation (Kinderbuch sur ersten Uebung im Lesen ohne ABC und Buchstabiren) ; il y employait la méthode analytique (que quelques-uns appellent synthétique), c'est-à-dire celle qui met tout d'abord sous les yeux de l'enfant des mots entiers ; l'élève prononçait chaque syllabe sans l'épeler au préalable ; au moyen d'un arrangement systématique des syllabes et des mots, et en imprimant en rouge la lettre par laquelle chaque syllabe différait des syllabes voisines, on arrivait à faire connaître à l'élève toutes les lettres sans les lui avoir montrées sur un alphabet. (Voir les articles Ecriture-Lecture et Lecture.) La méthode de Gedike, analogue à celle qu'avaient proposée en France l'abbé de Radonvilliers et Nicolas Adam, ne trouva pas accès dans l'enseignement public ; c'est de nos jours seulement que, reprise et perfectionnée en Allemagne par divers éducateurs, entre autres Vogel, elle est devenue populaire sous le nom de méthode des mots normaux.